Mon collector 100 comporte une citation avec le nombre 101. Et paf, je tombe dedans. Je consulte la page Wikipédia correspondante (état du 9 mai 2012), en m'étonnant que cette liste ait les honneurs de l'encyclopédie. Avant même de l'apprécier par moi-même, je lis en introduction que cette liste est très contestée. Je me reporte à la note de bas de page et, au lieu de découvrir une polémique, je tombe sur un avis personnel qui déplore longuement les choix de Philippe Manoeuvre et commente à son tour les non pas 101 mais 102 albums.
Tout cela est assez subtil. Cette liste qui ne reflète que les opinions d'un auteur est intégrée à une encyclopédie. Essayez de donner régulièrement vos opinions sur wikipédia, ça ne va pas le faire. Mais, ici, on a en prime l'avis d'un gars qui nous est présenté comme une grande polémique internationale autour de l'opinion de Philippe Manoeuvre. Comme page d'encyclopédie, c'est du grand n'importe quoi.
Cela peut m'intéresser dans la mesure où la liste me paraît mauvaise pour des raisons différentes et dans la mesure où celui qui conteste ne me paraît absolument pas compétent, bien que certains de ses arguments aient l'apparence du bon sens. On peut préjuger que comme moi le gars qui réagit a un avis d'amateur difficile et pointu que l'approche grand public de Manoeuvre ne saurait satisfaire, car justement celui qui commente n'a pas l'air du tout de quelqu'un de calé sur l'histoire du rock.
Le critique dénonce l'éparpillement de Philippe Manoeuvre, il déplore qu'il n'y ait pas que des albums de rock dans cette liste. Sur ce point, je ne suis pas du tout d'accord. Je ne suis pas pour les barrières, étant donné le titre choisi pour cette liste d'albums rock qui ont changé le monde. Et si cette critique peut être en partie fondée, il faut savoir la manier.
Je prends le cas de l'album One nation under a groove. Le gars ne semble pas bien connaître la nébuleuse Funkadelic-Parliament, et il se contente d'écouter le disque proposé. Il trouve cela trop flashy, trop paillette, bon pour le funk et la disco. D'abord, si disco il y a, c'est le bon côté de la disco, et One nation under a groove est un très bon album. Ensuite, le gars ignore tout le parcours du groupe et il ignore du même coup les liens étroits du funk et du rock. En réalité, ce qu'il aurait pu critiquer, c'est le choix de Philippe Manoeuvre qui, au lieu de choisir les chefs-d'oeuvre absolus, va choisir un album à succès du revirement disco de la nébuleuse George Clinton. Les albums exceptionnels de Parliament et Funkadelic sont nombreux et antérieurs à celui-ci. Surtout, les quatre premiers sont des OVNI musicaux et délimitent l'intense moment funk-rock du groupe: Osmium (Parliament), Funkadelic, Free your mind et Maggot brain, sous le nom Funkadelic. Un héritier d'Hendrix Eddie Hazel se rencontre sur ces albums et il sera de nouveau génial sur Standing on the verge. C'est l'un de ces albums que pour de multiples raisons Philippe Manoeuvre devait choisir, et il ne l'a pas fait. Quelqu'un de compétent ne choisira jamais un album tardif pour représenter Funkadelic. Il y a des albums à se rouler par terre, et même plusieurs, c'est dans ceux-là qu'il faut choisir. Pour l'acte de connaisseur, on repassera.
Après, la contestation de l'album One nation under a groove en soi et pour soi n'a aucun intérêt, aucune pertinence. Le gars n'aime pas et mieux encore ne connaît pas, point. Ce qu'il semble affectionner ne me paraît certainement pas meilleur.
Mais, ce qui apparaît tout de même avec évidence, c'est l'impertinence du choix opéré par Manoeuvre. S'il veut souligner un album à succès, remarquons que ce n'est pas ainsi qu'il agit pour d'autres, notamment pour les Rolling stones, pour qui ce ne sont pas les albums phares d'époque qui sont mis en avant. Si le succès est une condition indispensable pour qu'un album rock change le monde, je ne sais pas si Love forever changes y a encore sa place, et ainsi de suite. L'album Love forever changes est un des meilleurs albums, il est original, mais il faut assez habilement négocier son bouleversement dans le seul cadre des groupes ou artistes qu'il a pu influencer.
Dans le cas de la nébuleuse Clinton, il était indispensable de citer les quatre premiers albums de Parliament-Funkadelic, et ça n'a pas été fait. Osmium s'imposait, sinon Maggot brain.
Le contestataire commente aussi les perspectives chronologiques. Il trouve que l'auteur privilégie des époques et en néglige d'autres. Pour les années 50, il a tout à fait raison. Manoeuvre ne cite qu'un album d'Elvis Presley, ce qui est hyper maladroitement consensuel. Il ignore le rockabilly dans lequel on entend le mot rock et bien sûr les véritables pionniers, et encore il méprise le réservoir de génies des années 50. Enfin, il ose l'impasse sur Chuck Berry, Bo Diddley ou Little Richard, ça vaut un zéro pointé. Evidemment, si son but est de s'en tenir à 101 albums, en s'accordant parfois deux, trois albums pour un seul groupe ou artiste, il y a des choix douloureux à faire. Mais déjà il me semble que plusieurs artistes des années 50 sont plus importants qu'Elvis Presley. Le livre avoue ici cruellement fonctionner dans une sorte de compromis entre le consensuel et les préférences personnelles.
En revanche, il est assez naturel que la période 65-73 soit privilégiée et, si des sommets sont atteints, dès 64-65, il y a bien eu un bourgeonnement quantitatif de grands groupes et grands albums à partir de 67 avec une cassure vers 73. Une nouvelle recrudescence a eu lieu à partir de 77 et ce pour quelques années.
Enfin, de 1980 à aujourd'hui, nous ne sommes tout de même pas dans l'âge d'or du rock, malgré une certaine quantité de bonnes choses, et des périodes de rock revival (de toute façon non spécialement prononcées). On peut éventuellement lui reprocher d'accentuer ce déséquilibre, mais il reste que Philippe Manoeuvre respecte alors des déséquilibres attendus des connaisseurs, mais contrariants pour ceux qui ont une culture de rock progressif, hard rock et groupes récents par exemple.
D'ailleurs, le gars qui critique avoue souvent qu'il ne connaît pas assez un album de la liste pour laisser un commentaire. Il n'est pas vraiment dans le coup, ni ne fait partie du public auquel s'adresse ce livre. Il a en même temps peu de chances de convaincre en expliquant que telle pointure ne l'émeut pas ou que tel autre est à son goût. C'est ce qu'il fait pour l'essentiel. Il est lui-même très perso et très consensuel.
Je préfère critiquer de manière plus efficace. Par exemple, j'imiterais plutôt notre contestataire quand il critique le choix d'un album plutôt que d'un autre pour un groupe, sauf qu'il le fait pour quelque chose d'aussi secondaire que les Ramones qui n'ont absolument pas leur place dans un top des 101 albums.
Une pointure comme les Stones est autrement plus révélatrice. Ils sont chassés des années 60 et il faut attendre l'année 71 pour voir citer un de leurs albums Sticky Fingers. Ils sont à nouveau cités pour 72. Mais, que fait Philippe Manoeuvre de l'identité musicale sixties, rhythm'n'blues des stones, et que fait-il d'Aftermath, Beggar's Banquet et Let it bleed, trois albums sixties qui ont changé le monde, qui ont plus de succès que les deux albums de 71 et 72 pourtant géniaux? Beggar's Banquet est l'album de référence qui devait impérativement être mentionné. Il n'est pas particulièrement pertinent de mettre 71-72 au-dessus de 68-69, jusqu'à évacuer les deux plus grands albums de l'histoire du rock que sont selon moi Beggar's Banquet et Let it bleed. Loin de se montrer connaisseur en choisissant les deux autres tout grands albums des stones, Philippe Manoeuvre se montre perméable à un terrain de compromis. Les albums de 71 et 72 sont mieux reconnus des non stoniens, plus passe-partout. Exile qui n'a pas eu de succès à l'époque est très à la mode aujourd'hui. Le classement reflète pour moi une convergence avec un consensus actuel. J'observe tout de même que Satanic Majesties a été un temps prévu comme devant s'ajouter à cette liste de 102 grands albums de rock. Là, la démarche est plus méritoire, tant cet album est injustement daubé, malgré des sommets vertigineux. Ceci dit, il passait toujours à côté d'Aftermath, Beggar's Banquet et Let it bleed. La démarche demeurait quelque peu étrange.
En fait, la liste de Manoeuvre est hyper consensuel et privilégie les cotes intellectuelles.
En effet, le classement entre 60 et 67 est radicalement expurgé. Les plus grands sont mis sur la touche (Stones, Kinks, Who, Small Faces, Pretty things, Them). Tout est construit autour des icônes intellectuelles. Après l'anomalie gaga Elvis Presley cas isolé des 50's, on a les Yardbirds, les Beach Boys, Bob Dylan, The Doors, The Velvet underground, les Beatles, Pink Floyd. De 2 à 8, 7 grands codes intellectuels. Les Yardbirds sont mis en avant côté explosion sixties du rock britannique. Trois grands guitaristes y sont passés: Clapton, Beck et Page. Précisons cruellement que seul Beck a excellé au sein du groupe. Si vous aimez la période des reprises de rock par Clapton, c'est déjà que vous avez de gros problèmes de goût. La période Page n'est pas très reconnue et il y a de quoi. En revanche, la période Beck est saisissante. Mais, les gens jurent par les Yardbirds derrière l'éternelle bannière des guitar heros, et on pourra acheter l'acceptation d'une reconnaissance par le rock progressif et le hard rock. Belle mentalité servile. Certes, les Yardbirds sont géniaux, mais le côté très construit et orienté de cette liste me déplaît énormément. Il est vrai que les stones, les Who, les Kinks ont monté en puissance, mais le livre parle de "changer le monde" et son élaboration reflète bien des sous-entendus maladroits. L'album Pet sounds des Beach Boys vient en troisième. C'est le seul album écoutable qu'ait jamais produit les Beach Boys, c'est vrai. Il y a des titres géniaux, novateurs: God only knows. Mais, je ne crois pas que les albums des Beach Boys soient si courus que cela et je trouve que cet amour pour Pet sounds est prédominé par une recherche d'attitude intellectuelle.
Bob Dylan a inévitablement sa place, mais là encore il s'agit d'une référence sèchement intellectuelle, puisqu'au lieu de le plonger dans la concurrence de son époque, on le met en tête.
Les Doors arrivent en cinquième. On croit rêver. Est-on sûr qu'il fallait citer cet album ou n'est-ce pas plutôt que ce classement s'aligne sur le culte de l'image sulfureuse du groupe amplifiée par un film qui a créé une onde de choc culte. Les Doors sont très bons, mais quatrième album de suite dont les cotes intellectuelles sont plus que patentes.
Et ça continue avec le Velvet underground. Dylan, Doors, Velvet, une trinité. Mais, autant l'oeuvre de Dylan est riche, autant les Doors ont développé de choses intéressantes, autant pour le Velvet je trouve que c'est musicalement un peu exagéré.
Les Beatles arrivent enfin et avec le Sgt Pepper's. Ils enserrent les précédentes cotes intellectuelles et empêchent le premier groupe non coté intellectuellement d'arriver, et ils sont cités avec leur album mythique du nouveau souffle. Et il est suivi du premier album de Pink Floyd. Au moins, le premier album de Pink Floyd est celui de Syd Barrett, c'est déjà ça, mais encore une fois un groupe dont la cote intellectuelle et un groupe qui comme la plupart des précédents permet de monnayer le respect des sixties auprès des 70's et 80's.
Surtout, on en arrive à présenter comme la crème de la période 65-67, non pas l'âme sixties, mais les cotes intellectuelles valorisées au cours des décennies suivantes.
Exit les Who, les Stones, les Kinks, Otis Redding, Small Faces, Byrds, etc. La vie et la passion du rock sont exilées. Aucun album des Kinks n'est d'ailleurs cité, voilà qui craint à mort. Village green preservation society ou Somethin' else, il n'en a sans doute jamais entendu parler...
Tout est verrouillé.
En neuvième position, Love forever changes est le premier réconfort. Un album de Jefferson Airplane apparaît également. Mais on repart illico presto dans les cotes intellectuelles: The Band (je ne sais pas si ce groupe a sa place dans le classement), puis Cheap thrills pour Janis Joplin. A nouveau les Beatles avec l'album blanc, puis le temps d'un réconfort avec Beck-Ola on repart de plus belle: Johnny Cash, Blind Faith (je ne sais pas s'il a sa place), King Crimson (a-t-il sa place?), Led Zeppelin, Frank Zappa (a-t-il sa place?).
Pas un seul Fleetwood Mac de Peter Green, pas d'album de Traffic, ni d'autres encore. Tout est passé au peigne fin de l'intellectuel.
Arrive Captain Beefheart. Au lieu de nous mettre Safe as milk, sinon Strictly personnal, on nous met Trout mask replica. C'est ça, je vais croire qu'il le met régulièrement sur sa platine, mais oui...
MC5 réjouit avec Back in the USA. Pour Deep Purple, on a droit à un In Rock, invention des codes du hard rock obligerait, sauf qu'il est indigeste, je me plais mieux avec Machine Head. Mais, je me dis que In Rock de Deep Purple n'a pas sa place dans un top des 101 meilleurs albums. Comme c'est le top des albums rock qui ont changé le monde, ça passera.
Un album des Pretty things suit, Parachute. Moi, je ne l'écoute pas beaucoup celui-là, déjà que SF Sorrow est assez bizarroïde. Le mythe des Pretty things, c'est les trois premiers albums. Après si vous voulez penser autrement, libre à vous de penser n'importe quoi.
La suite de la liste est visiblement très personnelle, et surtout royalement contestable par moment: Harrison, Amon Duul II, Derek and the Dominos. On pourra toujours défendre ces albums, mais si la loi est du grand 101 je trouve ça moins évident. Pour Crosby, Stills, Nash and Young, je m'ennuie avec leur quatuor, je les préfère largement séparément.
Serge Gainsbourg, là c'est à se pisser dessus. Can, c'est sans doute très bon, mais je songe à tant de choses absentes de cette liste. Fun House, oui, du bon stoogien. Mais, James Brown, les stones et Marvin Gaye viennent bien tard. Moi, James Brown me fait un peu chier avec son funk trop raide, je préfère largement sa période 50's et 60's, très largement même. Je préfère le funk de Sly and the Family Stone. C'est une question de goût, mais c'est tout de même bien une scie usée que de sortir mécaniquement Sex Machine en référence. C'est tellement rebattu. Marvin Gaye m'intéresse plus pour ses grands titres sixties, il y avait un album à citer. Les Rolling stones, j'ai déjà commenté le problème.
Les Who arrivent aussi très tard et bien sûr un hyper consensuel Who's next. Zéro prise de position, pas de Tommy, pas de Sell Out, Quick One ou Sings My Generation, alors que c'est peut-être la grande époque significative des Who.
Rory Gallagher n'apparaît pas non plus dans cette liste, un homme trop simple pour être dans un classement aussi intellectuel. Et allons-y avec les cotes Imagine de Lennon ou Dark side of the moon des Pink Floyd. Pffrtt. Dark side pof the moon. De la tarte à la crème, en veux-tu en voilà... Imagine pff moui, on préférait un album des Beatles quand même. Ils saturent déjà cette liste.
Moi,ça me fait bien rire cette sensibilité à exclusivement la mélodie des cotes intellectuelles. Pas un album des Kinks, pas un album de Van Morrison dans ce classement, mais on est sûr de placer Imagine et Harrison, voire What's going on de Marvin Gaye à côté d'albums rhythm'n'blues ou rock. Cela ne me semble pas très naturel.
Je n'ai pas très bien compris le choix de Pin Ups de Bowie, il n'a pas ses propres albums? Ziggy Stardust, Aladdin Sane, Hunky Dory ou carrément Station to station?
Copperhead apparaît, c'est très bon, mais nous n'avons pas eu de Quicksilver Messenger Service. Faut le faire.
De toute façon, les présences incongrues s'accumulent au cours des seventies: il y a des groupes très bons, mais de là à les mettre au sommet...
Radio City de Big Star est tout de même présent.
Je m'arrête là, ça ne sert à rien d'en dire plus...
En revanche, le gars qui critique Philippe Manoeuvre tombe lourdement sur l'album Back in the USA du MC5. Visiblement, il n'y connaît rien. Certes, Kick out the jams est plus significatif côté rock qui change le monde, mais c'est un peu de l'apparence. Les MC5 n'étaient pas sérieux dans leurs discours et l'album Back in the USA qui plonge dans le traditionalisme rock on croit rêver.
Pour les Pretty things, Philippe Manoeuvre se plante effectivement en choisissant Parachute. SF Sorrow est le premier album complètement opera rock depuis A Quick One. Je comprends les réticences du critique sur le vieillissement de SF Sorrow, mais les Pretty things c'est 65-67 et c'est Get the picture par exemple. Là encore, Manoeuvre manque la page mythique, il passe à côté.
Pour Crosby, Stills, Nash and Young, le gars dit ne pas trop reconnaître mais il se plie au consensuel du quatuor de génie. Personnellement, je pense que Crosby, Stills et Young furent géniaux, mais pas ensemble dans ce quatuor.
Pour les Flamin' Groovies, le gars dit "peut-être que cet album était innovateur pour l'époque". Il n'y connaît décidément franchement rien et n'a pas de goût rock justement. Je vois plus loin qu'il goûte plus du Motorhead. Bref.
Ceci dit, il est vrai que Manoeuvre n'a pas de rigueur et que son titre d'albums qui ont changé le monde n'est qu'une déclaration d'amour à ses disques préférés. On peut être un grand album sans changer le monde, ni innover particulièrement. Mais justement, pour les Flamin' Groovies, c'était l'occasion de sortir du chapeau le méconnu Supersnazz avec ses arrangements impressionnants et son accomplissement musical. Teenage Head a été cité de manière purement consensuelle parce que c'est connu que cet album obscur a été comparé à son contemporain Sticky Fingers et qu'il est rock et voilà. Teenage Head est un chef-d'oeuvre, mais on voit à mille mètres qu'il est cité parce que la liste ne passerait pas sans accorder un album culte du côté des plus près du rock garage. J'adore Teenage Head autant que Supersnazz, mais je suis convaincu qu'il est cité mécaniquement parce qu'adoubé par la presse et parce que rock accessible à tous.
La liste est ensuite vraiment par trop incohérente, il y aurait d'autres choses à commenter, mais bref, j'arrête pour cette fois.
Post scriptum :
Effectivement, j'ai tiqué quand j'ai constaté le quasi isolement d'un live de Johnny Cash alors que les albums studio sont nettement privilégiés.
Je viens de consulter la deuxième liste, cette fois le coup des albums à écouter avant de mourir.
Il se rattrape pour quelques trucs, mais pour d'autres il s'enfonce.
Ces deux listes ne sont pas très cohérentes point de vue titres. Quant au contestataire, je le laisse frimer avec Dark side of the moon.
Bon, on comprendra que je ne dois pas passer mon temps à regarder les classements d'autrui. Cela donne un article aigre inutile qui n'atteindra pas son but.
L'intérêt, c'est surtout que même à travers la présentation de très bons albums je devine la construction où tout est appelé.
Juste qu'il y a de sacrées surprises dans ses disques des années 70's, voire de 1980 à aujourd'hui. Il y a vraiment des trucs qui ne valent rien.
En même temps, pour la période 60's, un autre truc me fait tiquer. On peut comprendre à la limite qu'il ait voulu choisir des albums plus tardifs des Stones, des Beatles, des Who. Il a oublié les Kinks, Peter Green's Fleetwood Mac, les Easybeats. D'accord, les choix sont appelés, prévisibles. On peut ramener ça au goût et aux couleurs. Mais, je suis frappé de voir l'isolement d'un unique album de Dylan placé au début, puis il s'en détache rapidement.
Ensuite, il y avait des trucs très pauvres dans les 70's, et trucs plus récents, et quand on compare avec ce qui manque pour les sixties, c'est vertigineux.
En fait, je sais que si je publie un jour un livre un projet les 100 albums ne sera pas porteur, ni ne me permettra de susciter de l'intérêt pour le pointu. Je verrais vraiment différemment les choses. Il faut citer beaucoup plus, mais répartir dans des rubriques. Le texte de la rubrique doit captiver au point que le lecteur soit en mesure d'emmagasiner la tonne de références.
Il y a un truc aussi à ne pas oublier. Les groupes et artistes ne sont que des humains. Il y a en fait beaucoup de choses géniales qui n'ont pas eu les honneurs du commerce.
Un classement pointu par année est toujours jouable, mais des classements intemporels c'est plus difficile et ça crée un espace mental un peu bridé.
Comme tout un chacun, j'aime bien essayer de classer, de dire ça est meilleur que ça, mais le projet a une nature ingérable.
Pour moi, un classement, ça doit être un outil polémique, un moyen de dire "ah il le classe aussi bas, ah il met ça au sommet, ah il choisit cet album qui révèle quelque chose d'essentiel au lieu de faire le même choix que tous ceux qui l'ont précédé, et en plus c'est vrai que ça révèle quelque chose..."
Le problème, c'est que le public doit être lui-même à la hauteur d'un telle discussion, il doit comprendre où on veut en venir, sous peine de ne chercher qu'à se réarmer dans ce qui le fait, ce qui ne le fait pas.
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