Je voulais intituler ma rubrique, tout simplement Detroit!, mais un remords de plume inévitable s'empare de moi quand je songe à la présence de la Motown. J'ai déjà proposé une revue d'une compilation des 100 plus grands titres de la Motown sur le blog. Ici, je voudrais me plonger dans le Detroit du rock ou de la hargne musicale, en incluant Mitch Ryder, artiste soul blanc qui ne faisait pas partie de la Motown et qui joua même plutôt avec des musiciens de la Stax (Booker T and the MG's, etc.).
Le rock sauvage de Detroit est bien connu, cette identité s'est forgée autour de deux groupes mythiques les Stooges et le MC5. Les Stooges sont une référence majeure pour les punks et le rock garage. Ainsi, le groupe suédois majeur The Nomads s'inscrit dans une lignée stoogienne. Radio Birdman est également dans la lignée stoogienne pour ce qui concerne un croisement entre punk et rock australienne. L'idéalisation stoogienne est très présente dans nombre de groupes rock garage des années 80.
Je vais donc afficher ici nettement mon opinion personnelle. Musicalement, je préfère le MC5 à ces bouledogues de Stooges. Je suis beaucoup plus impressionné par les trois albums officiels du MC5 que par les trois des Stooges, même si l'écoute de ces derniers m'emporte également. Ma conception du rock, du bon rock, est beaucoup plus proche du MC5. Je pense également qu'Iggy Pop avait un fonctionnement star system pas très réglo avec les autres Stooges et que cela mêle au personnage beaucoup d'éléments peu appréciables qui sont étrangers à l'image que je me fais d'une brute de rock.
Une autre identité marquante du son Détroit, c'est bien sûr Mitch Ryder. C'est une soul endiablée de grande facture avec plusieurs bons albums à la clef. Je n'oublie pas quand je parle de rock sixties aux gens qui ne sont pas comme moi dans les sixties il y a toujours une incompréhension lourde pour tout ce qui tire vers les fifties ou le début des sixties. Gene Vincent ou Mitch Ryder, c'est presque ringard, ce n'est pas la grandiloquence sacrée d'un groupe qui allonge les plages instrumentales, développe tel plan à la guitare ou annonce sa figure désenchantée aux yeux du monde entier.
Enfin, mais là, le message a plus de chances de passer, les groupes Parliament et Funkadelic qui viennent de Detroit ont créé une dimension funk, rock et psychédélique qui est passée à côté du succès pour des raisons un peu complexes de manque de promotion initiale du funk, mais la folie de ces groupes est aujourd'hui capable de parler à tous.
En introduction, je ne manque pas non plus d'évoquer le groupe rock garage capital des années 90, The Gories. Je ne manque pas de citer également un titre Motown, Get ready de Rare Earth. Smokey Robinson à la composition d'ailleurs, eh oui!
Premier album, un live, Kick out the jams. Géniale fusion sonore, la sauvagerie hérisse l'écoute et les harmoniques, les différenciations entre instruments sont énormes tout en étant dans le son sale et fondu, confondu. Un des trucs les plus extraordinaires qu'il ait été donné d'entendre. Voir un concert du MC5 et mourir! Mais deux albums merveilleux ont suivi. Beaucoup plus lisse et plus abordable par un large public, l'album Back in the USA est très différent sonorement, interprétativement, mais quelle splendeur dans un tel alignement de compositions formidables! Pour moi, l'un des plus grands albums de toute l'histoire du rock!
Et le troisième album, High time, pas connu, il vaut encore largement la peine, surtout les premiers et derniers titres, compositions de Fred Smith!
Il y a bien sûr des bootlegs et des compilations qui peuvent complèter cette discographie du MC5, mais Fred Smith a poursuivi dans un groupe bruitiste terrible le Sonic's rendezvous Band. Pas mal de lives enregistrés. Il n'y a pas que les compos de Fred Smith qui déménagent au sein de ce groupe méconnu des années 70, mais il y a un titre absolu à connaître, City Slang! Encore une vibration rock comme il n'est pas possible d'en rêver.
On a compris que MC5 et Sonic's rendezvous band me font de l'effet.
Inévitablement, on songera à comparer Stooges ou MC5, mais il faut aussi citer ici le groupe The Up dont j'ai le bon premier album. Il y a aussi une présence d'Allen Ginsberg, poète américain sixties bien connu qui est à mon avis sans intérêt, mais je le mentionne pour l'anecdote.
Avant de passer à mes autres idoles de Detroit : Parliament-Funkadelic, j'en viens donc aux Stooges et à cette vieille fripouille d'Iggy Pop.
Les Stooges commencent par un album inégal, mais qui contient tout de même trois titres impressionnants. Notez que sur les cinq autres titres, plusieurs sont des variations des trois titres qui nous occupent. La magie principale vient de I wanna be your dog poussé jusqu'à l'alarmant tintement pousse-au-viol. Mais, No fun est un sacré morceau dont le titre est sans doute le contraire de ce qu'on ressent à l'écoute et 1969 est un beau morceau Diddley sound mélancolique ravageur, cynique et dur.
Bien que les musiciens du groupe soient, il me semble, un peu limités, le second album a le double mérite de prendre une autre direction musicale, en gardant la même âme et le même punch haineux, et de proposer une expérience de rock âpre à base de saxophone qui vous oblige à vous sentir mélomane dans la rage des oreilles.
Le troisième album Raw power reste de haute volée avec ses métaphores militaires pour le sexe.
Evidemment, on peut courir un splendide bootleg 9 titres Search and destroy dont les premiers titres sont des versions de titres Raw power non mixées par Bowie et donc plus brutes et âpres, ces titres étant suivis de quelques autres inédits.
Il existe un riche ensemble de bootlegs d'Iggy Pop et des Stooges, mais ils ne sont pas toujours très audibles.
La carrière d'Iggy Pop fut reprise en mains par Bowie qui, après avoir produit, mixé l'album Raw power, dernier officiel des Stooges, va diriger les deux premiers albums solos d'Iggy Pop : The Idiot et Lust for life. Trait frappant, Iggy Pop ne compose plus, si ce n'est les paroles ou si ce n'est Sweet sixteen qui lui est crédité sur Lust for life. Pour le reste, c'est Bowie qui compose et le hit The Passenger est composé par un des musiciens du groupe formé autour d'Iggy Pop. La violence et la tension sont plus intériorisés, mais restent fortes dans The Idiot. L'âpreté de Lust for life me paraît très franchement discutable. Ce sont de bons morceaux, mais certainement pas de la punk rock attitude. China girl de Bowie connaît sa version originale en 77 avec The Idiot.
Pour témoigner de la noirceur de The Idiot, plutôt que des classiques Sister Midnight ou Funtime, il faut plonger dans Nightclubbing et Baby.
Pour témoigner de la noirceur de The Idiot, plutôt que des classiques Sister Midnight ou Funtime, il faut plonger dans Nightclubbing et Baby.
La carrière d'Iggy Pop s'est poursuivie avec des hauts et des bas. J'ai une préférence pour les albums Brick by brick et American Caesar vers 1990. Iggy Pop est même redevenu compositeur.
**
Autre attraction énorme de Detroit, la nébuleuse Parliament-Funkadelic.
Genèse sixties sous le format alors "convenable" des Parliaments:
C'est déjà très bon, mais George Clinton s'entoure de nouveaux venus, de jeunes, parmi lesquels un guitariste d'exception Eddie Hazel. Il baptise le groupe Parliament, lequel groupe va être rebaptisé Funkadelic, et, quand plus tard, George Clinton aura la possibilité de créer un second groupe, il reprendra le nom Parliament. C'est pour cela que le premier album au nom de Parliament est en réalité le premier album du groupe funk-rock Funkadelic. Le groupe funk-soul-disco Parliament ne verra le jour qu'en 1975 avec l'album Up for the down stroke où plusieurs titres sixties des Parliaments sont d'ailleurs revisités.
Il faut se méfier des avis donnés sur le net soit par des critiques rock reconnus, soit par des fans du Parliament-Funkadelic.
Les choses sont parfaitement claires. La meilleure période du groupe est celle qui va de 69 à 73 et qui renfermer les albums d'exception que sont Osmium, Funkadelic, Free your ass et Maggot brain, à quoi ajouter le live officiel. C'est la grande période rock du groupe. Suivront d'autres albums exceptionnels, mais dans des moutures différentes et dans des phases où le groupe est déjà en partie repu de puissance magique rock'n'rollienne bien qu'il en produise encore à torrent. L'album America eats its young est très bon, mais il ne s'agit déjà plus de la grande mouture rock, même si ici on voit débarquer des musiciens des JB's et donc de James Brown. L'album Cosmic slop renoue un peu avec le premier esprit et le titre Cosmic slop est une beauté absolue dont l'absence de succès est difficile à expliquer. L'album Cosmic slop contient d'autres perles, mais ne renoue pas avec l'extrême de tension et de magie absolue des quatre premiers albums. La création de Parliament va suivre, j'en parlerai après, mais l'histoire de Funkadelic continue avec encore de très bons albums: Let's take it to the stage, Standing on the verge, Hardcore Jollies, One nation under a groove.
Absent quelque temps du groupe, Eddie Hazel, pièce maîtresse des quatre premiers albums, revient et participe à l'écriture d'un nouvel album prodigieux Standing on the verge, dont le titre éponyme est musicalement renversant. C'est le seul album qui approche des quatre ou six premiers.
Sur le net, vous trouverez des avis qui mettront Let's take it to the stage ou One nation under a groove au-dessus d'une partie des quatre ou six premiers albums. Je trouve que ce n'est vraiment pas très intelligent et je préfère mettre en garde contre ce genre d'opinions un peu à côté de ses pompes.
Enfin, l'album Osmium avec les bonus compte un ensemble de 17 titres en CD et c'est du miracle en continu que cet album. Quand je l'écoute, c'est avec le sentiment que je vais le remettre plusieurs fois d'affilée avant d'en être rassasié et avec le sentiment que je ne serai pas dans mon état normal pendant deux jours. Les titres Breakdown, I call my baby pussycat, Red Hot Mama rendent fou, le titre My Automobile avec sa progression simili-improvisée de version à version rend cinglé, on ne sait plus où on en est quand on écoute Little Old country boy, Come in out of the rain, Fantasy is reality, Moonshine heather ou Oh Lord. C'est terrifiant, car je dois citer les autres titres avec la même conviction, un album proprement stupéfiant.
Voici donc une partie d'Osmium:
Deux titres (Little Old country boy et The Silent boatman) ont été écrits par Ruth Copeland dont recommander deux albums solos d'autant que des membres du Parliament-Funkadelic jouent dessus:
Little Old Country Boy d'Osmium est ma sonnerie pour me réveiller le matin, tout le plaisir du réveil sur une musique No stress.
**
Titres des trois albums Funkadelic, Free your mind et Maggot brain, en précisant que dès Funkadelic apparaissent les jingles de voix bizarres entre les titres.Maggot brain est mythique, bien sûr!
**
Quelques titres ultérieurs :
Je me donnerai le plaisir de revenir encore quantité de fois sur chaque album du Funkadelic, comme sur chaque album de Parliament. Il y a beaucoup de choses à expliquer.
Mais, passons à Parliament. J'ai rangé l'album Osmium du côté du Funkadelic. La formation Parliament n'apparaît vraiment qu'en 75 avec Up for the down stroke, album qui moi me botte bien et où je ne résiste pas à la sélection d'un titre prodigieux qui n'est pas une composition du groupe et qui contient une partie de sifflet humain de grande facture. Le morceau me stupéfie. Comme je reviendrai sur ces albums, je donne juste quelques titres pour ensuite faire un sort aux autres formations de Detroit.
En fait, j'ai encore d'autres choses, des albums solos de George Clinton, d'autres de Bootsy Collins ou d'autres encore des membres de la nébuleuse...
**
Autre figure marquante de Detroit, Mitch Ryder qu'on ne saurait réduire à un best of, ne fût-ce qu'à cause de The Detroit-Memphis Experiment. Mitch Ryder and the Detroit Wheels, tel était le nom complet de la formation à certaines époques. Mitch Ryder fut également accompagné par Booker T and the MG's pour un très bon album Detroit/Memphis experiment en 69. Attention, les titres sont volontiers medley avec pas mal de Little Richard.
**
Quoi d'autre à Detroit? En réalité, dans le Michigan car j'ai intégré des groupes d'autres villes.
Titre mythique de Question Mark and The Mysterians qu'on peut allonger par un best of.
The Rationals
Groupe sixties obscur présent sur le coffret Nuggets avec leur reprise de I need you des Kinks. J'ai deux albums 33 tours des Rationals. Pas mal, mais réservé de longtemps à ceux qui approfondissent sans cesse les sixties comme moi.
Groupe obscur, premier album pas mal et réédité avec une nouvelle pochette. C'est d'ailleurs cette réédition que j'ai en 33 tours. Pas l'extase, mais bon album.
Pas encore acheté, je suis réservé, pas vraiment ma tasse de thé, dire que son premier album a été financé par la vente du bootleg stonien mythique Liver than they'll ever be.
Pas encore acheté, je suis réservé. Là, j'écoute encore une fois, je ne trouve pas ça terrible.
Groupe d'intérêt très limité, un album pour dire qu'on a un peu tous les groupes chez soi. Il s'agit du groupe dans lequel Ted Nugent a débuté, mais ni Amboy Dukes ni Ted Nugent ne sont ma tasse de thé. Ce titre-ci est le plus connu du groupe, il figure sur le coffret Nuggets avec une reprise de Baby please don't go si je ne m'abuse.
Ne me demandez pas si j'ai choisi un des meilleurs titres, je n'en sais rien. On voit l'évolution hardeuse. Je trouve dès le début qu'il y a du creux dans la compo et son interprétation.
Groupe psychédélique pas très heureux.
Sans grand intérêt.
J'ai choisi attentivement le titre, mais ça ne vaut pas franchement le coup.
Une voix puissante, un truc entraînant, mais des seconds couteaux.
Une forte impression de rigolos.
Groupe un peu hardeux en 70. Je ne suis pas bien convaincu.
Groupe seventies dont j'ai un album par hasard dans une compilation de quatre groupes. Pas trop mal.
Beuark!
Garage sixties
Sixties obscur
Garage sixties
Plus pop, sorte de pré Nights in white satin.
**
Un peu à part, mais pour rire!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire