jeudi 30 juin 2011

17. Gene Clark : No Other (1974)



Je compte présenter plusieurs albums de Gene Clark dans cette série. Il est indispensable de parler de Roadmaster ou de l’album avec les Gosdin Brothers, comme de White light. Je parlerai ici de No Other en premier, pour plusieurs raisons. Il s’agit du premier album solo que j’ai connu de Gene Clark, et donc du premier album d’un Gene Clark sans les Byrds qu’il m’ait été donné d’apprécier. C’est en même temps le dernier chef-d’œuvre. Et pas n’importe lequel. Une sale réputation de surproduction lui colle à la peau à la différence des plus purs Roadmaster et White light, une surproduction qui s’entend qui plus est. Mais, je ne la perçois pas ici comme un défaut et je suis complètement pris par cet album avec ses chœurs féminins en plus, avec ses grandes orchestrations soignées et la finition claire du morceau rendu lisse. L’album n’a eu aucun succès et ne fut pas disponible avant longtemps en CD. Le CD tardif affiche désormais les huit titres de l’album, un titre inédit qui est une reprise de cet autre album dont je devrai parler The Fantastic expedition of Dillard & Clark : Train leaves here this morning (le co-auteur reprendra la titre sur le premier album des Eagles en 72), puis six versions différentes de huit titres de l’album, ce qui permet de mesurer l’importance des arrangements sur les versions définitives.
Le livret contient un texte de Sid Griffin du groupe garage The Long ryders, Gene Clark ayant joué avec eux sur l’album Native sons. Il contient ensuite un commentaire détaillé de Johnny Rogan, biographe des Byrds. Et c’est ici l’occasion de marquer mon étonnement. Mon coup de cœur va inévitablement au titre Silver Raven qui se démarque nettement de l’ensemble par le son, l’atmosphère et la poésie visuelle qu’il suggère. Toutes les chansons sont commentées, sauf celle-là. Pendant longtemps, je n’ai pas lu le livret et, du coup, c’est une vraie surprise pour moi, d’autant que les titres privilégiés sur le format 45 tours n’incluent pas ma référence : No Other, Life’s greatest fool, The true one, From a Silver Phial. Je suis aussi marqué par le titre original Strength of strings qui n’a pas ici de version alternative., pas plus que The True one. Mais, si je dois citer mes titres préférés, ce sera Silver Raven et No Other. Toutefois, ça se bouscule et les autres titres sont tout simplement sublimes. Il faut absolument se plonger dans Life’s greatest fool, From a Silver Phial, Strength of strings, Some misunderstanding ou Lady of the North. Tout respire la majesté du génie. C’est à l’évidence l’un des plus grands parmi les albums méconnus de l’histoire du rock. Intériorisation, orchestration, plénitude, cela devrait s’acheter aussi naturellement qu’un album des Stones, des Kinks, des Beatles, de Love ou de quelques autres. Gene Clark fut le grand génie des Byrds à leurs débuts et, si le succès n’a pas suivi sa carrière solo, le talent ne l’avait pas quitté pour autant. Une vraie touche de magie qui a pourtant l’aîr de jaillir d’une sorte de simplicité facilité. La voix est inévitablement mémorable et tragique. La couleur musicale témoigne d’un travail dans un esprit stonien que Clark a révélé évident avec certains titres des Byrds. Le titre The True One est un country rock dans un esprit qui correspond assez à certains titres d’Eddy Mitchell, mais la voix de Gene Clark ramène à lui le côté Sur la route de Memphis, tandis que l’instrumentation tourne avec cette maestria stonienne dont je parlais. Enfin, en contraste avec le montage rétro de la pochette, au dos on découvre une photo étonnante de Gene Clark maquillé et vêtu en tissu de toile légère comme une star du disco aux longs cheveux qui n’aurait rien à voir avec le country rock. Les paroles des chansons nous sont données, ce qui est intéressant vu la prégnance poétique de ces titres, sachant que Gene Clark n’était pas pour autant un grand lecteur, ce qui peut étonner à l’écoute de son œuvre lyrique.

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