Le titre Jumpin' Jack Flash a évolué de 68 à 73. Voici.
Tout commence bien sûr avec Satisfaction en 65, puisque Jumpin' Jack Flash se démarque quelque peu par son riff du hit légendaire de 1965, mais j'y reviendrai plus après.
Pour le public, le morceau s'entend une première fois dans une version studio mise sur un 45 tours. Les déboires des Rolling stones ont empêché Let's spend the night together d'être numéro 1 en 67 (censure de cette face A qui explique que le titre commercial soit devenu Ruby Tuesday la face B), mais aussi Have you seen your mother, baby, standing in the shadow? en 66 (numéro 2 à peu près, morceau trop en avance d'un an) et We love you (préjugé quant à la musique psychédélique par les stones et moindre préparation suite aux affaires de drogue et incarcérations). Jumpin' Jack Flash renoue avec le succès. Le morceau a une structure couplets-refrain avec vers les deux tiers une sorte de discret déchaînement instrumental à identifier, ce qui se retrouve dans Street fighting man.
Street fighting man (Beggar's Banquet)
Jumpin' Jack Flash (45 tours en 68)
Il existe une prise différente, mais je ne la trouve pas sur youtube, cette version différente est la base de la version des Flamin' Groovies, sa caractéristique, c'est les cris "yeah yeah" de l'intro.
The Flamin' Groovies - Jumpin' Jack Flash (sur la base de la version inédite chute de studio des stones)
Riff plus dépouillé, plus sec, la vertigineuse nouvelle version live de Get yer ya-ya's out. Cru, dépouillé. Après, on a droit à des tas de versions de ce titre si on collectionne tous les concerts 69 de la tournée américaine des Rolling stones et des quelques concerts anglais. On peut aussi trouver la version cru qui a servi à Get yer ya-ya's out, la version sans overdub. Le titre prend ici une dimension rock brute et première.
Jumpin' Jack Flash dépouillé, brut et premier en live en 69
J'ai des tonnes d'enregistrements de la tournée européenne de 1970, mais les concerts furent moins bien enregistrés cette année-là qu'en novembre 69 aux Etats-Unis et les concerts ont le même schéma qu'en 69.
En 1971, en revanche, tournée spéciale pour l'Angleterre avec des vraies différences, mais là il s'est passé un truc de dingue. Les anglais n'ont même pas pris la peine d'enregistrer les Stones concert après concert!? La télévison a voulu le faire pour un concert à Londres, au Marquee, la vidéo en prime, mais elle a foiré!?
Pourtant, deux concerts demeurent, mais pas dans leur intégralité, Leeds et Roundhouse (Londres). Quand on entend ces joyaux, on se dit qu'on a perdu quelque chose!
Mais, le morceau connaît une nouvelle mouture réelle en 1972. Il ne s'agit plus de dire que le morceau est bien joué telle année, ou qu'il est joué de telle façon, avec telle forme, tel état d'esprit. Non, il s'agit d'une nouvelle mutation dans l'interprétation. Il s'agit de la version Taylor, car elle met en avant son jeu. Elle est moins pertinente que les deux versions précédentes. C'est sur d'autres morceaux que Taylor fait merveille cette année-là, mais voici donc cette version immédiatement identifiable comme relevant de l'époque 72-73. Elle se caractérise par un jeu de petites notes perlant le riff. C'est légèrement curieux, mais cela témoigne de l'esprit de finesse des concerts en 72 et 73, voire plus encore de 72 que de 73.
Jumpin' Jack Flash Live Texas 1972
L'année 73 se divise en deux parties côté lives stoniens: une tournée en début d'année impliquant Los Angeles, Honolulu et l'Océanie, puis une tournée européenne en septembre-octobre. Les versions de Jumpin' Jack Flash sont proches donc de la mouture américaine de 72, mais l'esprit de finesse recule. Il est vrai que pour ce riff il valait mieux ne pas accentuer l'esprit des notes perlées. En Europe, on voit se développer une approche particulière de riffs inventifs multipliés, permettant de trouver un compromis entre l'esprit de finesse du perlé et le côté primaire. Cette version annonce la forme standard ultérieur du morceau en live, sauf que le relief des riffs (plutôt des solos brefs sur un temps de riff) inventifs reculera à son tour.
Jumpin' Jack Flash début 73 live australien
Jumpin' Jack Flash live 73 en Europe
Le morceau a tout de même connu ce qui peut être considéré comme une quasi nouvelle mouture en 89, la version Flashpoint. Ce n'est pas pleinement une nouvelle mouture, car les nouveautés sont plus dans l'enrobement que dans le vif de la composition. Il est visible que Jagger ne chante pour ainsi dire plus et que les parties guitares ne font qu'assurer, tandis que le son est un peu douteux, mais la prestation a le mérite de l'efficacité résultant d'une bonne préparation. C'est la dernière grande variante, peut-on dire.
Jumpin' Jack Flash en live en 1989
Toutefois, entre-temps, il y a eu un film intitulé Jumpin' Jack Flash. Les chanteuses soul aiment chanter les stones: Tina Turner, Aretha Franklin et Thelma Houston.
Tina Turner - Jumpin' Jack Flash en live
Thelma Houston - Jumpin' Jack Flash (1969)
Aretha Franklin - Jumpin' Jack Flash (avec Keith Richards, 86 je crois)
Enfin, un autre hommage au titre mythique, Johnny Winter a repris à de multiples reprises cette chanson en live, et il en fait un morceau de bravoure pour électriser l'ambiance, tout en développant un tantinet d'adresse guitaristique. On imagine ce qu'aurait pu être une version live des Rolling stones avec Rory Gallagher.
Johnny Winter - Jumpin' Jack Flash (live 70-71)
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