vendredi 30 novembre 2012

Albums de 1981, en partant du livre 1001 albums...

De premiers mots pour dire que je commence...

Einstürzende neubauten - Kollaps

Mon avis : à part la chanson-titre, c'est horrible.

Je vous épargne Tanz Debil et le reste.

Siouxsie and the Banshees - Juju

Mon avis : ça va. Un peu barré, le premier album The Scream est plus intéressant. Il est d'ailleurs référencé également dans les années 70.

Heaven 17 - Penthouse and pavement

Mon avis : chiant, mauvais.


The Go-Go's - Beauty and the Beat

Mon avis : moyen. C'est le groupe de Belinda Carlisle qui poursuivra une carrière solo, c'est aussi un album qui fut numéro 1 aux Etats-Unis en étant constitué uniquement de femmes interprétant leurs propres compositions. Ce n'est pas une raison pour nous imposer cet album.


Motörhead - No sleep 'til Hammersmith

Mon avis : des aspects antimusicaux. Dynamique tant qu'on veut, mais ce n'est que du réchauffé de gens qui se la pètent. Eh! les Go-Go's, revenez, je veux bien vous écouter un peu plus, finalement.

Soft Cell - Non-stop erotic cabaret

Mon avis : quelques titres s'écoutent sans être vraiment ça. Je vous épargne le clip de Sex Dwarf. Evidemment, ce qui est mémorable, c'est la reprise du titre sixites Tainted love.


Orchestral Manoeuvres in the dark - Architecture and morality

Mon avis : bof. Le tube "Enola Gay", entraînant, mais limité (on fatigue avant la fin du morceau), ne fait pas partie de l'album. Connu également, Succès de l'album, "Souvenir" est encore plus faible, malgré une séquence mélodique marquante. Le groupe n'a pas l'air de comprendre qu'un morceau doit être soigné entièrement, composé entièrement. Sans force mélodique, "Electricity" exploite cet art mélancolique qui fait leur charme. C'est un groupe à synthétiseurs donc. Je n'ai parlé que de quatre succès, mais excepté "Souvenir", pas des titres de l'album même qui contient deux Joan of Arc sorties en single. She's leaving est une allusion à un titre de Sgt Peppers, mais une allusion musicalement bien vague. Je vous passe la plupart de tout cela qui ressemble à du Jean-Michel Jarre ou du Vangelis.


Brian Eno and David Byrne - My life in the bush of ghosts

Mon avis : Très bonne première moitié, avec des titres géniaux. Cela me change de mes habitudes. Je trouve le début d'album fascinant. America is waiting, le titre d'ouverture, me semble énorme. Titre pas si génial pendant les deux, trois premières minutes, Jezebel Spirit est meilleur que ce titre pourri Thriller, les premières notes de Jezebel Spirit me faisant penser à l'influence du titre d'Eno et Byrne sur celui composé pour Michael Jackson. La seconde partie de l'album est faible par comparaison.


Black Flag - Damaged

Mon avis : très bon. Je n'écoute pas trop de hardcore, celui-ci serait l'album de référence.


X - Wild gift

Mon avis : génial, déjà dit quand je l'ai associé à Los Angeles de l'année 1980.

The Psychedelic Furs - Talk, Talk, Talk

Mon avis : moyen. Mieux vaut leur premier album éponyme The Psychedelic Furs. Semble avoir fait illusion auprès des fans de sixties dans les années 80. Ils sont cités dans le livre de Vernon Joynson The Acid Trip. Je ne suis pas enthousiasmé spécialement par "Pretty in pink". J'aime bien l'effet d'acier sur Dumb waiters, mais après ce n'est pas ça.


Titres du premier album qui est meilleur.


The Human League - Dare !

Mon avis ; chiant, sauf le tube, encore que limité.


The Gun Club - Fire of love

Mon avis : Très bon, avec pour sommet le titre Sex Beat. Attention, la chanson Fire of love n'est pas sur cet album, mais sur le suivant Miami. Du groupe, je recommande Fire of love, Miami, le EP Death party sorti en CD accompagné d'un live et l'album Las Vegas Story sorti avec un second CD de live. J'ai raté un bootleg d'enregistrements plus crus des titres du premier album. Des liens avec les Cramps par la présence de Kid Congo Powers.


Bauhaus - Mask

Mon avis : chiant,inaudible. J'ai l'impression que le riff de basse d'Of lilies and remains a inspiré Gotainer (Décalcomanie, je crois).


Bobby Womack - The Poet

Mon avis : très bon. Superbe voix, de la soul des années 70 en 81! Et parfois du solide. Le titre d'ouverture So many sides of you rappelle discrètement dans son intro le Master Blaster jammin' de Stevie Wonder sorti l'année précédente.


Tom Tom Club - Tom Tom Club

Mon avis : pas trop mal, ce n'est pas du rock, mais j'aime bien, peut-être pas tout un album, mais comme ça deux, trois morceaux.


Rush - Tom Sawyer

Mon avis : pas terrible, je n'aime pas du tout. Dire que, du temps que j'étais à l'Université, j'ai acheté une gratuité de repas de midi pendant un an en refilant deux albums CD (sans avoir jamais retenu lesquels) de ce groupe à un de ses fans.


ABBA - The Visitors

Mon avis : Je ne comprends pas ce que ça vient faire là !? ABBA (j'espère que vous avez l'intégrale) en est à son septième album, les couples se défont et les filles se déchirent entre elles, et leur musique est moins joyeuse. Aucun succès sur ce septième album. Alors, pourquoi recommander un groupe que même les fans d'ABBA boudent en dépit d'un relatif succès? Album de la maturité? Comprends pas. L'album n'est pas terrible tout simplement. Nous n'irons pas bader devant ses meilleurs titres Head over heels ou Two for the price of one. Franchement, si on met ABBA dans l'indispensable, on met en avant des titres comme Fernando, non? Je peux citer en revanche un succès en solo d'une des deux chanteuses du groupe pour compenser, car je me suis mis la discipline de citer un lien, sauf quand pour montrer que ça m'énerverait. Donc c'est nul, mais on fera avec, titre non pas de 81 en plus.


Cela devrait s'arrêter là si je ne prenais en compte les choix du traducteur qui propose sa liste d'Outsiders. Il m'a l'air à côté de ses pompes. Il cite plusieurs fois des albums qui sont bien traités dans le livre. Il a cité plusieurs albums de 1981, répétant notamment le titre Fire of love de Gun Club. Voici ceux qui s'y ajoutent.

The Barracudas - Drop out with the Barracudas

Mon avis : génial. C'est le premier album des Barracudas, un régal en ce début des années 80 pour tous ceux qui lorgnent du côté d'une regrettée âme rock sixties. Chris Wilson ne fait pas encore partie du groupe qui ressemble pourtant déjà aux Flamin' Groovies (Violent times, très proche de l'album Shake some action). Dès son premier album, le groupe se détache du revival surf music des premiers singles. Le groupe devient plus rock et pop, il embauchera bientôt Chris Wilson pour deux autres très bons albums Mean time et Endeavour to persevere. Mon CD Drop out with the Barracudas est l'édition la plus blindée de bonus. Tous leurs débuts sur un CD...


Un peu des premiers singles...

The Ramones - Pleasant dreams

Mon avis : pas terrible. Pour moi, les Ramones, ça n'a jamais trop passé. En plus, le premier album que j'ai écouté entier, c'est le désastreux Too Tough to die de 84. Or, les Ramones ne sont recommandables que pour les cinq premiers albums dans tous les cas : Ramones, Leave home, Rocket to Russia, Road to ruin et End of the century. Ce sixième album, c'est déjà le déclin. En ce qui me concerne, même les cinq premiers albums, je ne les aime pas. Je préfère écouter les Rev Ups, Roy Loney, les Barracudas, les Lyres. Les Ramones, je trouve ça idiot et sans intérêt. Je ne cite pas de titre.

Leon Redbone - From branch to branch

Mon avis : connais pas, mais apparemment très bon jazz guitaristique. A creuser.


The Stranglers - La Folie

Je verrai demain.

Les oubliés :

The Rolling stones - Tattoo you

Roy Loney - Contents under pressure

[...]

lundi 26 novembre 2012

Les 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie, l'année 1980, mes avis

Adam and the Ants - Kings of the wild frontier (1980)

Mon avis: chiant

Une approche expérimentale qui ne va pas vers la musique, mais vers la vignette comique au service d'un chanteur playboy, sauf que j'ai du mal à croire à l'impact de son maniérisme. Les succès Antmusic et Dog eat dog ne me plaisent pas, ni la chanson-titre, à grand-peine Don't be square (be there). Ma sanction, c'est de ne pas proposer de lien. Il s'agit d'un groupe partiellement sous la houlette de Malcolm Mac Laren qui préfère gérer la carrière de Bow Wow Wow et surtout l'image de sa chanteuse de 14 ans, moitié birmane, qui a un crâne rasé punk habilement féminisé. La qualité musicale s'en ressent sur les deux groupes qui cherchent surtout un moyen d'avoir du succès, mais le titre Go wild in the country a quelque chose d'efficace, je trouve, une musique entraînante et une philosophie subversive clairement desservie. Un titre de 81 d'Adam and the Ants finalement, puisqu'en renonçant au style tribal qui leur était dévolu et qui passe à Bow Wow Wow, ils ont développé un style commercialement plus payant à l'époque.


Dexy's Midnight Runners - Searching for the young soul rebels (1980)
Kevin Rowland and Dexy's Midnight Runners - Too-Rye-Ay (1982)
Dexy's Midnight Runners - Don't stand me down (1985)

Mon avis: pour Come on Eileen en 45 tours et à la limite le premier album.

Malhonnêteté flagrante, plus que d'ordinaire, des faiseurs de discographie idéale, ils imposent leurs préférences les pieds dans le plat. Les trois albums de Dexy's Midnight Runners nous sont ainsi imposés. On veut les célébrer pour l'innovation d'une nouvelle soul des années 80. C'est de la soul s'affadissant de loin en loin, surtout. Aucun de ces trois albums n'a les honneurs de la critique d'ailleurs, et surtout pas le troisième qu'on nous impose ici comme colossal. Mieux encore, c'est l'album à succès de 82 qui serait le moins bien des trois. Là, j'écoute les prétendues perles du premier album, je ne trouve pas les titres bien prenants, y compris "There, there my dear" qui s'étiole bien avant la fin de ses trois minutes trente secondes. Seven days..., c'est plat, et pareil pour Geno, seul titre qui, sans être bien, s'y dirige et hommage à Geno Washington, lequel aurait autrement sa place dans une telle anthologie.


Comparaison sans appel. Geno est un chanteur noir-américain sixties, mais intégré dans le circuit soul londonien, tout comme Jimmy James (Jimmy James and the Vagabonds).
L'album suivant de 82 ne me convainc pas non plus, bien que leur groupe décide alors d'exploiter la ficelle du traditionnel irlandais, l'esprit de vieilles chansons, mais tout ce succès est lié à un titre d'exception. On appréciera la recherche de mélodies traditionnelles.

Parce que le leader a fait l'exigeant pendant un an pour le long enregistrement du troisième album sorti en 85, il faudrait appeler une merde le Pet Sounds des années 80. Certes, les années 80 mériteraient bien un petit affront, mais quand même. Jugez par le titre principal de l'album.

Il est des titres plus agréables sur leur troisième album, mais, en-dehors de Come on Eileen, ils n'ont jamais eu aucun génie particulier.

AC/DC - Back in black (1980)
D'autres albums, mais je verrai plus tard.

Mon avis : moyen

Une voix éraillée dégueulasse, une rythmique ferme, mais pas terrible, le groupe tient essentiellement à ses envolées guitare, sans qu'elles ne soient très inspirées pour autant. Le groupe met en place un dispositif à la Page pour que la musique mime et communique l'enthousiasme orgiaque. Le titre Back in black est une imitation patente de Led Zeppelin. Excitant, mais musicalement pas bien terrible.


The Cramps - The Songs the Lord taught us (1980)

Mon avis : pas mal

Je préfère largement écouter les originaux que leurs reprises ou adaptations, d'autant que, son et jeu, je ne trouve pas leurs interprétations bien splendides. C'est plus une curiosité dans ma discothèque et ils sont présents dans les années 80 dans la mesure où ils reprennent des titres obscurs géniaux d'un âge d'or. Les trois premiers albums Gravest hits, Songs The Lord taught us, Psychedelic jungle et la compilation Off the bone. Je me suis arrêté là. Ils produiront une musique plus lisse et entraînante, mais moins intéressante par la suite. J'aime bien donc, mais on fait du flan autour d'eux.

Dead Kennedys - Fresh fruit for rotting vegetables (1980)

Mon avis : chiant

J'ai vu leur chanteur Biafra à Toulouse qui, au lieu d'acheter les groupes français obscurs qui en valaient la peine et qu'on lui conseillait, courait les Johnny Halliday qu'il n'avait pas aux Etats-Unis. Authentique. Musicalement, je ne trouve pas ça bon, ça ne m'intéresse pas. Je mets un titre, mais sans l'envie.


Peter Gabriel - Peter Gabriel III (alias Melt) (1980)

Mon avis : chiant

Ce n'est pas mon truc, mais cela reste rythmé et lié à des harmonies. Ceci dit, j'ai l'impression de repères qui portent à faux. D'ailleurs, je suis content de ne pas écouter le morceau suivant jusqu'au bout.


The Soft Boys - Underwater moonlight (1980)

Mon avis : génial

Enfin, un chef-d'oeuvre. Et effectivement, blindée de bonus, l'édition double CD est imparable. C'est le dernier album des Soft Boys. On manquera pas non plus l'album Can of bees. En revanche, la carrière ultérieure de leur leader Robyn Hitchcock n'est intéressante que pour deux albums.


J'y reviendrai.

The Cure - Seventeen seconds (1980)
The Cure - Pornography (1982)
The Cure - Disintegration (1989)

Mon avis : je vais réécouter attentivement leur discographie.

J'ai toujours considéré The Cure comme un groupe mitigé avec quelques chansons agréables et originales légitimant des pointes de succès, mais on me soutient que les deux premiers albums sont très bons. Il faudra que je fasse l'effort, mais du coup les deux albums intéressants seraient Three Imaginery boy et Seventeen seconds, et non pas Pornography et Disintegration. On nous impose trois albums de ce groupe et l'écoute du titre Seventeen seconds me fait déjà dire : "oui, bon..., bien joué, mais inspiration vaseuse".
Je vais quand même retenir une remarque valable de la notice : "le son ténu et minimaliste des Cure de l'époque de Seventeen seconds est subtilement suggestif", ce qui est vrai du titre que je viens de dauber. J'aime bien le succès A forest et le titre Play for today qui font partie des titres agréables. Ceci dit, à l'époque, j'ai dit à un copain qu'il pouvait revendre sa collection complète de Cure, et ses albums minables des Smiths en prime, pour privilégier les sixties autrement meilleures. C'est chez lui que j'ai donc écouté avec indifférence plusieurs albums des Cure pour une poignée de titres agréables. Je n'avais même pas fait attention à eux dans les années 80.


Deux singles de l'époque sont pas mal non plus.


J'ai plus de mal avec Pornography, présenté ici comme le chef-d'oeuvre du groupe, mais ça passe. Après, côté Disintegration, je comprends que Lullaby ait eu du succès en 89, mais ce n'est pas ça pour moi. Je trouve Lovesong sans intérêt. Je préfère Fascination street largement à ce succès, mais à son tour je l'écoute avec indifférence.

Après, le titre In Between days est par passages agréable, avec sa touche, mais je ne le trouve pas fortiche musicalement et au final il est assez ennuyeux. En revanche, je retiens sans problème Close to me qui a vraiment une dimension qu'il tire avec soi. J'en ferais volontiers le chef-d'oeuvre du groupe, et de loin.


Echo and the Bunnymen - Crocodiles (1980)
Echo and the Bunnymen - Porcupine (1983)
Echo and the Bunnymen - Ocean rain (1984)

Mon avis : je dois passer un peu de temps encore à écouter.

Lourdement daté, j'ai déjà vu citer ce groupe dans des articles ou livres sur le rock garage, mais sans que ce ne soit clairement intégré dans la mouvance. Il semble donc que ce groupe soit reconnu par un secteur de la presse auquel je suis a priori sensible, et pourtant non je suis indifférent. Surtout, je ne suis pas convaincu de l'intérêt de ce groupe qui a encore une fois les honneurs de trois albums. J'aime quoi du premier album? Villiers Terrace et un petit peu Pictures on my wall. Je chercherai à écouter les autres albums une autre fois...
Motörhead - Ace of spades (1980)
Motörhead - No sleep 'til Hammersmith (1980)

Mon avis : à la limite, ça sonne rock de manière entraînante, mais moyen.

Pour du hard, il y a encore du rythme et des harmonies, mais la voix grotesque et déjà les tics d'hélicoptère. Je vous éparnge le live et le second titre que j'ai écouté Jailbait, c'est de la merde. Je m'en tiens au titre encore rock Ace of spades. Quant aux solos et riffs de guitare, en général, ils ne ressemblent rien, même quand on n'a pas effets de tondeuse ou d'hélicoptère. Si, les moelleux qui auraient dû servir à développer autre chose plutôt que de se perdre dans ses grattements de sons mats.


Killing joke - Killing joke (1980)

Mon avis : pas plus loin que ce premier album, mais ce premier est peut-être pas si mal que ce que j'en dis en-dessous, faudrait que je l'écoute attentivement.

Ouais, bof, je dois trouver un titre à mettre, pas Requiem, pas War dance, pas Bloodsport, pas Tomorrow's world, pas SO 36, pas Psyche, pas The Wait, à la limite Change.
Judas Priest - British Steel (1980)

Mon avis : chiant

Breaking the law, hyper fade. Les fans de heavy metal recommandent plusieurs de leurs albums, mais c'est de la merde.

The Circle Jerks - Group Sex (1980)

Mon avis : correct

Une curiosité punk, album de 15 minutes. Il s'agit de punk de Los Angeles, plus festif donc que vraiment punk avec même un grattage légèrement hard. Bof. Du réchauffé, dans tous les cas.


Talking Heads - Remain in light (1980)

Mon avis : pas mal, d'autres albums importants dans les 70's, ma préférence va nettement au premier Talking Heads 77.

Je préfère leur premier album Talking Heads 77, mais ils ont suivi une autre voie musicale. Ceci dit, j'aime bien Remain in light ainsi que l'album de David Byrne avec Brian Eno My in the bush of ghosts. 3 autres albums du groupe sont cités dans les années 70.


Joy Division - Closer (1980)

Mon avis : chiant, mais meilleur que New Order dans ce style.

Je ne perds plus mon côté à essayer d'écouter.

Iron Maiden - Iron Maiden (1980)

Mon avis : chiant.

Je n'ai jamais essayé d'écouter un album de ce groupe.

The Undertones - Hypnotised (1980)

Mon avis : basique, simple, mais génial, je préfère les nombreux titres de ce second album à tout le reste de leur oeuvre. Le premier album est très bon également. Après, ça s'étiole.

Simple, basique, mais efficace. Cet album est étourdissant, et le premier album est lui aussi très bon, mais le groupe s'est rapidement essoufflé ensuite, donnant du douteux. En attendant, cet album est blindé de titres et s'écoute en boucle. Quantité de titres forts, outre les trois en lien : Whizz kids, Boys will be boys, Tearproof, Wednesday week, Girls that don't talk, You've got my number. Et j'ajoute en quatrième lien leur reprise des Drifters à la suite des Rolling stones sur 12x5, le splendide Under the boardwalk.



The Jam - Sound affects

Mon avis : Très bon, plusieurs albums et deux Paul Weller. J'y reviendrai. Revival Mod qui a très bien marché au Royaume-Uni.

The Jam - Monday

Tom Waits - Heartattack and vine
D'autres albums sont recommandés dans ce livre, j'y reviendrai.

Mon avis : Très bon, plusieurs albums. C'est le dernier album de la première période Tom Waits que j'ai collectionnée autant que la seconde période.

Tom Waits - Ruby's arms

UB40 - Signing off

Mon avis : très bon, reggae. Je confonds parfois leur nom avec les B-52's, ce qui est un peu con.
The Teardrop Explodes - Kilimandjaro

Mon avis : moyen
Je préfère le titre de Julian Cope en solo sur Children of Nuggets.

The Teardrop explodes - Ha Ha I'm drowning

The Specials - More Specials

Mon avis : pas mal. Quelques très bons titres. Reggae/ska. Je mets d'ailleurs en lien une chanson de l'album, et deux d'une autre provenance qui m'ont marqué : A Message to you Rudy et Ghost town.
Steve Winwood - Arc of diver

Mon avis : assez moyen, surtout la production, début du "enregistré à la maison".
Steve Winwood, c'est l'adolescent du premier Spencer Davis Group, c'est un membre de Blind Faith avec son unique album, et puis un leader du groupe Traffic avec deux premiers albums et aussi le quatrième folk John Barleycorne must die. C'était une voix et un compositeur. Il était très bon dans les sixties et plus rock. Mais, au début des années 80, s'il renoue avec le succès, c'est en approchant la variété, en acceptant la mauvaise orchestration. Pas mon truc, mais je dois voir en écoutant tout.
Pretenders - Pretenders

Mon avis : Pas mal. Des qualités qui me semblent un peu feutrées. Mais de bonnes orientations musicales et une belle voix envoûtante et subtile. Chrissie Hynde est une des femmes marquantes dans l'histoire du rock. Je crois comprendre qu'elle a alors une liaison avec Ray Davies, ce qui nous vaut une reprise de Stop your sobbing, très beau titre des débuts des Kinks. La reprise d'I go to sleep suivra et inspirera à Julie Pietri une version française qui me charmait quand j'étais gosse.

Je suis trop fan des Kinks, je cite les deux reprises d'office!

The Pretenders - Stop your sobbing
The Kinks - Stop your sobbing
The Pretenders - I go to sleep
I go to sleep n'est pas sur l'album cité ci-dessus, mais il fallait quand même citer cette chanson absolument extraordinaire qui était pratiquement inédite, une des BBC Sessions des Kinks!
Julie Piétri - Et c'est comme si... (I go to sleep)
Chanson qui se distingue évidemment nettement du reste des succès de la chanteuse française. C'était la seule qui m'avait marqué, malgré ses défauts d'interprétation (passage où elle monte la voix, par exemple). Ce n'est pas une reprise des Pretenders, mais bien des Kinks.
Et le chef-d'oeuvre éblouissant!
The Kinks - I go to sleep

Un peu d'originaux des Pretenders, Hynde composant souvent seule.

The Pretenders - Brass in Pocket
The Pretenders - Private life (live)
Grace Jones - Private life (reprise immédiate)

Les oubliés:

The Feelies - Crazy rhythms

Mon avis : génial, et un autre très bon album suivra en 86 Good earth. Celui-ci en 86 a été encensé, mais il reste assez mesquin de n'en faire qu'un des 50 meilleurs albums des années 80 (pub lié à l'avis de je ne sais plus quelle revue)

The Feelies - Fa Ce La
The Feelies - Loveless love

The Rolling stones - Emotional rescue

Mon avis : si très insuffisant pour des stones, cela reste d'une relative qualité.

Même si ce n'est pas le meilleur des stones, je reste convaincu qu'ils était au-dessus du lot naturellement et sans forcer. Il est vrai qu'Emotional rescue est l'un de leurs albums les moins défendables, mais ce sera amusant. L'album est inégal, mais les titres suivants ne sont pas ratés, notamment Down in the hole.

The Rolling stones - Emotional rescue
The Rolling stones - She's so cold
The Rolling stones - Down in the hole
The Rolling Stones - All about you (chantée par Keith)
Je pourrais encore citer l'un peu reggae Send it to me, le rock Let me go
Même le titre disco rock suivant me plaît bien.
The Rolling stones - Dance part 1

On me dit que ce ne serait pas les stones, je n'achèterais pas, alors qu'on m'explique pourquoi tout en considérant que ce n'est pas l'âge d'or, j'aime bien d'écouter ça, et pas des tas de groupes rock sur lesquels on s'extasie sous prétexte qu'eux ne déçoivent pas par rapport à ce qu'ils ont fait avant.

The Revillos - Rev Up

Mon avis : génial. Une pêche d'enfer. Un rock nostalgique sxites brillant un peu vignette BD avec un goût extra. L'album Attack! en réédition CD qui a suivi est encore plus génial, et n'oublions pas la première époque sous le nom The Rezillos.

The Revillos - Motorbike beat
The Revillos - Yeah Yeah

45 tours contemporains

The Revillos - Where's the boy for me (clip)
The Revillos - Scuba Scuba (clip)

The Clash - Sandinista!

Mon avis : groupe irrégulier avec un premier album éponyme et un troisième London calling qui sont géniaux, d'autres grands titres encore, mais plus d'albums aussi forts, le second Give 'em enough rope n'arrive pas à me convaincre malgré sa place entre les deux sommets. Sandinista passe à ce qui est pour moi un style musical improbable sur maints titres quoique The Call Up passe bien si on ne nous l'étourdit pas de compagnons du même genre, mais il reste quand même sur cet album de quoi se faire plaisir. Je ne peux m'empêcher de citer le rigolo Ivan meets GI Joe.

The Clash - The Magnificent Seven
The Clash - Hitsville UK
The Clash - The Call Up
The Clash - Ivan meets GI Joe
The Clash - Police on my back
Police on my back est un titre du chanteur reggae Eddy Grant, qui était le leader des Equals, groupe de fin des années sixties dont un best of permet d'apprécier quelques bons titres et pas seulement le tube Baby come back.

Stevie Wonder - Hotter than july

Mon avis : très bon. Les deux liens que je cite avant tout. Inégal, Wonder a donné encore de bonnes chansons dans les années 80, jusqu'à I'm free en 87 ou 89!

Stevie Wonder - Master Blaster (jammin')
Stevie Wonder - Ain't gonna stand for it

David Bowie - Scary Monsters

Mon avis : Très bon, un titre génial Ashes to ashes. En revanche, si David Bowie réalise des clips splendides depuis l'année précédente et jusqu'à présent, je n'aime pas du tout celui d'Ashes to ashes, je préfère déjà nettement celui de Fashion rien que pour l'année 80 ou Boys keep swinging de l'année précédente.

David Bowie - Ashes to ashes
David Bowie - Fashion

The Plimsouls - Zero Hour (EP 5 titres)

Mon avis : génial.

The Plimsouls - Great Big World
The Plimsouls - Hypnotized

Wreckless Eric - Big Smash!

Mon avis : génial. Inégal, mais récemment de très bons albums avec sa compagne américaine Amy Rigby. Retenir en tout cas ses débuts à son nom de 78 à 80 et son groupe Len Bright Combo deux albums géniaux de 85 et 86, âpres à trouver réunis sur un CD âpre à trouver. Puis on approfondit...

Wreckless Eric - A popsong
Wreckless Eric - Tonight (is my night)

Big Smash, troisième album est sorti en double 33 tours, mais le second 33 tours le compile à une réédition du premier en fait The Whole wide world, superbe album de 78, déjà la chanson-titre!

Wreckless Eric - Whole wide world
Wreckless Eric - Take the CASH
Wreckless Eric - Semaphore signals
Wreckless Eric - Reconnez Cherie
Chanson cajun avec des phrases de français incompréhensibles. La chanson s'inspire d'un titre de Bowie selon moi.
Wreckless Eric - Veronica

X - Los Angeles (1980)
X - Wild Gift (1981)

Mon avis : génial. Le livre introduit Wild gift de 81.

X - Los Angeles (full album)
X - Wild gift (full album)

Roy Loney - Phantom tracks

Mon avis : sublime !

Roy Loney - 100 miles an hour
Roy Loney - Emmy, Emmy
Roy Loney - Hundred miles an hour (live)
Roy Loney - Don't believe those lies (live)
Roy Loney - Down the road apiece
Vertigineuse absence sur la toile! Comment vous faire écouter Poor Tuxedo? Act of love?
Site pour écouter l'album

Je réfléchis à une suite d'oubliés...
Il vaut mieux qu'il en manque plusieurs qu'un seul, non? Very diplomatic. Franchement, je ne me suis pas cassé la tête pour faire cette liste et il peut manquer encore des essentiels à mes yeux. A suivre donc!

samedi 17 novembre 2012

Les Who, un des plus grands groupes sixties dont on n'écoute que le rock 70-71 (part 1)

Les Who ont une place particulière au panthéon. Il s'agit bien sûr de l'un des plus grands groupes de l'histoire du rock, mais la particularité c'est la relation du public aux Who. Les Who ne furent pas des vendeurs de disques comparables aux Beatles, lesquels sont mélangés de toute façon à une pléiade de gros vendeurs qui ne sont pas forcément les plus grands génies: Elvis Presley, The Bee Gees, Michael Jackson ou carrément Madonna. Mais, les Who n'ont pas non plus vendus autant que les Rolling stones, et ils n'ont pas une reconnaissance tardive comparable à celles qui se sont développées dans le cas des Doors ou du Velvet underground par exemple.
Les Who sont reconnus parmi les plus grands, sans être particulièrement adulés me semble-t-il. Même au sein du public de ceux qui aiment le rock, ce qui brasse encore des tonnes de gens, je n'ai pas l'impression de constater un grand engouement pour les diverses chansons de l'album Tommy. On ne retient que quelques titres, très peu même de titres.
Surtout, l'oeuvre qui fait l'unanimité, c'est l'album Who's next de 1971 qui est pourtant le dernier chef-d'oeuvre d'un âge d'or de sept ans de durée.
Aucun connaisseur du rock ne les lâchera, mais ils ne donnent pas l'impression de recouvrir un public maximal. Je n'ai pas l'impression de voir les gens redécouvrir des titres méconnus des albums A Quick One ou Sell Out. Je n'ai pas l'impression que la formule Happy Jack marque profondément les esprits.
Les titres cités sont très bons, mais les Who ce n'est pas alors n'importe quel "Maximum R'n'B", c'est le rock qui envoie la patate et fait entendre des héros de l'instrument, le Live at Leeds. C'est aussi la grandiloquence dramatique de 69-71. Or, si les titres de 69-71 sont brillants et que le public a bien perçu que Quadrophenia n'est pas aussi réussi, cela ne vient pas d'une juste discrimination entre réussites et ratés du groupe. La formule 69-71 fut efficace sur le public et la grandiloquence dramatique admirée ne relève pas précisément de la qualité musicale, mais d'une posture éventuellement apte à imposer des artistes brillants. Tout le problème, c'est l'insuffisance avec laquelle on cite l'oeuvre des années 60, parce qu'elle n'est pas la rage un peu hard rock, parce qu'elle n'est pas la tension virile simple ou première du rock, parce qu'elle n'est la prière dramatique d'une création qui veut communiquer l'impression de la profondeur par des procédés d'étourdissement maniaque.
Telle est l'histoire des Who, qu'il faut refaire.
Le groupe s'est progressivement constitué de 1961 à 1964, en finissant par rassembler les quatre Who : Pete Townshend, John Entwistle, Roger Daltrey et Keith Moon. Et précisons d'emblée que Keith Moon est simplement passé des Beachcombers aux Who, par recrutement. L'histoire du batteur qui monte sur scène et détruit une batterie est une affabulation des Who, notamment Townshend, qui sont des vendeurs d'images. Mais croire à cette légende, c'est entrer dans la dramaturgie "Maximum R'n'B'" promue par les Who, mais qui ne leur fut pas réellement profitable et qui n'oriente pas du côté de leurs qualités esthétiques réelles. Qui plus est, cette légende est contradictoire avec le fait que Townshend casse sa première guitare en septembre-octobre 64, en y découvrant une joie scénique. Cette histoire n'est plus logique si Keith Moon doit avoir détruit auparavant une batterie pour intégrer la formation.
Le groupe a connu quelques changements de nom, mais les seuls qui nous intéressent et qui résument de toute façon les autres, c'est ceux associés à des ventes de disques, The High Numbers et The Who.
En 64, Beatles et Stones occupent déjà l'espace et l'idée d'un groupe qui compose lui-même ses morceaux est en train de devenir fondamentale. Le temps des reprises a vite passé.
Pour leur premier 45 tours, le producteur des Who, Peter Meaden, prend deux chansons américaines, les maquillent un petit peu et se fait créditer. I'm the Face est un plagiat du Got love if you want it du bluesman Slim Harpo, titre repris à cette époque par les Kinks d'ailleurs. Les Rolling stones reprenaient les bluesmen marécageux Slim Harpo et Jimmy Reed (I'm a king bee, Honest I do sur leur premier album en 64, Shake your hips de Slim Harpo figurera sur Exile on main street en 72). Le titre Zoot Suit est un plagiat de Misery de The Dynamics, mais avec sans doute une interprétation plus agréable, coulante et envoûtante. Ces premiers titres ne sonnent pas vraiment comme les Who à venir. Les Rolling stones jouaient les reprises de blues ou de rock'n'roll comme personne au monde. Et les autres ont essayé de suivre. En 64, les Who sous le nom de High Numbers subissent des impératifs et sont invités à se situer par rapport, non pas aux Beatles, mais par rapport aux Rolling stones et aux Kinks, tout en ayant un repère mod, c'est-à-dire branché musique soul. Voici les titres qui permettent de situer les choses quant au premier 45 tours des Who. La supériorité des Rolling stones relève d'ailleurs de l'évidence et les Who ne deviendront jamais un groupe rival en fait de reprises. Les Rolling stones s'étaient rodés en 63, mais au tout début de l'année 64 ils étaient devenus des dieux du rock avec la reprise Not fade away d'un Buddy Holly inspiré par Bo Diddley et par un premier album vertigineux.


Repris en main par le producteur des Kinks, Shel Talmy, les Who vont travailler à ressembler aux Kinks première manière, c'est-à-dire à un groupe rock qui connaît un succès fracassant en 64 avec des titres bruts novateurs : You really got me, suivi de All day and all of the night, tous deux complétés par I need you en manière de trilogie. Quelques titres rock ou r'n'b augmentent ce lot, mais Ray Davies, le compositeur du groupe, détournera les Kinks de cette veine-là. En attendant, les Kinks saturent le son guitare et introduisent le solo débridé de guitare ou le chant décontracté.
Dans ce style, les Who s'y installent donc pour l'année 65. Ils sont la continuité évidente des premiers Kinks, et cela sous forme de 45 tours.
Le deuxième 45 tours des Who est un chef-d'oeuvre, ce qui n'est pas mince pour une première composition lâchée par Townshend en format vinylique. Les stones ont pris du retard de ce côté-là, car leurs compositions ne seront vraiment face A de 45 tours qu'en 65. Le premier 45 tours des Beatles Love me do, voire le suivant Please, Please me, n'étaient pas du calibre de Can't explain. Même si on peut répliquer que les Who ne sont pas moins jeunes que stones ou Beatles et qu'ils ont surtout du retard pour les sorties de vinyle, l'exploit est impressionnant malgré tout.
On remarquera encore que la face B est une reprise de Bald Headed woman, à la suite des Kinks, mimétisme sensible donc. Les Beatles étant surtout le groupe ayant le plus de succès, dès Can't explain, les Who sont les concurrents des Stones pour le titre de plus grand groupe de rock. L'art des reprises et le répertoire déjà posé donne l'avantage aux Stones qui ont quelques grandes compositions personnelles sur leurs 33 tours. Des plus réussis, Empty heart pourrait avoir à voir avec la genèse de Can't explain. N'oublions pas non plus que c'est l'année de Gloria des Them.


Le titre Can't explain s'est imposé sur les ondes en 65. Telle est l'année de naissance des Who en tant que super groupe de rock.
Comme les Kinks ont poursuivi sur une lancée de You really got me à All day and all of the night, les Who suivent une veine de Can't explain à Anyway, Anyhow, anywhere. Entre-temps, les Beatles ont recouru à l'effet larsen dans l'enregistrement de leur hit I feel fine. Il s'agit de créer un effet retour en un émetteur et un récepteur. Nous sommes habitués aux sifflements et bruits incongrus suite au rapprochement d'un microphone et d'un haut-parleur, mais les guitaristes utilisent aussi parfois volontairement l'effet larsen en approchant leur guitare de l'ampli. Je ne suis pas historien du phénomène rock. Mais, après I feel fine des Beatles, les Who explorent eux aussi l'effet larsen sur Anyway, anyhow, anywhere, nouvelle brillante composition de Townshend. Mais, les Rolling stones ont fait eux-mêmes très forts avec leur premier numéro 1 signé Jagger-Richards, le fabuleux The Last time. Les paroles sont pour parties un plagiat du titre des Staple Singers Maybe the last time, lui-même sublime, mais Richards crée là son premier riff d'anthologie. La musique est somptueuse.
Pour annoncer les nouvelles couleurs musicales que l'Angleterre va imposer au monde, quatre groupes au moins sont en compétition : les Beatles, les Kinks, les Who et les Rolling stones. Par leurs qualités d'exécution qui distancent Beatles et Kinks, les Who et les Rolling stones sont alors les deux plus grands groupes de rock. Sans l'exceptionnel The Last time consacrant enfin leur génie de la composition, les Rolling stones auraient-ils pu rester au-dessus des Who, qui déjà s'en reposaient pleinement sur des titres nouveaux de Townshend? Quel contexte ! N'oublions pas qu'au début de l'année 65 les Them connaissent un certain succès avec leur reprise de Baby, please don't go, sachant que la face B n'est autre que la composition originale impressionnante: Gloria, qui a un certain esprit annonciateur des forces très My generation de l'année 65.


La face B d'Anyway, anyhow, anywhere est une reprise d'un titre ancien d'Otis Blackwell... Daddy Rolling Stone. Or l'année 65 est bel et bien l'année des Rolling stones, car si les Beatles sont toujours au sommet les Rolling stones connaissent pour eux-mêmes leur année la plus faste en termes de succès. Deux titres furent numéro 1 en Angleterre de leur part en 64, mais il s'agissait de deux reprises. En 65, trois titres composés par Jagger et Richards furent numéro 1 en Angleterre. Après The Last time, l'immortel (I can't get no) Satisfaction. Il va de soi que Keith Richards ment comme un arracheur de dents quand il prétend que l'emploi de la fuzzbox n'était que pour la démo et qu'Otis Redding a joué le titre comme il le fallait et comme même Richards y songeait, avec un solo par les cuivres. Billevesées. Richards joue les modestes, mais et son titre est génial, et sa version, et l'emploi de la fuzzbox. Cet emploi était entièrement volontaire, comme l'histoire qui précède en entremêlant des titres des Kinks, des Who, des Beatles et des Rolling stones le montre assez. Laissons les historiens du rock pas doués raconter autre chose. Les stones brilleront avec un troisième titre : Get off of my cloud, variante extrêmement subtile du titre gaiement repris par tous à l'époque, Louie Louie. D'autres compositions brillantes des Stones figurent sur leurs albums, certaines ayant connu le succès ultérieurement ou via d'autres artistes : I'm free succès des années 90, As tears go by succès pour Marianne Faithfull, The Spider and the fly imitié pour ses paroles par les derniers Yardbirds et repris sur l'album intime Stripped des Stones en 1995. Que dire encore des immortels Play with fire ou Heart of stone, etc., voire du titre live méthode Diddley It's alright? Plusieurs compositions des Who tombent forcément en 65 sur leur premier album The Who sings My Generation. En clair, en 64, les super compositeurs anglais étaient soit le couple Lennon-Mc Cartney, soit Ray Davies des Kinks, même si Jagger-Richards avaient de premiers beaux fleurons à leur actif. En 65, il est clair que le couple Jagger-Richards et Pete Townshend rejoignent ce haut du pavé, avec peu d'autres anglais (Van Morrisson, ...).
Or, les Who sortent ce qui est à l'évidence l'un de leurs plus grands titres jamais écrits avec le single My Generation.  On remarque avec ce titre de fin d'année 65 que les Who continuent d'exploiter le larsen. Le chant est célèbre pour son bégaiement volontaire, pour ses paroles très punk, pour son ampleur rock, pour ses solos de basse. Le titre est conçu avec une volonté d'énergie et de dépassement de rage rock qui aura son importance dans la suite de la carrière des Who. Le batteur est exceptionnel, il dynamise toute partie du morceau par des initiatives incessantes, loin de demeurer un simple soutien rythmique à la chanson. Le bassiste joue des solos et des parties mélodiques fondamentales, tandis que le guitariste privilégie parfois l'envoi du son par petites touches, par prolongation saturée d'une note, par une sorte de martèlement sonore qui cisaille la mélodie, qui rentre de manière acérée dans le rythme. Chanteur, guitariste, bassiste, batteur, tous sont brillants dans l'exécution, à commencer par le batteur et le bassiste. On remarquera encore la rime entre les titres Satisfaction et My Generation, car nul doute que les succès des uns font méditer les autres. Les coups de génie ne jaillissaient pas de nulle part, il y avait une véritable logique d'émulation qui aujourd'hui s'est perdue.


Le premier album des Who exploite le succès du titre, succès qui concerne surtout l'Angleterre, pas les Etats-Unis. Il contient deux reprises de James Brown, filiation donc appuyée à l'époque : I don't mind et Please, Please, Please, ce que complète le titre joué à l'époque et aujourd'hui bonus track : Shout and shimmy. L'intro du premier titre Out in the street reprend celle d'Anyway, anyhow, anywhere, autocélébration donc.
En-dehors de Much too much, tous les titres sont brillants, mais ils révèlent le plus souvent non pas le côté rock des singles, mais l'intimisme tendre qui couve sous le front de génie de Townshend. Un titre s'impose encore une fois, l'énorme The Kids are alright qui annonce le meilleur des Who pour les deux années à venir, la douceur et la finesse avec l'énergie et un zeste de rock vitaminé. On note encore la présence de Nicky Hopkins au piano sur plusieurs titres et bien sûr l'instrumental The Ox somptueusement porté par la batterie de Keith Moon. Alors qu'on ne cite les Who pratiquement qu'à partir de leurs titres de 69 à 71, alors qu'on les prétend le groupe rival des stones pour la consécration de plus grand groupe de rock, il me semble que c'est en 65 même et en 65 seulement que les Who furent très près de l'emporter sur la bande à Jagger et Richards. Avec les trois singles, voici les cinq titres qui montrent le caractère redoutable des Who pour la concurrence en 1965.


En 66, les Who vont atteindre une nouvelle dimension. Sous l'impulsion de leur leader compositeur Ray Davies, et malgré l'avis des autres membres, les Kinks se sont éloignés du rock des débuts. Ray conserve la nonchalance, mais il entre dans une période de créations anglaises, plus pop, plus intimes et satiriques à la fois. Il veut établir des vignettes poético-grinçantes. Et il atteint effectivement des sommets, en dépit d'une évolution vers de moins en moins de succès. Les Who sont eux aussi à l'évidence beaucoup moins rock que leurs trois premiers singles, surtout en 1966. Pete Townshend se consacre lui aussi à une création plus anglaise dans l'esprit, mais avec une ampleur mélodique tout à fait vertigineuse. Mc Cartney des Beatles a prouvé son génie mélodique, mais lui comme Ray Davies des Kinks me semble rester carré de mélodie en comparaison du déploiement des Who. L'image de Townshend raide faisant tourner son bras comme l'aile prise de vitesse d'un moulin à vent qui serait fou caractérise la griffe acérée de son rock, de manière d'ailleurs paradoxale, mais à paradoxe paradoxe et demi, car ce déportement violent et ample d'une aile de moulin à vent me paraît une bonne image de l'incroyable amplitude mélodique des Who qui sortent des titres rock dont l'émotion chantée et le phrasé riche d'une communication extra musicale et pourtant musicale ne ressemblent à rien d'autre : Substitute, I'm a boy, Happy Jack, So sad about us...


Ce ne sont pas les quatre seules compositions de Townshend en 66, mais il faut dire qu'il y en eut peu d'autres de sa part cette année-là. Entwistle compose lui aussi des choses intéressantes à son tour.
Pour les stones, cette année est sans doute aussi moins rock, moins rhythm'n'blues, malgré 19th nervous breakdown et Have you seen your mother, baby, standing in the shadow? dont nous reparlerons plus loin.
Mais c'est une grande année pour eux de création musicale à l'anglaise ou non avec Paint it black et l'album Aftermath. Les Beatles sont peut-être eux aussi un peu moins rock, mais c'est moins perceptible, avec Revolver. En 66, c'est d'ailleurs une année de transition, car, si le psychédélisme de 67 qui va suivre ne s'imposera pas purement et simplement aux années 68 à 70 qui mêle le psyché à un retour du rock, il n'en reste pas moins que l'année 66 est étrangement l'année qui va transformer en matière d'un glorieux passé l'extraordinaire rhythm'n'blues et rock britannique des années 64-65.
Enfin, vu que certains forts d'esprit veulent nous expliquer que Townshend n'a pas inventé l'opéra-rock sous prétexte que Tommy a été précédé par SF Sorrow des Pretty Things et qu'Arthur des Kinks n'est sorti qu'après alors qu'enregistré avant, eh bien! remettons les pendules à l'heure de tous ces gens qui semblent ne pas vraiment écouter les Who ou qui sont en tout cas incapables d'établir des liens logiques et évidents entre les événements.
Car, sur leur superbe album A Quick One! de 66, les Who sortent le premier opéra rock de l'Histoire du rock, le premier enchaînement d'album-concept bien que réduit à une seule face de disque, et ce concept donne son titre à l'album de 66.
L'histoire est aussi maigre que celle de Tommy ou Quadrophenia, puisqu'il s'agit du pardon accordé par un mari à sa femme qui l'a trompé pendant son absence.
Je ne crois absolument pas au génie intellectuel existentialiste de Townshend dont rappeler cruellement qu'il fut un adepte de Meher Baba. Quant à ceux qui fustigent le nom "opéra-rock" en prétextant que les albums de Townshend ne ressemblent pas à de l'opéra, je ne les comprends pas. J'ai écouté plusieurs opéras dans leur intégralité et Townshend en a glissé plusieurs éléments dans ses projets: Ouverture, Underture dans Tommy, motifs qui reviennent, morceaux de liaison quasi parlés, comique du chant, constructions, effets des choeurs, soulignement grandiloquente de l'orchestration, etc. Il me semble facile d'avoir une autre idée que Townshend et de le coincer en fonction d'une conception de ce que devrait être l'opéra rock qui n'est pas celle que Townshend nous invite à supposer en son oeuvre. Il ne faut pas confondre poétique et dramaturgie. La poétique, c'est le respect des règles, la dramaturgie c'est étudier comment l'artiste a procédé. Les règles n'étaient pas imposées, et il faut donc juger par l'investigation, donc par une étude dramaturgique. Que le terme soit pompeux et décrié par d'autres, c'est un autre problème, et je ne pense que l'idée d'album-concept échappe mieux au reproche de pédantisme. Oublions donc les considérations vaseuses et revenons à ce premier opéra rock de l'Histoire que les Who jouèrent en live pour l'émission télévisée Rock'n'roll circus en 68 autour des Rolling stones. Ce sont bien les Kinks (cette fois!) et les Pretty things qui se sont inspirés des Who et qui ont essayé de les gagner par la course. Arthur des Kinks perdra la course contre Tommy tout en étant un pur chef-d'oeuvre. Quant à SF Sorrow, il est sorti avant Tommy, mais après le modèle A Quick One while he's away. Pire encore, SF Sorrow est un album mitigé qui ne saurait rivaliser avec ses concurrents au plan artistique.


Mais, ponctuellement en 66-67, le rock revient en force au sein de toutes ces formations.
Les Rolling stones ont sorti un incroyable 19th nervous breakdown au début de l'année 66, peu avant Paint it black. Et à la fin de l'année 66, il sort un titre déséquilibré et saturé éblouissant qui montera assez haut dans les charts, mais dont l'absence à la première place doit s'expliquer par sa trop grande modernité d'audace.


En 67, les Who continueront plutôt dans cette veine tendre et généreuse de 66, mais vers la fin de l'année ils sortiront à nouveau un single rock dont on peut penser qu'il fut médité à partir des deux titres rock de 66 que nous venons de citer des stones. Les Who voudraient sortir le rock ultra, en s'inspirant de ce qui s'est déjà fait et en y ajoutant leur amplitude particulière : ouverture par un chant clair, une lenteur d'avant-plan affolée par l'arrière-plan, ce que complète leur manière de jouer initiatives folles à la batterie, jeu par touches acérées de la guitare, déploiement à la basse,... Ce sera I can see for miles, leur plus gros succès.


I can see for miles semble avoir déçu Mc Cartney qui méditera alors son rock ultime et déstructuré : Helter skelter.
Le début de l'année 67 a lui été marqué par un single de veine tendre, mais à l'orchestration fine avec pour l'anecdote une brève imitation instrumentale de l'éjaculation, la chanson étant une ode à la masturbation.
La face B est l'une des plus remarquables compositions d'Entwistle qui en a eu quelques-unes de très réussies.

L'année 67 sera aussi celle d'un nouvel album-concept des Who The Sell Out. Il s'agit d'une fausse émission de radio pirate où les titres sont dès lors entremêlés à de faux jingles qui marqueront la mémoire des fans des Who à leur tour. I can see for miles figure sur cet album, mais pas Pictures of Lily, cette dernière étant tout de même compensée par un autre hymne à la masturbation Mary Anne with the shake hands, chanson qui a connu plusieurs versions des Who.
Qui plus est, un autre opéra rock fait partie de l'album Rael, confirmant à nouveau les claires antériorités de Townshend en la matière.
Les titres éblouissants sont bien présents sur The Who sell out : Odorono, Tatto, évidemment I can't reach you, et l'édition en deux CD blindée de bonus tracks est un bonheur avec en énigme ce titre attribué à Keith Moon Girl's eyes dont on se demande s'il a bien été écrit par lui seul!
Ces bonus sont d'autant plus précieux que les Who ne sortent qu'un album par an. Aucun ne sortira en 68 d'ailleurs.
Enfin, un titre exceptionnel et étonnant leur est offert en ouverture d'album : Armenia city in the sky.


Pas encore de Pinball Wizard, I'm free, Won't get fooled again, The Seeker, Magic bus, Baba O'Riley, Behind Blue eyes, et pourtant si c'était là les trois plus belles années des Who?
Faisons une pause, avant de passer à la suite.

vendredi 16 novembre 2012

Parcours autour de David Bowie

Sous le nom Davy Jone and the King Bees, David Bowie a commencé en 64 par un single médiocre où face A comme face B il donne une imitation vocale ratée de John Lennon.
Le second single début 65 sous le nom des Mannish boys n'est pas terrible non plus I pity the fool (reprise de Bobby Bland 1961, Jimmy Page à la guitare) et Take my tip.
Sous le nom Davy Jones and the lower third, la face B de l'autre single de 65, Baby loves that way, est médiocre également, et You've got a habit of leaving, inspirée des Who est un peu correcte, mais complètement anecdotique.
Bowie est né en 66. C'est d'ailleurs par coïncidence cette année-là qu'il adopte son nom de Bowie.
Pour moi, la première chanson séduisante de Bowie est la face du premier de ces 45 tours de l'année 66 :
Can't help thinking about me. Mais le titre n'est pas pleinement génial, l'interprétation sans doute encore moins. La face B est pas mal : And I say to myself.
Il enchaîne avec un 45 tours moins intéressant, franchement anecdotique, quoique correct : Do anything you say / Good morning girl, sous son nom définitif Bowie, mais accompagné par the Buzz.
Il redresse la barre avec un autre 45 tours en 66, mais cela reste anecdotique, malgré la montée des qualité orchestrales, un petit passage à la Lovin' Spoonful sur la face A : I dig everything / I'm not losing sleep. La face B est plus marquante que la face A pour moi. Mais, l'artiste tâtonne encore sur les deux titres et ce sont les arrangements qui font passer le tout.
Je ne parle pas du suivant 45 Rubber Band / London Boys, mais directement de l'album David Bowie de 66 où figurent les deux titres. L'album est réussi, sans être un sommet de son époque.
David Bowie s'essaie à des chansons anglaises avec un esprit humoristique et sur fond pour ainsi dire "médiévisant", "dix-septièmiste", avec des paroles filmiques un peu Monty Python, dans la continuité des Small Faces. Les compositions et les interprétations sont moins sûres, moins géniales que les Small Faces, mais les titres se suivent avec un charme indéniable : Uncle Arthur, Sell me a coat, Love you till tuesday, There is a happy land, When I live my dream, Silly Boy Blue, Come and buy my toys et She's got medals.
Rubber band et Little Bombardier sont selon moi les chefs-d'oeuvre de l'album.
La chanson Love you till tuesday est ressortie en 45 tours en 67 avec en face B le titre Did you ever have a dream, pas mal du tout non plus, très séduisant.
Et, entre-temps, un autre 45 tours est sorti en 67 avec l'irrésistible échange vocal de The Laughing gnome, bien que ce ne soit pas le titre le plus pertinent de l'époque. La face B reste un peu maladroite quoiqu'avec toujours ce côté intéressant acquis qu'ont les compositions de Bowie à partir de 66 : The Gospel according to Tony Day.
Mais, Bowie n'est pas encore pleinement marquant.
En 69 sort le deuxième album Space Oddity, lequel porte le nom de la première toute grande composition importante de Bowie. Voilà enfin un premier coup de génie : Space Oddity.
La chanson est exceptionnelle à plusieurs égards. Orfèvrerie, dimension narrative, profondeur, complexité, jeu musical, richesse, plénitude,...
L'album correspondant me marque moins.
En revanche, j'ai pu découvrir sur le tard avec le double CD sur les enregistrements pour la BBC "Bowie at the Beeb", un autre titre prodigieux à ce moment-là, même un peu antérieur (67-68), dont on peut regretter qu'il n'ait pas connu un sort single. Voici une chanson dont je suis profondément fan. Il en existe quelques versions différentes, voici celle qui m'a marqué : In the heat of the morning. Je trouve ce titre immense.
L'album qui a suivi The Man who sold the world est l'album rock de la carrière de Bowie, du moins au plan guitare, mais l'écart entre le chant qui suit ses idées dramatiques, un peu annonciatrices de Aladdin Sane, et cette guitare au son rock un peu tranchant, acéré, mais variant sans cesse, filant sans cesse les notes un peu à la Jeff Beck, me semble pas si mal que ça du tout. J'aime qu'il existe un tel album. Ce n'est pas pleinement abouti, mais je ne boude pas mon plaisir.
Mais, en gros, Bowie n'a encore eu que deux coups de génie pléniers: Space Oddity et In the heat of the morning.

Enfin arriva l'âge d'or. Avec une telle longévité et un tel répertoire, on imagine mal le temps qu'il a fallu à Bowie pour se construire. De 64 à 71, il lui a fallu sept ans, et il est rare qu'un artiste n'ait pas livré l'essentiel ou peu s'en faut dans ses sept premières années de carrière. Bowie ne va s'installer durablement dans son âge d'or qu'après ces sept années. Bien que né en janvier 46 et issu de la déferlante sixties, Bowie va excellent dans les seventies, de 71 à 78.
Album de l'année 71, le fabuleux Hunky Dory, grande volupté d'écoute avec plusieurs titres majeurs.
Il est vrai que s'il a fallu attendre, ce n'est pourtant que son quatrième album.
Quasi constante de Bowie dans les années qui suivent, il faut sur chaque album un rock fort endiablé qui fait un peu isolé par rapport à des albums tout de même en général beaucoup moins rock, cas à part de Ziggy Stardust.
Changes reprend le bégaiement de My Generation, mais la composition n'a rien à voir, quoique pour le côté philo là encore le rapprochement avec idée de source du côté des Who est sans doute patent.
Titre magique : Changes.
Nouvel élan prodigieux qui dégage pour la première fois le style Bowie à part entière : Life on Mars?
Hunky Dory est un immense album, avec pas mal de titres brillants que je ne cite pas de Oh! you pretty things à The Bewlay Brothers, rien que ces deux titres le rappellent pour ceux qui le connaissent.
Cette tension dramatique un peu mélo est savoureuse et domine nettement l'album suivant, célèbre pour le mythe qu'il impose, mais que j'ai du mal à mettre en-dessous d'Hunky Dory, tant je prends plaisir à sa grandiloquence folle: Ziggy Stardust.
Tous les titres sont à citer, et d'ailleurs même les bonus tracks. Deux titres rendent à mon avis complètement dingues par leur perfection et leur intensité tragique, ils m'ont fait immensément d'effets. J'affectionne toutes les chansons, mais les deux titres suivants m'invitent moi à faire tourner l'album en boucle, je parle de Starman et plus encore pour moi Rock and roll suicide. Moonage daydream est captivant et Hang on to yourself envoûtant par son style quoique moins parfait, puis Ziggy Stardust, Suffragette city, etc., jusqu'aux bonus tracks de l'édition CD, Velvet goldmine, etc. Dans les marges, un titre fait une énorme impression encore : John I'm only dancing. Sommet évident de l'androgynie scénique de Bowie.
En 73, Bowie enchaîne avec une autre perle Aladdin Sane. Plusieurs titres sont véritablement hypnotisants : Time, Lady grinning soul, The Prettiest star. Avec tels trois titres, on songe parfois que nous sommes face au plus grand album de David Bowie, mais l'album est un peu plus inégal, plusieurs autres titres étant pourtant très bons (Aladdin Sane, Drive-in saturday, Panic in Detroit) ou fascinants malgré quelque chose d'insuffisant (Cracked actor, The Jean Genie).
Parallèlement à ces albums de l'âge d'or, Bowie participe à l'élaboration de l'album All the young dudes où on retrouve nettement dans deux compositions du groupe des éléments venus de Bowie, parents donc avec Life on Mars? ou Drive-In saturday. La chanson-titre est d'ailleurs une composition de Bowie offerte au groupe et magnifiquement interprétée : Mott the Hoople - All the young dudes.
Le groupe et surtout son chanteur seront bien ingrats envers Bowie. Ils étaient incapables d'atteindre à ce niveau de composition et ne réaliseront plus jamais rien d'aussi précieux que cette chanson et cet album.
Mais, l'âge d'or Bowie connaît une accalmie. L'artiste se fait plaisir à la fin de l'année 73 avec un album de reprises, mais il n'est pas vraiment sur son terrain d'accomplissement propre. Reste un album agréable et correct, attachant parfois.
Bowie reprend deux titres des Pretty things, du seul premier album de 65 d'ailleurs : Rosalyn et Don't bring me down, et deux chansons des Who, toujours de 65: Can't explain et Anyhow, anyway, anywhere. Il a déjà repris, mais étrangement, Let's spend the night together des Rolling stones sur Aladdin Sane. Il reprend ici le plus célèbre titre des Easybeats Friday on my mind, le titre phare de Pink Floyd période Syd Barrett See Emily Play et un des (nombreux, il est vrai) joyaux des Kinks sixties: Where have all the good times gone. Il reprend Shapes of things de la période Jeff Beck des Yardbirds et, après eux, reprend aussi le titre I wish you would de Billy Boy Arnold. Via les Them, il songe à reprendre Here comes the night. On note la présence du titre Everything's alright des Mojos et puis ce titre rare Sorrow des Merseys, après une première rupture des Merseybeats. Les Merseybeats se reformant joueront une nouvelle version du morceau, mais c'est l'interprétation du groupe réduit (à deux je crois) qu'il faut apprécier et connaître : The Merseys - Sorrow.
D'autres reprises faites à l'époque par Bowie ne figurent pas sur l'album. Bowie a repris I feel free de Cream, deux titres de Brel: My death et plus connu Amsterdam, mais aussi deux titres de Bruce Springsteen. Le succès et la réputation de Springsteen interpellent quelque peu. Il se cherche un son sur ses deux premiers albums et n'en aura jamais un. Le répertoire de Springsteen n'est sans doute pas non plus bien terrible, y compris dans le format best of, mais il s'est vendu en Amérique.
Or, Bowie reprend deux titres de Springsteen quand celui-ci n'en est pourtant qu'à son premier album qui n'a pas vraiment de son. Il reprend Growin' up et de manière assez envoûtante quoique un peu trop insuffisante techniquement: It's hard t(o be a saint in the city.
Mais l'accalmie vaut aussi au niveau studio. L'album Diamond Dogs n'est pas du niveau des albums antérieurs. Il contient un rock fort isolé pour le hit-parade Rebel Rebel. L'album n'est pas mauvais en soi, mais ce n'est pas abouti, accompli, sauf l'enchaînement envoûtant des trois derniers titres inspirés de la lecture du célèbre roman de George Orwell : le funk superbe d'autant que j'adore ce style à la theme from "Shaft" : 1984, l'accomplissement musical n'est toutefois pas parfait, mais quelle séduction, et puis la fusion des titres à progression si folle que leur discours d'abandon à l'aliénation n'est sans doute pas le rendu du message du livre d'avertissement d'Orwell : Big Brother et Chant of the ever circling skeletal family.
Les bonus tracks révèlent deux perles éblouissantes, un bien meilleur titre Candidate et un exceptionnel Dodo qui rehaussent ce que cet album a de trop limité, bien qu'il soit séduisant dans sa fièvre mélodramatique.
Maintien de l'accalmie, Bowie en live. Ce n'est pas son domaine de compétences, n'en déplaise aux inconditionnels.
Suit alors un album qui est trop simple pour être son chef-d'oeuvre, mais d'une séduction folle avec une évolution professionnelle du chant : Young americans. L'album contient le titre Fame avec John Lennon, ainsi qu'une reprise d'Across the universe des Beatles, composition du même Lennon d'ailleurs, mais pour moi c'est cette soul vertigineuse qui fait les délices de l'album : Young americans titre éponyme génial et connu, mais que dire encore de Win, Right, Somebody up there like me, Can you hear me ?, voire  Fascination? Même les bonus tracks sont stupéfiants: Who can I be now, It's gonna be me, sinon la version disco pour John, I'm only dancing (again).
Mais, en 76, Bowie renoue avec l'âge d'or. Il chante mieux que jamais et son génie est de nouveau très proche des sommets d'Hunky Dory, Ziggy Stardust ou Aladdin Sane. L'album Station to station ne compte que six titres, mais quels? Outre le titre éponyme marquant de dix minutes, on admirera côté guitares l'excellent Stay. Le chant est sublime sur la reprise, déjà interprétée par Nina Simone dans les sixties, Wild is the wind. Splendeur qui nous vaut une sorte de variante avec une composition de Bowie lui-même : Word on a wing.
Par ses montages de sonores, superposition de séquence brève de notes de divers instruments, TVC 15 est un titre important qui, moins plaisant, moins fin, fascine tout de même. Et il faut compléter par une chanson dont on ne saura plus quoi dire pour vanter les mérites, si ce n'est qu'elle aurait été composé afin d'être interprétée par la vieille croûte d'Elvis Presley et qu'heureusement elle reste un joyau du seul répertoire Bowie : Golden years, volupté étrange et irrésistible qui joue sur le côté dansant, les superpositions de séquences ultra courtes, comme du légo, et les splendeurs de la suavité mélodique mêlées d'audaces comiques non appuyées, mais enlevées.
Bowie continue en pleine forme avec Low. Il s'éloigne des repères rock, mais en trouvant un nouveau souffle réellement porteur et en évitant de tomber dans ce que la dimension insupportable du krautrock dont il se rapproche pourtant.
En 77, il sort un remarquable album Low avec, en correspondant de Golden years, mais musicalement différent, musicalement propre à la nouvelle tournure de Low, le fondant Sound and vision.
Il aura sans doute toujours manqué à Bowie un génie de l'exécution, de l'instrumentation, mais ce défaut est commun à John Lennon. Bowie est un génie de la composition, de la marque atmosphérique qu'il met dans ce qu'il produit. Ses instrumentaux sont de véritables créations fortes. Il n'y a pas là le groupe de rock qui exécute l'alchimie parfaite et l'envers du génie de Bowie c'est que cette limite dans l'exécution le pousse à un perfectionnisme sensible qui ne fait pas oublier qu'il lui manque une touche magique, mais les titres sont fascinants, géniaux, et y compris dans cette période berlinoise plus instrumentale. Bowie est poète dans le rock et c'est une force : Speed of life, Breaking glass, Always crashing in the same car, Warzsawa, etc.
L'album Heroes continue de maintenir Bowie au sommet. La chanson titre bien sûr Heroes, mais aussi Beauty and the beast (d'après l'oeuvre de Cocteau), Joe the lion, etc., et les instrumentaux vertigineux chacune à leur manière: V-2 Schneider et Sense of doubt.
L'album qui a suivi en 79, Lodger, n'amorce que très légèrement le déclin, car il contient encore un grand nombre d'inventions saisissantes dont Boys keep swinging, mais encore un très efficace Look back in anger à la touche magique de possédé.
Parallèlement à la trilogie berlinoise, Bowie s'est occupé de relancer la carrière d'Iggy Pop dont il ne produit pas seulement les deux premiers albums solos, puisqu'il compose aussi la musique de la plupart des titres, voire les paroles. Les deux albums sont The Idiot et Lust for life. Sur Lodger, Red Money est une réécriture d'un titre du premier album d'Iggy Pop : Iggy Pop - Sister Midnight.
Mais, l'âge d'or de Bowie touche à sa fin, il fut long et cela lui a permis de rivaliser avec la longévité des Rolling stones. En 1980, sort le dernier album majeur de Bowie qui continue pourtant de baisser de niveau, Scary Monsters.
L'album contient plusieurs titres scotchants: Fashion, Scary Monsters, et on note un titre de Tom Verlaine (ex Television) : Kingdom come.
Dans cette baisse de niveau, on voit clairement comment Bowie se surpasse en dépit de ses faiblesses musicales, voire en prenant appui sur le niveau qui est le sien. Mais il est certain qu'il est moins impressionnant.
L'album Scary Monsters se signale tout de même à l'attention par un titre extraordinaire qui fut justement la consécration pour Bowie en termes de reconnaissance auprès du grand public : Ashes to ashes.
La boucle est bouclée avec Space Oddity, titre sur lequel il est fait explicitement retour. L'oeuvre de Bowie trouve là sa cohérence et, homme soigneux de ses clips, Bowie marque aussi les esprits avec celui pourtant très bricolage d'Ashes to ashes.
Mais voilà que les années 80 vont être étonnantes. Bowie va rater systématiquement tous ses albums, tandis qu'il sera capable de sortir encore au long des années 80 des 45 tours remarquables, certains faisant un carton: Let's dance, China girl qu'il avait offert à Iggy Pop, This is not America, le culotté message de sa part avec Modern love, ainsi que Blue Jean.
Les albums en comparaison sont bien décevants: éponyme Let's dance, Tonight avec plusieurs reprises et Never let met down. Bowie touche le fond quand il devient groupe avec des ratés aussi impressionnants que les deux fades et insignifiants albums Tin Machine et Tin Machine II de son groupe Tin Machine. Comme les autres, Bowie a touché le fond dans les années 80, à cette réserve près qu'il a su tirer son épingle du jeu par quelques singles. Mais, comme les Rolling stones, il va connaître une renaissance.
Il ne sera plus jamais le génie des seventies, mais son oeuvre dans les années 90 surprend. L'album Black tie white noise est captivant. Il a une séduction hypnotique qu'il ne faut pas confondre avec la qualité, mais quand même. Deux albums splendides suivront Outside et Earthling. Ensuite, le déclin est irrémédiable, même s'il y a du bon toujours dans Hours ou Heathen. Mais il serait mensonger de voir là le tout grand Bowie. En revanche, ne laissons pas retomber dans l'oubli des albums comme Outside ou Earthling.
Dans ce dernier album, il crée des chansons aux allures pop-rock habituels mais avec les sons techno et se permet aussi un jeu avec des notes qui fausses quand elles surgissent finissent par s'imposer justes grâce à la création d'ensemble. Le revival de Bowie dans les années 90, c'est ce qui fait aussi que sa longévité et son talent sont désormais reconnus comme jamais.
Et cela passe par des titres qui ont l'air très loin du rock et des sixties.
Et nous finirons de dos à la Bowie