Attention, il s'agit hélas des versions officielles avec des arrangements pourris.
Et pour illustrer les autres plages du CD Pure and pretty
Celui-là, imparable!
En principe, ce CD est introuvable sur le marché. Il contient 14 titres, mais c’est aux sept premiers qu’il doit son nom Pure and pretty. Il s’agit des enregistrements originaux en 1966 de sept chansons qui allaient paraître sur le troisième album du groupe Emotions en 67, mais en étant renforcées malencontreusement d’arrangements orchestraux prétendûment à la mode d’une époque. Ces arrangements allaient contre la volonté du groupe apparemment et il est incontestable qu’ils gâchent et rendent par moment ridicule l’album Emotions, malgré la force des compositions. Les bourdes de la maison de disques furent impressionnantes et plus d’un fan rêve de retrouver les enregistrements sans de telles fioritures. La réédition CD a fait un effort en ce sens avec quelques bonus tracks délestés de ces gros arrangements. Ceci dit, non seulement il nous manque un nettoyage complet, ce que certaines pages en anglais sur le net essaient de proposer à partir d’habiles remixages à appliquer à nos plages CD, mais les sept versions que nous avons ici sont encore plus crues, plus pures que les bonus tracks légués en compensation. En contre-partie, nos sept titres n’ont pas une qualité sonore impeccable. Peu importe, car cela n’empêche pas l’oreille de se mettre au diapason rock des musiciens. Voici la liste des sept titres : One long glance, The Sun, There will never be another day, My time, Out in the night, Bright lights of the city, Photographer.
Les Pretty things n’avaient pas le perfectionnisme des Stones, ni le sens de la composition entière et complète, mais quelque chose d’âpre et génial. Il s’agit essentiellement de titres rock entraînants. Le premier titre One long glance a un enregistrement qui crache ou résonne un peu, surtout au début. Cela s’oublie ou disparaît pour toute la suite des sept titres. Le rythme est matraqué à la batterie, mais de manière géniale. Lui aussi très syncopé, le piano donne un son en contrepoint à l’agressivité des autres instruments et du chant. Ce dernier joue sur quelques effets d’étirement, mais qui conservent une tension. On sent des vides permettant l’introduction d’instruments complémentaires. Le morceau donne une pêche matinale. Les mélodies et harmoniques autour du piano créent parfois un son chaotique limite, mais intéressant. Avec son petit solo suraigu en intro guitare, sa ligne de basse accentuée, sa reprise entre les couplets qui se tient sans apport et avec sa super voix qui balance le couplet jusqu’à l’escarpement du refrain, There will never be another day est un super rock, dont seule la note syncopée aigüe de guitare pendant les couplets appelait un autre travail, tandis que le titre finit abruptement. On se rappellera l’intro gâchée sur Emotions par ce qui ressemble à une sirène de paquebot. Le titre My time est un superbe rock hypnotique avec une très fine orchestration, des harmonies de courts motifs divers superposés, mais uniquement à partir des instruments d’un groupe de rock de base. Il y a un peu de soufflerie, quelques sons à corriger. La basse est bien présente et fait tenir le morceau. Nulle question d’aller ajouter de la fanfare à ce rock, et pourtant... Out in the night a une intro négligée, mais elle donne paradoxalement du relief à la nonchalance du chant. Le dépouillement de la chanson est très agréable. Encore une fois, l’oreille n’a qu’à se concentrer sur les charmes perfides du chant, le martèlement rythmique, et les phases de concentration musicale en fin de couplet. Il est parfaitement agréable d’apprécier la présence sourde de la basse dans les « silences » du morceau. C’est un groupe rhythm’n’blues du note par note. Brights of the city débute par une succession mélodique qui surprend. La finition du titre n’est sans doute pas au rendez-vous pour une composition très bonne en soi avec les plans variés et subtils du chant. Il y a déjà ces lignes vertigineuses et descendantes de piano vers les deux tiers du morceau avec hachoir rythmique en contrepoint à la batterie. Photographer est un super hit potentiel, dansant, avec un piano qui balance de l’ambiance collective. Une super ligne grave entre les couplets avec un gong de batterie, un super chant rapide et affecté, un titre qui revient à tue-tête et qui est habilement délité dans le finale.
Mais il y a au moins une plage dont je veux parler, c’est The Sun. Une ballade d’une classe infinie, et poignante. Un thème au piano, un timbre vocal, une légèreté à la batterie, une harmonie incroyable d’une basse discrète appuyée sur peu de notes. Une batterie qui crée des breaks entre les plans, mais toujours sur le même mode de légèreté sonore feutrée. Et, en avant, ce chant d’une mélodie parfaite, avec ces effets de sauvagerie latente, notamment dans la répétition « and your tears » qui fait que ce poème triste ne saurait être confondu avec du larmoyant. Le finale de piano a quelque chose d’une petite chute de notes de musique classique et j’ai trouvé un super temps d’enchaînement pour faire revenir le titre en boucle en redémarrant très habilement sur le piano d’introduction. Mais, pas la peine de jouer. Le titre est une pure merveille, dont le frisson triste aurait à voir avec le caractère fortifiant des murmures d’une forêt.
Il se trouve que j’ai connu le CD Pure and pretty avant Emotions et ses bonus tracks. Le titre The Sun m’a hypnotisé et, bien sûr, il reste à jamais gravé dans ma mémoire dans la version de ce bootleg. Les deux autres versions avec les cordes font sentir que le morceau est superbe, mais ni la version de l’album ni la bonus tracks ne rivalisent avec celle-ci qui est un chef-d’œuvre de rythme par ses silences, son lent déploiement, son chant note par note. Les Pretty things avaient sorti deux albums en 1965 et le deuxième Get the picture atteignait des sommets avec Can’t stand the pain et consorts. Je suis moins séduit par SF Sorrow et Parachute que par la perfection du second Get the picture et les sept titres du présent Pure and pretty. On est selon moi passé très près du chef-d’œuvre et quel drame que les arrangements bidons de la maison de disques fassent passer cet album pour le mauvais canard de la première série de cinq des Pretty things.
Bon, ne surtout pas faire de publicité, se retenir, soit, mais je cite quand même les autres titres du CD et le petit texte qui présente nos sessions originales pour Emotions. Le huitième titre n’est autre que Midnight to six men, bombe rock qui rend fou et qui figure, en tant que single, parmi les bonus tracks du second album. La plage treize est la reprise de la superbe création psychédélique Renaissance fair, titre de l’album Younger than yesterday des Byrds qui a inspiré SF Sorrow. Rainin’ in my heart et la reprise de Bo Diddley Road runner nous renvoient également aux deux premiers albums de rhythm’n’blues anglais de 65. En revanche, nous basculons dans le psychédélisme SF Sorrow pour ce qui est des quatre derniers titres. On ne boudera pas le son du bootleg, avec de pareils cadeaux.
Tracks 1-7 are the original recordings from the « Emotions » LP – sessions 1 in 1966, as the Pretty Things played them live in the studio. Pure and pretty without the annoying overdups and overproduction which were designed to « sweeten » the Pretties’ sound, but in truth never suited their musical style !
Track 8 is from BBC – TV. « A Whole scene goin’ », November 1965.
Introduction / Midnight to six men
[NB : le CD crée une plage à part pour l’introduction radiophonique, ce qui nous conduit à 15 titres et fausse la symétrie avec les 14 tracks de la pochette]
Tracks 9 and 10 are from German « BEAT – CLUB »-TV, December 1965.
Rainin’in in my heart
Road Runner
Tracks 11 and 12 are BBC – radio – recordings, 1968 and 1970 respectively. Both tracks were never released officially.
Turning my head
Spring
Bonus tracks :
The last two tracks were recorded live in Amsterdam, March 29, 1969. They give a rough idea of how the Pretty Things sounded live during their psychedelic phase.
Renaissance fair
Talkin’ ‘bout the good times
Il semble qu’il y ait une tolérance pour récupérer les enregistrements bootlegs sur le net, celui-ci doit sans doute se trouver quelque part. On ne paie que le serveur upload/download. Pour l’exhiber, j’aimerais au moins trouver la version parfaite de The Sun sur youtube, mais dur d’y arriver. Côté Pretty things, il me reste un gros coup dans la série collector’s. J’avais depuis des années le volume More Electric banana, mais il me manquait toujours Electric banana (je parle des CD, pas des vinyles, car les mêmes titres n’ont pas le même contenu !). J’ai racheté le second volume avec le premier à un prix élevé, 140 euros environ. Mais, c’était indispensable. J’en reparlerai. A part l’intégrale de The Choir et Rest in P d’Eddie Hazel, c’est les seules fois où j’ai payé un peu cher un CD.
La réédition CD donne en bonus tracks quatre titres de l’album délestés des arrangements outrés et outrageants, ce qui est peu. Les versions de Pure and pretty sont nettement plus prenantes, âpres et sans production lisse, vivantes et agressivement rock. The Sun est un peu trop sérieux, trop recueilli en comparaison de la merveille blues qu’on entend sur Pure and pretty. Que dire alors des titres tels qu’ils figurent sur l’album. Avec l’arrangement de violon, The Sun est la chanson qui s’en sort le mieux, mais, du coup, l’auditeur n’imaginera même pas que le morceau a été gâché et ce qu’il pouvait y avoir au départ. Quand même, au milieu du titre, des effets de scie violoneuse ridicules et du plus mauvais effet. La batterie a l’air d’une pendule. Ce n’est plus l’état de grâce. Le finale au violon est lamentable, déjà à comparer au bonus tracks. Que dire de There will never be another day, l’intro sur l’album n’est pas simplement une sirène de bateau quittant le port, c’est carrément un éclat pètomane, bientôt suivi par une trompette qui nous apprend que les Pretty Things c’est La croisière s’amuse. Et les trompettes ne se gênent pas pour crier et imposer leurs motifs. Le morceau semble avoir été méticuleusement défiguré. Scandaleux. La violence criarde des cuivres revient dans le titre final My time. La sirène se fait menace en sourdine et l’intro se fait surprise par un grand coup de trompette. Pourquoi ne pas enregistrer le cri d’un enfant qui voudrait faire peur à l’auditeur tant qu’on y est ? La mélodie des cuivres prend des libertés sidérantes. Ce ne sont plus des arrangements, le pas est pris sur la création. On entend tout à fait autre chose que ce qu’on devrait apprécier. Une autre musique prend le dessus qui n’a rien à voir. Les variations de timbre des cuivres donnent l’impression d’un naufrage, ce qui assure une sorte de fin ponctuée à l’album, mais quel culot !
La trompette revient sur Photographer et ce n’est toujours ni celle du C.A. Quintet, ni l’équivalent du saxophone du groupe de Little Richard. La présence est envahissante, la trompette prétend faire le riff et la note ronflante de bruit discordant prolongé est particulièrement affectionnée. Les trois autres titres sauvés sur Pure and pretty (Bright lights of the city, Out in the night) sont massacrés de la même façon. Encore une fois, avec Bright lights of the city, on dirait qu’invités un dimanche chez Jacques Martin les Pretty Things sont généreusement accompagnés par l’orchestre de son templs du dimanche. Retour aux cuivres, je vous laisse admirer les parties triomphales sur Out in the night. La mélodie du chanteur est carrément étouffée. Le titre One long glance a été épargné, il n’y a pas de cuivres et les fautes d’arrangement sont discrètes.
Maintenant, il reste les titres pour lesquels nous n’avons ni bonus tracks non arrangés, ni versions âpres et parfaites des premières sessions d’enregistrement. On peut le regretter pour Death of a socialite où le violon et la trompette ne sont pas, en tout cas pas tout à fait continuellement, hyper agressifs. Quelle perte ! Le morceau est vertigineusement superbe et il y a même une ligne de cuivre qui arrive à participer du vertige, sauf à boucler le morceau bêtement. Children est quasi épargné, encore qu’il y a une contribution qui vaut encore son pesant de cacahuètes. Mais comment peut-on en arriver là alors que la composition joue sur un creux dramatique avec des bruits d’enfants dans le lointain et une finale de batterie au son mat ? On peut penser que les arrangements transforment insensiblement les blues forts House of ten ou Growing in my mind en morceaux classieux de bonne société qui coincera le CD entre je ne sais quel violoneux à la mode de musique classique bas de gamme et tel chanteur romantique en haut des charts la semaine précédente. La production de Tripping n’est pas parfaite, mais au moins la parade est trouvée avec une composition rebelle aux arrangements de cuivres, un bon rhythm’n’ blues un peu stonien 65 avec une contribution guitaristique suffisamment profuse que pour empêcher l’immixtion d’incongruités.
Le tour de l’album étant fait, on peut préciser qu’il reste encore quelques bonus tracks deux versions différentes de la reprise du titre Progress et la reprise single des Kinks A House in the country qui n’est toutefois pas l’interprétation la plus mémorable. Décidément, même une reprise de géants comme les Kinks ne parvient pas à remettre notre produit sur les rails. Bon, j’ai le CD en digipack avec un épais livret que je n’ai même pas lu cette fois-ci, et il se trouve que je ne sais même pas de qui est la reprise de Progress, composition de B. Halley et C. Spencer. Boah, j’ai le droit d’avoir la flemme. A bientôt.
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