http://www.youtube.com/watch?v=SLkzTuvH7-k
http://www.youtube.com/watch?v=NDQ4pILHh9s
http://www.youtube.com/watch?v=PiMZaETQtN0
http://www.youtube.com/watch?v=DLr_rQ23VfA&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=WV7P11u5Chk
http://www.youtube.com/watch?v=U_r4eh0Q_eo
http://www.youtube.com/watch?v=lgrp4G0RNjw&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=STm4JrCKRK8
http://www.youtube.com/watch?v=42txrvEM3b8&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=AobEReFjtlA&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=-yM5_cQFKBM&feature=related
J’ai découvert le groupe Black Merda grâce à un article dans le numéro 38 de la revue Dig it. Le prix est affiché en gros sur la première de couverture 4,50 euros (mon clavier indique les dollars pas les euros). Sur cette couverture, on a une photo d’un grand serpent menaçant qui ouvre une gueule aux crocs terribles, mais eh eh ! les gros serpents n’ont pas de venin. A côté, dans l’ovale, sont dispersés des noms d’artistes commentés par la revue. En haut, Deadly snakes doit expliquer le motif reptilien de la couverture. En-dessous, Black Merda et George Tabb, puis Honest John Plain et les australiens Radio Birdman, puis Le Nombre et Dave the Spazz, enfin Sweet (sans le The). L’édito côtoie un dessin d’un pas malin qui fait un doigt d’honneur. Ne supportant pas, je tourne tout de suite la page. Les pages 4 à 11, puis 38 à 42 sont une collection d’annonces intitulée Throug the grapewine sur des éditions récentes de choses résolument obscures. Il y a les pochettes de la plupart des produits commentés sur les marges externes des pages, mais je n’y connais rien de rien, et les discours d’accroche m’ont l’air d’une machine qui tourne à vide. Pour un tel « [O]n attendait leur nouvel album comme un gamin le passage du marchand de glaces. » Pour un autre, c’est « un nouveau maelström sonique recommandé ». Pour le suivant, nous sommes invités dans un lieu inhabituel du rock pour découvrir « un des gangs coutnry les plus réjouissants du moment » avec la bénédiction de DM Bob. Et on enchaîne avec « Encore un phénomène ». Cette constance ne dit forcément rien qui vaille. Je n’ai pas été attiré par les articles sur George Tabb, Honest John Plain, Deadly Snakes, Dave the Spazz ou Le Nombre. Je n’ai encore jamais entendu, je ne sais pas ce que je rate, mais j’ai l’impression d’éviter de perdre mon temps. Je lis rapidement l’article sur le retour de Radio Birdman, et, en revanche, avec curiosité, l’article sur Sweet que je cr’oyais qu’on devait appeler The Sweet. Sweet alors !, comme dit Rimbaud au début de Michel et Christine. En fait, je ne connais guère que Ballroom Blitz, mais j’ai évidemment reconnu un plagiat évident du riff stonien de Surprise, surprise dans une nouvelle carrosserie glam rock excitante. L’auteur de l’article, qui nous explique que le The est tombé en 74 pour un groupe dont l’apogée alla de 73 à 75, déclare qu’il s’agit d’un de ses groupes préférés, déjà ça me choque, mais en plus il s’ébaubit de « Ballroom Blitz » sans jamais dire que le morceau repompe un riff méconnu de Keith Richards (avec des sources à l’arrière, mais je n’ai pas pris de notes au fur et à mesure de mes écoutes) :
Une suite impressionnante de hits. Et bizarrement, c’est tout de même deux ans après sa sortie que « Ballroom Blitz » fait le top 10 aux USA. Pour un peu ce morceau de légende allait passer inaperçu aux States.
J’ai beau apprécier le morceau, je ne reconnais pas la légitimité de la publicité pour une inspiration qui vient nettement d’ailleurs et pour un esprit festif qui n’est tout de même pas celui d’un grand groupe rock.
Donc, dans ce dièse 38 de la revue, à part le petit texte sur une réédition de Joe Meek, je retiens exclusivement l’article que j’ai lu en premier et plusieurs fois sur Black Merda. Il fait trois pages. L’auteur avait déjà traité, en trois pages également, de Sly and the Family Stone, en déclarant de manière désagréable qu’il ne trouvait pas l’album Fresh passionnant, bien qu’il avoua que pour beaucoup c’était une perle méconnue. C’est en effet dans le numéro 35 qu’il a initié cette série sur les rencontres de la soul et du rock. Il semble avoir traité de Betty Davis dans le numéro 37 et il se penche sur le duo Funkadelic / Parliament dans les numéros 41-42. On voit que traité dans les priorités, numéro 38 !, le groupe Black Merda, c’est du sérieux. L’article parle inévitablement du nom qui fait marrer et il se termine sur un extrait d’interview du groupe qui, à la fois, souligne cet enjouement autour du nom pour une oreille latine et révèle des artistes soucieux de lever l’ambiguïté : « voici l’origine de notre utilisation du mot Merda… Au départ notre nom était « Black murder », on a changé pour l’orthographe plus hip de « Merda » et ça se prononce « Murder ». Donc « Black Merda » se prononce « Black Murder », pigé ? J’espère que ça clarifie les choses pour tout le monde. » Et c’est VC qui parle, car je soupçonne un autre mauvais jeu de mots dans l’histoire.
Eux aussi sont de Detroit. Ils sont fans de Jimi Hendrix et ils ont devancé les groupes de Clinton dans le « black rock ». A na pas confondre avec l’emploi du mot pour la fusion des années 80, le « black rock » sert à désigner les artistes noirs-américains qui jouent un rock proche des blancs. Le rock’n’roll de Chuck Berry, Little Richard est déjà loin. Plusieurs groupes sont interraciaux : Jimi Hendrix Experience, Sly and the Family Stone, The Bar-kays et The Chambers Brothers (juste un album important pour ces derniers Time has come). Du coup, Black Merda serait le premier authentique groupe de black-rock, bien avant que Clinton ne passe de la musique encore sage des Parliaments au rock déchaîné de Parliament / Funkadelic, bien avant Betty Davis également.
Malgré un article en 1971 dans la revue Hit Parader où Black Merda partage la réputation de lancer le black-rock avec Bar-Keys et Funkadelic, les deux albums de Black Merda furent des bides commerciaux. Si le premier échec ne s’explique pas, si ce n’est par le manque de publicité par les concerts, l’échec du second est en partie causé par le changement de nom Mer-Da et une absence totale de promo. Les deux albums sont pourtant réédités en 1996. Mais, en 2001, suite à un engouement de collectionneurs, une sélection pirate de 45 tours de black-rock se met à circuler avec succès. Parmi les titres, Cynthy-Ruth de Black Merda fait forte impression. Désormais, on a droit à une réédition sur un seul CD des deux albums, et c’est cette compilation que j’ai achetée. Le livret parle surtout des galères du groupe, plutôt que de la musique. Les 11 premiers titres sont ceux de l’album de 70 au nom du groupe. Les plages 12 à 19 constituent l’ensemble du second album Long burn the fire sous le nom de groupe Mer-Da. La différence est réelle entre les deux albums. Le groupe a perdu son batteur. Le producteur du premier album avait mis en avant le blues et il aurait effacé le psyché et le côté sauvage. Le producteur du second a imposé des cordes. Mais, l’écoute ne pose pas problème. Les deux albums sont superbes et on voit que les musiciens ne créent pas leur psychédélisme à partir de la fuzz, de la distorsion. Ils ont une vraie confiance dans la musique avec juste quelques étirements exagérés dans le titre Over and over pourtant très bon. Les bonnes idées abondent, avec en même temps une certaine fraîcheur naturelle d’un groupe qui n’a pas les clefs en main pour passer pour rodé et lisse en studio. Du premier album, l’auteur de l’article célèbre « quelques monuments de funk hypnotique aux guitares flamboyantes » et il cite quatre titres Prophet, Cynthy-Ruth, Ashamed et Good luck. L’introduction guitare-batterie de Prophet, premier titre, est vraiment impressionnante. Et le morceau se maintient avec d’autres bonnes idées. Cynthy-Ruth a quelque chose de Voodoo chile sans qu’on ne puisse le confondre, le chant a une nonchalance hendrixienne dans la chaleur et le ton de la voix, mais avec son astuce propre. Les onomatopées et les chœurs dégagent le morceau de la dépendance d’Hendrix, et surtout son rythme hypnotique à la guitare avec un bon support batterie. Une réussite groove sans effort apparent. Entre les deux morceaux, Think of me est un blues saisissant qui plonge dans ses racines, avec le dépouillement lent, les chœurs qui murmurent religieusement bouche fermée et le son acoustique des notes espacées à la guitare. Over and over est un blues plus sixties, avec un façon particulière de jouer de la résonance électrique. On voit que le groupe développe des idées, le jeu guitaristique impose de la très bonne mélodie, mais certaines audaces sont trop appuyées sans empêcher le morceau d’être remarquable. Ashamed a un beat rock puissant mais avec un accomplissement soul couplets-refrain, avant que ça ne parte en instrumental avec claquement des mains et finesse de solo guitare. Le morceau court Reality demeure quelque peu soul avec un contraste entre les voix des chanteurs. Le blues planant très riche de l’influence blanche et hendrixienne sixties Windsong montre une autre facette musicale du groupe. Charme discret du morceau, mais captivant, avec une élaboration harmonique particulièrement soutenue. Le rock Good luck a sa spéficité, plusieurs voix en relief dominent l’instrumental, en laissant place à des solos hendrixiens ou plutôt psychédéliques pas trop étayés. Le titre That’s the way it goes a quelque chose d’un titre connu d’Hendrix dans le chant, mais avec un rythme et des chœurs dans un esprit funk, puis des parties instrumentales qui coupent avec le funk pour faire penser à une musique plus psyché-pop sinon folk. La ballade folk s’impose avec I don’t want to die où on retrouve tout de même ce sens du contraste blues dans la composition. Les instruments n’en font jamais trop et pourtant qu’est-ce qu’ils assurent d’un bout à l’autre de cet album. Le batteur fut forcément une perte pour le suivant album. La onzième plage Set me free n’a que le déploiement d’un jingle de 30 secondes, fin originale.
Passons au second album. Sans être faible, For you est un morceau soul dans une veine classieuse bien balisée. En revanche, le second morceau est scotchant, il donne son titre à ce CD de compilation des deux albums du groupe The Folks from Mother’s mixer. Il est endiablant. On est obligé de marteler le rythme avec son pied, ses mains, son corps. Et encore il y a des plages de ménagement, mais quand la guitare accentue le départ des couplets et quand le refrain explose avec son titre rappelé à tue-tête après une attente plus ou moins longue et l’alternance d’une ligne descendante vertigineuse du chant, on ne peut plus tenir. Le pire, c’est qu’en passant à un tout autre style le groupe donne encore une réussite étonnante avec la ballade My Mistake ! que Dig it décrit ainsi : « une triste histoire de meurtre, […] un slow lumineux, poignant, et la voix de Veasey mixée en avant donne la chair de poule. » Le commentaire est juste. Les autres titres de l’album sont rapidement présentés comme « autant de manifestes funky au groove hypnotique » avant le finale We made up, « un instru blues aérien, improvisé dans le studio ». Parmi ces titres, on trouve Long burn the fire qui donne son titre au second album et qui se fait remarquer en tant que plus pêchu ou plus capteur de l’attention. On relève également Lying, morceau très orchestrée mais tout en plongée, immersion du sentiment, avec quelques ressaisies coups de pied. Sometimes I wish a le groove, mais cela est contrebalancé par un chant un peu étrange qui laisse dominer les paroles, le cérébral. I got a woman est plus lâché avec une joie plus radiophonique, mais des super temps forts instrumentaux, notamment au plan harmonique. Il faudra qu’un jour j’éclaircisse mon emploi sûrement un peu personnel du mot « harmonique ». Je pense à la rencontre entre instrumentaux et notamment à leurs motifs brefs qui traversent la composition, soit en la structurant, soit en la dynamisant, soit en l’enrichissant. Le temps instrumental est superbe encore une fois sur ce morceau. Hélas, ce fut tout.
Il faut attendre la seconde moitié, voire le dernier tiers, du livret pour entendre enfin parler de l’histoire des deux albums. Très peu nous est dit sur le côté musical, sur les morceaux. Le premier album a une visée plus puriste pour le rocker, le second album a une ambition d’ouverture commerciale mélangée à une ambition de création étonnante. Je cite ce trop rare extrait de commentaire sur les chansons :
« The Folks From Mother’s Mixer » is a moving diatribe about the troubles of the world and « My Mistake » is one of the sweetest, most blissful murder ballads you’ll ever hear.
Les crédits des compositions ne sont pas donnés. En revanche, deux informations importantes. Une immédiate, suite à cet enchaînement de succès pirate puis de réédition entre 2001 et 2006, le groupe s’est reformé et a sorti un album intitulé Renaissance. Seconde information, le groupe avait une histoire dans les sixties. Notamment, ils jouent sur le hit Agent double-O Soul d’Edwin Starr en 65. Accompagnant Edwin Starr, le groupe s’appelle alors The Soul Agents et en 67 ils semblent les premiers à reprendre un morceau d’Hendrix : Foxy Lady. Ils impressionnaient des groupes comme The Temptations ou War. Surtout, côté rareté à découvrir, on apprend que, désormais formé, le groupe Black Merda a d’abord enregistré avec Fugi, auteur d’un hit pour Etta James I’d rather go blind. Or, Fugi écrit des paroles sur une composition de Black Merda et cela donne un hit en 69 Mary Don’t take me on no bad trip. En réalité, ils enregistrent ensemble une demi-douzaine de titres pour un projet avorté d’album. Mais ce tout a été édité en 1996 au nom de Fugi. Je sais déjà ce qu’il me reste à faire.
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