Quand on aime, on ne compte pas. Voici mes trois compilations du groupe We the people dans l’ordre dans lequel je les ai achetées. Too much noise est la compilation Sundazed de référence avec 14 titres pour un CD. La compilation Declaration of independance est semi-officielle, à moins qu’il ne s’agisse d’un bootleg CD précoce de 1992 par des français. Cette dernière compte 16 titres. Quant au double CD Mirror of our minds, il s’agit de l’intégralité des titres du groupe. Je vais donc me concentrer sur le caractère de best of de Too much noise.
Le nom du groupe est constitué des trois premiers mots de la déclaration d’indépendance américain. Le fait étant moins coutumier, il convient de signaler qu’il s’agit d’un combo qui nous vient de Floride. Il s’agit de l’un des groupes de référence du garage sixties américain, des classiques de la compilation Nuggets. Et pour moi, ils sont autrement intéressants que les Standells. Les compositions du groupe se partagent entre deux membres Talton et Proctor. On peut croire que Talton prédomine dans la mesure où ce sont deux de ses titres qui ont été retenus sur le coffret Nuggets : Mirror of your mind et You burn me up and down. Mirror of our minds est une corruption du premier de ces deux titres et Too much noise est aussi un titre classique du groupe composé par Talton. Pourtant, la compilation ne contient plus que trois autres titres de lui, ce qui fait un total de six inférieur aux huit compositions de Proctor. Car, il y a un arbre caché dans ce groupe. Proctor n’est rien d’autre que l’auteur de ce titre immortel In the past qui culmine si haut dans l’œuvre du Chocolate Watch Band, groupe mieux reconnu encore que We the people dans le domaine du garage sixties.
Les trois titres de référence de Tom Talton sont indiscutables Mirror of your mind, Too much noise et You burn me up and down. Hélas, il ne les a pas cumulés. By the rule est le plus proche de l’esprit de ces trois titres, mais un peu en-dessous tout en étant très bon. Free information sonne différemment, il n’a pas l’âpreté garage des précédents, il reste toutefois un très bon morceau. Enfin He doesn’t about it right est déconcertant, il s’agit d’une œuvre rigolote, mais c’est une franche réussite. Les autres compilations proposent encore d’autres titres de Tom Talton.
L’œuvre de Wayne Proctor a à son tour son esprit propre. Il est déplorable que la compilation américaine Nuggets ne lui ai pas rendu hommage. Les huit titres sont carrément envoûtants, tous même s’il en est de plus séduisants que d’autres. L’approche est plus mélodique et posée. J’ai envie de dire qu’on réunit les titres de Proctor sur un album et on ne serait pas si loin d’un album pop rival d’une œuvre des Beatles. C’est assez impressionnant. Le titre In the past est un sommet psyché-pop et l’original de We the people n’a rien à craindre de la comparaison avec la reprise accidentellement plus connue du Chocolate Watch Band. L’inédit Half of Wednesday à l’origine de In the past tout en étant en mesure de s’en distinguer nettement est inévitablement un autre grand coup de génie de Proctor. Les deux titres les moins cruciaux de Proctor sont loin d’être faibles : Declaration of independance et Beginning of the end avec ses clins d’œil beatlesiens. La compilation se ponctue par deux titres vertigineux : Alfred, what kind of man are you ? dont je vous laisse méditer le genre mélodique possible pour ce titre et St. John’s shop, chef-d’œuvre éblouissant, pièce montée pop superbement orchestrée, une splendeur dont la compilation Declaration of independance livre les deux versions. A noter que, par exception, le compositeur ne chante pas sa propre création cette fois-ci et, sans que ce ne soit sensible, c’est Talton qui est au chant. Il ne doit pas être possible de passer à côté de titres comme In the past et St. John’s shop, c’est tout ce que je puis dire. Le langoureux et hawaien (You are) The Colour of Love est plus garage, bien qu’il s’agisse encore d’un rock lent, d’un titre pop, et il demeure une réussite imparable. Enfin, placé au milieu des âpretés de Talton, le titre My brother, the man est le titre le plus rock, tout en conservant cette couleur nostalgique énigmatique dont témoigne les mots du titre, un sommet encore une fois. Le livret détaille l’intérêt musical chanson après chanson. Qu’est-ce que je dois faire ? Tout recopier ou ne retenir que ce qui est dit de quelques titres ?
Le groupe n’a connu aucun succès national et Tommy Talton n’avait que 17 ans à l’époque de leurs trois si brillants singles et de leurs impensables « outtakes », en 66. Mais, le service militaire nous a désespérement privé du génie de Wayne Proctor, tandis que quelques autres épreuves eurent rapidement raison du reste du groupe par la suite. Talton a composé d’autres morceaux qui figurent sur la compilation Declaration of independance : When I arrive et The day she died, mais encore une fois, la cohésion du groupe ayant été atteinte, le génie individuel d’un compositeur ne s’est pas maintenu. Aucune des trois faces A des singles de 67, qui figurent sur la compilation française, n’a été composée par Talton, qui plus est : Follow me back to Louisville (Davidson), Love is a beautiful thing (Cavaliere-Briggati) et Ain’t gonna find nobody (better than you) du bassiste David Duff. Un autre titre de Talton est toutefois sélectionné sur la compilation française Lovin’ son of a gun, titre qui ferait penser presque à Lennon. Un autre titre de David Duff a également été retenu Proceed with caution. J’aurai le culot de recommander les trois compilations, avec une préférence pour la sélection ramassée de Too much noise et le sentiment de l’indispensable intégralité pour les deux autres, le groupe méritant sérieusement qu’on s’y arrête et qu’on y revienne.
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