mercredi 31 août 2011

30. Crushed Butler : Uncrushed :

Encore un très bon groupe sixties obscur. J’y suis arrivé par un article sur Jesse Hector dans la revue Dig it : « J’ai un voisin, c’est Jesse Hector. Tu ne dois sûrement pas connaître, vous ne connaissez pas Jesse Hector en France ? » Mais si, ce français-là connaissait. Et il songeait même à un commerçant toulousain Benoît qui, à l’écoute de ce nom, faisait trois fois le tour du magasin en courant. C’est ce vendeur-là justment à qui j’ai demandé du Jesse Hector et qui m’a présenté son groupe Crushed Butler. Il s’agit d’un digipack d’un album six titres avec en bonus track une version différente du sixième titre. Un petit dépliant carré explique un peu à quoi on a affaire, en mettant en valeur non pas Jesse Hector, mais son leader Darryl Read. D’un côté de la page dépliante, on a une bande dessinée où le trio est présenté comme de gros cromagnonnesques sous des habits pré punk. La première case de la BD reprend un extrait d’article de presse dont la photo apparaît juste au-dessus. Je souligne la phrase reprise : « ‘Crushed Butler’ was the first group on, their music is heavy, three ugly, heavy musicians playing music to match, very enjoyable, they have return visit to City on March 2nd, try and make it if you are free, I think that they have the potential to be very very Big. » On remarque aussi des annonces de concerts, tantôt avec Slade, tantôt avec Atomic Rooster ou Mott the Hoople. Evidemment, Crushed Butler est écrit en bien plus petit. Sauf pour une annonce du 25 avril : « Dance to Crushed Butler plus Hocus Poke ». On a aussi ceci qui semble faire écho au titre du splendide album live des Rolling stones de 69 : « Get yer end away » with Crushed Butler. Un autre article de presse est cité avec des ajouts au stylo : « Hey you Big Punk !, look at this !!...... » Au revers du dépliant, écrit petit, tout un article sur le groupe et Darryl Read.
L’album Uncrushed est sous-titré « First punks from the British Underground 1969-1971 » et la BD rappelle qu’ils étaient la ripôste au flower power. Les chansons sont des compositions de Read et Hector. Le premier titre It’s my life est de 69. L’album s’ouvre sur un solo de batterie. Quelques notes de basse et batterie hésitent à se lancer, puis ça part comme une bombe, le chanteur est propulsé avec sa voix hardeuse, et naturelle incursion dans un motif de Bo Diddley. Quoique courte, la chanson repart en structure couplets-refrain avec un solo final sur un motif de Bo Diddley toujours. Les titres 2 à 5 sont de 70. Le second titre Factory Grime, sorti en 45 tours, fait penser aux Who. Il a une structure d’envoi orgasmique et il se libère dans un refrain à la voix traînante doublée par l’étirement de plénitude et domination des instruments. Les syncopes sont hardeuses, façon d’époque, Black night de Deep Purple, etc. Avec ses notes appuyées, le troisième titre a un groove rock entraînant. Pas pour rien, le titre est Love is all around me. Nous sommes conviés à la grande fête rock, ça bombarde grâce à de mutliples idées. La batterie a l’air de cavaler. La guitare plan au-dessus… du cheval galopant. Avec My son’s alive, on est déjà dans les transudations un peu folles. C’est con comme le français n’ait pas repiqué l’adjectif « bombastic » aux anglais, je pourrais l’employer ici. C’est pourtant un morceau en grande partie dans la rétention, puisqu’il joue sur la libération de parties guitare ou l’élévation du refrain. Le rythme est pompé à mort et renvoie à de nouvelles prouesses à la moitié du titre, le dernier tiers a l’air de donner le pas au retour destructeur par étiolement du morceau. C’est ensuite le temps fort du malaise anti flower power avec Love fighter, tension glaciale, sauf que c’est de la glace pilée vu les chutes rythmiques des instruments. Un truc que je trouve génial, c’est le doublage de la voix criant Love fighter. La voix criante vient de loin et chantant moins haut une deuxième voix a été enregistrée en avant qui répète en même temps « Love fighter » de manière plus posée. Alos que la première voix crie et s’étouffe, la deuxième dure un peu plus longtemps et fait sentir tout le souffle de son haleine en inspirant plus profond. L’album se termine par deux versions de High school Dropout, titre de 1971. Il s’agit d’un rock’n’roll. On pense à Gene Vincent. Le matraquage instrumental n’est pas à la Gene Vincent, mais la voix si. Très bon. Comme les chansons sont courtes, comme l’album, la deuxième version, instrumentalement plus feutrée, enchaîne sans problème.
Un mot pour finir. Difficile de parler de pré punk. Il est déjà très embêtant de parler de punk sixties pour les groupes américains Sonics, etc. En même temps, beaucoup de groupes punks jouent purement et simplement du rock. J’ai deux volumes CD d’une compilation Les Plus grands succès du punk (sous-entendu français). Pour moi, c’est du rock tout simplement. Avant Never mind the bollocks, les Sex Pistols ont clairement un son rock. Les New York Dolls sont entre les stones et le son de bien des punks. Lers Stooges ont aussi pas mal annoncé la forme punk. Le son punk n’est certainement pas la dominante des Clash. Pourtant, le son punk existe bien avec Never mind the bollocks à tout le moins et avec son héritage rock, notamment par les Replacements. Pour Crushed Butler, la comparaison me vient plus spontanément encore avec les MC5. Et c’est cette sauvagerie précoce comparable au MC5 qui pose Crushed Butler en jalon historique vers le punk rock. Je veux bien croire qu’ils aient pu voler la vedette sur scène à des groupes plus connus. Leur sauvagerie reste rock, c’est-à-dire inspirée, rythmée et harmonique. Le hard est beaucoup plus dans la succession de motifs voyants et la grandiloquence un peu creuse. Le hard ne fait pas danser, il n’a pas de groove. Un solo n’y a pas d’âme, un riff n’y a pas de rythme. Le hard fait sursauter, il prend l’oreille, il dit : « regardez-moi, j’ai bien tapé sur la batterie, j’ai bien éraillé ma voix, j’ai la saturation du son à la guitare, regardez si ce riff est bien lourd, regardez si je joue vite. » Il rejoint même le rock progressif : « Regardez si ces notes ne vous remplissent pas d’une émotion d’orgueil, d’amour, d’un appel à la méditation, etc. Regardez si le plan de ma composition n’est pas compliqué, équilibré entre un truc grave, un truc aigu, un truc saturé, un truc silencieux, une mélodie de ceci, une mélodie de cela. Regardez si je n’ai pas progressé comme pour raconter une histoire, regardez si je ne suis pas de la musique classique avec mon introduction, ma conclusion, mon crescendo, etc. » Je ne crois pas que ce soit la meilleure voie pour faire de la musique. Le punk ou le rock garage c’est quant à lui un peu perdu dans l’effet sale et l’attitude à avoir : « Joue-moi un un truc sale, joue-moi un riff qui le fait ». Le mieux, c’est quand même de jouer du rock, simplement un peu plus fou.


29. The Move : The Move :



Je n’ai jamais apprécié Electric Light Orchestra, mais il en va autrement des formations antérieures The Move et Idle Race. Des Move, je posssède une compilation 2 CD orange, l’album Shazam et cette édition 2 CD du premier album The Move : Deluxe 2 – CD expanded edition. The Move était un des principaux groupes à succès anglais de 66 à 68. En 1991, Svengali disait : « Without doubt, it was The Beatles, the Stones and The Move in that order in England. » Cette phrase est citée sur mon livret, je reproduis même la perfide coquille du « t » miniscule pour « the Stones ». Mais le livret d’un album des Move prteste tout de même. Svengali a oublié les Who, les Kinks et les Small faces pour cette époque déjà limitée à 66-68.
Il faut dire qu’à part de vrais fans des sixties comme moi, les fans de rock qui daignent écouter du sixties n’écoutent pas le moins du monde les Kinks ou les Small Faces. Je n’ai jamais compris où ça coinçait, mais c’est un fait. Je n’ai que quelques amis qui écoutent de temps en temps un titre des Kinks, un, il est vrai, est fan. Moi, ça me dépasse que ça soit ainsi confiné aux sixties. Alors, je ne m’attends certainement pas à convertir au son sixties très typé des Move qui que ce soit. Le groupe a eu du succès dans les années 60, mais il est complètement oublié aujourd’hui. Moi, je trouve le son hystérique bubblegum un peu spécial, mais j’adore la folie échevelée de leurs compositions-interprétations. Je lance le CD et j’apprécie du début à la fin. C’est dynamique et ça s’impose à l’oreille, sans rester de la musique de fond. J’y trouve une avalanche de trucs délirants, parfois volontairement cocasses. C’est lyrique, les compositions sont de vraies créations. L’oreille ne se branche pas tout à fait sur la performance instrumentale, ce qui doit expliquer leur impossibilité à plaire aujourd’hui. Mais l’oreille se branche sur l’allure du morceau qui porte, sur la succession jouissive des plans.
Le double CD est conçu comme suit. Le premier CD propose en mono les treize titres du premier album original. Les titres 14 à 18 sont les faces A et B des 45 tours correspondants. Le second CD propose ensuite en stéréo 16 versions inédites sous le titre New Movement. Je me concentre sur les 18 titres du premier CD. La quasi-totalité ne manque pas d’intérêt : Yellow rainbow (premier titre avec un son qui n’échappe à un peu de soufflerie, mais c’est pour mieux sentir l’atmosphère comme on l’entend dans les paroles), Kilroy was here, (Here we go round) the lemon tree, Walk upon the water, un temps fort Flowers in the rain, Hey grandma (reprise des Moby Grape qui auront aussi une place dans ma série de collectors), Useless information, la reprise délirante Zing went the strings of my heart, le classique Fire Brigade, Mist on a Monday morning avec sa mélodie sortie de je ne sais quel dix-septième siècle, et encore l’air chantant entraînant dans une musique à chuintements née du psychédélisme Cherry Blossom Clinic. Sur treize titres, je n’ai écarté que Weekend et The Gril outside, malgré l’orchestration au violon. Suivent alors les titres de 45 tours qui sont tous essentiels dans l’histoire du groupe : Vote for me, Disturbance, Night of fear, Wave the flag and stop the train, I can hear the grass grow. Plusieurs de ces titres se retrouvent en stéréo sur le second CD, mais Vote for me et The girl outside sont repris dans des versions différentes. Les inédits sont les deux premiers titres Move intro et Move, puis la plage 9 Don’t throw stones at me. Il y aura encore du très bon Move par la suite. Inutile de détailler chanson par chanson. J’ai essayé de cerner quelque chose d’essentiel à dire sur l’ensemble plus haut, mais l’écoute est nécessaire pour parler plus en profondeur de leurs chansons.

vendredi 12 août 2011

Intermède: actualités et en vrac:

Je me suis arrêté pour les vacances. En même temps, je suis bloqué pour la fiche prévu pour The Music Machine, car j'ai prêté le second CD important Beyond the garage à une amie.
Pour l'actualité rock'n'rollienne, un nouvel album de Bruce Joyner vient de sortir et un concert semble possible à Toulouse vers novembre. Un album inédit de Rory Gallagher est depuis quelques mois dans les bacs, il s'agit du double Notes from San Francisco avec un CD studio et un autre Live. Il s'agit d'un projet avorté. Rory a préféré passer à un profil rock plus marqué avec Photo-finish. Certaines chansons de Photo-finish se rencontrent pourtant sur cet album inédit.
Amy Winehouse est décédée, mais cela tout le monde le sait et il y a un nouvel album des Strokes, groupe pas mal des années 2000.
Les fabuleux Kinks sont réédités en format Deluxe, un CD version mono d'un album, l'autre CD version stéréo. Sur chaque CD des bonus. Prix courant relevé 22 euros. Mais, indépendamment du génie majeur des Kinks, la stratégie commerciale me paraît peu évidente, face aux précédentes éditions que tout le monde possède déjà.
Autre grande nouvelle, un album inédit studio de la grande période de Love, vinyle du catalogue Sundazed.



Bon, vous n'avez plus 14 ans, vous allez bientôt arrêter d'écouter Muse et je ne sais quelles autres billevesées, non?
Au fait, à propos de l'album des Who Meaty Beaty Big and Bouncy, le vinyle présentait des titres classiques mais remaniés. Parmi ces nouvelles versions, il y avait Magic bus avec de l'harmonica. Pas moyen de trouver cela en CD. Surtout, il n'y a pas d'harmonica sur la version CD de Meaty Beaty Big and Bouncy. J'en suis tombé sur le cul à l'époque. Faudra que je réécoute le CD et que je le compare au vinyle. Du coup, cela me donne une nouvelle idée originale de collector's à traiter.




lundi 18 juillet 2011

28. The Flying Burrito Brothers : The Gilded Palace of Sin & Burrito Deluxe :

Liens à venir dans un message de réponse à celui-ci.

Les deux premiers albums des Flying Burrito Brothers réunit sur un seul CD. Jusqu’à présent, j’ai cherché un équilibre de groupes anglais ou américains, de musique funk, de rock et de pop. J’ai privilégié dès les départ des œuvres couplant la qualité et la rareté. Je passe que je suis arrivé à casser le parcours attendu d’une présentation de rock garage sixties, ou plus simplement de joyaux méconnus du rock sixties. J’ai évité les billets d’humeur sur les genres de musique que je n’aime pas et j’ai profité de ce que je présentais déjà pour annoncer de loin en loin des trucs dont j’aimerais déjà parler. Je pense que je trouve un bon équilibre. Seul regret, personne ne suit cette évolution sur le blog, alors qu’elle est vraiment formatée pour éviter un repérage préliminaire des références classiques au détriment du rester, alors qu’elle est conçue pour mélanger indistinctement des courants rock que j’aurais pu recouper en séries ou distinguer par de la numérotation. Chaque notice doit pouvoir avoir son importance en soi. Je m’offre quelques libertés avec les intermèdes ou interludes, et voilà tout.
La présente notice nous entraîne sur le terrain du country rock. Les références dominantes seront The Flying Burrito Brothers, Gram Parsons et New riders of the purple sage. Il y a d’autres formations country rock comme Little feat ensuite, si on veut creuser. J’aurai ainsi à présenter un premier groupe de Gram Parsons.
Je ne vais pas commenter ici les morceaux. Je ne serais pas efficace. Je vais simplement citer quelques passages du livret, ce qui donnera amplement la mesure de l’œuvre ici soumise à l’attention :

The Flying Burrito Bros. Original lineup sounded, looked, wrote and performed unlike anything in rock & roll before and their unique formula of hip young longhairs playing C&W yet with a rock & roll attitude has been duplicated but never surpassed.
[…] the first, The Gilded Palace Of Sin, is quite simply indespensible to anyone serious about collectiong post-WWII popular music and the second, Burrito Deluxe, though a lesser work is nonetheless full of excellent uptempo country flavored rockers and charming ensemble performances.
[…] the album xas released in February 1969, peaking at #164 in the USA and selling only 50,000 copies. […]
[…] Unfortunately Gram Parsons was starting to miss rehearsals. Hillman commented « at this point Gram wanted to be a rock star à la Mick Jagger so he started to drift musically and spiritually. If only he had possessed a little responsibility, loyalty and discipline, you could imagine what he could have accomplished. For such a short time he really left some powerful music. » Amen.

L’auteur du texte du livret signale qu’ironiquement les autres membres du groupe (en  sachant que ça change entre les deux premiers albums) feront partie de formations remportant un plus grand succès, mais sans l’influence historique des deux premiers albums des Flying Burrito Bros. Bernie Leadon fera partie des Eagles. Michael Clarke fera partie de Firefall et Chris Hillman du Desert Rose Band. Je ne connais même pas ces deux derniers groupes. En revanche, Michael Clarke et Chris Hillman viennent tout de même des Byrds et Hillman enregistrera encore avec deux autres Byrds Gene Clark et McGuinn.
Gram Parsons a lui-même été un membre des Byrds et l’album Notorious Byrd Brothers serait une réplique parodique à l’annonce du nouveau nom du groupe country-rock de Gram Parsons. Le premier album The Gilded Palace of the Sin est dominé par des ballades brûlantes exceptionnelles. Le second Burrito Deluxe est plus rock’n’roll et il est introduit par un commentaire en espagnol aux accents tordants. Il se termine par la célèbre version de Wild Horses. L’alcoolique Gram Parsons était un grand ami de Keith Richards qui lui a permis de sortir en mai 70, un an avant les Rolling stones, la splendide composition richardsienne. Les champions des ragots s’imagineront dès lors que Gram Parsons a pu composer le morceau, sauf qu’il est bien crédité Jagger-Richards. Quel cadeau ce fut.
Sur le premier album, la distribution des rôles est la suivante : Gram Parsons : rhythm guitar / keyboard instruments, Chris Hillman : Rhythm guitar / Mandolin, Chris Ethridge : Bass / Piano, Sneeky Pete : steel guitar, Jon Corneal : drums. Pour Burrito Deluxe, nous avons : Gram Parsons (vocals, piano), Chris Hillman (Vocals, bass, mandolin), Bernie Leadon (Guitar, dobro), « Sneeky » Pete Kleinow (Peadal Steel), Michael Clarke (drums), avec Leon Russell (Piano on Wild Horses and Man in the Fog), mais encore Byron Berline (Fiddle), Leopold C. Carbajal (Accordian), Frank Blanco (Percussion), Tommy Johnson (Tuba), Buddy Childers (Cornet & Flugelhorn).
Chaque album compte onze titres.

The Gilded Palace Of Sin :

Christine’s Tune (grand morceau entraînant : « She’s the devil in disguise, you can see it in her eyes ; She’s telling dirty lies… »)
Sin City (un peu dans le style de Far away eyes de l’album Some girls des Rolling stones, mais avec plus une voix et un air dansant traditionnels, et un son hawaien de la guitare)
Do Right Woman (ballade superbe)
Dark End Of The Street (sans commentaire)
My Uncle (cela donne une idée des sources de Christine’s Tune)
Wheels (derrière les référents culturels qui font la composition, on peut apprécier l’orchestration, le travail de distribution instrumentale, les sons)
Juanita (des vagues délicatement posées les unes après les autres, superbe ballade)
Hot Burrito #1 (grandeur tragique)
Hot Burrito #2 (re-grandeur tragique, sans commentaire)
Do you know how it feels (on revient à la musique de cowboy, sans idée péjorative bien sûr, n’empêche que le cowboy pour avoir du piano sur ce qu’il joue, il est obligé de rentrer dans le saloon)
Hippie Boy

Burrito Deluxe :

Lazy Days
Image Of Me
High Fashion Queen
If You Gotta Go
Man In The Fog
Farther Along
Older Guys
Cody, Cody
God’s own singer
Down In The Churchyard
Wild Horses (6 minutes 20)

27. The J.B.’s : Funky good time : the anthology :


Liens à venir

Le rythme funk de James Brown est assez étriqué malgré tout et il revient à Sly and the Family Stone d’avoir fait éclater cette limite embarrassante. Ceci dit, la fermeté obsessionnelle a parfois son plaisir. Une ribambelle de super musiciens a alimenté la machine James Brown et voici un super double CD à leur sujet. Il s’agit d’une anthologie dont une bonne partie des titres renvoient à d’authentiques albums d’époque. Le nom varie parfois : The J.B.’s, Fred Wesley and the J.B.’s, The James Brown soul train, Maceo and the Macks, The Last word (nom plutôt drôle pour de la musique ultra groove), Fred and the New J.B.’s, Maceo, The J.B.’s with James Brown ou The First family (The Godfather-J.B.’s – Lyn Collins – Lee Austin – Maceo). Chaque CD contient 15 plages. Le premier s’ouvre par une introduction de 25 secondes qui enchaîne sur un bœuf de 12 minutes avec saxophone (James appelle Maceo) et flûte (toujours Maceo). Il s’agit d’une version complète du 19 janvier 1973 de Doing it to death. C’est déjà une bonne raison de foncer sur ce CD. Les titres suivants sont également remarquables, mais plus courts, même si plus d’un réunit des parts 1 & 2.  Il y a des hits dans cette liste, à commencer par Gimme some more, mais je lui préfère Pass the peas. Le dernier titre du premier CD dure à son tour 13 minutes 45 More peas. Le second CD n’est pas encadré par des morceaux aussi longs. Il s’ouvre par une version live inédite de Gimme some more et les trois titres les plus longs, disséminés dans l’ensemble (2ème, 5ème et 13ème), font entre 7 minutes 46 et 9 minutes 26. La distribution n’est que partiellement chronologique. Quelque peu symboliquement, Doing it to death a été placé en tête. Avant de commenter cette discographie qui semble en marge de l’œuvre de James Brown et qui semble donc sortir du sein du groupe lui-même, précisons qu’il s’agit bien d’un groupe sous la houlette de James Brown. Pratiquement tous les titres sont écrits par lui, parfois avec la collaboration de Charles Bobbit, parfois avec celle d’un membre de la formation John Straks, Fred Wesley, St. Clair Pinckney. Les exceptions sont Blessed blackness par Fred Wesley et Charles Bobbit sachant qu’il s’agit d’un titre de 66 que Wesley prévoyait pour son propre groupe à l’époque, la reprise Honky Tonk (part 1) (Bill Doggett-Shep Shepherd-Henry Glover-Clifford Scott-Billy Butler), la reprise Watermelon man d’Herbie Hancock et Rockin’ funky Watergate crédité Deirdre Brown.
Le titre 2 du premier CD The Grunt (Parts 1 & 2), qui sonne différemment des titres voisins par sa grande orchestration trompettes et saxophone est le seul avec le groupe originel et tout le groupe a été crédité pour la composition. Le célèbre Bootsy Collins y tient la basse. Trois titres de 71 suivent : My brother (parts 1 & 2) et les deux premiers hits Pass the peas et Gimme some more. A la même époque, le groupe accompagne James Brown sur des hits tels que Hot pants, Escape-ism et I’m a greedy man. De 71, le titre 8 de notre premier CD s’intitule Hot pants road. Bien que les musiciens ne soient pas complètement au top (ce n’est d’ailleurs qu’une époque 70-75 de la carrière de James Brown), la reconnaissance continue avec J.B. Shout et Blessed blackness au début de l’année 72. A part la face B J.B. Shout et certaines parties, l’ensemble de ces titres se retrouve sur l’album Food for Thought – Pass the peas – I Mean Gimme some more.
En juin 72, sort un nouveau single qui le fait : Givin’ up food for funk (Parts 1 & 2). Les Funkadelic et Parliament de George Clinton ont hérité de l’humour et du rythme de tous ces premiers titres des J.B.’s. D’ailleurs, plusieurs musiciens de James Brown joueront avec eux, notamment sur l’album America eats its young (abréviation pour « young ones »), notamment Bootsy Collins. Le nom du groupe oscille alors entre The J.B.’s et Fred Wesley and the J.B.’s. Apparaissant sur l’album de James Brown Soul Classics Vol. II, le titre Honky tonk (part 1) les transforme en The James Brown soul train. Le nom Fred Wesley and the J.B.’s va ensuite s’imposer pour un temps, avec les singles Dirty Harri, Watermelon Man et avec bien sûr les titres de l’album de 73 Doing it to death : You can have watergate just gimme some bucks and I’ll be straight, More peas et notre ouverture de CD1 Doing it to death. Mais, le nouveau venu Maceo a pris, on l’a vu, un petit ascendant sur ce dernier titre, puisqu’il s’agissait de placer un instrumentiste solo au centre du groove funk. Aussi, le groupe devient Maceo and the Macks sur l’album Us !! dont nous avons ici les titres : Parrty (Parts 1 & 2), un des meilleurs titres de l’anthologie qui est un remake de The Popcorn, et Soul power ’74 (6ème titre du second CD, un remake réussi du hit de 71 pour James Brown). Un single de 74 Cross the track (we better go back) est également joué sous le nom de Maceo and the Macks, et enfin le single Future shock (dance your pants off) porte le seul nom de Maceo. A noter que « pants » cache l’obscène « ass », le titre original était : Let’s go to the discotheque and dance your ass off, ce qui aurait fait clin d’œil au Funkadelic. Dans le même ordre de déviance de la ligne directrice musicale, le single Keep on bumpin’ before You give out of gas est enregistré sous le nom The Last word. C’est donc peut-être en partie dans la mesure où l’interprétation live de Gimme some more qui ouvre le second CD est inédite que le nom revient au bref The J.B.’s. Ceci dit, le groupe est présenté sous ce nom simple sur scène, avec la fièvre répétitive de l’enthousiasme. Nous repartons alors pour une série de Fred Wesley and the J.B.’s : Same beat (Parts 1, 2 & 3), If you don’t get it the first time, back up and try it again, party, Damn right I am somebody, I’m payin’ taxes, what am I buyin’, qui figurent sur l’album Damn right I am somebody, puis les titres de l’album Breakin’ Bread de la même année 74 : Breakin’ bread et Rockin’ funky watergate. Il est même question pour ce dernier album de Fred Wesley and the New J.B.’s. Mais ce « new » ne s’imposait pas, puisqu’il n’y avait pas de nouveau musicien dans la formation.
Same beat annonce nettement l’évolution de cet autre groupe Parliament à partir du milieu des années 70 chez George Clinton, mais les bruitages étranges se trouvent déjà dans Maggot brain de Funkadelic.
Pour situer, rappelons qu’au début de 74, James Brown connaît le succès en parallèle avec Payback. Il s’agit d’une période aux textes plus politiques pour tous ces albums. En revanche, à la fin de l’année 74, le succès va commencer à décliner. Plusieurs singles sont alors édités en essayant de jouer sur l’arrière-plan des musiciens. C’est le cas du titre Control (people go where we send you Part 1) joué sous le nom de The First family et contemporain de Breakin’ Bread. En 75, l’album Hustle with speed revient au nom de scène court The J.B.’s. Les deux titres retenus sur notre anthologie sont All aboard the soul funky train et (It’s not the express) It’s the J.B.’S Monaurail. Fred Wesley reproche alors à James Brown de s’inspirer de gens qui s’inspirent de lui, ce que James Borwn prend très mal. Il perd le contrôle de ses nerfs et c’est la fin rapide du groupe. Après Fred Wesley, tous les musiciens partent rapidement à leur tour. Marqué par de nombreux départs, un dernier titre de notre sélection ramasse la question de l’ego sous le nom The J.B.’s with James Brown : Everybody wanna get funky one more time (part 1).