War, The World is a ghetto
Dean Carter, The call of the wild
The Shadows of Knight, Gloria
Les Fleur de Lys / Sharon Tandy
The Downliners sect premier et troisième albums
Kaleidoscope Tangerine dream / Faintly blowing
The Wild magnolias
Al Green Albums traités par quatre
The Easybeats premier et quatrième albums, puis cinquième Vigil
Randy Newman 12 songs
Legend (first album), puis le second, puis Moonshine
David Crosby If I only could remember my name
Screaming Lord Sutch, Rock & Horror
Funkadelic Standing on the verge of getting it on
Parliament Osmium
The Parliaments
The Meters second, troisième et quatrième albums
Betty Davis Nasty gal
D'autres encore, liste non fixée.
dimanche 6 novembre 2011
38. Funkadelic : Funkadelic :
J’ai
encore de nombreux albums à commenter de Funkadelic,
de Parliament, voire de George
Clinton, de Bootsy Collins, d’Eddie Hazel et aussi des Parliaments. Le CD des titres du premier groupe The Parliaments est quelque peu un
collector pour ne rien de la magie d’Osmium,
premier album de Parliament qui est
en réalité entre Funkadelic et Free your mind le deuxième opus de la
formation Funkadelic dans son âge
d’or. Funladelic, Osmium, Free your mind, Maggot brain,
le live de 71 sorti bien plus tard, c’est la quintessence musicale de
l’univers. Suivront pourtant d’autres sommets America eats its young, Cosmic
slop et Standing on the verge,
d’autres pépites tantôt sous le nom de Funkadelic, tantôt sous le nom de Parliament,
parfois même sous le nom de George Clinton. L’intérêt de faire une rubrique
pour chaque opus, c’est qu’on peut se rendre dans les grands commerces de CD et
découvrir l’absence totale de ces noms sur les étalages funk-soul, même
fournis.
Le
nom Funkadelic est une manière de
concentrer en un seul mot les mots funk, psychedelic et éventuellement la
syllabe « del » qui, paraît-il, semblait revenir au jugement du
groupe dans maints groupes soul de l’époque. Il ne manque plus que l’allusion à
Jimi Hendrix pour avoir une idée de leur musique. Précisons d’ailleurs qu’il
s’agit d’une formation de la ville de Detroit, la ville de la Motown, mais
aussi d’un certain rock endiablé (Stooges
et MC5). Le nom a connu de légères
retouches au départ de The
Funkedelics à Funkadelic. La
formation sixties de Clinton The
Parliaments touchait à sa fin avec l’arrivée de nouveaux musiciens, à
commencer par le prodigieux guitariste Eddie Hazel. Le groupe changea
de look, se défonça par les drogues et explora la folie du rock lourd et
des improvisations guitaristiques, ainsi que la dynamique funk. Le choc de l’habillement,
de la coiffure allait être poussé loin. En revanche, à côté de sa sublime
musique, le groupe ne trouve guère le moyen que de déverser les obscénités
potaches à foison. En 68, suite à un conflit opposant George Clinton à sa
maison de disques, les Parliaments cèdent la place au groupe Funkadelic qui est
signé par Westbound Records. En 69, sortent enfin des 45 tours du groupe sous
son nom nouveau, les excellents Music for
my mother et I’ll bet you. Ce
dernier titre, adaptation d’un plus ancien des Parliaments, sera repris par les
Jackson five. Etrangement, un peu
après, George Clinton a souhaité lancer en parallèle un autre groupe du
nom de Parliament. La distinction
musicale entre les deux formations est réelle, mais assez subtile à définir,
bien que Clinton l’ait résumée ainsi : les guitares en avant dans Funkadelic, les voix dans Parliament. Les choses furent
inévitablement plus compliquées.
L’enregistrement
du premier album au simple nom du groupe n’est pas allé sans difficultés. La
section rythmique a même eu tendance à lâcher Clinton qui dut alors faire appel
à d’autres musiciens parmi lesquels des musiciens de session de la Motown et
surtout l’organiste Berni Worrel qui deviendra un pilier du groupe par la
suite. Bernie Worrell et Eddie Hazel, deux pierres angulaires du Funkadelic, tous deux bien présents sur
le premier opus. L’album n’est pas parfait. Les morceaux longs sont d’une
qualité inégale. Le génie devient forcément latent, tant le groupe privilégie
les engourdissements répétitifs. Ceci dit, les perles s’accumulent tout de
même. Il n’y a pas véritablement de temps faible pour autant. L’album s’ouvre
sur un titre de Clinton tout à fait original Mommy what’s a funkadelic. Un texte parlé obscène, agressif dans
son discours, sensuel dans la voix, lance la chanson de près de dix minutes. Le
titre est très blues et joue de répétitions envoûtantes, rythmées, avec de
l’harmonica, de la distorsion. La rythmique propulse en avant un chant parlé
avec quantité de bruits de bouche, de phrases décalées. Suivent des versions
nouvelles des deux singles I’ll bet you
et Music for my mother. Début d’une
longue série de mots d’ordre aux faux airs de second degré, James Brown est
parodié : « I’m funk and I’m proud ». La guitare d’Eddie Hazel
tend à s’affirmer sur ce dernier morceau avec ses chœurs obsessionnels
indianisants. Les notes de guitare à la fin du titre donnent le frisson. I’ll bet you semble toutefois plus
marquant dans la composition d’ensemble. Le quatrième titre ne dure que quatre
minutes et atteint des sommets : I
got a thing, you got a thing, everybody’s got a thing. C’est une superposition
de merveilles, la guitare courts, les harmoniques sont démentes. Bien que le
début de l’album soit de haute volée, le quatrième titre dépasse les trois
précédents sans aucune espèce de doute à mes oreilles. C’est déjà Osmium. Les chœurs, la rythmique,
l’orgue, la guitare jusqu’à sa distorsion finale terrifiante, les ralentis, les
accélérations, et ce petit bruit chatouillant très particulier qui marque
parfois le rythme, c’est le génie. Ce titre devint inévitablement le troisième
45 tours du groupe, il sortit au cours de l’année 1970. Un titre soul des
Parliaments Good old music est
ensuite revisité en rock funk psyché, pour le meilleur. Le titre s’étend alors
sur huit minutes entre virages soul et virages psychés, parfois brusquement
hendrixiens. Un blues lourd et rock avec envolées guitaristiques suit : Qualify and testify. La rythmique de
plomb fait songer à Mannish boy de
Muddy Waters, et on constate que les motifs mélodiques les plus réussis des
accompagnements de certains rocks lourds sont extraits du mauvais encadrement
heavy ou hard rock pour s’écouler dans du bon blues, avec en prime un orgue qui
défie Jon Lord. Jimi Hendrix n’est pas loin dans le jeu d’Hazel. Certains
diront qu’il faut exiger l’original. Quand même ! Le septième et dernier
titre commence par un discours d’extraterrestres dans les chuintements
électroniques et circulations atmosphériques. Il s’agit de What is soul avec sa superbe introduction guitaristique qui
enchaîne, quelques voix en fond sonore. Le titre se poursuit toutefois par un
chant parlé cumulant des discours idiots maladroites aux rires stupides, ce qui
en brise la dynamique. Le rythme se tient pourtant, l’ambiance se crée. Le jeu
redevient bon quand les paroles creuses se retirent. L’harmonica qu’on peut
dire blues et stonien se met de la partie pour le meilleur. L’harmonica n’est
pas l’un des moindres charmes de cet album.
Le
CD contient plusieurs bonus. La chanson Can’t
shake it loose est une reprise d’une ancienne composition de Clinton jouée
par d’autres (Pat Lewis) : elle a déjà été interprétée par Diana Roos and
the Supremes sur l’album Love child.
Il s’agit d’une chanson au nom des Funkedelics demeurée inédite jusqu’en 1992.
George Clinton donne ainsi l’impression d’avoir piqué aux Supremes sa propre
composition. Suivent les versions singles de I’ll bet you et Music for my
mother. On enchaîne avec un autre inédit des Funkedelics paru en
1992 : As good as I can feel,
titre donc de 69 en réalité. Bons témoins de l’évolution rapide du groupe que
ces deux titres des Funkedelics, l’un très soul tourné vers les Parliaments
sixties, l’autre d’une grande finesse, un instrumental, mais soigné et
classieux dans sa richesse élégante, avec surtout un son clair, pas de stupre
sonore. Le 45 tours I’ll bet you a eu
deux faces B possibles : ou bien le blues Qualify and satisfy de l’album, ou bien le titre Open our eyes ici livré juste avant la
version 45 tours de Qualify and satisfy.
Open our eyes, un titre de crooner,
avec la guitare au loin qui semble dire que Funkadelic est bien là à piaffer en
coulisses dans la magique ambiance du recueillement soul-gospel. Les gens qui
se tiennent bien s’y retrouvent. Qui va donner l’alerte, avec les signes inquiétants
à la fin du morceau ? Une version instrumentale en 45 de Music for my mother est donnée en
dernier bonus. Le titre revient donc trois fois sur le CD. C’est toujours
l’inconvénient des versions alternatives en bonus sur un CD, mais il fallait
bien sauver tous ces chefs-d’œuvre.
37. Betty Davis :They say I’m different:
Bien
qu’ils ne soient guère connus du grand public, les albums de Betty Davis ont
été réédités deux fois en CD, une fois en boîtiers classiques, une fois en
digipacks. Le second album est également excellent. Ce sera comme cela jusqu’au
quatrième pourtant demeuré inédit à l’époque. Du premier album au second album,
pratiquement tous les musiciens ont changé autour de Betty Davis. Même le
bassiste Larry Graham n’est plus là. Après avoir écouté le premier album de son
ex-épouse, Miles Davis l’a contacté pour lui conseiller de produire son album
elle-même, tant son oreille est sûre. Les sessions auront le même profil que
celles du premier album, mais Betty a en plus un travail de production. C’est
au moment de la sortie de ce second album que Betty Davis monte enfin sur la
scène. Elle avait attendu pour ne pas se retrouver piégée par la dynamique du
music business. Aucune vidéo ne nous est parvenue de ces prestations, dont il
ne reste que des photos et la légende sulfureuse.
Ce
deuxième album est peut-être le plus modéré, le plus introverti. La musique
funk balance. Certaines sonorités particulières se dégagent parfois. Les choses
sont très posées. Le blues hypnotique de la chanson qui donne son nom à l’album
est fascinant, les racines blues se font nettement sentir dans They say I’m different. Quel
rhythm’n’blues avec plusieurs recettes dans les chœurs et les jeux de guitare,
parfois aevec de la distorsion. Plusieurs motifs discrets se situent pourtant à
un niveau magistral (piano, guitare, etc.). Un hommage est rendu à Chuck Berry
dont le nom est feulé à un moment donné, annonce d’un prochain spécial hommage
rock sur le prochain album. Le titre They
say I’m different se termine en fade out, comme incomplet. On enchaîne avec
le titre 70’s blues dont la première
phrase vaut repère « I wake up this morning », mais les repères
sonores et rythmiques du blues sont effectivement déplacées dans un bain sonore
funk seventies à base de claviers. Le chant et la musique échangent dans
l’enjouement quand roule le mot « blues ». Nous sommes dans le monde
de la danse et du solo improvisé de guitare désinvolte, prenant ses aises,
étirant quelques notes. Le sautillement deviendrait presque reggae, n’était son
dynamisme. On enchaîne avec Special
people avec des lignes jazz de piano, une atmosphère de contrebasse au fond
du bar, un chant qui s’envole en clarté lyrique sur certaines fins de phrase.
L’orchestration est très riche et classieuse, mais avec cette base blues-funk
irrépressible. Avec son potentiel vocal limité, Betty Davis se débrouille
habilement pour voyager sur certains registres que j’ai un peu de mal ici à
présenter par les mots justes. Le morceau s’évanouit aussi avec ce côté non
fini du morceau qui devient du coup aussi la note de non finition pour la sortie
de l’artiste en fin d’album. Le morceau ne s’est pas vraiment arrêté, nous
sommes passés dans la pièce à côté.
Les
morceaux les plus âpres sont au début de l’album. Il s’ouvre par Shoo-B-Doop and cop him avec une
importante présence du trio en chœur féminin. Les notes sont syncopées dans la
distance. La tension est très rock, mais sur un rythme slow. Certaines
sonorités étranges, osées apparaissent. Il y a du jeu dans un morceau puissant
avec sa charge soul, sa pesanteur de relation chanteur et chœurs. C’est un
morceau calme marqué de très fortes présences avec des montées soudaines dans
une vitalité continue, mais contenue. Les instruments proposent un bain sonore
et un entremêlement de leurs motifs respectifs. Le fade out est à l’ordre du
jour pour clore les chansons. Le second titre commence par la phrase braillée He was a big freak. Le morceau démarre
avec un super jeu structuré de clavier et des espèces de contre-temps dans les
basses. C’est une fête musicale reposée, mais coupée par les quasi cris, les
chuintements en tout cas d’une chanteuse excitée qui alterne toutefois avec des
phrasés plus clairs, plus posés. On retrouve l’entremêlement des constantes du
chant de Betty Davis, le roulement tendre et les dominantes gutturales. Aux
deux tiers de la chanson, il y a un moment planant hyper bien amené, une sorte
de temps magique. Puis on repart dans le rythme qui fait l’essentiel du morceau
avec la voix forcée de Betty Davis qui communique son agressivité sexuelle, sa
rage de vie. Nous enchaînons avec le balancement funk impeccable de Your mama wants ya back, un titre
dansant exceptionnel qui pénètre les fibres musicales du corps humain. C’est à
l’évidence une référence funk. L’instrumentation est en même temps complexe et
riche. Un morceau vif enchaîne, à savoir Don’t
call her no tramp. On retrouve une Betty Davis dans tout ce qu’elle
affectionne en matière de musique funk envolée. Là encore les claviers
prédominent. Les motifs se superposent, le rythme est syncopé, marqué de petits
arrêts et d’effets complexes. Betty Davis tire ici certains effets étonnants de
sa voix comédienne. Le morceau se poursuit sur une rage des rues, avec les
chœurs, certains bruitages. Mais la fin dansante déborde tout, avec juste le
« No no no » répété pour accentuer le sens du titre de la chanson
tout de même en finale. Un titre » funk plus sauvage apparaît sur l’album
avec Git in there. Dommage qu’il soit
difficile de commenter des titres qui les uns après les autres montrent la
réussite du groovfe d’une artiste funk d’exception. Le titre est
alimenté par des échanges à plusieurs voix où quelques hommes donnent une
note grave dans les basses. Il s’agit d’un titre pour se laisser aller.
Cet
album offre quatre bonus tracks, mais aucune chanson inédite, juste quatre
versions différentes de la moitié de l’album avec He was a big freak, Don’t
call her no tramp, Git in there
et 70’s Blues. Les morceaux ont été
enregistrés au tournant de 1973-1974. L’album est sorti en 1974. J’ai encore
deux albums géniaux à présenter de Betty Davis, voilà la bonne nouvelle. Je
n’ai plus que deux albums géniaux à signaler à l’attention de la part de Betty
Davis, voilà, en revanche, la mauvaise nouvelle.
Nous
n’avons pu demander à Rimbaud pourquoi il avait renoncé à la poésie et comment
il avait vécu cela. Le silence de Rimbaud n’ayant rien que de très naturel à
mon sens, vu ce qu’il s’est passé, proposons-nous tout de même d’ouvrir une
fenêtre sur les réponses de Betty Davis à ce genre de questions (simple
précision, après ces trois premiers albums, Betty a enregistré deux albums au
même titre qui sont demeurés inédits, seul le premier est génial, l’autre plus
tardif est un peu désappointant malgré le papier qui signale notamment la
collaboration de Marthe Reeves sans que je n’ai tout bien compris) :
-
Did
you record any material after your fifth album ?
-
No.
-
Why
not ?
-
I
just didn’t.
-
Did
you no longer have any interest in making music ?
-
I
thought about it, but I just lost interest.
-
Why
did you let music go ?
-
I
just did, that’s all.
-
Have
you missed it since ?
-
No.
-
When
you stopped making music, what did you do instead ?
-
Nothing
really.
35 & 36. Chocolate Watch Band : No way out / The Inner mystique, plus 44 et Melts in your brain… not on your wrist (the complete recordings !)
Dans
la bonne tradition du rock « garage » sixties, le Chocolate Watch Band est le groupe de
deux premiers albums remarquables, le troisième est déjà dispensable. Il s’agit
pourtant et en outre de l’une des formations de référence du garage sixties.
Attention, il n’a pas existé de catégorie garage sixties. Il s’agit d’une
invention a posteriori. Il existe un
courant de rock garage depuis le début des années 80 et l’étiquette garage
s’est depuis lors appliquée à des groupes de rock sixties qui n’ont pas connu
le succès, mais auxquels, par leur recherche de la chose rare méconnue sans
passé commercial, les formations garage post 1980 ont contribué à étendre la
dénomination garage. Il s’est dégagé comme un espace rock réservé aux
connaisseurs qui n’écouteront pas que les succès dans le vent. En réalité, les
groupes garage sixties sont des artistes rock qui n’ont simplement pas connu le
succès. Il n’y avait aucune volonté d’échouer commercialement, ni l’idéologie
du rock garage en tant que tel. En même temps, la quasi totalité de ces groupes
ont une carrière éphémère qui peut se réduire à l’unique 45 tours sans même un curriculum vitae pour dire qui sont les
interprètes. Les grands groupes garages sixties sont très souvent les artistes
de deux grands premiers albums, soit que leur carrière se soit arrêtée là, soit
que par la suite ils déclinèrent pour diverses raisons, soit que le nom du
groupe cacha un changement de personnel (cas célèbre des Electric prunes). Il se trouve que le Chocolate Watch Band est l’une des formations les plus célèbres du
rock garage aux côtés notamment des Shadows
of knight. Le problème, c’est que leur histoire est compliquée. Le groupe
fut à la merci de directives de studio et une partie de leur répertoire n’est
pas jouée par eux, y compris sur les deux premiers albums, tandis que leur
troisième album se révèle faiblard.
Ceci
est d’autant plus piquant que, du coup, ceux qui savent que le Chocolate Watch
Band est une référence majeure ne vont pas hésiter à prétendre que les versions
de tels titres sont meilleures par le Chocolate Watch Band que par d’autres
formations moins connues. Deux chansons sont concernées. Premièrement, la
chanson In the past est
une perle sublime. Pourtant, il s’agit d’une composition originale d’une
formation garage sixties de Virginie We
the people qui l’était pas si obscure que cela, même si elle n’a pas la
légende et publicité du Chocolate Watch Band. Or, non seulement la version
originale d’In the past est meilleure
par We the people, mais la version
attribuée au Chocolate Watch Band a
été enregistrée à une époque de dissolution du groupe par une autre formation The Yo-Yo’s. En gros, celui qui prétend
que la version In the past est
meilleure par le Chocolate Watch Band que par We the people n’est pas seulement
en train de se leurrer en croyant qu’il est évident de mettre le groupe
californien au-dessus du sublime groupe de Virginie, mais il est en train de
vous expliquer, sans s’en rendre compte évidemment, que les Yo-Yo’s sont un
excellent groupe qui se situe entre le Chocolate Watch Band et We the people.
L’autre
erreur consiste à considérer que la version de I ain’t a miracle worker par cette fois les authentiques Chocolate
Watch Band est forcément meilleure par eux que dans la version antérieure d’un
groupe aussi obscur que les Brogues
qui n’existent qu’en 45 tours. Ephémères, les Brogues comptent deux futurs Quicksilver Messenger Service. Non pas
Cipollina, mais déjà le guitariste Gary Duncan qui travaillait aux compositions
du groupe.
Des
erreurs en sens inverse peuvent être commises. Conscients que certains titres
ne sont pas du Chocolate Watch Band, certains vont cracher sur la suite de
perles psychédéliques enregistrées par les Yo-Yo’s. En réalité, comme pour In the past, la suite psychédélique
n’est pas mauvaise du tout. Elle vaut toujours mieux que les enregistrements du
troisième album où sont revenus d’authentiques membres du Chocolate Watch Band.
Les titres enregistrés par les Yo-Yoz furent très bons, sauf qu’ils n’étaient
du coup pas caractéristiques de ce qui fait qu’aujourd’hui encore on se mord
les doigts de ne pas avoir su mettre en avant ce qui faisait le génie
d’interprétation à part entière des authentiques Chocolate Watch Band. Enfin,
sur certains titres, la voix du chanteur original Dave Aguilar du Chocolate
Watch Band n’apparaît pas, au profit de la voix plus théâtrale et classique de
Doug Bennett. Mais, Doug Bennett n’est pas une mauvaise contribution en soi à
un moment où il faut finir d’enregistrer les morceaux d’un groupe
provisoirement dissout. Doug Bennett a d’ailleurs amené une composition au
groupe. Quant aux versions de ces mêmes chansons chantées par Dave Aguilar sur
la compilation Melts in your brain,
il s’agit d’enregistrement vocaux ratés 27 à 28 ans après la saisie des parties
instrumentales.
Résultat
des courses, il est intéressant de comprendre ce qu’il s’est passé et à quel
point le Chocolate Watch Band a été traité comme un groupe de studio non
propriétaire de son nom d’artiste. Il est important de déterminer ce qu’ils ont
précisément enregistré. Mais, pour le plaisir de l’écoute, on ne peut que
donner tout faux à l’anthologie Melts in
your brain : elle réunit l’intégralité des enregistrements sur deux
CD, mais avec la bêtise de philologues qui ne songent même pas qu’ils vont tout
gâcher. Le superbe single stonien est précédé des faux départs. Quelle
puissance de vue ! Certains titres mitigés des débuts précèdent les temps
forts réels des deux premiers albums. Mieux encore, les versions réenregistrées
en 2005 avec la voix de Dave Aguilar sont présentées dans le corps des
productions d’époque et les interprétations vocales de Doug Bennett, meilleures
puisque d’époque, etc., sont repoussées sur le second CD. Les deux grands
albums sont disloqués, et les chansons des Yo-Yo’s tendent à être reportées à
la fin du second CD après la série de ratages du troisième album que peu de
gens écouteront bien volontiers, y compris parmi les fans connaisseurs en sixties
bien évidemment. Bref, l’anthologie Melts
in your brain ne me paraît pas du tout indiquée pour apprécier le Chocolate Watch Band. Pour ma part,
j’écoute directement les deux albums tels quels No way out et The Inner
mystique que je possède réunis sur un seul CD. Cela peut suffire comme
achat, puisque l’autre chef-d’œuvre en single Sweet young thing figure au moins sur le premier coffret Nuggets. J’ai tout de même acheté la
compilation 44 pour récupérer l’œuvre
en 45 tours, je l’écoute en sélectionnant ce qu’il y a de meilleur, notamment
l’original Loose lip sync ship. Je
privilégie bien sûr les deux albums originaux, et je n’écoute pour ainsi dire
jamais la compilation Melts in your brain,
achetée par acquis de conscience sur le tard, ni donc ce troisième album raté
qui y figure.
Deux
titres ont été enregistrés sous le nom The
Hogs. En face A, la reprise instrumentale de Dave Allan and the Arrows, le fameux Blues theme présent sur le premier coffret Nuggets est anecdotique.
C’est la face B qui retient l’attention avec Loose lip sync ship qui, terrible humiliation, sera retravaillé
avec les Yo-Yo’s pour réapparaître avec changement de titre sur le second album
du groupe, raison de plus pour acheter un CD en plus des deux albums servis
tels quels. Nous sommes en 1966. Mais, cette année-là même, sort un 45 tours
exceptionnel. En face A, nous avons droit à une création stonienne d’Ed Cobb
(inspirée de Paint it black pour
partie) Sweet young thing qui,
heureusement, n’a pas rejoint le répertoire d’à mon sens les un peu mitigés Standells, mais celui des fabuleux Chocolate Watch Band. La face Baby blue est une géniale reprise du It »s all over now baby blue déjà
transcendé par Van Morrison et ses Them.
J’avoue apprécier le single de chansons plus douces Misty lane et She weaves a
tender trap, ce dernier titre étant d’Ed Cobb lui-même.
Bon,
maintenant, j’en viens au moment où je dois avouer lâchement que, bien
paresseux, je ne vais pas me lever pour saisir mon CD des deux premiers albums
du groupe. Il est censé y avoir tout sur le Melts
in your brain. Seul inconvénient, pas facile de recomposer le contenu de
chacun des albums avec leur façon de présenter les choses. Même les références
de disques après chaque titre posent problème. A l’évidence que certains titres
furent édités plusieurs fois, je pige que dalle. Donc, en gros, et sans doute
dans le désordre, sur le premier album, vous allez voir les perles suivantes
très représentatives du génie particulier au groupe : Let’s talk about girls avec la voix de Doug Bennett qui assure
n’était une petite tendance à la manière appuyée exagérée, Don’t need your lovin’ (à moins que ce titre ne soit pas sur le
premier album, plutôt sur 44, mais
peu importe il entre bien dans la série), Sitting
there standing (même remarque et même là j’en suis encore plus sûr), Are you gonna be there (at the love in)
qui est une co-composition de Bennett avec la voix d’Aguilar (eh oui !), No way out (inflexion déjà très
psychédélique pour une composition d’Ed Cobb le grand, sauf qu’il a plagié… un
morceau de jam demeuré inédit des Chocolate
Watch Band, Psychedelic trip qui
figure sur l’intégrale avec les vrais crédits d’auteur), des reprises de Wilson
Pickett et Chuck Berry : In the
midnight hour chanté par Doug Bennett qui assure et Come on qui est surdéterminée par l’exemple des Rolling stones en
63 bien que l’original soit superbe, puis le franchement psyché digne du second
album Gone and passes by qui est une
composition du chanteur David Aguilar. Fuck the Yo-Yoz. Sur cet album, on
trouve encore Hot dusty road et Gossamer wings. Le premier de ces deux
titres (une reprise du premier album de Buffalo Springfield signée Stephen
Stills) est chanté par Doug Bennett et il assure. Mais, le second titre,
par qui est-il chanté ? Eheh, ce serait une autre composition de Don
Bennett pour le groupe. Pourquoi je
l’appelle Doug, c’est pas Don ? Mais, attention, c’est plus retors que ça
car Gossamer wings plagie la face B Loose lip sync ship composée David
Aguilar et Mark Loomis. Il y a encore des titres psychédéliques sur ce premier
album à tel point que l’enchaînement des deux albums avec passage par les Yo-Yoz
se fait tout naturellement sur mon CD double album. Et yipee yipee yé. Ce sont Dark side of the mushroom et Expo 2000. Ce sont deux compositions
attachées à un certain Richie Podolor. Voilà, tous les titres que je viens de
citer sont géniaux et vous n’en voudrez pas à Don Bennett de remplacer David
Aguilar au pied sur le chant de certains morceaux, puisqu’Aguilar ne s’était
même pas donné la peine d’enregistrer sa voix sur la musique de ses compères.
Passons
au deuxième album. Cela commence par un titre de The Inmates avec le chant de Don Bennett Let’s go, Let’s go, Let’s go, un parfum de Chocolate Watch Band, mais un parfum seulement, puisque ce n’est
pas le groupe. Il s’agit d’une reprise
de Hank Ballard, celui qui a inventé le titre The Twist que bien sûr ne manqua pas de reprendre Chubby Checker.
Suit la série des interprétations des Yo-Yoz. Nous avons droit à Voyage of the Trieste signé Ed Cobb, In the past composition de Proctor
reprise à We the people et The Inner mystique, autre composition
d’Ed Cobb le grand. Inconscient des histoires de Yo-Yoz à l’origine, ne
connaissant pas même We the people,
j’ai adoré ces trois titres comme trois coups de génie du groupe. C’est pour
cela que l’entreprise de charité de la compilation Melts in your brain me paraît bien vaseuse avec sa redistribution
et ses réenregistrements avec la voix de David Aguilar vieux, longtemps,
longtemps après les faits.
Nous
continuons avec un remix de la reprise de Dylan It‘s all over now, baby blue. Sur Melts in your brain, le titre est raccourci en Baby blue. C’est évidemment superbe. Venge-toi, David
Aguilar ! Vient alors si mes souvenirs sont bons une chanson que j’adore.
Comme Sweet young thing s’inspirait
de Paint it black, Medication s’inspire de Satisfaction. Voyez la rime du titre et
le riff. Mais, le morceau a son originalité propre et c’est vraiment prenant.
Les compositeurs sont de parfaits inconnus que je sache : Minette Alton et
Ben Ditosti. Ce n’est pas que le morceau soit génialement élaboré, mais il a la
note juste surfant habilement sur la force du morceau qui l’inspire. Une autre
reprise à se mettre à genoux avec le I’m
not like everybody else obsessionnel et hystérique des Kinks. Il me reste à
évoquer leur grand titre I ain’t a
miracle worker, jsute que je les ai justement un peu sabrés là-dessus en
rappelant la version des Brogues. A noter tout de même que ce titre superbe est
une création de deux compositrices d’une partie du répertoire des Electric prunes, à savoir Nancy Mantz et
Annette Tucker.
Le
double CD d’intégrale du groupe contient certains titres inédits. Deux plages
de versions différentes de deux titres connus sont présentées comme des backing
tracks : Let’s go, let’s go, let’s
go par The Inmates et Psychedelic trip. Il y a aussi une
variante de Voyage of the Trieste
intitulée The Uncharted sea par The Yo-Yoz.
En 1983 a été éditée une reprise de Milk cow blues, témoin au passage d’une
influence plus grande des Kinks. Deux titres furent édités en 1993 : Don’t let the sun catch you crying et
une reprise des Everly Brothers, Since you broke my heart. Cela doit déjà
faire partie de la dynamique faible du dernier album. Nous sommes loin des
Everly brothers pour ce qui est de la reprise elle-même. Bon, je passe sur les
titres décevants composés par les membres authentiques du groupe, mais sans
David Aguilar tout de même. Je donne la liste de ce qui n’est pas très bon, de
ce qui montre le groupe sous un jour franchement méconnaissable : Uncle Morris (un peu à la Moby Grape), How ya been (inspiré de Steve Marriott des Small faces, mais sans le niveau), Devil’s motorcycle, I don’t
need no doctor, Flowers
(imitation d’Arthur Lee et Love qui a son charme, mais pas le
niveau), Fireface, And she’s lonely.
Au
final, c’est le chanteur David Aguilar qui s’est fait le plus malmené au sein
du groupe. Il ne chante pas sur plusieurs titres, faute d’avoir enregistré à
temps quand le groupe était fonctionnel. Ensuite, deux compositions où il est
visiblement pour quelque chose sont tombées dans les mannes respectives d’Ed
Cobb et Don Bennett. Psychedelic trip
est devenu No way out et Loose lip sync ship est devenu Gossamer wings. Et c’est un fait que
l’orientation et le potentiel psychédéliques étaient dans la formation
authentique, comme en témoigne encore ce titre composé par David Aguilar
seul : Gone and passes by. Je
n’ai pas encore eu le courage de lire le livret de Melts in your brain, même si je suis parvenu à tenir cette notice.
Pas grave. J’en ai déjà dit pas mal.
33 et 34. The Easybeats : It’s 2 easy / Volume 3 (The Complete Easybeats 6 CD
Je
n’ai pas commencé ma collection par les albums des Easybeats. Un jour, j’accompagne
un ami dans ses achats et je le vois se tâter pour un ou deux CD de ce groupe.
Il se retrouve alors sous le feu croisé des conseils de deux vendeurs
réellement avisés, sauf que le premier déconseille les albums du groupe et
considère qu’une bonne compilation peut suffire, pendant que le second proteste
et dit que les albums sont très bons, que les Easybeats ont produit plusieurs
morceaux du calibre de leur classique universellement connu Friday on my mind. Deux albums sont dans
les rayons et mon ami est reparti avec. L’un s’intitulait Friday on my mind. Il contenait des titres forts, mais, s’il
semblait s’agir d’un best of, il était vrai que l’on pouvait rester sur sa
faim, bien que ce fût très bon dans l’ensemble. Sans parler d’autres titres
majeurs qui figurent à leurs places sur d’autres albums, cet album en partie de
compilation offre tout de même le titre parfait de 45 tours Friday on my mind et aussi un génialissime
Heaven and hell méconnu. L’autre
album s’intitulait Friends. Il devait
s’agir de l’œuvre finale du groupe sans aucun titre phare. L’album Friends ne s’écoute pas vraiment et
d’ailleurs, alors qu’il possédait un brillant compositeur avec Young (tantôt
assisté par Wright, tantôt par Vanda), le groupe jouait ici les compositions de
quelqu’un d’autre. Je n’ai jamais acheté l’album Friends par la suite. Mais, quand à mon tour j’ai acheté un album
des Easybeats, j’ai commencé par leur troisième album intitulé Volume 3 et j’ai découvert une superbe
suite de morceaux, notamment cette ouverture Sorry à une époque où je ne connaissais pas encore sa reprise par
Roy Loney. J’ai rapidement enchaîné avec les deux premiers albums : Easy et It’s 2 easy. Le premier est pas mal, le deuxième m’a marqué par une
fameuse accumulation de temps forts. Mon CD It’s
2 easy, en provenance de Russie, m’est arrivé tout gondolé dans la boîte
aux lettres. Puis, j’ai découvert que circulait en Australie un coffret de
l’intrégrale des Easybeats en six CD. J’ai foncé. J’ai retrouvé les trois
premiers albums avec les mêmes bonus tracks, ainsi que l’album particulier Friday on my mind dont je comprenais
bien dès lors qu’il n’était pas un best of en tant que tel. Le coffret
contenait encore le cinquième album du groupe, le chef-d’œuvre méconnu Vigil et un super album encore d’inédits
The shame just drained (previously
unreleased tracks). L’album Friends
avait été intelligemment exclu de ce qui se présentait comme The Complete Easybeats (6 CD Box Set. The
Ultimate collection). Par rapport à l’achat séparé des albums à bonus
tracks, il n’y a que deux légers changements. Les boîtiers sont plus fins et le
pressage du papier est à peine retouché. Le coffret tend à la sobriété pour
chaque CD, mais l’essentiel est dans le livret bleu qui accompagne le tout. Le
texte est sommaire, mais le scrupule est mis sur les détails qui font les
différences entre plusieurs versions d’un même titre, ce qui reste assez
sympathique.
Le
cas des Easybeats est un peu particulier. Durant leur courte carrière, ils
furent prolifiques et il existe malheurusement plusieurs déchets, plusieurs
chansons qui n’en valent guère la peine, ce qui fait que l’écoute complète d’un
album n’est pas évidente à cause des inégalités qui peuvent se faire ressentir.
Je dirais que, pour moi, le plus prenant que j’écoute parfois en boucle n’est
autre que it’s 2 easy, bonus compris.
Volume 3 et Vigil ne m’en imposent pas autant pour ce qui est de l’écoute en
boucle, bien que, selon moi, le déchet ne soit pas prégnant sur ces deux autres
opus. La présence de déchets, c’est en ce sens que l’idée de privilégier une
compilation peut se comprendre. Ceci dit, dans la quantité, il y a beaucoup de
perles et au final de très grands groupes n’ont pas vraiment produit autant de
titres géniaux que les Easybeats, et ce paradoxe fait qu’une compilation risque
de priver l’amateur de beaucoup de perles de la part du groupe. En tout cas,
trois albums sont d’une force évidente. It’s
too easy et Volume 3 sont les
chefs-d’œuvre de la période à succès du groupe, le sommet de l’époque
jouissive. Ils ne contiennent pas Friday
on my mind, mais d’autres perles. L’autre chef-d’œuvre est Vigil, un album beaucoup moins
rentre-dedans au niveau commercial, mais une œuvre ambitieuse, soignée, aux
très belles compositions, avec des participations vocales notables de la jeune
Olivia Newton-John et de Steve Marriott des Small Faces. Quel dommage que ce
soit la dernière œuvre créée par la paire de compositeurs Vanda et Young.
Le
rock semblait être l’affaire des Etats-Unis, du Royaume-Uni, et de l’Irlande
encore pour quelques individualités fortes. Une scène suédoise a fait une
certaine impression dans les années 80 et au début des années 90. Mais,
l’Australie a fini par rejoindre la force des mouvements anglais et américains
avec plusieurs formations talentueuses dès les années 70, que le succès
commercial fût ou non au rendez-vous. Or, le meilleur groupe de rock australien
a devancé cet âge d’or du pays, il s’agit des Easybeats eux-mêmes qui laissèrent
plusieurs plages exceptionnelles dans les années 60, des plages qu’aucun groupe
australien n’a égalées depuis. Les Easybeats sont un grand groupe sixties.
Au
plan des individualités, le groupe n’est pas véritablement australien. Harry
Vanda est néerlandais ainsi que le bassiste Dick Diamonde, George Young est
écossais, Stevie Wright est anglais et Gordon « Snowy » Fleet vient
de Liverpool, mais il laissera la place après le troisième album à un nouveau
batteur Tony Cahill. George Young est le frère des Young qui allaient former
AC-DC et, justement, Harry Vanda et George Young produisirent les six premiers
albums du groupe AC-DC. Evidemment, les naïfs et bourrins ne manqueront pas de
répondre qu’AC-DC est le plus grand groupe de rock australien. Avis impossible
à partager par les connaisseurs qui préfèreront les Saints, voire d’autres
formations encore qui ont autre chose à faire écouter que des voix éraillées et
du son hard rock de gros bébés, et bien sûr ils citeront surtout les Easybeats.
En
CD, notre Volume 3 contient 24
titres. Les 13 premières plages représentent l’album original et cela est suivi
de onze bonus tracks. Sur les treize titres, les perles tombent : Sorry, Funny feelin’ (intro guitare inspirée des Who, mais suite bien
inventive), Say you want me (quelque
chose de grandement Kinks), Going out of my mind (super titre avec
intro guitare s’inspirant d’un titre soul célèbre),
La
merveille absolue Sorry sera reprise
par Roy Loney sur son album Contents
under pressure, tenant compagnie à une autre reprise géniale de Heartful of soul des Yardbirds.
Difficile
de partir à la quête de titres faibles. Sûrement pas You said that, Promised
things, Today, Dance of the lovers, ni même Not in love with you, The Last day of may, My my my, voire Can’t you leave her. A la limite, What do you want babe est un titre moins intéressant pour se faire
plaisir. Peut-être que l’album se ponctue précisément par ces deux titrds les
moins percutants.
Passons
aux 11 bonus tracks. La reprise de Presley Hound
dog vient de l’album Good Friday,
lequel ne fait justement pas partie du coffret de l’intégrale des six albums
pour ceux qui suivent. Nous enchaînons avec deux versions différentes de Do you have a soul ? et Saturday night, titres sur lesquels nous
reviendrons quand nous traiterons de l’album Friday on my mind. Suit un instrumental inédit des mêmes sessions
que les deux titres précédents à l’Olympic studios My old man’s a groovy old man. C’est génial et ça se loge
impeccablement dans un coin du souvenir comme un titre marquant. Je passe sur
le medley Historeasy. Suivent cinq
titres de leurs premières sessions d’enregistrement et ça y va. Beau témoignage
avec Mean old lovin’, I’m happy, Hey babe, I don’t agree
et Keep your hands off my babe. Le
manque de rodage se sent un peu, mais aussi l’enthousiasme fébrile. Mean old lovin’ le fait bien, I’m happy sans être parfait est
appréciable dans son ambition, Hey babe
est touchant, I don’t agree est un
peu juste, Keep youir hands off my babe
a déjà beaucoup en dépit de certaines maladresses, à tel point qu’on peut
regretter que le titre n’ait pas été développé sur un album, surtout son riff
dans les couplets. Nous passons brutalement pour clore cette série de bonus
tracks à un titre de 1968 I’m just trying,
une chute du Central Sound Studio. C’est génial cette façon de poser la voix.
Mais pourquoi ce ne sont pas plutôt les musiciens d’AC-DC qui ont continué à
produire les albums du génial frère aîné ? C’est pas poh-ssible.
Remontons
encore dans le temps. Le second album It’s
2 easy comporte en principe 14 titres. Un nombre élevé de chefs-d’œuvre
s’en détachent : Women (make you
feel alright) (titre repris par les Plimsouls sur leur premier album), Come and see her (grande élaboration
musicale à climax avec cette prise de risque pour la ligne de titre répétée
avec une voix bien grave exagérée), Easy
as can be, I can see, Somethin’ wrong. Ces titres aux beautés
vertigineuses sont ceux d’un tout grand groupe. Fascination oblige !, les
Easybeats subissent alors une très nette influence des Beatles (un très bon Someway, somewhere, Then I’ll tell you godbye, la composition très courte de leur
membre liverpoolien Gordon Fleet What
about our love), on pense aux Beatles première époque forcément, mais je ne
vois pas les titres faibles. Tout le reste demeure de haute volée : Let me be, You are the light, Sad and
lonely and blue, excellente ballade rhythm’n’blues sucrée, déchirée In my book, fin d’album réussie avec le
dynamique Wedding ring, un des hits
australiens du groupe. Même le titre qui mérite une réserve a sa particularité
et n’est pas faible à proprement parler : I’ll find somebody to take your place. Pour acheter un album, il
faut que les trois quarts soient à la hauteur. Ici, tout est remarquable et il
y a cinq titres géniaux. Aucun déchet à mes yeux dans le second album des
Easybeats, ce que les marqueurs n’ont pas assez observé. Bien sûr, il y a
maintenant les 11 bonus tracks. Eh bien, ces bonsu sont géniaux. Je suis dingue
de cette balalde en marge du rock Me or
you, face B de je ne sais quel titre majeur de ce second album sorti en
single. Il y a même quelqu’un qui siffle. J’adore cette mélancolie et ce style,
ça rejoint même les cinq titres majeurs de l’album pour moi. Et je dois encore
parler de Mandy, le dernier bonus
tracks, la queue de comète du CD, carrément tripant. Ce titre des Abbey Road
sessions rejoint implacablement pour moi les titres majeurs de ce second CD. Je
suis fanatisé et je note su’il s’agit d’une composition de George Young seul.
Normalement, sur les trois premiers albums, il coécrit avec Stevie Wright,
avant la relève d’Harry Vanda. Evidemment, la version mono du single Friday on my mind n’appelle aucun
commentaire, pouisque c’est le sommet des Easybeats. Les fans des Easybeats ont
raison de ne pas vouloir limiter le groupe à ce seul titre, tant ils ont aligné
les trucs géniaux, mais quand même là c’est le chef-d’œuvre sans contredit
possible.
Parmi
les bonus, Happy is the man et Made my bed (Gonna lie in it) dans des
versions alternatives anticipent sur l’union des compositeurs Vanda et Young
pour le quatrième album. Les deux chansons sont excellentes dans tous les cas.
Un inédit très Beatles apparaît aussi : How you doing now. Toujours pas de temps faible. Le titre All gone boy (Million dollar baby)
provient du Good friday album. J’ai
oublié ce qu’il était, sans doute une œuvre australienne à part. Le titre est
par endroits suffisamment rehaussé que pour ne toujours pas être faible.
Enfin,
en bonus, nous avons droit aux quatre titres d’un EP. Too much est un peu gentil pour rester mémorable, il est tout de
même bien torché. I’ll make you happy
relève le niveau. Son amorce vocale fait songer à l’un des rares succès de
Billie Davis. Il s’agit encore d’un très bon morceau entraînant. Les Easybeats
s’abandonnet au plaisir, peu importe comment ils seront perçus. De toute façon,
ils seront bien difficiles encore une fois à critiquer. On comprendra qu’un
morceau des Easybeats ne se commente pas ainsi. Le titre A very special man est lui encore très bon, aisément identifiable
dans son originalité comme du Easybeats. Pour Tryin’ so hard, j’en connais qui ont mis les Kinks du début sur
leurs platines, l’intro… Encore un bon titre. Victoire totale des Easybeats,
ils ont réussi l’album sans la moindre rogne qui s’attend au coin du tour. 25
titres et pas un déchet, comme le veut la légende, et ça swingue. Peut-être que
certains n’aimeront pas ce swing, cette façon de tout contrôler dans des
morceaux qui poussent au vertige. Pourtant, c’est le plus grand groupe de rock
australien, le seul à aligner les chefs-d’œuvre. Moi, ce second album
m’enthousiasme.
La
prochaine fois, je traiterai des deux albums où il y a effectivement de bonnes
inégalités et donc des compositions plus faibles, le premier et le quatrième.
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