mardi 14 février 2012

56, 57 et 58: Legend: Legend, Legend (red boot) et Moonshine:

Un des plaisirs de mon blog, c'est de révéler sans qu'on ne s'y attende un truc complètement négligé et pourtant d'une portée considérable.
J'ai choisi de privilégier une série numérotées sur les anciens, plutôt que de tout de suite partir sur deux séries concurrentes, une ancienne et une nouvelle. D'abord parce que je préfère et estime plus les sixties y compris dans le champ de l'obscur. Ensuite, parce qu'il y a des multiples states de l'obscur chez les anciens. Cela pour plusieurs raisons. Le rock garage au sens 1980-2012 est un courant marginal perdu dans la masse des créations ambiantes, alors que les obscurités rock des années 50, 60 ou 70 font partie de la production dominante d'une époque avec ses multiples ramifications. Les années 50, 60 et 70 sont donc prolifiques et d'une très grande qualité. Mais, en même temps, ce n'est plus la musique de nos contemporains. Le quidam redécouvrira les grands groupes des sixties comme autant d'obscurités. Cela lui sera à peine moins obscur que le rock garage actuel. La presse grand public, la télévision et la radio ont depuis longtemps exprimé leur incompétence. Ils sont radicalement incapables de fournir des publications ou des émissions spécialisées sur le rock. Certaines radios vous donnent l'impression de vous faire écouter des rocks un peu plus rares. N'importe quoi! Les plus grands groupes réduits à 40, sinon 30 titres de référence, le reste étant ignoré; un prédilection qui tourne en rond pour le rock des années 70; un ressassement inconséquent dans la presse de noms clefs ultra intellectualisés: Beatles Doors, Dylan, Hendrix, Velvet, Clash. Certains des tout meilleurs étant même volontiers passés à la trappe. Une aigreur sans cesse martelée à l'égard des Stones. Qui n'a pas entendu ces éternels couplets? Les stones pas inventifs quand ils sont psychés, ils seraient alors moins bons que les Beatles, tel groupe plus excitant que les stones. On trouve un rhythm'n'blues anglais pas connu, les Pretty things, ah tout de suite la rock'n'roll attitude, l'excitation est mieux qu'avec les stones (alors que le fan des stones est touché par une finesse qui conjoint rock et plaisir de mélomane), et j'en passe et des meilleurs.
La quasi totalité sont dans le moule, y compris l'écrasante majorité du public rock qui se croit hors du moule, puisqu'ils ne veulent pas admettre qu'on puisse s'écarter des poncifs ultra intellectualisés, quitte à être un peu injustes avec les artistes qui ont profité du star system de la presse rock dictant tout paradoxalement l'idéologie qui doit aller avec le rock rebelle.
Pour le rock sixties obscur, même ceux qui en écoutent, sinon font croire qu'ils en écoutent, sont dangereux, ils vous soutiendraient que c'est du sous-stones, que rares sont les groupes qui valent pour plus de cinq titres et autres billevesées.
Si de rares mélomanes tombent sur ce blog, ils pourront éprouver par l'écoute combien le public rock ne lui raconte que des fèves.

Ici, je me sens dans un espace de liberté et je constate que je sors des perles du passé dont la presse, la télévision et la radio ne savent faire aucun cas, mais je peux même arriver à pointer les insuffisances du world wide web, c'est-à-dire à montrer qu'au plan mondial les mécanismes de reconnaissance non contrôlés médiatiquement ne fonctionnent pas à plein.
On peut écouter de tout sur le net, et notamment au moyen de ces bizarres enregistrements audio accompagnés d'images. Je pense bien sûr à youtube.
Une partie seulement de l'oeuvre de Roy Loney est disponible en CD et l'impasse a été faite sur des choses excellentes.
Sur youtube, je ne sais pas comment moi je peux enregistrer quelque chose, je n'ai pas essayé, mais je constate que personne n'a pris en charge le rattrapage. Roy Loney n'y est pas bien représenté, ni côté CD, ni côté vinyle.
Il y a d'autres absences notables.
Ici, je sors l'une de ces raretés absolues de l'Angleterre des sixties. Il s'agit de trois albums du groupe Legend, dans lequel nous trouvons un certain Mickey Jupp qui deviendra plus connu en solo, notamment avec son album Juppanese.

En fait, comme cela était inévitable, les trois albums antérieurs du groupe Legend sont meilleurs. Et ce n'est pas tout. Seuls les deux derniers albums de Legend sont un tant soit peu disponibles dans le commerce. Je possède un tirage ultra limité du premier album.
Evidemment, un vendeur pourra vous dire maladroitement que ce sont les deux qui circulent qui sont les deux meilleurs. Entre-temps, il aura marqué le coup que, de toute façon, avec Legend de Mickey Jupp on peut y aller les yeux fermés. Eh bien, au sujet du premier album, ce ne sera là qu'une espèce d'inférence, liée au constat que deux albums sont un peu plébiscictés et réédités, tandis qu'un non!

En réalité, c'est le premier album qui me fascine. Il est blues, intériorisé, plus posé, d'une poésie bouleversante. Bien que mon CD m'offre un double défilé de l'album par la succession du format stéréo et du format mono, ce que complète cinq bonus tracks où deux titres reviennent pour la troisième fois, il se trouve que je peux encore écouter ce CD en boucle. Sa fine poésie m'hypnotise, me paralyse, me rendrait presque incapable d'écouter autre chose de ma journée. Le second album, toujours au seul nom du groupe, a des rocks tournoyants ou rentre-dedans, un tour plus péchu, mais il ne me fait pas le même effet. Le génie du premier album s'impose seul avec la plus limpide évidence. J'adore encore énormément Moonshine, mais rien ne saurait se mettre au-dessus des titres du premier album. Là, je ne parle donc pas la langue de bois et je ne suis pas en train de vous dire de vous intéresser quand même au premier album, qu'on ne sait jamais. Je vous dis carrément que c'est le meilleur et que c'est quelque chose d'immense. Quand un journaliste fait cela, il a déjà saisi la température. Moi, la température, elle n'y est pas encore. Maintenant, pour juger si je me trompe, à vous de trouver les trois albums et d'ouvrir grands vos oreilles, et surtout ne pas se laisser leurrer par des enregistrements de second ordre de Mickey Jupp qui figurent en quantité et en collier de perles sur youtube.
D'ailleurs, une petite remarque amusante. Mick Jagger a composé des perles pour les Rolling stones. Son imagination fut en berne sur les deux premiers albums solos qu'il sortit dans les années 80. Wandering spirit est en revanche un joyau. Eh bien, l'un des titres de ce troisième opus de Jagger s'inspire directement d'un titre obscur du premier album de Legend, précisément de Wouldn't you, le titre en face B de National gas côté 45 tours à l'époque.
 Eh oui!

Quelques titres à glaner sur le net.










Je vous donne le détail.
A noter que les versions de Shindig sont différentes entre stéréo et mono, tandis que nous observons trois titres distincts du premier album dans les bonus tracks.

Legend -Legend (premier album éponyme, réédition CD limitée 29 titres)
1969-1970

Stereo version

1. National Gas (mon avis: sublime)
2. Heather on the Hill (mon avis: par moment, sublime de chez sublime)
3. Tombstone (sublime de chez sublime)
4. Come back baby (blues lent pianistique, sublime)
5. City (mon avis : sublime de chez sublime)
6. (a) Good boy (mon avis: sublime)
(b) Groovette
7. Wouldn't you (mon avis et celui de Jagger: sublime de chez sublime, étrange, original)
8. Doncaster By-pass (sublime de chez sublime, intense discrètement)
9. Twenty Carat Rocker (sublime, du rock and roll)
10. Bartender's Blues (blues lent, très Chuck Berry dirais-je, sublime!)
11. Good Money (sublime)
12. Shindig (sublime de chez sublime)

Mono version

13. National Gas
14. Heather on the Hill
15. Tombstone
16. Come back baby
17. City
18. (a) Good boy
(b) Groovette
19. Wouldn't you
20. Doncaster By-pass
21. Twenty Carat Rocker
22. Bartender's Blues
23. Good Money
24. Shindig (version différente du titre stéréo, autre sublime de chez sublime)

Bonus tracks

25 National gas single A-Side Mix
26. Wouln't you single B-Side Mix
27. Georgia, George, Part 1 Single A-Side (superbe, très vif, plein d'accords accentués)
28. July Single B-Side (très bon)
29 Foxfield Junction (superbe)

Legend - Legend (second album toujours éponyme, surnommé "Red Boot" à cause de la pochette)
1971

1. Cross country (sublime)
2. Cheque book (sublime)
3. Lorraine part 1 (sublime)
4. Nothing wrong with me (superbe)
5. Somebody in love (superbe, très Fats Domino)
6. Goin' to (superbe)
7. Anything you do (superbe)
8. My typewriter (superbe)
9. Five years (superbe)
10. Hole in my pocket (sublime)
11. Lorraine part 2 (sublime par moments)
12. I feel like sleeping (sublime, notamment une intro prenante)

Bonus tracks

13. Life single A-Side (superbe)
14. Late last night single B-Side (très bon)
15. Don't you never single A-Side (sublime)
16. Someday Single B-Side (sublime)

Legend - Moonshine (troisième album)

1972

1. Moonshine (sublime de chez sublime)
2. Another guy (sublime de chez sublime)
3. Mother of my child (sublime de chez sublime)
4. Captain cool (sublime)
5. Ausfahrt (56 secondes, bon)
6. Eingang (42 secondes, en écho similaire au précédent, bon)
7. Shine on my shoes (sublime)
8. The writer of songs (superbe)
9. Local folk'ol (superbe)
10. At the shop (superbe, particulier)
11. Just because (sublime, parfois de chez sublime)

Bonus tracks

12. Don't you never Single A-Side
13. Someday Single B-Side

Le malheur, c'est qu'en indiquant ces perles, la seule reconnaissance que je peux espérer est celle de se faire traiter de prétentieux. Eh bien tant pis, qu'est-ce que vous voulez que je dise?

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