vendredi 24 juin 2011

14. The Fraternity of man : Get it on !

Evidemment, je me sers d’ouvrages spécialisés pour découvrir de nouveaux groupes. Ainsi, j’exploite le livre Le rock psychédélique américain 1966-1973 de Philippe Thieyre. Il s’agit de divers groupes américains qui approchent de plus ou moins près de la question du psychédélisme. Il y a des choses très obscures que je connaissais et possédais avant de consulter ce livre : Autosalvage, Bohemian vendetta, Bubble Puppy / Demian, Clearlight (pas le groupe progressif français), Faine Jade, Fire escape, Godz (pas le groupe de hard rock), Lost and found, H.P. Lovecraft, Insect trust, pour ne citer que du très obscur absent des compilations de référence Nuggets, Pebbles, etc. J’ai découvert des groupes excellents : Beacon street union (deux albums), Black pearl (deux albums sur un seul CD), Blue mountain eagle (un album), Blue things (un vinyle), C.A. Quintet (le CD Trip thru hell), et d’autres œuvres intéressantes : un album tardif de Creme soda (au-delà de 73) qui fait partie des bons trucs cachés de la boîte obscure Radioactive records avec Timbercreeks et quelques autres, un album de Love exchange, un autre de The David qui s’intitule Another day, another lifetime. J’ai connu deux déceptions. J’ai deux albums de Corporation sur un seul CD. Ceux qui liront le commentaire de ce dictionnaire psychédélique seront jaloux, je les rassure, il n’y a pas de quoi ! Pareil pour Brimstone et son album extrêmement rare dont le prix s’envole, couru qu’il est par les collectionneurs. J’ai acheté le CD de cet album Paper winged dreams Brimstone, et j’ai trouvé cela complètement nul et insipide. J’ai aussi découvert les deux albums de Fraternity of man. Evidemment, je suis un homo economicus, j’ai acheté le second album en CD et le premier en vinyle d’occasion. La pochette du second album Get it on me rappelle qu’on peut dire The Fraternity of man (eh oui ! c’est toujours aussi subtil !).
Je parlerai du premier album au nom du groupe une prochaine fois, je peux juste signaler qu’il est sorti en 1968. Ce sera l’occasion aussi de présenter le groupe. Là, je suis un peu paresseux, puis je veux profiter de ce que, parmi mes collectors, il en est qui ne se rencontre pas du tout sur youtube ou si peu. De 69, le second album Get it on est encore meilleur que le premier. C’est essentiellement du blues-rock sans gros son pour moi, avec une délicatesse de jeu et d’orchestration superbe, et une force prenante tranquille. L’album, qui n’a connu que le succès d’estime, donne l’impression d’être très court. Les 10 titres font tous entre 2 minutes 37 et 3 minutes 40. On peut souhaiter trouver les dix titres suivants sur le net pour pouvoir se faire une idée, vu qu’il s’agit d’un album dont le prix ne souffre pas la moindre crise.

1. Boo Man 3.12
2. Don’t start me talkin’ 2.37
3. Pool of tears 2.47
4. The Throbber 3.40
5. Cat’s Squirrel 3.16
6. Too high to eat 3.36
7. Forget her 3.32
8. Coco Lollipop 3.01
9. Trick bag 2.39
10. Mellow token 3.28

Le tout est musicalement homogène, bien que la notice annonce un certain mélange de psychédélisme (Too high to eat), de blues, de country (Coco Lollipop et non pas Loco Lollipop, country qui fait jazz d’ambiance dans un salon avec notes espacées de contrebasse et prédominance du piano des gens calmes et reposés derrière un chant de crooner). La diversité blues, country et psychédélisme est vraiment fondue en un. Les titres plus blues sont ceux qui marquent le plus. Cat’s squirrel est celui qui rentre le moins dans le cadre homogène du groupe. C’est un pur blues avec une dynamique d’orchestre rock qui bombarde. Le titre Don’t start me talkin’ fait lui aussi forte impression. C’est une mise en œuvre élaborée d’effets percutants de l’histoire du blues et d’idées personnelles dans les ruptures, etc. Malgré les étirements de la voix, le psychédélisme et la défonce ne ressortent pas en premier sur le titre Too high to eat. Il s’agit d’une musique très blues avec de l’harmonica et un final instrumental intensifié rock qui assure plutôt un collectif dynamique bien posé. Pour moi, le titre psyché, c’est plutôt la crise de Forget her, avec le piano, les breaks de notes de guitare saturée et le chœur jacassant final nappé d’orgue pour achever de nous plonger dans la religieuse rédemption un peu folle. Le titre Pool of tears avec son début de mélodie dansante, puis ses solos planants de flûte introduits par la voix tourmentée du chanteur et de petits sons cristallins, est l’autre titre psyché évident de l’album. Je ne prends pas la peine de décrire les quatre autres titres pour assurer qu’ils sont tous bons.
Le groupe se compose de cinq musiciens et il est renforcé ici du guitariste Lowell George et du pianiste Bill Payne. A la batterie et aux vocaux, Richard Hayward, accompagnateur apprécié par la suite, va faire partie du groupe de country-rock plus connu Little feat avec Lowell George et Bill Payne. Warren Klein qui joue de la guitare, du sitar et du tambourin sera lead guitariste sur l’album I’m bad de Kim Fowley. Il jouera plus tard avec Lou Reed. Le lead guitariste de Fraternity of man, Elliott Ingber, a rejoint Captain Beefheart sous le nom de « Winged Eel Fingerling » (album The Spotlight kid en 72), il deviendra un membre des Grand Mothers en 1980. Avant The Fraternity of man, Elliott Ingber a joué dans les Mothers of Inventions, il a participé à l’album Freak out. Pour d’autres membres du groupe, les débuts se firent dans un groupe de Los Angeles nommé Factory. Mais je garde de quoi raconter pour ma présentation du premier album du groupe une prochaine fois.

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