mercredi 18 juin 2014

Rock sudiste

On peut recommander trois groupes, après ça devient lourd.

The Allman Brothers Band est remarquable à l'époque des deux frères et surtout en live. Cela reste très bon au moins jusqu'à l'album de 72 avec une pêche énorme sur un camion, après ça décline.

Le live Fillmore est un classique, mais je ne saurais trop vous recommander le double CD de deux concerts à Atlanta.

At Fillmore east
Atlanta 1970 (extrait)

Autre grand groupe de rock sudiste Lynyrd Skynyrd

Free bird
Sweet home Alabama

Enfin, le groupe Point blank, moins connu, légèrement plus tardif que les deux groupes précédents.

Deux albums : Point blank / Second season

Lou Reed Velvet underground

On entend souvent parler de Berlin de Lou Reed, mais entre Berlin de lui et Loaded du Velvet underground, il n'y a pas à choisir, Loaded est bien supérieur.
Dans l'oeuvre solo de Lou Reed, les deux grands albums sont Transformer et Coney Island Baby.
Si vous voulez étonner tout le monde, misez clairement sur Coney Island Baby.
Je vous mets le lien d'un mix sur youtube.
Sinon, un autre très bon album Sally can't dance.
Les premiers disques de Lou Reed n'ont malheureusement jamais été réunis sur un seul support que je sache.
The Primitives : The Ostrich
The All night workers : Why don't you smile now

Les trois albums de référence du Velvet undergroud.
Le premier avec Nico , White light / White heat et Loaded.

lundi 3 mars 2014

Revue de groupes psychédéliques à partir d'une vidéo de fan sur youtube


Liste proposée, non exhaustive ni épurée

Afterglow – Morning Bof
The Animated Egg -- A Love Built On Sand Bof
The Art Of Lovin' -- What The Young Minds Say Ecoutable
Beacon Street Union -- Pack Up Très bon deux albums, je n’arrive pas à dénicher le troisième sous le nom de groupe Eagle
Bow Street Runners -- American Talking Blues Très bon, je ne l’ai pas, mais déjà écouté
Bread, Love And Dreams – Masquerade connais pas
The Chocolate Watchband – Medication Génial
Clear Light -- Street Singer Bon, j’ai le vinyle, même si ici l’extrait choisi n’est pas engageant
Creation of Sunlight -- Seven Times Infinity Bof
Dantalian's Chariot -- Coffee Song Bon, mais je préfère avant Zoot Money très bon
December's Children --Sweet Talkin' Woman Correct
The Deep Six -- Paint It Black Bof
The Electric Prunes -- I Had Too Much To Dream (Last Night) Génial
Elizabeth -- Mary-Anne Bof
Faine Jade -- Cold Winter Sun Symphony in D Major Très bon, vraiment
The Fallen Angels -- Introspective Looking Glass Bof
Flat Earth Society -- Feeling Much Better Bof
The Growing Concern -- Sit Down, I Think I Love You Bof
H.P. Lovecraft -- Mobius Trip Bon
Iron Butterfly -- In-A-Gadda-Da-Vida Moyen, très surestimé à cause de la mélodie de leur unique succès et le solo de batterie sur un long morceau
July -- Dandelion Seeds Pas mal, mais je ne connais pas
Kaleidoscope -- The Sky Children Génial, mais sur un versant Bee Gees sixties
The Leathercoated Minds – Kicks Bof, écoutable
The Litter -- Soul Searchin' Très bon
Love -- Signed D.C. Sublime
The Maze -- I'm So Sad Bon
The Misunderstood -- Children of the Sun Très bon
Morgen – Purple Bof
The Moving Sidewalks -- Crimson Witch Moyen
Mystic Siva -- Keep Your Head Bof
N.S.U. -- Turn On, Or Turn Me Down Bof
Nova Local -- Tobacco Road Bof, titre connu par ailleurs
The Open Mind -- Soul And My Will Bon, sans plus
Pearls Before Swine -- Another Time Très bon
Phluph -- Love Eyes Connais pas
The Pretty Things -- Balloon Burning Très bon, mais son spécial sur SF BSorrow, je préfère les premiers albums géniaux
Quicksilver Messenger Service -- Fresh Air Génial, mais pour des albums antérieurs à ce titre
Scrugg -- Wish I Was Five Bof
Second Hand – Mainliner Bof
The Serpent Power -- Flying Away Pas trop mal
The Smoke -- The Hobbit Symphony Bon, mais je ne l’ai pas, j’ai le groupe homonyme
Spirits And Worm -- Spirits And Worm Bof
Strawberry Alarm Clock -- The World Is On Fire Très bon
The Tea Company -- Make Love Not War Bof
Tomorrow – Hallucinations Très bon
The Travel Agency -- Lonely Seabird Bof
Ultimate Spinach -- Plastic Raincoating Moyen, bof
The Underground -- The Warper connais pas
Womb -- Conceptions of Reality II bof
The 13th Floor Elevators – Reverberation très bon, 3 albums m

#51 Children Of The Mushroom connais pas
#52 Chrysalis bon, je n’ai pas
#53 The Human Beinz très bon
#54 Iota connais pas
#55 It's A Beautiful Day bon, le premier album
#56 The Lollipop Shoppe très bon
#57 Morning Dew me rappelle plus, moyen ou assez bon
#58 The Music Machine Génial
#59 The Sacred Mushroom connais pas
#60 Them Sublime période Van Morrison, mais là ça doit être autre chose.
#61 Toad Hall connais pas
#62 The United States Of America connais encore trop vaguement
#63 Quintessence connais pas
#64 The Grass Roots très bons débuts folk, période hippie et pop à succès bof
#65 Skip Bifferty moyen ou assez bon
#66 Twink me rappelle plus, moyen ou assez bon
#67 The Other Half Bon, prestation guitaristique
#68 The Zoo Connais pas
#69 The Illusion Connais pas
#70 Liquid Smoke Connais pas
#71 The Hunger Connais pas
#72 Sweet Smoke Me rappelle plus, moyen ou assez bon
#73 Electric Toilet Connais pas
#74 Gong Très bon, mais progressif franco-anglais seventies plutôt, 3 albums
#75 Wilde Flowers Connais pas
#76 Soft Machine Très bon, voire génial, les deux premiers albums et puis encore le troisième
#77 Five Day Week Straw People Me rappelle plus, bof
#78 The West Coast Pop Art Experimental Band Très bon, deux premiers albums et puis deux suivants
#79 Country Joe & The Fish Génial
#80 The Red Krayola Bon
#81 The Storybook Connais pas
#82 Kenny & the Casuals Bon
#83 The Human Expression Connais pas
#84 The Third Bardo très bon, un unique maxi 45 tours 4 titres
#85 The Third Ear Band Connais pas
#86 The Hook Connais pas
#87 Colours Connais pas

Sod the numbering!

The Outsiders Bof
Blossom Toes Bon deux albums
C.A. Quintet Très bon
The Churchills Connais pas
The Hangmen Connais pas
Ars Nova Connais pas
The Comfortable Chair Assez bon ou moyen
T*I*M*E Connais pas
Mourning Dayze Connais pas
The Hatchers Connais pas
Fever Tree Connais pas
Neon Pearl Connais pas
The Byrds Génial évidemment
Andwella's Dream Bof
Mandrake Memorial Bof
The Deviants Très intéressant, bon 3 albums
The Incredible String Band Bon
Savage Resurrection Bon
Fifty Foot Hose Assez bon
White Noise connais pas
Blues Magoos Bon, deux albums sinon un troisième, mais épouvantablement surestimés
Kak Génial (voir aussi mais rhythm’n’blues auparavant The Oxford circle)
Music Emporium connais pas
Fenwyk connais pas
Supersister connais pas
Bubble Puppy Très bon (voir aussi le second album sous le nom Demian)
Bad Seeds Me rappelle plus
Thursday's Children Me rappelle plus, bof
American Blues Bof, me rappelle plus
Zakary Thaks Bon
Mouse and the Traps Très bon
Shivas Headband Connais pas
The Wig Connais pas
Conqueroo Me rappelle plus
The Children Connais pas
The Great Society Très bon, les début de Grace Slick
The Leaves Bon, deux albums
The Castaways Je connais juste un titre
Marmalade Cas particulier, écouter les vrais titres de valeur compilation Kaleidoscope, pas les best of, et là génial.
The End Génial pour deux chansons écrites par Bill Wyman des Stones, reste de l’album mitigé
Family Bof
The Mystic Tide Connais pas
Lothar and The Hand People Bof
Mind Garage Connais pas
Asphalt Mother Connais pas
Catharsis Connais pas
The Monks Bon, j’ai deux CD, mais un peu surestimé
Bo Grumpus Bof
Aum Bof, une jolie stylisation pochette d’album
We The People Génial
The Collectors Connais pas
Grass and Wild Strawberries Connais pas
Amboy Dukes Moyen, à la limite le premier album
The Turtles très bon, « Happy together » et « Ellenore » pop ou surf music, premier album
Cold Sun Bof, me rappelle plus
Silver Apples Bof
Listening Assez bon, mais pas plus
Mint Tattoo Me rappelle plus, bof
Eden's Children Me rappelle plus, bof
The Hobbits Connais pas
The Marshmallow Steamshovel Connais pas

dimanche 16 février 2014

C'était il y a 50 ans, la prise d'élan du rock anglais !

De quand dater les débuts de la British Invasion dans le rock ? Les Beatles enregistrent dès 1962 le single Love me do et leur année d'explosion c'est déjà 1963 Ils alignent alors plusieurs hits et deux premiers albums Ils sont d'ores et déjà lancés Avec un an de décalage, les Rolling stones enregistrent leurs premiers 45 tours en 1963, mais leur explosion date de 1964
J'ai choisi l'année 1964 car c'est l'année où le format british prend ses véritables contours, et d'ailleurs parmi les plus grands groupes de rock anglais des sixties peu sont en activité ou en tout cas à l'affiche en 1964
Je commence par un titre époustouflant, la reprise du titre de Buddy Holly "Not fade away", titre qui s'inspire de Bo Diddley, et qui est repris sur un mode incisif particulier par les Stones La chanson est brève, mais marquante dans la carrière des Stones Les deux premiers 45 tours étaient encore de l'ordre du rodage un peu maladroit "Come on" et "I wanna be your man" Là, c'est une pépite, un chef-d'oeuvre d'orfèvrerie bientôt suivi par un album étonnant, et puis un autre

Il faut apprécier l'enchaînement des instruments au début jusqu'à l'arrivée de la voix C'est du grand art, puis ça se poursuit dans une relation extraordinaire entre la voix et soit l'harmonie qui la suit, plus solo de guitare dans une des structures d'appel, mais aussi la relation entre la voix et l'orchestre qui la soutient et lui réserve un espace Hélas, c'est court et ça se termine en "fade up", évanouissement par baisse du volume


Chanson vive, charmeuse et pré-psychédélique, quoiqu'un peu plus amatrice que les Stones dans l'orchestration


En quelque sorte, 1964 a vu les Rolling stones et les Kinks descendre sur Terre, mais, malheureusement pour les Kinks, même si leur succès s'est maintenu jusqu'en 1967, il y a un divorce entre ceux qui les estiment l'un des plus grands groupes de l'histoire du rock et le public, car ce dernier tend à ne pratiquement conserver en mémoire que sa courte première période rock avec les titres rentre-dedans "You really got me", "All day and all of the night", "I need you" Ils sont ramenés à un jalon dans l'histoire de la rage et du gros son, alors qu'ils sont bien plus que cela Les Kinks amènent aussi un chant décontracté, décomplexé, négligé Ils jettent les bases aussi d'un rock désaméricanisé ayant un rythme rock-blues, mais quelque peu dégagé de l'allure des modèles américains Ils amènent aussi un art de la composition, des mélodies anglaises complètement saisissantes Il y a maintenant cinquante ans sortait leur premier 45 tours une reprise de "Long, tall Sally" de évidemment Little Richard, cela fut suivi d'un titre "You still want me" qui n'a pas rencontré le succès et qui mit les Kinks dans une situation délicate Allaient-ils continuer à produire ? Y avait-il pourtant des raisons de s'alarmer ?


Le groupe Them est quelque peu comparable Le très jeune Van Morrisson nous offre du rock particulièrement décapant Il revisite Baby please don't go du bluesman Big Joe Williams et il nous offre sa propre composition machine à cartonner avec le célèbre Gloria que Laurent Voulzy n'a pas manqué d'inclure dans son "Rockollection", ce qui maintient le souvenir de ce hit criant auprès du public français Van Morrisson passera à une oeuvre en solo plus posée qui saura se maintenir d'une très grande qualité au fil des albums, sorte de garantie de qualité que double sa voix magique Gloria serait une composition plus précoce de 63 et son succès date de 1965, mais le titre est sorti en 1964 en face B de Baby please don't go


Autre voix exceptionnelle du rock britannique à l'époque et dans un style blues et rock un tant soit peu comparable au groupe irlandais, Eric Burdon du groupe The Animals, groupe aussi d'Alan Price à l'orgue, lequel fondera Alan Price Set ensuite, et de Chas Chandler Ils ont eu plusieurs hits, mais c'est la reprise d'un vieux traditionnel de blues américain qu'on ne connaît plus aujourd'hui que par eux, malgré des reprises qui avant n'étaient pourtant pas non plus passées inaperçues (Bob Dylan, etc), qui les a mis sur la troisième marche de la notoriété anglaise en 64 derrière les Beatles et les Stones, devant les Kinks, les Them ou les Yardbirds


Le passage de trois "guitar heroes" assure rétrospectivement aux Yardbirds une place de choix aux côtés des Stones et des Beatles dans une histoire officielle du rock qui insistent beaucoup sur le faste, la virtuosité d'exécution et l'évolution vers le gros son Toutefois, ce n'est qu'en 1965 avec l'arrivée de Jeff Beck que les Yardbirds prendront leur pleine dimension La première période avec Eric Clapton est quelque peu mitigée, mais n'empêche pas quelques frappes remarquables On peut noter leurs débuts sur 45 tours avec la reprise de "I wish you would" de Billy Boy Arnold qui nous rapproche du si influent Bo Diddley sur le son des formations sixties anglaises


Des groupes exceptionnels ne sont pas encore présents Les Small Faces déferleront en 1965, même chose pour les Who, mais en 1964 ces derniers sous le nom de High Numbers existent déjà quelque peu et s'essaient au 45 tours avec deux reprises déguisées, leur producteur se faisant passer pour auteur en plagiant gaiement un titre Motown pour l'esprit Mod et un blues de Slim Harpo "Got live if you want it" figurant au répertoire des Kinks avec un chant particulièrement désinvolte


L'intérêt de ces groupes anglais pour le blues et le rock noir américain a bien sûr une incidence sur les artistes repris qui jouissent parfois d'un revival
Jimmy Reed et Slim Harpo sont considérés comme les représentants d'un blues dit "marécageux" Plusieurs titres de ces deux bluesmen furent repris par les formations sixties, et Jimmy Reed donna encore de très bons albums au moins jusqu'en 1967 (The New Jimmy Reed Album / Soulin')
En 1964, même si cela n'apparaît plus dans la même proportion dans la discographie officielle, les Stones enregistraient les titres de Jimmy Reed : Ain't that loving you baby, Honest I do (présent sur le premier album des Stones), Bright Lights Big City Le titre Baby what you want me to do est pour sa part repris par Little Richard et celui I ain't got you est un titre percutant des Yardbirds Hush-Hush, Big Boss man et Shame, shame, shame sont également des chansons connues, les deux dernières étant une source d'inspiration pour les titre Little by Little et Now I've got a witness du premier album des Rolling stones, avec une médiation la reprise d'un titre parent Can I get a witness de Marvin Gaye où la voix de Jagger est impressionnante ! Voilà, profitez de cette coloration blues que vous n'aurez pas souvent mise en vedette sur des radios rock L'importante influence de Jimmy Reed sur le premier album des stones, c'est quelque chose : sur douze titres, une reprise, deux imitations, une reprise d'un titre dérivé de Marvin Gaye et une reprise du comparse Slim Harpo I'm a king bee, puis une majesté guitaristique qui a compté dans la magie des stones en 64-65, bien que pas forcément sur les titres les plus connus Little by little est éblouissant, il ne venait pas de nulle part, une chanson de Jimmy Reed avec une carrosserie refaite façon Stones)


Ce dont je viens de parler est un point majeur de l'histoire du rock : l'importance des compositions de Reed, mais aussi l'importance guitaristique du jeu de Jimmy Reed pour les stones en 64 et 65, la fascinante modernisation stonienne de ce style avec l'accomplissement orchestral et un Jagger qui chantait alors de manière phénoménale, la coloration blues du rock anglais en 64 et 65, les passerelles qui montrent comment de nouvelles techniques accrocheuses se développent, mais aussi combien parallèlement au développement du rock and roll, du rhythm'n'blues, les bluesmen eux-mêmes étaient des cogneurs musicaux

Signalons à l'attention par ailleurs deux autres titres d'époque à rapprocher pour le rythme de notre série autour de Jimmy Reed, Marvin Gaye et les Stones


En 64, une idole des Stones quitte la prison et revient un court instant sur le devant de la scène, sans doute dans la mesure où certaines de ces brillantes compositions venaient de passer une attente de trois ans


Les reprises de Chuck Berry sont légion, même si elles ne tendent pas à concurrencer les originaux sous forme de 45 tours, la reprise de "Memphis, Tennessee" par Johnny Rivers se fait remarquer à l'époque, ce qui ne nous dispensera pas de la splendeur de l'original


En 1963, les Beach Boys ont connu l'un de leurs plus grands succès, et leur premier véritable succès d'ailleurs, avec une métamorphose de rien moins que Sweet little sixteen


Les Beatles s'essaient aussi aux reprises, notamment de Chuck Berry, mais le combat est par trop inégal face au savoir-faire stonien


On lorgne ainsi du côté du bon vieux répertoire de Chuck Berry et si le premier 45 tours des Stones est un échec avec une reprise de "Come on" qui sans être mauvaise ne délivre pas tout le potentiel du groupe, la suite sera sidérale

Reprise pas à l'aise où l'orchestre ne vibre pas à l'unisson malgré un caractère assuré
Sonnant différemment, la version originale de 1961, charmeuse, avec la présence exceptionnelle de la femme de Chuck Berry, je crois, qui assure quelques vocaux

La classe éblouissante maintenant de ces sacrés stones reprenant Chcuk Berry


La fascination de Keith Richards est telle que les Stones reprennent trois chansons parmi les quelques reprises du répertoire de Chuck Berry



Le virus est tel que Keith Richards semble avoir mis un point d'honneur à faire jouer un ou deux titres de Chuck Berry dans les tournées des Rolling stones, jusqu'aux années 70, avec en majesté les versions des reprises Carol et Little queenie sur le mythique album live Get yer ya-ya's out, rendu de la tournée américaine de 69 Cela continuait sur les tournées européenne de 70, anglaise de 71, américaine de 72, océanienne et européenne de 73


Le répertoire non officiel des Rolling stones comportent d'autres titres de Chuck Berry pour la période 63-65, sans parler d'autres reprises en live, ou bien par Keith Richards séparément des Stones, pour ne même pas parler de l'organisation par celui-ci du concert des 60 ans de Chuck Berry en 1986
Les Rolling stones ont d'autres idoles, notamment Bo Diddley, qui est fortement représenté dans le répertoire non officiel des stones en 63-64, moins sur la discographie officielle, malgré la présence de la reprise de Mona sur leur premier album, leur reprise ultérieure de Mannish boy avec et sans Muddy Waters, malgré la présence de Crackin' up sur l'album Love you live de 77, malgré l'imitation électronique Please go home de 67, et malgré ce lancement fulgurant avec Not fade away dont j'ai parlé plus haut Muddy Waters et Willie Dixon font eux aussi partie des idoles stoniennes "I just want to make love to you" en version boostée est repris sur le premier album de 64 et "I can't be satisfied" en 65 Howlin' Wolf demeure quelque peu absent de la discographie officielle
Mais d'autres groupes anglais participent à ce regain d'intérêt pour les bluesmen d'une génération antérieure, et l'un des deux Sonny Boy Williamson (problème d'homonymie) va jouer en live tour à tour avec les Animals et les Yardbirds, précisément et respectivement en 63 et 64, et ce sera sans doute le meilleur de ce que donneront les Yardbirds avec Clapton

Un peu de lui en solo


Mais pour leur second 45 tours, les Yardbirds se tournent du côté de l'homonyme


John Lee est souvent numéroté I, c'est son vrai nom, l'autre s'appelle Miller et est numéroté II

L'année 64, vue du Royaume-Uni, est ainsi une année de confirmation pour les Beatles et une année de consécration pour les Stones, les Kinks, les Yardbirds, les Animals, et quelque peu de tremplin pour les Them ou les Who

Les Beatles et les Kinks se distinguent dans la mesure où ils composent déjà l'essentiel de leur répertoire

très belle plage essentiellement due à Mc Cartney
Une autre du même qui avait déjà donné un All my loving en 63
petite perle de Lennon entre A Hard day's night et Help
Autre variation entre A Hard day's night et Help de Lennon
Composition ambitieuse de Mc Cartney
Deux de leurs grands succès de 64 composés par Mc Cartney, le premier chanté par Lennon
Annonciateur d'autres succès à venir de Mc Cartney
Petite perle rock rentrée de Mc Cartney

Nous avons déjà cité A hard day's night

Face aux Beatles, le génie extrême du compositeur Ray Davies n'entre pas d'emblée en concurrence sur le même registre mélodique que les Beatles et que notamment Mc Cartney, puisque le groupe établit d'abord trois titres purement rock qui jettent les bases d'un son anglais nouveau, quelque peu coupé des racines, avec riff tranchant de guitare au son saturé et interruption de la suite couplets-refrain par un solo débridé


Mais les Kinks proposent déjà la contrepartie mélodique que l'histoire officielle oublie au profit du gros rock, alors qu'elle consacre ce groupe dans nombre de coeurs, déjà ce joyau "Stop your sobbing" ou bien "I've got that feeling"!


Groupe spécialisé dans les reprises, les Animals ont tout de même eu un certain succès avec une de leurs entraînantes compositions Je ne résiste pas au lien live suivant qui témoigne aussi d'une certaine histoire de la libération du corps et du contrôle de l'expression corporelle tout à la fois dans les médias


Le groupe anglais The Animals éclate fin 65 début 66, mais Eric Burdon reformera un groupe américain à ce nom qui laissera quatre bons albums

Maintenant, qu'est-ce que les gens écoutaient d'autre en 1964 ?
Je vais me concentrer sur le cas du Royaume-Uni et en tout cas de la musique d'expression anglaise, même si on peut évoquer le succès en France de Charles Aznavour et de Jacques Brel à cette époque, avec Amsterdam par exemple, c'est l'année de l'album Olympia 64



Je reviens à l'Angleterre et puisque nous en sommes à une musique au format pop, donnons un échantillon de la musique pop de l'année 1964 qui concurrence la "violence" rock sur les ondes, encore qu'il s'immisce du rythme rock dans ce qui suit Les titres restent appréciables en soi, car tout est charmant dans la production musicale sixties, mais l'idée est de donner la toile de fond de cette époque sur laquelle se détache le bouleversement rock anglais, sachant que l'Angleterre avait elle aussi un courant de chansons rétro dans les sixties

Il ne faut pas perdre de vue que les grands noms du rock and roll sont peu nombreux à avoir passer le cap de 1960 Il existe une certaine période de transition de 1960 à 1963 où certes le rock continue de s'affirmer, mais doit prendre un nouveau souffle, tandis que prédominent pas mal de productions pop, de chanteuses ou groupes de filles tirant plutôt vers la pop et les slows, prédominent aussi les instrumentaux On pense en 64 à Dusty Springfiled (fort impressionnante comme interprète), Sandie Shaw, Cilla Black, Petula Clark ou Dionne Warwick L'ère Spector se poursuit avec des groupes de filles, ou parfois d'hommes The Righteous Brothers La Motown est en train de s'imposer avec Marvelettes, Supremes, Mary Wells, Martha & the Vandellas et aussi Four Tops, Miracles, Marvin Gaye, Temptations, sans oublier quelques autres hits "Money", "Every little bit hurts", "Do you love me" Et s'il y a la Motown, il y a aussi la Stax La soul a déjà pas mal bourgeonné Les lives de Sam Cooke s'imposent Curtis Mayfield anime le groupe The Impressions en parallèle En Angleterre, Joe Meek est un équivalent particulier à Phil Spector, en nettement plus obscur, mais aussi en nettement original au plan technique, qui expérimente avec des chanteuses ou chanteurs Roy Orbison connaît alors de beaux succès Quant aux Beatles, s'ils devancent d'un an ou deux les autres groupes majeurs de l'histoire du rock sixties anglais, ils font partie d'un premier courant rock anglais le merseybeat dont ils sont paradoxalement la seule réalisation exceptionnelle C'est ainsi l'époque de Gerry and the Pacemakers, des Searchers Apparitions précoces, The Hollies et Manfred Mann ne sont pas demeurés des inconnus Le groupe Dave Clark Five connaît lui aussi la consécration, mais au-delà de Glad all over rien d'impressionnant toutefois, même remarque avec le Hippy Hippy Shake des Swinging Blue Jeans Les Beatles offriront quelques compositions à de tels groupes, comme les stones d'ailleurs offrent aussi plusieurs de leurs tout premiers essais à d'autres artistes C'est une époque aussi marquée par Frankie Valli and the Four seasons C'est l'époque du Surfin' Bird des Trashmen, en réalité un plagiat pas trop bien avoué, mais le titre figure sur un album instrumental de bonne facture Un titre GTO fleurit aussi à ce moment-là avec son cachet kitsch qui revivra fin des années 70 Un rock âpre parmi mille autres influences déterminantes du rock anglais vibre bien en Ampérique, avec la Louie Louie mania, et puis c'est l'époque où en fait de gros répondant aux Beatles, les Etats-Unis connaissent une période de son clair de guitare et plus précisément de surf music avec les Beach Boys, principal rival américain des Beatles pour l'orgueil d'une nation, les Stones n'étant pas sur le même plan, surf music où s'illustrent Jan and Dean qui ne sont pas des sous Beach Boys Il y aurait à puiser encore dans la richesse de l'Amérique, car ces richesses sont sous-représentées (folk, rhythm'n'blues, country, rockabilly, rock plus diffus, etc) sur les ondes, bien évidemment, mais là la toile de fond est donnée sur laquelle a proliféré l'impact social des groupes de la British Invasion J'ai ajouté The Ronettes et The Chrystals pour souligner l'influence de Spector à l'époque, ainsi que le classique des Shirelles

Même Ray Davie semble s'être inspiré de "Long live love" avec son "Come dancing" de 83, époque où les Kinks ne son plus l'immense groupe qu'ils ont été, mais témoignent d'une sorte de bonne santé ultime

Gene Pitney est dans la pop, mais il est proche des stones au début de l'année 64

Conflit de génération sensible dans ce tournant qu'est l'année 1964, année phare de la British Invasion
(les deux chansons des Rivingtons sont la source de Surfin' Bird)
The Fabulous Wailers, immense groupe rock du début des années soixante, reprise de Louie Louie qui a amorcé l'engouement pour cette chanson, l'engouement sera consacré par la reprise d'un groupe pourtant peu compétent The Kingsmen qui eut la chance dans sa maladresse de trouver une formule
Version originale par le compositeur
Autre titre marquant de Richard Berry
Les Rolling stones réussirent le tour de transformer Louie Louie en un titre qui sonnait différemment et qui fut le troisième numéro 1 anglais des stones pour la seule année 1965 Summer Nights avec Travolta et Newton-John présentera une autre forme de travestissement du titre Louie Louie, cette fois dans une gentille comédie musicale
Encore une fois les Beatles souffrent de la comparaison
Les Drifters, mais les membres changeaient sans arrêt, sont connus aussi pour Save the last dance for me, Sweet for my sweet (connu en français "Biche oh ma biche"), et d'autres titres encore

Passons à une série Motown à laquelle j'ai annexé Don Covay

Mick Jagger voulait sans doute récupérer quelque chose de la voix de Don Covay, et sur ce titre elle est vertigineuse
La même chanson avec la célèbre voix fragile de Diana Ross

Beatles comme Rolling stones s'inspiraient de la musique Motown, et la pop sucrée des filles n'était pas étrangère non plus à leurs goûts La production Motown offrait aussi d'excellents appuis pour développer une mélodie revisitée dans le cadre du rock ensuite, la création rock gagnant beaucoup à sortir d'elle-même Illustrations! Toutefois, je n'ai jamais vu effectué par personne les deux rapprochements suivants



Quelques groupes anglais déjà en place qui eurent un devenir


Les Hollies sont un des plus célèbres groupes anglais sixties, il y a du bon, mais je ne les mets pas parmi les plus grands Graham Nash fera partie ensuite en Amérique de Crosby, Stills, Nash and Young

On se plaît bien avec l'entraînant Glad All over, mais si le Dave Clark Five fait partie des groupes ayant eu un bon succès commercial sixties, jugez de leur faiblesse par les autres titres au moins

Passons donc à la production merseybeat qui est assez mitigée, mais qui est le début du bourgeonnement anglais avec au moins les Beatles

(plus laborieux encore que les Beatles dans le style)
(celle-là, tout le monde connaît quand même)
Celle-là je la confonds un peu parfois avec cette suivante
Un petit joyau par une moitié du groupe The Merseybeats qui se réunira d'ailleurs à nouveau pour la rejouer dans une autre version, Bowie a eu le coup de coeur pour ce titre qu'il inclut dans son album de reprises Pin ups en 1973

Début plus dans la lignée d'une British Blues, The Artwoods, groupe qui aura un relatif succès tout en restant obscur vers 65, le groupe comprend le frère aîné de Ron Wood et Jon Lord, futur Deep Purple


Mais revenons à l'esprit du merseybeat
La chanson suivante est à rapprocher pour un certain air d'apparentement de titres des Beatles All my loving ou And I love her

Enfin, en 64, si les reprises prédominent dans le répertoire des Stones Leurs deux premiers numéros 1 en sont : It's all over now de Bobby Womack and the Valentions et Little red rooster composition de Willie Dixon pour Howlin' Wolf, les premières compositions voient le jour

Splendide dans le mièvre

Les grands titres des Who en 65 Can't explain, Anyhow anyway anywhere ou My generation s'inspirent des Kinks et des stones
Et j'en ai gardé assez sous le pied, n'ayant pas parlé de certains noms, etc, pour fêter 1965, car nous n'allons pas attendre 2015 pour fêter leurs 50 ans maintenant que nous sommes en si bon chemin

jeudi 2 janvier 2014

Groupes de rock majeurs que les gens les plus proches de mes goûts n'aiment pas toujours d'aussi près

Les gens les plus proches de mes goûts aiment de manière essentielle la musique sixties, ils se plongent également dans le rock des années 50, le blues, la soul, le funk, le folk, le power pop, le punk et le rock garage. En général, ils n'écoutent pas de rock progressif à l'exception de quelques groupes, ils ne s'intéressent pas au hard rock et pas tellement au rock sudiste. Leur palmarès pour les années 1980 à 2013 est très différent du discours officiel, alors que le discours officiel se reconnaît dans leurs goûts jusqu'en 1980, à l'exception du rock progressif. Les Rolling stones, les Who et les Kinks sont trois grandes références des gens qui ont mon profil. Ils aiment aussi les Beatles, mais la notoriété des Beatles est telle qu'elle touche des publics qui n'écoutent pas forcément beaucoup de musique sixties, même si cela tend à se recouper. L'intérêt pour les Kinks est aussi significatif, car beaucoup de gens qui semblent écouter la musique rock citée ci-dessus ont tendance à ne pas écouter les Kinks, à préférer retenir d'eux "You really got me" et les rock pêchus de leurs débuts, et puis passé cet hommage les compositions de la période 66-72 ne les intéressent pas du tout, ce qui est un non-sens si on dit les aimer, ce qui est aussi la marque d'une perception du rock plus liée à une rage guitaristique. En général, le fait de se détourner des Kinks est plus le fait d'un public dont le goût est à cheval entre les sixties et les seventies, dont le goût est tourné plus volontiers vers les guitar heroes, vers le hard rock, etc., et en même temps le fait d'un public demandeur d'un rock strictement cogneur.

Maintenant, des différences peuvent continuer de s'observer. Il existe différents stades de musique pop ou soul. Les groupes de filles autour de Phil Spector ou Marvin Gaye ne plairont pas à tous les fans de musique sixties qui préfèreront alors une soul plus pêchue du genre Arthur Alexander ou Geno Washington. Les groupes à orientation pop poussée comme The Zombies, Sagittarius, seront eux aussi refoulés par une partie du public pro sixties. Plus c'est doux, plus le chanteur écarte les bras, regarde le ciel et fait "ah!" avec la bouche, plus une partie du public décroche. Mais, l'opposition fondamentale reste entre ce public sixties et les publics qui ont suivi et qui étaient dans le rock progressif, le hard rock, et les tendances plus récentes.
Il me semble aussi observer qu'étrangement le groupe The Grateful Dead ne fait pas l'unanimité. Il ne va pas plaire forcément à ceux qui aiment les pièces montées pop et la soul la plus tendre, sachant que ce public écoute pour du rock bien âpre et que le Grateful Dead n'est pas une musique violente. C'est le savant désordre de la musique du Dead qui semble ne pas passer.
Personnellement, j'écoute The Grateful Dead comme j'écoute les Zombies ou Sagittarius, comme j'écoute le meilleur de la période sixties de Marvin Gaye ou une partie des titres de Stevie Wonder, malgré parfois les sons étranges qu'il peut laisser passer. Je suis à la charnière des deux tendances apparemment.


Maintenant, il y a bien quelques groupes moins souvent cités qui me marquent.
Deux références s'imposent nettement à mon esprit : Fleetwood Mac période Peter Green et Rory Gallagher.

Une recherche sur le net tend à le montrer. Google privilégie les titres de la seconde époque à succès du groupe. On tape le nom du groupe et vous avez des hits des années 70 qui surgissent. Quant au public sixties, s'il cite un album de la première période, c'est nettement le premier album très blues. Or, la formation Fleetwood Mac a deux époques distinctes, une d'inspiration blues, une autre avec une grandiloquence orchestrale pop, et cette seconde période très brève est celle d'un accomplissement guitaristique étonnant qui fait de Fleetwood Mac la réalisation de ce qu'on peut rêver de voir sur scène comme classe, créativité et virtuosité d'un leader et d'un groupe, dans une dimension blues, rock, pop, où l'instrumental prend la bonne part dans une oeuvre qui reste mélodique et profonde.
La méconnaissance de l'oeuvre de Fleetwood Mac est pour moi l'une des plus grandes énigmes de l'histoire du rock. Il est toutefois certain que la seconde période du groupe est marquée par une dimension guitar hero et par des changements mélodiques incessants. Mais c'est pour moi la bonne version. On sent aussi par les titres comme "Man of the world" ou "Albatross" que des universaux nous sont livrés. Enfin, la deuxième version du titre rallongé jusqu'à 25 minutes Rattlesnake shake du Live in Boston en 1970 (volume 2 d'une édition 3 CD) n'a aucun mal à concourir au titre d'une des plus grandes performances scéniques rock de tous les temps, une des plus dévastatrices avec un sommet à la guitare et un climax fou de par l'unité orchestrale d'un groupe. Etonnamment, la reprise de "Black magic woman" par Santana est plus connue que l'original.
Peter Green est l'un des plus grands guitaristes sixties, un génie de la composition, sa voix est superbe et je donne ci-dessous l'évidence intense de premiers titres blues. Il a fait partie de la formation de John Mayall and the Bluesbreakers. C'est assez étrange de ne pas l'associer à la gloire des guitaristes anglais Eric Clapton, Jeff Beck, Jimmy Page et Mick Taylor, quand on sait que deux noms de groupes suffisent à les réunir sur le papier (Yardbirds et Bluesbreakers de John Mayall) . La drogue a eu raison de Peter Green, je donne encore pour comparaison deux titres du groupe qui a repris en conservant le même nom, dans la mesure où des membres comme le batteur et le bassiste se sont maintenus. Je ne me suis pas intéressé au second groupe dont je n'ai qu'un album et des titres sur compilation.



Rory Gallagher est sans aucun doute pour partie réputé auprès de ceux qui ont vécu dans les années 70 et qui privilégient les guitar heroes. J'ai remarqué qu'un pro sixties peut préférer la première époque de Gallagher sous la forme du groupe Taste, alors qu'en général la légende est celle de l'artiste en solo. Deuxième note particulière, dans l'encyclopédie des groupes de rock sixties anglais à laquelle Mick Farren des Deviants a participé, il est reproché à Gallagher d'avoir dissout sans raison le groupe Taste puisqu'il a continué à faire le même style de blues et rock, ce qui, sans rien juger de la qualité, sans dire ce qu'on pense des chansons, n'est clairement pas un jugement favorable. Pour moi, Rory Gallagher est quelqu'un de simple, tout simple, humainement. J'adore les albums avec le groupe Taste, puissamment orgiaques, mais ce qui me marque plus encore c'est l'accomplissement de la période solo qui va jusqu'à l'Irish Tour. La classe intime des premiers albums solos s'intériorisent fortement : Rory Gallagher et Deuce dont je ne mets ici que deux titres pourtant, les deux lives officiels sont exceptionnels : Live in Europe et Irish Tour 74. Format rock évident pour tous, l'album Tattoo est un classique, mais je suis toujours étonné de la difficulté qu'il y a à rencontrer l'album Blueprint dans les bacs malgré la légende de perfection qui entoure la prestation live de Walk on hot coals au cours de l'Irish Tour, d'autant que je trouve qu'il y a eu une rupture nette après l'Irish Tour. L'album Calling Card est le dernier grand album en 76, sinon même si j'aime bien Against the grain, Photo finish, Top Priority, et même jusqu'au dernier album, je trouve qu'il y a vraiment une différence sensible de génie, de volupté et finesse musicale des compositions, exécutions. La magie réelle va pour moi jusqu'en 74 avec un immense compositeur, un guitariste exceptionnel qui n'a rien à envier au groupes des guitar heroes sixties qu'il rejoint, avec aussi des créations qui sont voluptueusement fines et fortement intériorisables sans jamais être un effet de manche d'un lieu commun attaquant nos viscères.



Evidemment, à côté des groupes anglais qui tendent à faire l'unanimité, les pro sixties peuvent préférer globalement l'idée de la musique américaine à celle de la musique anglaise, ce qui se fonde sur le fait qu'on peut fouiller sans arrêt l'Amérique, et qu'elle a une plus grande longévité en ayant constamment fourni du bon rock des années 40-50 à aujourd'hui, constance qui ne semble pas comparable en Angleterre où si des groupes à succès ont continué de fleurir, c'est parfois en fonction de styles et influences dans lesquels ne se reconnaissent pas toujours les pro sixties.
Mais, parmi les groupes américains célèbres à l'époque, deux ne font pas forcément l'unanimité : The Grateful Dead comme je l'ai dit plus haut qui peut plaire sans plus et Creedence Clearwater Revival.
Personnellement, le génie du Grateful Dead relève de l'évidence quand on n'écoute ne fût-ce qu'un best of, Skeletons from the closet, puisqu'au-delà le rapport aux albums peut plus impliquer les aspirations personnelles de chacun. Encore qu'à mon sens, les chansons de trois minutes des deux albums majeurs Workingman's dead et American Beauty ont toutes les raisons de faire l'unanimité, de produire du plaisir entraînant (Workingman's dead) ou du vertige (American Beauty). Je vous souhaite tout de même d'apprécier aussi Dark Star ou Aoxomoxoa qui ont précédé. Dans les lives officiels de la grande époque, j'adore Live / Dead, The grateful Dead de 1970 qui pourtant ne fait pas l'unanimité, The Bear's choice et le Live in Europe est déjà un peu du déclin. J'ai bien sûr pas mal de concerts de 67 à 72, soit des bootlegs, soit des dick's picks, la fameuse série lancée par les fans.
La drogue a visiblement terrassé le groupe à partir de 1972, puisque passé ce seuil il faut trier les lives pour ne rien dire de la baisse de régime des albums studios. Mais on restera sur ce qui a précédé et la vaste collection de performances lives accessibles. Le guitariste Jerry Garcia a parfois joué avec d'autres grands noms californiens comme Jefferson Airplane ou David Crosby, mais notamment le groupe country rock New riders of the purple sage dont je retiens ici la reprise d'Honky Tonk Women des Stones.


Pour ce qui concerne Creedence Clearwater Revival, il y a bien parfois une manière d'interprétation qui donne l'impression d'une musique tracée au cordeau, mais cela reste un grand groupe et il y a, malgré la sévère critique précédente, de la magie, notamment avec leur version psychédélique de onze minutes de I heard it through the grapewine. Proud Mary a tout de même marqué Bob Dylan comme Ike and Tina Turner. Le leader John Fogerty est à la fois un compositeur et une voix exceptionnelle. Le groupe s'est séparé dans la haine, avec des rancunes insurmontables, et la carrière solo de Fogerty n'est guère marquante malgré tout de même deux, trois albums tardifs qui le font, en tout cas Revival en 2007. Deux lives circulent, l'un à quatre The Concert, l'autre réduit à trois Live in Europe, et je préfère ce dernier plus vif.


Qu'est-ce qui d'autre ne fait pas l'unanimité chez les pro sixties ? Je dirais David Bowie, Tom Waits ou le rock sudiste dont font partie quelque peu Lynnyrd Skynnyrd ou The Allman Brothers Band.
Pour David Bowie, il est incontestable qu'il a pas mal passé les décennies à l'exception des années 80 du moins au plan des albums et à l'exception de son groupe Tin Machine. Ce moindre intérêt pour Bowie peut s'expliquer par un moindre profil sixties en général et sans doute au plan d'une moindre inscription dans les rythmes, harmoniques, repères d'une formation rock. Il faut remarquer aussi que l'image de Bowie s'est faite avec le temps. Le meilleur de Bowie est de toute façon dans le passé. Les albums Black tie White noise, Outside et Earthling méritent une reconnaissance dans les années 90, mais ne sont pas du niveau de ses meilleurs albums qui datent de la période 1870-1878, avec quand même un remarquable intérêt de premières compositions sixties méconnues comme In the heat of the morning, qui a plusieurs versions en fait. On peut même plonger dans plus obscur encore, et non seulement avec ses premiers singles, mais avec les compositions qu'il a faites pour d'autres. Hunky Dory est souvent cité, mais Aladdin Sane est fascinant. Ziggy Stardust ne manque pas de moments forts. Le glam un peu funk de Young americans délivre des compositions moins abouties, mais remarquablement envoûtantes. L'album Station to station est pour sa part une véritable curiosité, ne fût-ce que pour Golden years et Wild is the wind (ou pour un titre moins marquant mais de conception fort originale TVC 15), avant les albums berlinois qui sans aucun doute nous éloignent des sixties. Diamond Dogs, projet avorté d'album-concept à partir du roman d'Orwell 1984 mais sans doute aussi projet parallèle au Berlin de Lou Reed, mélange l'étonnant à ce qui est en revanche insuffisant. Quant à l'album Pin Ups de reprises rock, il est surtout le tremplin pour écouter les originaux. Les albums des années 80 sont très décevants en comparaison des hits sur 45 tours qui, eux, contribuèrent à faire durer Bowie dans le temps sur le devant de la scène. Les albums des années 90 furent bons en regard de leur époque, mais Bowie devient aussi un artiste qu'on peut surestimer et je ne suis pas convaincu par ses performances en live.


Tom Waits retient peu lui aussi l'attention des sixtiesants, malgré ses liens avec Keith Richards. Pourtant, plusieurs chansons coupent le souffle et ce jusqu'à tardivement puisqu'il s'agit là encore d'un artiste qui a su se créer une longévité et se renouveler.
Il commence très tôt à forcer sa voix, mais on peut séparer deux époques, une première avec un style plus blues et jazz, et une seconde beaucoup plus folle avec des sons plus rock, moins rétro en tout cas. Les deux époques sont remarquables. L'année 83 a été le tournant.
Je suis marqué par Rain Dogs, Frank's wild years et Bone Machine pour ce qui est de la seconde période. On remarque au passage que Yesterday is here a un petit air inspiré de The House of the rising sun, mais en plus je suis facilement marqué à fond par le vague-à-l'âme de chansons comme Cold cold ground, Hang down your head et plusieurs chansons de Bone Machine, au-delà donc des titres qui font référence. Après, les albums qui ont suivi The Black rider et Mule variations m'ont encore plu, mais sans autant me marquer, puis j'ai moins d'intérêt pour la suite.
Sur la première période, j'ai d'abord connu l'album Blue Valentines, mais j'ai un choix de titres marquants au travers des albums, sachant que j'ai agrandi la collection avec deux volumes Early years.



Je finis par le rock sudiste. Il doit me manquer des choses à dire, mais ce sera tout pour cette fois de toute façon.

Je ne parle pas du groupe des années 70, mais de cet album de 1991, Shades of two worlds, que je trouve très bon, que j'aime bien écouter. Il est vrai que joue le fait que je l'ai connu dans ma période de découverte musicale intense au début des années 90, mon cerveau l'associe sans doute à du bon souvenir. Mais cela révèle des facettes et des demandes musicales possibles de mon esprit. Mais peu attentif au rock sudiste, je ne m'étais pas rendu compte que mon album The Last Rebel de Lynyrd Skynyrd datait de 1993, ce qui explique l'absence de titre en commun avec un best of deux CD vu chez quelqu'un d'autre.


Il est vrai que je n'ai pas fouillé le rock sudiste, mais je ne boude pas l'écoute ou l'ambiance.