Il y a eu un petit émoi cette année autour de cette chanson, mais je vous offre un scoop. Il s'agit d'une reprise et adaptation du célèbre Blue Rondo a la Turk, pièce de jazz de Dave Brubeck, et ils sont partis non de la version originale, mais de la version au synthétiseur du groupe The Nice de 1967...
J'ai identifié la source en écoutant le morceau "Rondo" de The Nice, et je vais vous expliquer cela, mais je vais commencer par vous donner des éléments de contexte qui ont confirmé a posteriori mon jugement.
Pour m'informer de manière élémentaire sur la chanson, je consulte la page "Wikipédia" qui lui est consacrée. La chanson est considérée comme une création originale à part entière avec Michel Sardou et Pierre Delanoë pour les paroles, Jacques Revaux pour la musique. Ce succès date de 1981. En clair, en 1981, étant gosse, je ne me rendais pas compte qu'il s'agissait d'une chanson d'actualité, j'ai toujours cru qu'elle était un peu plus ancienne.
Mais l'important, c'est le contexte. Jacques Revaux jouait sur un synthétiseur usé, ou ayant souffert de l'été comme il est dit, et il a estimé que ce synthétiseur en fin de course donnait un son amusant de cornemuse. Mais le son de la cornemuse, c'est l'enrobage. Revaux devait au préalable jouer une mélodie. En effet, on n'a pas d'abord un son de cornemuse, puis la création d'une mélodie pour en tirer parti, il y avait forcément une mélodie jouée à l'époque par Revaux qui participait à l'identification d'un son de cornemuse. Car, ce qui est célèbre dans "Les Lacs du Connemara", c'est autant la mélodie que le son particulier de cornemuse. Et on nous raconte que la mélodie est venue après tout comme les textes de la chanson pour faire écossais. Ce n'est pas logique. Les textes, oui, ils peuvent venir après, mais il n'existe pas un son de cornemuse amusant dans le ciel pur des idées. C'est évident que c'est un tout : mélodie avec un air de cornemuse qui a séduit Revaux.
Revaux pouvait très bien jouer un morceau de son invention, mais il est évidemment fréquent de jouer des airs à la mode et en particulier des airs à la mode sur l'instrument même sur lequel on les joue.
En fait, il existe un morceau de jazz célèbre qui se joue volontiers au piano et par extension au synthétiseur, il s'agit du rondo du Dave Brubeck Quartet. Le morceau est bien plus classieux mélodiquement que "Les Lacs du Connemara" et certains diront que ça ne se ressemble pas encore trop, sauf que le morceau "Rondo" a été repris par le groupe The Nice en 1967, groupe célèbre pour la reprise au même moment d'un autre morceau de musique classique contemporaine, le titre "America", et nous retrouvons l'emploi cette fois du synthétiseur. Dans leur "Rondo", joué plus primairement, on reconnaît nettement la mélodie du refrain des "Lacs du Connemara". En clair, Revaux jouait le titre de The Nice quand son synthétiseur usé l'a fait penser à un son de cornemuse, le morceau de The Nice favorisant déjà ce glissement de la perception par son rythme syncopé. Bien sûr, Revaux a gardé telle quelle la mélodie pour le refrain mais tout un nouveau morceau a été élaboré autour. Fait remarquable, la chanson de Sardou a la même durée longue de six minutes que le morceau de The Nice.
En-dehors de l'influence de The Nice, Revaux et Sardou ont pu écouter des allusions dans la musique pop au morceau de Dave Brubeck dans une chanson d'un album de Statu Quo, mais il s'agit d'une allusion en fin de chanson sur un album peu connu de 1970, et on constate plutôt que le titre de Statu Quo vient un an après la version de The Nice. La logique est plutôt d'une influence de la version de The Nice, d'un côté sur le groupe Statu Quo, de l'autre sur Jacques Revaux et Michel Sardou. D'ailleurs, le morceau "Rondo" de The Nice a été réédité sur un album compilation "Long player" de 1969 si je ne m'abuse, c'est là que je l'ai entendu pour la première fois d'ailleurs. Et puis, en 1981, la même année que la sortie des "Lacs du Connemara", Al Jarreau a sorti une version vocale sur son album Breakin' away, version qui a reçu des prix à l'époque.
J'ai entendu le Rondo de The Nice sur un album compilation intitulé The Long versions.
Fin de ma recension.
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