samedi 22 octobre 2011

31. The Sorrows : You’ve got what I want (The Essential Sorrows 1965-67) :

http://www.youtube.com/watch?v=Y8Ias3gYZv4

http://www.youtube.com/watch?v=gHKISFffUG0&feature=related

 http://www.youtube.com/watch?v=JZ1qQACl2SM&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=PSkF9V72Mn4&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=T9by39R33qk&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=Jx6qwBMvHcg&feature=BFa&list=AVGxdCwVVULXfjWonPY3HnnYl7RJcpkrOY&lf=list_related

Pour une petite poignée de titres, un très grand groupe garage anglais des années 60. Il s’agit d’une formation freakbeat particulièrement explosive, avec donc la combinaison d’une formation instrumentale apte et dynamique et d’un chanteur à la voix grave puissante remarquable. Leur unique album s’intitulait Take a heart et il a fait l’objet d’une première réédition CD de l’œuvre des Sorrows, mais ce que je propose ici c’est le CD plus récent qui porte le nom de l’autre temps fort du groupe en 45 tours You’ve got what I want. Il s’agit à peu près de l’intégrale des titres disponibles du groupe (30 plages) avec un livret au texte conséquent. Cet hommage est récent, le texte de David Wells est daté de septembre 2009. Malheureusement, il parle assez peu de la meilleure période musicale du groupe s’attardant sur les débuts, la recherche d’un nom, et sur la fin d’une formation non originale galérant en 1967 sur le circuit italien. Les photos assurent quand même, c’est au moins un bel objet.
En gros, il s’agit d’un groupe anglais exceptionnel qui, plus que rhythm’n’blues, s’affirme comme une formation freakbeat de la période 65-67. Le succès du groupe tient dans deux titres magiques. En 1965, il reprend sur son troisième single le titre Take a heart. Cela commence sur un rythme feutré menaçant, batterie mate, voix grave qui semble encore contenue dans la cage thoracique et puis qui jaillit par éclairs aigus. Le crescendo se fait avec accentuation d’une ligne de basse obsessionnelle, puis s’envole des guitares débridées avec un fort effet de réverbération sonore. Ensuite, la chanson se repositionne sur le rythme de départ avec toujours ses larsens de guitare qui tranchent le tempo rapide d’instruments au son mat. Le volume sonore augmente à nouveau, le chanteur donne de la voix et se fait soudain accompagné par les répétitions du chœur. Les guitares sont plus tenues dans cette deuxième envolée. Le départ d’un troisième cycle démarre et s’évanouit. C’est la fin d’un morceau prenant. Le rythme de départ est lancé par la batterie avec un style quelque peu proche d’un tam-tam à tempo rapide et son mat. La basse se lance au milieu d’une mesure de la batterie et prend elle-même quelque peu la forme d’une rythmique obsessionnelle de batterie., sauf que le son est bien celui de cordes de basse. La voix enchaîne. L’entrée en scène de la guitare est plus brutale et elle est doublement amenée par les petits coups de larsens agressifs et par les poussées aiguës de la voix qui n’entrent pourtant jamais pleinement dans le cri. Le triple retour sur le motif de départ permet de donner une certaine tension contenue au morceau.
La même année, le groupe sort un nouveau single exceptionnel avec You’ve got what I want, titre plus décousu qui ne dure que deux minutes, mais dont la superposition des audaces instrumentales et vocales aboutit à un chef-d’œuvre de sauvagerie rock particulièrement rare en 1965. On retrouve cette grande orchestration violente et rapide, mais au son un peu mat, feutré, à la batterie. On note une légère résonance de salle à son sujet, elle crée une dynamique d’espace sonore. Les sursauts guitaristiques sont irréguliers, surprenants, déchirés, brefs et secs. Le riff est incisif. Le chant devient scansion espacée de motifs avec un final de petits tours affectés brefs, ironiquement posés. Ce second titre You’ve got what I want aura un succès d’estime, mais seul le premier Take a heart a pu faire une petite entrée remarquée dans les charts et c’est sur la foi de ce premier succès demeuré sans suite que la maison de disques a permis la création d’un album inévitablement intitulé Take a heart. D’autres performances crues et enthousiastes se retrouvent sur l’album, mais il compile surtout le matériel des 45 tours. Sept des huit titres des quatre premiers 45 tours (de janvier à octobre 65) figurent sur cet album 12 titres (de décembre 1965), à l’exception particulière de justement You’ve got what I want, face A du quatrième single. Et, trois des quatre titres des deux singles suivants d’avril et août 1966 sont extraits de l’album. Seule la face A d’avril 66 Let the live live ne figure pas sur l’album. Seuls les titres She’s got the action et Cara-Lin ne paraissent que sur l’album et sur aucun 45 tours. Il est vrai que certains titres sont réenregistrés pour l’album. En même temps, la magie particulière des deux grands singles ne fut jamais retrouvée. Le groupe ne composait guère lui-même et son freakbeat va souffrir d’une évolution des modes avec l’arrivée du psychédélisme en 66-67. Quelques membres se retirent, notamment le chanteur, et une formation nouvelle au nom des Sorrows va se retrouver en Italie pour y enregistrer de derniers singles qui, machines sans succès, finiront d’enterrer le groupe.
L’histoire est aussi piquante dans la mesure où les deux chefs-d’œuvre du groupe sont en réalité les reprises de la face B puis de la face A d’un groupe complètement obscur de la même ville d’origine (Coventry) que les Sorrows ! Le groupe The Boys Blue a enregistré un unique single en 1965. La face A est You got what I want et la face B Take a heart. Les deux interprétations figurent sur le volume 13 de la série The Rubble collection (second coffret volumes 11-20). Il s’agit de deux compositions du producteur Miki Dallon. Lorsque l’échec commercial des Sorrows fut constaté pour les deux premiers singles, la face B des Boys Blue Take a heart fut récupérée et magnifiquement interprétée par les Sorrows avec un certain succès, notamment sur les radios pirates. Le titre semble s’être maintenu à la 21ème place des charts anglais huit semaines durant. Les ‘N Betweens (futurs Slade) reprendront à leur tour le titre sur un EP français et Miki Dallon réarrangera une reprise du titre Indian reservation de Loudermilk dans le sens de son Take a heart par la suite. Vu ce succès, les Sorrows décidèrent d’interpréter la face A des Boys Blue sur leur prochain single. Le titre échoua commercialement, bien qu’il soit aujourd’hui reconnu comme exceptionnel. Miki Dallon a apporté deux autres titres au groupe qui figurent sur leur unique album Let me in et She’s got the action. Et il s’agit effectivement de titres dominants pour ce qui est du reste de la production du groupe, à tel point que le titre Let me in paraîtra à son tour en face A de 45 tours en août 1966. Parmi les reprises remarquables du groupe, on peut noter le titre How love used to be (Redfern, O’ Sullivan), l’évident mais inédit I take what I want (Hayes, Porter, Hodges), le joyeux Cara-Lin des Strangeloves, My Gal des Lovin’ Spoonful et avec de l’harmonica et un bon élan du chant Don’t sing no sad songs for me. Les relations avec Miki Dallon étaient trop fragiles pour que les Sorrows puissent espérer continuer de se nourrir à cette veine. Le producteur a privilégié d’autres artistes par la suite.
Le CD est conçu comme suit. Il rassemble d’abord les sept singles de référence de la formation, à l’exclusion de certains errements de la fin en Italie.  Les titres 15 à 18 sont des chutes inédites (un nouvel enregistrement de Baby, une reprise de I take what I want en écho à leur second succès, deux autres titres Gonna find a cave et Baby all the time).. Les titres 19 à 30 présentent l’album Take a heart. Les doublons sont inévitables. Sur 30 plages, Baby revient à trois reprises et neuf autres titres de l’album reviennent ainsi deux fois. Les titres des deux premiers singles méritent un commentaire. I don’t wanna be free est partiellement marqué par l’influence et le modèle du You really got me des Kinks. Le titre Come with me est accomapgné par des imitations de Donald Duck. Baby est un morceau correct, mais peu inspiré. Il s’agit d’une composition de Mort Shuman, mais il n’était pas dans son plus grand jour. Le titre revient pourtant trois fois sur l’anthologie comme si la foi avait été dans la composition et l’espoir dans une plus grande interprétation. Teenage letter est un titre nettement rock’n’roll. Whitcher et Fardon furent les deux compositeurs du groupe. No, No, No, No améliore leur premier single I don’t wanna be free en se détachant de l’imitation des Kinks. Donald Duck fait là encore une apparition remarquée. La ballade insignifiante We should get along fine passe dans la mesure où la voix du chanteur demeure d’une grande qualité. On retiendra éventuellement leur Let the live live, même s’il ne s’agit encore une fois que de resucée. Le talent est là.
Il ne me reste qu’à évoquer ce septième single. La face A Pink Purple Yellow and Red s’inspire d’un morceau de piano d’un musicien italien. Le groupe y a ajouté des paroles en anglais. Le résultat passe bien sans être très inspiré, ni habilement arrangé. Le morceau a été ensuite interprété en italien. Quant à My gal en face B, il s’agit d’une reprise des Lovin’ Spoonful, gage de qualité. L’anthologie s’écoute sans problème avec ses deux titres phares et tout de même quelques bons morceaux en soutien.

NB:  Il y a eu des albums solos du chanteur Don Fardon. Ils ne valent pas le coup. C'est l'ensemble du groupe qui était intéressant. Pas la peine de croire retrouver quelque chose avec la voix seule du chanteur.

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