Les meilleurs groupes de rock anglais
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The Rolling Stones : mon groupe favori.
Sa légitime réputation semble acquise, mais elle est beaucoup plus fragile qu’il n’y paraît. Cette formation peut être facilement daubée par ceux qui recherchent les virtuoses d’un instrument, la grandiloquence de certains effets orgasmiques, par ceux qui ne savent pas rentrer dans les harmoniques et la précision rythmique et la magie qui en découlent pour un morceau. La musique des stones n’est pas goûtée et comprise d’un si grand nombre que cela de personnes. Beaucoup de fans se détournent résolument de tout ce qui a suivi l’âge d’or de 65 à 73. Certains albums souffrent d’une impressionnante mésestime, comme si on n’avait pas accepté que le groupe accusa le coup en 73, comme si l’incursion dans le psychédélique en 67 était une anomalie : Satanic majesties, Goats head soup, It’s only rock’n’roll, Black and Blue. Les œuvres solos de Keith Richards (Talk is cheap, Main offender) et le troisième opus Wandering spirit de Mick Jagger se sont malheureusement contentés d’un succès d’estime à leur sortie. Après 72, seul l’album Some girls atteint une quasi unanimité. Sans être de vrais chefs-d’œuvre, Tattoo you, Steel Wheels et Voodoo Lounge sont un peu vite dépréciés dans leurs divers contextes, ce qui n’est pas pertinent. Concédons toutefois que les Rolling stones ont persévéré dans le rock, alors qu’ils n’avaient plus grand-chose à dire à partir des années 80. Cette persévérance a eu pour médaille un revival dans les années 90 : même si le nouveau public stonien n’est pas toujours à la hauteur, ce revival permet de protéger la publicité pour un groupe que sont prêts à laisser tomber les journalistes en quête d’actuel et une bonne partie de ceux qui décident qui est la référence, qui ne l’est pas. Enfin, il existe avec les Rolling stones la question des performances lives. Il circule plusieurs albums lives officiels des stones et leurs tournées récentes enregistrent des records d’affluence. Néanmoins, ces histoires d’affluence n’ont aucun intérêt. Après les organisations chaotiques des années 60 et un opus qu’on ne sait, malgré son charme, comment aborder : Got live if you want it, les Rolling stones furent immenses en concert de 69 à 73. Il n’existe qu’un seul témoin officiel de cette période, l’album Get yer ya-ya’s out. La reprise des chemins de 75 à 77 fut à nouveau chaotique, avec pour seule éclaircie l’année 78. De 79 à 82, les prestations redeviennent mitigées. Aussi, le double album Love your live sera-t-il très décrié par les fans mêmes des stones. Pour le grand public, voilà qui n’est pas très encourageant. Lors du revival, l’album Flashpoint a eu un succès d’estime, mais cette estime est retombée après les deux bonnes tournées (en contexte d’époque) de 90-91 et 94-95. Le groupe ne peut pas jouer en live sans être comparé à ses sommets passés, dilemme médiatique auquel échappe les groupes éphémères estimés des spécialistes. Egalement, les Rolling stones jouent leurs morceaux, alors que la bannière des concerts rock se maintient sur scène essentiellement par l’harmonisation et la dynamique des formations (essentiellement garage).
Toutefois, le commerce des concerts pirates des Rolling stones permet de constater un discours différent des mêmes fans qui daubent Love your live ou même Flashpoint auprès du grand public. Tel concert de 2003, tel autre de 98 sera recommandé comme bon auprès de ceux qui sont tombés dans la soupe stonienne. Les perles lives de la période 69-73 s’accumulent en format CD ou vinyle.
Ce qu’il convient de recommander, ce qui est l’essentiel des Rolling stones : tout le studio de leurs débuts à 1978 est exceptionnel, même si après 72 le groupe a accusé le coup. Dans cette masse, il y a des pics d’intensité de certains albums avec Aftermath en 66, puis le quatuor Beggar’s Banquet, Let it bleed, Sticky fingers, Exile on main street. Mais ne pas délaisser la flambée de grands titres et grandes interprétations de 64 à 67. Ne pas écouter ceux qui déprécient le psychédélisme de 67 : Between the buttons et Their Satanic majesties request qui sont, contrairement à ce qui s’entend partout, nettement supérieurs à la production des Beatles. Désolé, je ne connais pas encore de She’s a rainbow, 2000 light years from home, Let’s spend the night together, Citadel, Ruby Tuesday, Yesterday’s papers, Connection, We love you et Have you seen your mother, baby, standing in the shadow dans le répertoire des Beatles. Mais, ma voix n’étant pas majoritaire, je suis bien forcé de me taire.
En live, la période 69-73 écrase le reste de leurs concerts inévitablement, ce qui ne se joue pas que sur la seule carte du guitar hero Mick Taylor évidemment. Le vrai fan peut poursuivre au-delà. Des conseils au-delà des stones : l’œuvre solo de Keith Richards déjà citée, le troisième opus de Mick Jagger déjà cité, un concert de 74 de Ron Wood avec Keith Richards, la tournée des Barbarians (Wood + Richards) fin des seventies, l’album The Edward autour de Nicky Hopkins avec quelques stones autour, l’album London underground du jazzman Herbie Mann en 74 pour une version miraculée Bitch avec Mick Taylor, versions que certains collectionneurs stoniens n’ont que par orgueil d’exhaustivité sans bien se rendre compte que ça s’écoute en boucle.
The Who
Mon deuxième groupe favori ex aequo avec les Kinks et le Fleetwood Mac de Peter Green. J’ai constaté un étrange tout ou rien dans la réputation des Who. Il s’agit évidemment de la formation rivale des stones au titre de « plus grand groupe de rock ». Il est rare qu’un passionné de rock ne place pas les Who très haut et les Who touchent des publics de fans de rock plus hard ou plus progressif, à la différence des Rolling stones. Pourtant, j’ai eu la surprise de constater que certains passionnés de musique, notamment de jazz, pouvaient être cassants au sujet des Who. Autre point sombre. Les gens ne retiennent qu’une partie de la production des Who. Il est vrai qu’ils ne furent au sommet que de 65 à 71. Atteignant un grand pic d’intensité en 71, ils chutent très vite, à tel point que leurs titres de 72 et leur double album de 73 sont déjà secondaires. La cassure fut brutale. Mais, ce qui me frappe, c’est que leur légendaire double album de 69 Tommy n’est écouté que d’une faible quantité de fans. Ce qui est estimé, c’est Who’s next, Live at Leeds, Sell out, sinon A Quick One et le premier opus The Who sings my generation, et bien sûr les compilations de grands titres refaites sous des tonnes de pochettes diverses, avec rappelons-le le coffret 4 CD splendide Thirty years of maximum R&B que, par sécurité, j’ai acheté en double (c’est un fan des Who qui m’a dit que j’étais fou). La légende des Who serait surtout construite en paroles et limitée à une sélection draconienne de titres ou albums. Les réticences de fans à écouter Tommy me sont revenues plusieurs fois dans l’oreille. Personnellement, il m’arrive d’écouter Tommy en boucle. Je le trouve exceptionnel. Enfin, il est hélas très peu de grands lives pirates des Who à se mettre sous la dent. Notons tout de même le sublime concert de 69 à Amsterdam et les éditions officielles de concerts (Isle of Wight ou Stockholm second CD de la version Deluxe de Who’s next). Il en est quelques autres remarquables, y compris un tardif de 75 sous le titre Dreaming from the waist.
L’essentiel des Who : tout en studio de 65 à 71 bien inclus. On peut aller au-delà, mais l’excellent n’est pas partout. Ceci dit, plusieurs compilations de morceaux anciens demeurés inédits sont sorties dans les seventies. En live, les officiels (Isle of Wight, Leeds, Stockholm), en insistant sur les versions Deluxe 2 CD : Live at Leeds (allongé sur deux CD), Who’s next (un live de Stockhom). D’excellents pirates de 68 à 73 avec surtout l’imparable Amsterdam 69. A comparer avec Leeds deux CD, car il y a ces deux temps, les grands titres et le concert Tommy. A Amsterdam, les grands titres sont super bien joués, tandis que Tommy excellent est encore en devenir, ce qui permet de vraiment avoir deux concerts Amsterdam et Leeds géniaux mais bien distincts. Enfin, dans le circuit des non-officiels, trouver trois CD de démos préparatoires. Les démos de Tommy, les démos du Lifehouse project et de Who’s next, enfin un CD de démos pour la période 65-68. Conseils : l’album solo Who came first de Pete Townshend et un album de Ronnie Lane avec Pete Townshend.
The Kinks
Ce groupe-là fascine les passionnés de musique rock sixties, mais semble devenir inexistant au-delà de ce public précis. Pourtant, les Kinks, c’est génial. Avec la même limite temporelle que les Who : le groupe a excellé de 64 à 72, la cassure fut ensuite brutale, même, si, par la suite, indépendamment d’une moindre qualité, certaines choses me charment (l’album de 78 et un certain nombre de titres). En 2010, le leader Ray Davies a effectué visiblement une bonne tournée solo dont je regrette de n’avoir pu profité à cause de la vie professionnelle et ses déménagements. De 64 à 72, la musique des Kinks est une collection de perles et joyaux, un répertoire. Les qualités mélodiques du groupe font l’unanimité dans la presse critique, du moins quand elle parle de lui. Il ne s’agit pas d’une formation de virtuoses de l’instrument, mais le groupe n’est pas non plus aussi pop que les Beatles, car la base rhythm’n’blues ou rock reste plus prégnante, et, en même temps, les Kinks furent précoces dans la création d’un rhythm’n’blues ou rock bien anglais et nettement distinct des sources américaines.
Le titre qui a lancé les Kinks n’est pas représentatif de ce qu’ils ont créé ensuite. Il s’agit du mythique You really got me. Le riff saturé est connu et on l’a dit joué, voire créé par Jimmy Page, ce qui est faux. Jimmy Page joue sur d’autres morceaux et Ray Daviezs avait déjà placé ce riff sur un titre antérieur moins rock qui circule dans les éditions de raretés pirates. Chant déluré, riff tranchant saturé et introduction d’un petit solo débridé de guitare dans une structure nette couplet-refrain, quelle suite ! Naissance du freakbeat, influence décisive sur les Who qui y songent quand ils lancent Can’t explain, Anyhow, anyway, anywhere etc., annonce du rock plus dur et du garage. Le groupe a ensuite suivi sa voie avec les perles pop rock à succès imparable de 65 à 67, avec incursion progressive d’époque dans les teintes psyché légères. Sublime ! Après 67, le groupe entame un virage délicat. Il cesse d’être un groupe à succès pour jouer véritablement ce qui leur tient à cœur. L’album de 68 Village green preservation society est une montagne complètement ignorée du grand public, qui pourtant écoute des tas de formations pop rock qui s’en sont inspirés. L’album est au sommet dans le cœur des fans du groupe et ce n’est que raison. D’autres albums majeurs suivent, mais cette fois les avis divergent. Je soutiendrai mon point de vue qui est le bon et qui a la logique et le bon sens pour soi. En 69, sort un album génial Arthur estimé par beaucoup de fans des Kinks, mais pas par tous. Il est original dans leur œuvre avec quelques compositions un peu plus longues, un peu plus instrumentales de six minutes. Certains qui ne l’avaient pas tant goûté dans le passé l’ont redécouvert et écouté en boucle. Il est génial lui aussi. En 70, sort la première partie d’un projet avorté Lola versus powerman. L’album est parfois bien estimé, il est tout de même inférieur à tout ce qui précède, bien qu’il contienne le hit Lola si exceptionnel. En 71, sort une bonne bande originale de films Percy, puis c’est un autre grand album du groupe Muswell Hillbillies. Il n’atteint pas Village green preservation society, mais il s’agit à nouveau d’un tout grand album. Ce sera hélas le dernier chef-d’œuvre. En 72, sort encore un double album Everybody’s in showbiz, everybody’s a star, avec une partie studio et une partie live. La partie studio contient plusieurs perles. C’est le dernier grand album des Kinks. Ensuite, c’est le déclin rapide, encore que s’écoutent les albums suivants. Il y aura de bons morceaux des Kinks jusqu’en 84 grosso modo. Mais, c’est vrai qu’après 72, c’est après 72. Ceci dit, si les Kinks ne sont pas une grande formation live, il y a quelques concerts étonnants de la période 72-74, en décalage qui plus est avec l’âge d’or studio qui s’arrête à 72.
L’essentiel des Kinks : tout le studio des débuts à 72. On peut aller jusqu’en 84 pour une sélection de bonnes créations tardives à l’occasion. En live, rien d’officiel, mais de bons concerts pirates de la période 72-74. Enfin, il est conseillé de courir non seulement les éditions d’albums à bonus tracks et le double CD officiel des BBC sessions, mais encore les éditions pirates de chutes de studio, notamment la série des trois Great Lost Kinks Album. Il existe un officiel de 73 interdit de réédition pour des raisons de conflit entre le groupe et leur première maison de disques à l’initiative du projet. Les chansons se récupèrent aujourd’hui pour une grande partie en bonus tracks, mais on peut aussi collectionner le mythique Lost Kinks album en vinyle, ne pas confondre avec la série de trois CD. Surtout, il faut l’édition digipack blindée de Village green preservation society, collector monstre.
Fleetwood Mac (époque Peter Green)
Il existe deux groupes de ce nom, la liaison se faisant par la continuité d’un bassiste et d’un batteur entre les deux. Le premier groupe a éclaté et deux musiciens ont reformé un groupe du même nom pour aller vite. Le second groupe dominé par les présences féminines a connu le succès. Il n’est pas mal, mais ne joue pas ainsi dans la cour des grands. Ce sont les Fleetwood Mac avec Peter Green qu’il convient de retenir. Ce qu’il y a de fascinant, c’est que l’œuvre de ce groupe génialissime est difficilement accessible et partant peu connue. Le dernier album studio, différent de leur production antérieure, se trouve sur une autre maison de disques et n’est pratiquement pas diffusé : Then play on. Le dernier succès en 70 Man of the world n’est pratiquement pas placé sur les compilations, et ne figure pas sur les albums. Il est lui aussi quasi introuvable. Quelques autres derniers titres sont durs à dénicher. Et c’est d’autant plus impressionnant qu’en 70 le groupe est au sommet, juste avant la catastrophique dégringolade du leader victime de son abus des drogues.
Les concerts du groupe en 69 et 70 font découvrir des morceaux mélodiques longs stupéfiants complètement ignorés visiblement de la presse rock spécialisée. Je ne comprends pas que le second Rattlesnake shake de 25 minutes sur le second CD du Live at Boston édition trois CD puisse autant passer inaperçu. Il y a là quelque chose d’inexplicable. Le groupe semble être confiné à son image de puristes blues du début. La première phase blues n’a rien d’une image d’Epinal à minimiser. La production est déjà éblouissante et est réunie dans un splendide coffret de 6 CD bien fournis : The Blue Horizon Sessions.
Que recommander ? Tout des débuts à 1970 inclus, enregistrements lives comme enregistrements studio. Des concerts enregistrés en 69 sont d’une beauté à couper le souffle avec un son d’une qualité exceptionnelle dans les circuits bootlegs. Il est absolument nécessaire de chercher à connaître le Live at Boston trois CD, le single Man of the world et l’album Then play on, pour voir jaillir de l’ombre un véritable sommet de l’histoire du rock complètement méconnu ! C’est tout simplement sidérant. Le manque de reconnaissance pour ce groupe est un phénomène complètement incompréhensible. Peter Green s’effondre en 70-71, bien que circulent quelques prestations solos de 71. Il ne reviendra jamais à son grand niveau bien sûr, mais il y a quelques bonnes réussites solos tardives de Peter Green. Danny Kirwan, dans sa compagnie, a lâché de belles créations lui aussi pour le groupe vers 70, mais je ne sais pas ce qu’il est devenu après, si ce qu’il a fait est bon. Je n’entends parler de rien. Conseil : s’intéresser aussi à ce que Peter Green a enregistré avant de créer le groupe Fleetwood Mac, notamment à son passage remarqué au sein des Bluesbreakers de John Mayall.
A suivre, les noms de Première catégorie, apparemment : The Beatles, David Bowie, The Clash, Fairport convention + Richard Thompson, The Jimi Hendrix Experience, Led Zeppelin, Legend + Mickey Jupp, Pink Floyd (période Syd Barrett et album Meddle) + Syd Barrett, The Pretty Things, The Small Faces, Rory Gallagher + Taste, The Them + Van Morrison, The Yardbirds (période Jeff Beck).
Ceux de Deuxième catégorie, selon moi bien s$ur : The Action (+ The Mighty baby), The Animals (+ Alan Price Set + Eric Burdon and the (new) Animals), The Creation, The Easybeats, The Faces, Les Fleur de Lys, Kaleidoscope + Fairfield parlour, The Marmalade (si titres bien sélectionnés), Timebox (+ Patto), Traffic.
Ceux de Troisième catégorie, toujours à mon sens : The Attack, The VIP’s + Art + Spooky Tooth (trois premiers albums), The Artwoods, The Birds (groupe de Ron Wood), The Edgar Broughton Band, Jeff Beck group (période Rod Stewart et Ron Wood), The Spencer Davis group (période Stevie Winwood), Donovan, Zoot Money’s big roll band, Kevin Ayers + Soft machine (premier album, sinon deux premiers albums),The Move, The Zombies.
Ces listes sont rapidement improvisées et je remanierai cela. Je tiens à faire mieux connaître certains méconnus : Richard Thompson, Legend, Kaleidoscope, The Move. En même temps que j'ai déjà signalé à l'attention des références de connaisseurs: The Action, The Creation, Les Fleur de Lys, The Attack, etc.
Tout ce qui précède n’est que du haut niveau, puisqu’il y a encore d’autres artistes anglais dont j’admire des albums dans leur intégralité ou presque, etc.
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