lundi 18 juillet 2011

28. The Flying Burrito Brothers : The Gilded Palace of Sin & Burrito Deluxe :

Liens à venir dans un message de réponse à celui-ci.

Les deux premiers albums des Flying Burrito Brothers réunit sur un seul CD. Jusqu’à présent, j’ai cherché un équilibre de groupes anglais ou américains, de musique funk, de rock et de pop. J’ai privilégié dès les départ des œuvres couplant la qualité et la rareté. Je passe que je suis arrivé à casser le parcours attendu d’une présentation de rock garage sixties, ou plus simplement de joyaux méconnus du rock sixties. J’ai évité les billets d’humeur sur les genres de musique que je n’aime pas et j’ai profité de ce que je présentais déjà pour annoncer de loin en loin des trucs dont j’aimerais déjà parler. Je pense que je trouve un bon équilibre. Seul regret, personne ne suit cette évolution sur le blog, alors qu’elle est vraiment formatée pour éviter un repérage préliminaire des références classiques au détriment du rester, alors qu’elle est conçue pour mélanger indistinctement des courants rock que j’aurais pu recouper en séries ou distinguer par de la numérotation. Chaque notice doit pouvoir avoir son importance en soi. Je m’offre quelques libertés avec les intermèdes ou interludes, et voilà tout.
La présente notice nous entraîne sur le terrain du country rock. Les références dominantes seront The Flying Burrito Brothers, Gram Parsons et New riders of the purple sage. Il y a d’autres formations country rock comme Little feat ensuite, si on veut creuser. J’aurai ainsi à présenter un premier groupe de Gram Parsons.
Je ne vais pas commenter ici les morceaux. Je ne serais pas efficace. Je vais simplement citer quelques passages du livret, ce qui donnera amplement la mesure de l’œuvre ici soumise à l’attention :

The Flying Burrito Bros. Original lineup sounded, looked, wrote and performed unlike anything in rock & roll before and their unique formula of hip young longhairs playing C&W yet with a rock & roll attitude has been duplicated but never surpassed.
[…] the first, The Gilded Palace Of Sin, is quite simply indespensible to anyone serious about collectiong post-WWII popular music and the second, Burrito Deluxe, though a lesser work is nonetheless full of excellent uptempo country flavored rockers and charming ensemble performances.
[…] the album xas released in February 1969, peaking at #164 in the USA and selling only 50,000 copies. […]
[…] Unfortunately Gram Parsons was starting to miss rehearsals. Hillman commented « at this point Gram wanted to be a rock star à la Mick Jagger so he started to drift musically and spiritually. If only he had possessed a little responsibility, loyalty and discipline, you could imagine what he could have accomplished. For such a short time he really left some powerful music. » Amen.

L’auteur du texte du livret signale qu’ironiquement les autres membres du groupe (en  sachant que ça change entre les deux premiers albums) feront partie de formations remportant un plus grand succès, mais sans l’influence historique des deux premiers albums des Flying Burrito Bros. Bernie Leadon fera partie des Eagles. Michael Clarke fera partie de Firefall et Chris Hillman du Desert Rose Band. Je ne connais même pas ces deux derniers groupes. En revanche, Michael Clarke et Chris Hillman viennent tout de même des Byrds et Hillman enregistrera encore avec deux autres Byrds Gene Clark et McGuinn.
Gram Parsons a lui-même été un membre des Byrds et l’album Notorious Byrd Brothers serait une réplique parodique à l’annonce du nouveau nom du groupe country-rock de Gram Parsons. Le premier album The Gilded Palace of the Sin est dominé par des ballades brûlantes exceptionnelles. Le second Burrito Deluxe est plus rock’n’roll et il est introduit par un commentaire en espagnol aux accents tordants. Il se termine par la célèbre version de Wild Horses. L’alcoolique Gram Parsons était un grand ami de Keith Richards qui lui a permis de sortir en mai 70, un an avant les Rolling stones, la splendide composition richardsienne. Les champions des ragots s’imagineront dès lors que Gram Parsons a pu composer le morceau, sauf qu’il est bien crédité Jagger-Richards. Quel cadeau ce fut.
Sur le premier album, la distribution des rôles est la suivante : Gram Parsons : rhythm guitar / keyboard instruments, Chris Hillman : Rhythm guitar / Mandolin, Chris Ethridge : Bass / Piano, Sneeky Pete : steel guitar, Jon Corneal : drums. Pour Burrito Deluxe, nous avons : Gram Parsons (vocals, piano), Chris Hillman (Vocals, bass, mandolin), Bernie Leadon (Guitar, dobro), « Sneeky » Pete Kleinow (Peadal Steel), Michael Clarke (drums), avec Leon Russell (Piano on Wild Horses and Man in the Fog), mais encore Byron Berline (Fiddle), Leopold C. Carbajal (Accordian), Frank Blanco (Percussion), Tommy Johnson (Tuba), Buddy Childers (Cornet & Flugelhorn).
Chaque album compte onze titres.

The Gilded Palace Of Sin :

Christine’s Tune (grand morceau entraînant : « She’s the devil in disguise, you can see it in her eyes ; She’s telling dirty lies… »)
Sin City (un peu dans le style de Far away eyes de l’album Some girls des Rolling stones, mais avec plus une voix et un air dansant traditionnels, et un son hawaien de la guitare)
Do Right Woman (ballade superbe)
Dark End Of The Street (sans commentaire)
My Uncle (cela donne une idée des sources de Christine’s Tune)
Wheels (derrière les référents culturels qui font la composition, on peut apprécier l’orchestration, le travail de distribution instrumentale, les sons)
Juanita (des vagues délicatement posées les unes après les autres, superbe ballade)
Hot Burrito #1 (grandeur tragique)
Hot Burrito #2 (re-grandeur tragique, sans commentaire)
Do you know how it feels (on revient à la musique de cowboy, sans idée péjorative bien sûr, n’empêche que le cowboy pour avoir du piano sur ce qu’il joue, il est obligé de rentrer dans le saloon)
Hippie Boy

Burrito Deluxe :

Lazy Days
Image Of Me
High Fashion Queen
If You Gotta Go
Man In The Fog
Farther Along
Older Guys
Cody, Cody
God’s own singer
Down In The Churchyard
Wild Horses (6 minutes 20)

27. The J.B.’s : Funky good time : the anthology :


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Le rythme funk de James Brown est assez étriqué malgré tout et il revient à Sly and the Family Stone d’avoir fait éclater cette limite embarrassante. Ceci dit, la fermeté obsessionnelle a parfois son plaisir. Une ribambelle de super musiciens a alimenté la machine James Brown et voici un super double CD à leur sujet. Il s’agit d’une anthologie dont une bonne partie des titres renvoient à d’authentiques albums d’époque. Le nom varie parfois : The J.B.’s, Fred Wesley and the J.B.’s, The James Brown soul train, Maceo and the Macks, The Last word (nom plutôt drôle pour de la musique ultra groove), Fred and the New J.B.’s, Maceo, The J.B.’s with James Brown ou The First family (The Godfather-J.B.’s – Lyn Collins – Lee Austin – Maceo). Chaque CD contient 15 plages. Le premier s’ouvre par une introduction de 25 secondes qui enchaîne sur un bœuf de 12 minutes avec saxophone (James appelle Maceo) et flûte (toujours Maceo). Il s’agit d’une version complète du 19 janvier 1973 de Doing it to death. C’est déjà une bonne raison de foncer sur ce CD. Les titres suivants sont également remarquables, mais plus courts, même si plus d’un réunit des parts 1 & 2.  Il y a des hits dans cette liste, à commencer par Gimme some more, mais je lui préfère Pass the peas. Le dernier titre du premier CD dure à son tour 13 minutes 45 More peas. Le second CD n’est pas encadré par des morceaux aussi longs. Il s’ouvre par une version live inédite de Gimme some more et les trois titres les plus longs, disséminés dans l’ensemble (2ème, 5ème et 13ème), font entre 7 minutes 46 et 9 minutes 26. La distribution n’est que partiellement chronologique. Quelque peu symboliquement, Doing it to death a été placé en tête. Avant de commenter cette discographie qui semble en marge de l’œuvre de James Brown et qui semble donc sortir du sein du groupe lui-même, précisons qu’il s’agit bien d’un groupe sous la houlette de James Brown. Pratiquement tous les titres sont écrits par lui, parfois avec la collaboration de Charles Bobbit, parfois avec celle d’un membre de la formation John Straks, Fred Wesley, St. Clair Pinckney. Les exceptions sont Blessed blackness par Fred Wesley et Charles Bobbit sachant qu’il s’agit d’un titre de 66 que Wesley prévoyait pour son propre groupe à l’époque, la reprise Honky Tonk (part 1) (Bill Doggett-Shep Shepherd-Henry Glover-Clifford Scott-Billy Butler), la reprise Watermelon man d’Herbie Hancock et Rockin’ funky Watergate crédité Deirdre Brown.
Le titre 2 du premier CD The Grunt (Parts 1 & 2), qui sonne différemment des titres voisins par sa grande orchestration trompettes et saxophone est le seul avec le groupe originel et tout le groupe a été crédité pour la composition. Le célèbre Bootsy Collins y tient la basse. Trois titres de 71 suivent : My brother (parts 1 & 2) et les deux premiers hits Pass the peas et Gimme some more. A la même époque, le groupe accompagne James Brown sur des hits tels que Hot pants, Escape-ism et I’m a greedy man. De 71, le titre 8 de notre premier CD s’intitule Hot pants road. Bien que les musiciens ne soient pas complètement au top (ce n’est d’ailleurs qu’une époque 70-75 de la carrière de James Brown), la reconnaissance continue avec J.B. Shout et Blessed blackness au début de l’année 72. A part la face B J.B. Shout et certaines parties, l’ensemble de ces titres se retrouve sur l’album Food for Thought – Pass the peas – I Mean Gimme some more.
En juin 72, sort un nouveau single qui le fait : Givin’ up food for funk (Parts 1 & 2). Les Funkadelic et Parliament de George Clinton ont hérité de l’humour et du rythme de tous ces premiers titres des J.B.’s. D’ailleurs, plusieurs musiciens de James Brown joueront avec eux, notamment sur l’album America eats its young (abréviation pour « young ones »), notamment Bootsy Collins. Le nom du groupe oscille alors entre The J.B.’s et Fred Wesley and the J.B.’s. Apparaissant sur l’album de James Brown Soul Classics Vol. II, le titre Honky tonk (part 1) les transforme en The James Brown soul train. Le nom Fred Wesley and the J.B.’s va ensuite s’imposer pour un temps, avec les singles Dirty Harri, Watermelon Man et avec bien sûr les titres de l’album de 73 Doing it to death : You can have watergate just gimme some bucks and I’ll be straight, More peas et notre ouverture de CD1 Doing it to death. Mais, le nouveau venu Maceo a pris, on l’a vu, un petit ascendant sur ce dernier titre, puisqu’il s’agissait de placer un instrumentiste solo au centre du groove funk. Aussi, le groupe devient Maceo and the Macks sur l’album Us !! dont nous avons ici les titres : Parrty (Parts 1 & 2), un des meilleurs titres de l’anthologie qui est un remake de The Popcorn, et Soul power ’74 (6ème titre du second CD, un remake réussi du hit de 71 pour James Brown). Un single de 74 Cross the track (we better go back) est également joué sous le nom de Maceo and the Macks, et enfin le single Future shock (dance your pants off) porte le seul nom de Maceo. A noter que « pants » cache l’obscène « ass », le titre original était : Let’s go to the discotheque and dance your ass off, ce qui aurait fait clin d’œil au Funkadelic. Dans le même ordre de déviance de la ligne directrice musicale, le single Keep on bumpin’ before You give out of gas est enregistré sous le nom The Last word. C’est donc peut-être en partie dans la mesure où l’interprétation live de Gimme some more qui ouvre le second CD est inédite que le nom revient au bref The J.B.’s. Ceci dit, le groupe est présenté sous ce nom simple sur scène, avec la fièvre répétitive de l’enthousiasme. Nous repartons alors pour une série de Fred Wesley and the J.B.’s : Same beat (Parts 1, 2 & 3), If you don’t get it the first time, back up and try it again, party, Damn right I am somebody, I’m payin’ taxes, what am I buyin’, qui figurent sur l’album Damn right I am somebody, puis les titres de l’album Breakin’ Bread de la même année 74 : Breakin’ bread et Rockin’ funky watergate. Il est même question pour ce dernier album de Fred Wesley and the New J.B.’s. Mais ce « new » ne s’imposait pas, puisqu’il n’y avait pas de nouveau musicien dans la formation.
Same beat annonce nettement l’évolution de cet autre groupe Parliament à partir du milieu des années 70 chez George Clinton, mais les bruitages étranges se trouvent déjà dans Maggot brain de Funkadelic.
Pour situer, rappelons qu’au début de 74, James Brown connaît le succès en parallèle avec Payback. Il s’agit d’une période aux textes plus politiques pour tous ces albums. En revanche, à la fin de l’année 74, le succès va commencer à décliner. Plusieurs singles sont alors édités en essayant de jouer sur l’arrière-plan des musiciens. C’est le cas du titre Control (people go where we send you Part 1) joué sous le nom de The First family et contemporain de Breakin’ Bread. En 75, l’album Hustle with speed revient au nom de scène court The J.B.’s. Les deux titres retenus sur notre anthologie sont All aboard the soul funky train et (It’s not the express) It’s the J.B.’S Monaurail. Fred Wesley reproche alors à James Brown de s’inspirer de gens qui s’inspirent de lui, ce que James Borwn prend très mal. Il perd le contrôle de ses nerfs et c’est la fin rapide du groupe. Après Fred Wesley, tous les musiciens partent rapidement à leur tour. Marqué par de nombreux départs, un dernier titre de notre sélection ramasse la question de l’ego sous le nom The J.B.’s with James Brown : Everybody wanna get funky one more time (part 1).

26. The Seeds : The Seeds + A web of sound / Pushin’ too hard the best of :

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Les classiques du garage commencent à pointer dans ma série, mais ne croyez pas que question obscurités je commence à en manquer sous le pied. Je peux tenir longtemps. Il se trouve que les classiques du garage font également partie de mon programme. J’ai déjà traité dans une notice de l’album Psychotic reaction du groupe The Fire Escape lié aux Seeds et à Kim Fowley. Ici, j’ai le CD des deux premiers albums des Seeds sous la main (2 Albums on 1 CD !), ce qui me fait un total de 19 titres, mais il faut deviner au feeling à quel moment on passe du premier au second album, sachant que le dix-neuvième titre Up in her room dure 14 minutes 27. En fait, j’ai aussi, avec une meilleure présentation, les albums des Seeds deux par deux dans une autre série, mais pas avec les pochettes originales, plutôt des bordures de couleurs rouges, bleues, qui les camouflent sur la première page du livret. Mais bref, ils sont rangés ailleurs. Ici, au moins, le livret me fait admirer la magnifique pochette en miniature de leur second album A web of sound. C’est digne du film d’épouvante des années cinquante. Dans un dessin stylisé et simple de toile d’araignée sur fond noir, on a collé des photos des quatre membres du groupe qui font très maladroitement mine d’être pris dans les fils. C’est superbe au second degré. Je voudrais avoir le vinyle en collector.
Il doit être facile de trancher les titres respectifs des deux albums en consultant internet, mais je vais me lancer dans le flot des 19 titres réunis. D’instinct, je dirais que les 12 premiers titres firent partie du premier album et qu’il n’y avait que sept titres sur le second album étant donné une face B à titre unique. Dans tous les cas, les deux hits majeurs du groupe firent partie du premier album, ici plages 1 et 5 : Can’t seem to make you mine et Pushin’ too hard. La préférence va assez naturellement à Pushin’ too hard, mais Can’t seem to make you mine est exceptionnel également. J’apprécie aussi beaucoup Try to understand. Avec les Seeds, inévitablement plusieurs titres se ressemblent et ils ont une tendance individuelle au style rengainant. A cela, il convient d’ajouter que leurs sons si particuliers s’imposent à l’oreille, ce qui doit renforcer l’impression d’être assailli par quelque chose d’obsédant. Je n’écoute pas les Seeds en boucle toute la journée, ce qui me rend le problème assez secondaire. Je conseille soit les deux premiers albums en 19 titres sur un CD, soit la compilation 49 titres en deux CD Pushin’ too hard the best of the Seeds. Là, tout est bon et je suis sûr de ne pas m’ennuyer. C’est à partir du couple des 3ème et 4ème albums que les choses se gâtent, après il y a un 5ème album et un live couplés ensemble. Je me rappelle deux titres d’albums Future et A Full spoon of seedy blues réunis sur un CD à bordure bleue et puis le Live, où figure le mot Raw et qui doit correspondre au supplément Seeds de l’album The Fire escape : Psychotic reaction, est couplé avec je ne sais plus quoi sur un CD à bordure rouge. Je ne les écoute pas trop, ce qui fait qu’ils sont rangés et non immédiatement accessibles. Là, on tombe inévitablement sur des croûtes et on s’impatiente. Mais, comme ça, avec les deux premiers albums ou le best of 49 titres, je me régale. Le best of contient de toute façon une partie des albums ultérieurs.
Il faut savoir que la musique des Seeds est réputée pauvre : « pourquoi trois accords, pourquoi pas deux ? », squelette de partie guitaristique, orgue simplet sans faire dans l’orgue de barbarie. Mais, c’est une alchimie, un équilibre qu’on adore et vénère. Il dispose tous ces trucs simples et ils font quelque chose de génial par la distribution, par l’idée directrice, par l’instinct de plaisir du rythme. Nées de rien, les mélodies sont séduisantes, captent l’intérêt, dégagent une chaleur envoûtante. Il y a un peu l’idée qu’avec leur minimalisme de gens qui ne savent pas trop jouer, qu’avec leurs instruments qui ne sont pas les plus cotés, nos Seeds ont un bon goût musical.
Ce manque de raffinement et de virtuosité ne saurait assurer une reconnaissance pleine et entière du groupe auprès de tout profil de mélomane du rock. Abstraction faite des limites, les qualités sont néanmoins suffisamment réelles que pour justifier qu’on s’y épanche. En même temps, l’autre problème que pose le groupe, c’est son leader. De son vrai nom Richard Marsh, Sky Saxon semble venir de la communauté mormon. Il a voulu créer un groupe stonien qui sera The Seeds, mais, et la drogue n’a rien dû arranger, il était assez barré. Son groupe de graines devait présenter comme révolu le temps des pierres (les Stones). Les ambitions psychédéliques du troisième album tournent court et les notes de pochette Par Muddy Waters ( !) du quatrième album ne permettent pas de mieux considérer le contenu. Le groupe finit par éclater, mais Saxon tourne en véritable illuminé dans un culte religieux de la côte ouest. Je ne sais pas traduire « swami Father Yod », mais il vire marbré. Dans les années 70, il enregistre  neuf albums mystiques avec le groupe Ya Ho Wa 13. Il recrée un groupe The Seeds par nostalgie en continuant ses sermons. Les chiens sont promis héritiers de ses futur(e)s royalties sous le coup d’une révélation : God se retourne en dog.
A part Sky Saxon (harmonica, basse et chant), les musiciens sont Daryl Hooper (Organ, piano), Jan Savage (guitar) et Rick Andridge (drums). Un certain Cooker a participé pour les parties guitare au bottleneck. Marcus Tybalt, qui compose sur le second album, ne fait pas partie du groupe, il semble que c’en soit un promoteur puisqu’il assure le texte de notes exaltées sur la pochette.
Mais, je reprends mon commentaire du premier album. La première face (six titres je présume) aligne quelques temps des plus fameux : Can’t seem to make you mine, No escape, Evil Hoodoo, Pushin’ too hard et Try to understand contre une expérience particulière Girl I want you. Passons directement à la face B. Nobody spoil my fun est un blues sautillant qui finit un peu en imitation du The Trip de Kim Fowley se superposant à la musique. It’s a hard life me fait penser à Bo Diddley, avec pourtant plus directement un style de blues marécageux qui exploite les creux silencieux entre les notes. Le titre me plaît aussi pas mal. You can’t be trusted envoie une sauce aiguë un peu foraine qui donne le tournis. C’est surtout le chant qui ne varie guère. En appréciant à la suite Excuse, excuse, on comprend qu’il est clair que les Seeds ont quelque chose de primitif dans le don du rythme. C’est basique, mais syncopé avec goût. Les sons ne sont pas produits par des merveilles technologiques, mais ils sont plaisants sans être parfaits. Ils chatoient et c’est leur séduction, sans être des charmeurs subtils. Des notes tombent bien lourdement, mais efficacement pour faire rock. Fallin’ in love reste bien gras comme blues lent classieusement soutenu au piano. Ce qui ressort, c’est le dynamisme, la fraîcheur, le plaisir du rythme et puis ces solos jouissifs au piano sinon à la guitare avec des notes espacées qui plaisent par leurs contrastes simples, par la mélodie qui résulte du contraste des « tons ». Mr Farmer se caractérise par un lancinant traitement au clavier bien psychédélique, ce qui en fait un titre important. Il y a encore ensuite un super plan dramatique au piano. Je trouve que, basique, ce groupe est génial. Il y a une vraie fête sonore, une vraie fête de la musique, et la puissance ne naît pas du gros son, de la performance, mais du rythme et d’une allure ultra syncopé. Tous les titres du premier album sont composés par le seul leader rebaptisé Sky Saxon, sauf deux en positions 2 et 3. No escape est une composition à trois (Lawrence-Savage-Saxon). Il s’agit d’un rentre-dedans rock seedien classique. Une sorte de titre qui rend fou. Evil Hoodoo est une collaboration Hooper-Saxon qui développe une structure plus compliquée que les autres titres. Hooper prendra une part plus importante aux compositions du second album, dont Tripmaker qui est de lui. Evil Hoodoo dure cinq mintues et contient de l’harmonica, ce qui achève de le différencier de la plupart des autres titres. Enfin, du point de vue sonore, Girl I want you est sans doute le plus expérimental. Les audaces s’en sortent bien, mais au tiers du morceau les recettes d’autres chansons viennent à la rescousse.
Maintenant, je joue à un petit jeu : vérifier si tous les titres du premier album figurent sur le best of. Dix titres figurent sur la compilation, mais dans le désordre. Les deux chansons qui n’ont pas été retenues sont Girl I want you et Fallin’ in Love.
Le second album présente plus de finesse instrumentale, mais il est moins inspiré. Sky Saxon est en retrait côté compositions. Il ne compose seul que le long titre de face B Up in her room et un Rollin’ Machine. Just let go est coécrit à trois : Hooper, Savage et Saxon. Saxon coécrit avec Hooper Pictures and designs et A faded picture. En revanche, Tripmaker est composé par la paire Hooper-Tybalt et un autre titre I tell myself est composé par le seul Tybalt. I tell myself contient un peu d’harmonica et est renforcé par la marque de fabrique de l’orchestration Seeds. Le titre a un côté maladroit, fragile, mais passe bien. La poésie lente de A Faded picture a son charme. On ne peut pas reprocher à ce titre d’être une variante de Pushin’ too hard et Can’t seem to make you mine. Ce titre lent aux notes détachées est très agréable. Rollin’ machine est un bon titre. Quant à Just let go, c’est une variante de Pushin’ too hard, mais une variante d’angoisse avec crescendo final dont on peut dire qu’il fallait qu’elle existe. Up in her room commence sous les meilleures auspices, avec un super jeu bluesy de quelques notes guitare et un accompagnement en fond de multiples variations instrumentales aussi simples soient-elles. Evidemment, il ne faut pas écouter le morceau de manière trop concentrée, il faut l’écouter en s’imprégnant, en se laissant aller et tout baigne. Les près de 15 minutes de Up in her room ont été refusées à la compilation qui préfère ici une version live refoulée vers la fin du premier CD qui ne dépasse que les neuf minutes, pas les dix. C’est le Goin’ home des Seeds, cela ne rivalise pas avec les Rolling stones, mais ça reste bon. Plus précisément, la compilation reprend en continu les six premiers titres du second album et remplace le dernier par une version live qui vient à leur suite. Avec les faux cris et le contraste mise en avant de la voix et du piano, guitare à l’arrière, il faut dire que le morceau est cette fois moins intéressant à suivre.
En ce qui la concerne donc, la compilation rassemble la quasi-totalité des deux premiers albums sur le premier CD, réservant le meilleur du reste au second CD. Du coup, ce qui retient l’attention, ce sont les titres mélangés au premier CD. Je pense inévitablement à des faces B de 45 tours. Il s’agit essentiellement de compositions de Saxon, le plus souvent seul : Lose your mind se réclamant clairement de Bo Diddley, The Other place encore un blues des eaux troubles qui rend compréhensible qu’il ait demané à Muddy Waters de rédiger un texte pour la pochette du quatrième album, le morceau est renforcé d’un solo de saxophone où il montre comment il arrive à peu près à se débrouiller sans grande maîtrise de l’instrument, les sons cristallins à la fin du morceau sont également une bonne idée, Daisy Mae est un rock’n’roll dans l’esprit 50’s). Les titres lives sont des enregistrements plus tardifs puisqu’ils sont de 67 et non de 66, mais il reste la question de l’époque de composition. Les cris du public sont ajoutés. J’ai du mal à me sentir ébloui par Mumble Bumble, autre titre de Saxon, mais de trop. Je ne pense pas que ce soit uniquement le fait de la prestation live, mais, même s’il y a des idées creusées, Night time girl ne me convainc pas non plus, il s’agit des restes qui ne pouvaient dignement figurer sur le premier album. Toujours du seul Saxon, le morceau live qui clôt l’album a un titre de démesure 900 million people daily (all making love), il est bien exécuté avec quelques idées, mais la mélodie n’est pas la plus inspirée. Cela plaît sans plus. Enfin, titre studio, Satisfy you est une coécriture Saxon-Savage. Le rythme assure, mais sans mérite. Les sons sont choisis pour plaire, il y a un côté easy listening. Le meilleur était vraiment sur les deux premiers albums.
Bon, je vais écouter tranquillement le deuxième CD de la compilation, mais pour en faire le commentaire cette fois-ci. Je développerai peut-être un jour un concept d’enfance de l’art au sujet de tours simples ou de gamineries qui font des Seeds de merveilleux touche-à-quelque chose. Si je trouve quelqu’un qui me fait confiance sur le côté agréable des deux premiers albums ou du premier CD de la compilation, c’est gagné. Si trois quarts ou 90% du produit est bon, l’achat est justifié. Quant à critiquer la similarité de certains morceaux, ce n’est pas si pertinent, puisque les Seeds ont un style et un son qui leur est propre. Il me semble dès lors normal de se plonger dans cette écoute sur une durée d’une heure ou deux quand on décice d’y venir, sinon ça ne correspondrait plus à un besoin. En plus, là, j’en suis déjà au second titre du CD2 March of the flower people après A Thousand shadows. J’aime toujours bien alors que je viens d’écouter un mix de 27 titres sur deux CD, certains plusieurs fois, le temps de concevoir cette notice. J’aime bien le temps que j’y passe. Je me pénètre des albums de ma collection. Là, sur le second CD, je ne boude pas Travel with your mind. Cet effort de pénétration n’est pas vain. Par exemple, quand je rapproche l’esprit d’eaux troubles, de blues marécageux des notes de pochette de Muddy Waters, je n’ai pas cherché un effet, cela est venu tout seul, car j’ai d’abord constaté une manière de jouer, le privilège de la lenteur, des notes espacées. J’ai pensé au blues marécageux de Jimmy Reed et Slim Harpo. Le jeu de mots sur le nom de Muddy Waters n’a plus eu qu’à se poser. Je ressens plein de choses, mais ne sais pas encore les dire, signe tangible que la pensée ne tient pas si complètement que ça dans le langage. C’est la vérité qu’on comprend intuitivement certaines choses sans véhicule de la langue. Je dois acquérir des compétences pour exprimer ma sous-conscience par des mots et cela n’ira pas sans progrès ou altération, mais peu importe, c’est cela qui est gratifiant. Je ne suis pas un spécialiste d’un discours technique sur la musique, mais l’intérêt c’est que j’adopte des démarches spécifiques à chaque fois qui pourraient viser dans le mille si elles étaient bien développées.
D’ailleurs, si c’est quand même un groupe sixties sympathique et original que les Seeds il est visible que pour cette notice-ci précisément j’ai adopté une démarche défensive, une stratégie de justification. Je ne me mets pas dans un moule informatif, ni dans une envie de triomphe de ma subjectivité. Ma recherche est bien plus profonde et j’avais ici une motivation particulière. Je pourrais résister à un discours qui me présenterait les Seeds comme des dieux, c’est un peu ce que j’ai ressenti au moment de mes achats, mais j’ai rédigé ce texte en songeant à une réaction de mépris dans un livre et à une réaction de fin d’attachement quand après deux morceaux mythiques on découvre les limites et le répétitif. Sabrer le groupe sur la durée, c’est quand même montrer qu’on peut passer à côté de quelque chose, telle est ma conclusion.

25. Tomorrow : Tomorrow :

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Je n’écoute pas vraiment de rock progressif, Yes ou Genesis. J’écoute sans doute les deux premiers albums, sinon trois de Soft Machine, les sept premiers albums de Kevin Ayers, quelques albums de Gong, mais je ne me retrouve pas dans le rock progressif des années 70. Ceci dit, le guitariste Steve Howe, le guitariste de Yes, a d’abord fait partie d’un groupe psychédélique génial Tomorrow qui a sorti un unique album éponyme. Les chansons sont freakbeat et en même des créations pop psychédéliques singulières. Le hit du groupe sera le titre My white bicycle qui ouvre l’album et qui figure sur le second coffret Nuggets. La chanson est rendue complètement étrange par les arrangements et elle fait allusion à un mouvement anarchiste hollandais réclamant un vélo blanc pour chaque citoyen. L’album original contient 11 titres et il est sorti tel quel en CD, j’ai découvert ensuite une édition blindée de bonus tracks soldée à 4 euros. Avec le premier single My white bicycle, Revolution est l’autre plage décapante de l’album, il s’agit même du second single du groupe. Difficile de commenter un morceau avec des voix bizarres qui parlent, un refrain allumé qui surgit de nulle part, des successions par collages miraculeusement justes. Des variations de rythme, des coups de folie, une instrumentation vertigineuse. Plusieurs autres titres sont remarquables d’inventivité : Real life permanent dream, The Incredible journey of Timothy Chase, Three jolly little dwarfs, Now your time has come. On relève la reprise de Strawberry fields forever des Beatles et le typiquement anglais Auntie Mary’s dress shop. Bien que placés vers le début, les titres 2 et 4 Colonel Brown et Shy boy m’ont moins marqué, ainsi que le titre Hallucinations qui clot l’album, mais il reste qu’il n’y a rien à jeter dans l’album.
Des versions différentes de deux titres sont livrées en bonus : Real life permanent dream et Revolution, ainsi que trois inédits, l’excellent Claramount lake et Why, mais aussi l’homonyme énigmatique du dixième titre de l’album avec lequel il ne se confond pas : Now your time has come.
Le groupe Tomorrow est issu de formations antérieures plus ou moins connues : Four plus One, Syndicats (Steve Howe), In Crowd, dont on collectionne essentiellement les titres sur des compilations du type Rubble. Le batteur mythique Twink a fait partie des In Crowd, puis donc de Tomorrow. Twink va ensuite faire partie des Pretty things et des Pink Fairies. Le chanteur Keith West va se perdre dans un projet d’opéra-rock qui ne donnera qu’un 45 tours. Pourquoi le groupe ne s’est-il pas maintenu ? Le CD avec bonus propose trois titres de The Aquarian Age et quatre de Keith West en solo. Le producteur Mark Wirtz joue au clavier sur tous les titres de Tomorrow et Aquarian Age. D’autres titres étranges de Mark Wirtz se trouvent sur la compilation Rubble. Aquarian Age est un groupe éphémère mené par Twink etr Junior en 68. Il s’agit de folies anecdotiques d’époque avec des dialogues : 10.000 Words in a cardboard box, Good wizzard meets naughty wizzard et l’inédit Me. Les quatre titres de Keith West se partagent entre deux titres parus en 1968 et deux inédits : On a Saturday, The Kid was a killer puis She et The Visit. Je préfère The Kid was a killer et She que On a Saturday et The Visit.