samedi 17 novembre 2012

Les Who, un des plus grands groupes sixties dont on n'écoute que le rock 70-71 (part 1)

Les Who ont une place particulière au panthéon. Il s'agit bien sûr de l'un des plus grands groupes de l'histoire du rock, mais la particularité c'est la relation du public aux Who. Les Who ne furent pas des vendeurs de disques comparables aux Beatles, lesquels sont mélangés de toute façon à une pléiade de gros vendeurs qui ne sont pas forcément les plus grands génies: Elvis Presley, The Bee Gees, Michael Jackson ou carrément Madonna. Mais, les Who n'ont pas non plus vendus autant que les Rolling stones, et ils n'ont pas une reconnaissance tardive comparable à celles qui se sont développées dans le cas des Doors ou du Velvet underground par exemple.
Les Who sont reconnus parmi les plus grands, sans être particulièrement adulés me semble-t-il. Même au sein du public de ceux qui aiment le rock, ce qui brasse encore des tonnes de gens, je n'ai pas l'impression de constater un grand engouement pour les diverses chansons de l'album Tommy. On ne retient que quelques titres, très peu même de titres.
Surtout, l'oeuvre qui fait l'unanimité, c'est l'album Who's next de 1971 qui est pourtant le dernier chef-d'oeuvre d'un âge d'or de sept ans de durée.
Aucun connaisseur du rock ne les lâchera, mais ils ne donnent pas l'impression de recouvrir un public maximal. Je n'ai pas l'impression de voir les gens redécouvrir des titres méconnus des albums A Quick One ou Sell Out. Je n'ai pas l'impression que la formule Happy Jack marque profondément les esprits.
Les titres cités sont très bons, mais les Who ce n'est pas alors n'importe quel "Maximum R'n'B", c'est le rock qui envoie la patate et fait entendre des héros de l'instrument, le Live at Leeds. C'est aussi la grandiloquence dramatique de 69-71. Or, si les titres de 69-71 sont brillants et que le public a bien perçu que Quadrophenia n'est pas aussi réussi, cela ne vient pas d'une juste discrimination entre réussites et ratés du groupe. La formule 69-71 fut efficace sur le public et la grandiloquence dramatique admirée ne relève pas précisément de la qualité musicale, mais d'une posture éventuellement apte à imposer des artistes brillants. Tout le problème, c'est l'insuffisance avec laquelle on cite l'oeuvre des années 60, parce qu'elle n'est pas la rage un peu hard rock, parce qu'elle n'est pas la tension virile simple ou première du rock, parce qu'elle n'est la prière dramatique d'une création qui veut communiquer l'impression de la profondeur par des procédés d'étourdissement maniaque.
Telle est l'histoire des Who, qu'il faut refaire.
Le groupe s'est progressivement constitué de 1961 à 1964, en finissant par rassembler les quatre Who : Pete Townshend, John Entwistle, Roger Daltrey et Keith Moon. Et précisons d'emblée que Keith Moon est simplement passé des Beachcombers aux Who, par recrutement. L'histoire du batteur qui monte sur scène et détruit une batterie est une affabulation des Who, notamment Townshend, qui sont des vendeurs d'images. Mais croire à cette légende, c'est entrer dans la dramaturgie "Maximum R'n'B'" promue par les Who, mais qui ne leur fut pas réellement profitable et qui n'oriente pas du côté de leurs qualités esthétiques réelles. Qui plus est, cette légende est contradictoire avec le fait que Townshend casse sa première guitare en septembre-octobre 64, en y découvrant une joie scénique. Cette histoire n'est plus logique si Keith Moon doit avoir détruit auparavant une batterie pour intégrer la formation.
Le groupe a connu quelques changements de nom, mais les seuls qui nous intéressent et qui résument de toute façon les autres, c'est ceux associés à des ventes de disques, The High Numbers et The Who.
En 64, Beatles et Stones occupent déjà l'espace et l'idée d'un groupe qui compose lui-même ses morceaux est en train de devenir fondamentale. Le temps des reprises a vite passé.
Pour leur premier 45 tours, le producteur des Who, Peter Meaden, prend deux chansons américaines, les maquillent un petit peu et se fait créditer. I'm the Face est un plagiat du Got love if you want it du bluesman Slim Harpo, titre repris à cette époque par les Kinks d'ailleurs. Les Rolling stones reprenaient les bluesmen marécageux Slim Harpo et Jimmy Reed (I'm a king bee, Honest I do sur leur premier album en 64, Shake your hips de Slim Harpo figurera sur Exile on main street en 72). Le titre Zoot Suit est un plagiat de Misery de The Dynamics, mais avec sans doute une interprétation plus agréable, coulante et envoûtante. Ces premiers titres ne sonnent pas vraiment comme les Who à venir. Les Rolling stones jouaient les reprises de blues ou de rock'n'roll comme personne au monde. Et les autres ont essayé de suivre. En 64, les Who sous le nom de High Numbers subissent des impératifs et sont invités à se situer par rapport, non pas aux Beatles, mais par rapport aux Rolling stones et aux Kinks, tout en ayant un repère mod, c'est-à-dire branché musique soul. Voici les titres qui permettent de situer les choses quant au premier 45 tours des Who. La supériorité des Rolling stones relève d'ailleurs de l'évidence et les Who ne deviendront jamais un groupe rival en fait de reprises. Les Rolling stones s'étaient rodés en 63, mais au tout début de l'année 64 ils étaient devenus des dieux du rock avec la reprise Not fade away d'un Buddy Holly inspiré par Bo Diddley et par un premier album vertigineux.


Repris en main par le producteur des Kinks, Shel Talmy, les Who vont travailler à ressembler aux Kinks première manière, c'est-à-dire à un groupe rock qui connaît un succès fracassant en 64 avec des titres bruts novateurs : You really got me, suivi de All day and all of the night, tous deux complétés par I need you en manière de trilogie. Quelques titres rock ou r'n'b augmentent ce lot, mais Ray Davies, le compositeur du groupe, détournera les Kinks de cette veine-là. En attendant, les Kinks saturent le son guitare et introduisent le solo débridé de guitare ou le chant décontracté.
Dans ce style, les Who s'y installent donc pour l'année 65. Ils sont la continuité évidente des premiers Kinks, et cela sous forme de 45 tours.
Le deuxième 45 tours des Who est un chef-d'oeuvre, ce qui n'est pas mince pour une première composition lâchée par Townshend en format vinylique. Les stones ont pris du retard de ce côté-là, car leurs compositions ne seront vraiment face A de 45 tours qu'en 65. Le premier 45 tours des Beatles Love me do, voire le suivant Please, Please me, n'étaient pas du calibre de Can't explain. Même si on peut répliquer que les Who ne sont pas moins jeunes que stones ou Beatles et qu'ils ont surtout du retard pour les sorties de vinyle, l'exploit est impressionnant malgré tout.
On remarquera encore que la face B est une reprise de Bald Headed woman, à la suite des Kinks, mimétisme sensible donc. Les Beatles étant surtout le groupe ayant le plus de succès, dès Can't explain, les Who sont les concurrents des Stones pour le titre de plus grand groupe de rock. L'art des reprises et le répertoire déjà posé donne l'avantage aux Stones qui ont quelques grandes compositions personnelles sur leurs 33 tours. Des plus réussis, Empty heart pourrait avoir à voir avec la genèse de Can't explain. N'oublions pas non plus que c'est l'année de Gloria des Them.


Le titre Can't explain s'est imposé sur les ondes en 65. Telle est l'année de naissance des Who en tant que super groupe de rock.
Comme les Kinks ont poursuivi sur une lancée de You really got me à All day and all of the night, les Who suivent une veine de Can't explain à Anyway, Anyhow, anywhere. Entre-temps, les Beatles ont recouru à l'effet larsen dans l'enregistrement de leur hit I feel fine. Il s'agit de créer un effet retour en un émetteur et un récepteur. Nous sommes habitués aux sifflements et bruits incongrus suite au rapprochement d'un microphone et d'un haut-parleur, mais les guitaristes utilisent aussi parfois volontairement l'effet larsen en approchant leur guitare de l'ampli. Je ne suis pas historien du phénomène rock. Mais, après I feel fine des Beatles, les Who explorent eux aussi l'effet larsen sur Anyway, anyhow, anywhere, nouvelle brillante composition de Townshend. Mais, les Rolling stones ont fait eux-mêmes très forts avec leur premier numéro 1 signé Jagger-Richards, le fabuleux The Last time. Les paroles sont pour parties un plagiat du titre des Staple Singers Maybe the last time, lui-même sublime, mais Richards crée là son premier riff d'anthologie. La musique est somptueuse.
Pour annoncer les nouvelles couleurs musicales que l'Angleterre va imposer au monde, quatre groupes au moins sont en compétition : les Beatles, les Kinks, les Who et les Rolling stones. Par leurs qualités d'exécution qui distancent Beatles et Kinks, les Who et les Rolling stones sont alors les deux plus grands groupes de rock. Sans l'exceptionnel The Last time consacrant enfin leur génie de la composition, les Rolling stones auraient-ils pu rester au-dessus des Who, qui déjà s'en reposaient pleinement sur des titres nouveaux de Townshend? Quel contexte ! N'oublions pas qu'au début de l'année 65 les Them connaissent un certain succès avec leur reprise de Baby, please don't go, sachant que la face B n'est autre que la composition originale impressionnante: Gloria, qui a un certain esprit annonciateur des forces très My generation de l'année 65.


La face B d'Anyway, anyhow, anywhere est une reprise d'un titre ancien d'Otis Blackwell... Daddy Rolling Stone. Or l'année 65 est bel et bien l'année des Rolling stones, car si les Beatles sont toujours au sommet les Rolling stones connaissent pour eux-mêmes leur année la plus faste en termes de succès. Deux titres furent numéro 1 en Angleterre de leur part en 64, mais il s'agissait de deux reprises. En 65, trois titres composés par Jagger et Richards furent numéro 1 en Angleterre. Après The Last time, l'immortel (I can't get no) Satisfaction. Il va de soi que Keith Richards ment comme un arracheur de dents quand il prétend que l'emploi de la fuzzbox n'était que pour la démo et qu'Otis Redding a joué le titre comme il le fallait et comme même Richards y songeait, avec un solo par les cuivres. Billevesées. Richards joue les modestes, mais et son titre est génial, et sa version, et l'emploi de la fuzzbox. Cet emploi était entièrement volontaire, comme l'histoire qui précède en entremêlant des titres des Kinks, des Who, des Beatles et des Rolling stones le montre assez. Laissons les historiens du rock pas doués raconter autre chose. Les stones brilleront avec un troisième titre : Get off of my cloud, variante extrêmement subtile du titre gaiement repris par tous à l'époque, Louie Louie. D'autres compositions brillantes des Stones figurent sur leurs albums, certaines ayant connu le succès ultérieurement ou via d'autres artistes : I'm free succès des années 90, As tears go by succès pour Marianne Faithfull, The Spider and the fly imitié pour ses paroles par les derniers Yardbirds et repris sur l'album intime Stripped des Stones en 1995. Que dire encore des immortels Play with fire ou Heart of stone, etc., voire du titre live méthode Diddley It's alright? Plusieurs compositions des Who tombent forcément en 65 sur leur premier album The Who sings My Generation. En clair, en 64, les super compositeurs anglais étaient soit le couple Lennon-Mc Cartney, soit Ray Davies des Kinks, même si Jagger-Richards avaient de premiers beaux fleurons à leur actif. En 65, il est clair que le couple Jagger-Richards et Pete Townshend rejoignent ce haut du pavé, avec peu d'autres anglais (Van Morrisson, ...).
Or, les Who sortent ce qui est à l'évidence l'un de leurs plus grands titres jamais écrits avec le single My Generation.  On remarque avec ce titre de fin d'année 65 que les Who continuent d'exploiter le larsen. Le chant est célèbre pour son bégaiement volontaire, pour ses paroles très punk, pour son ampleur rock, pour ses solos de basse. Le titre est conçu avec une volonté d'énergie et de dépassement de rage rock qui aura son importance dans la suite de la carrière des Who. Le batteur est exceptionnel, il dynamise toute partie du morceau par des initiatives incessantes, loin de demeurer un simple soutien rythmique à la chanson. Le bassiste joue des solos et des parties mélodiques fondamentales, tandis que le guitariste privilégie parfois l'envoi du son par petites touches, par prolongation saturée d'une note, par une sorte de martèlement sonore qui cisaille la mélodie, qui rentre de manière acérée dans le rythme. Chanteur, guitariste, bassiste, batteur, tous sont brillants dans l'exécution, à commencer par le batteur et le bassiste. On remarquera encore la rime entre les titres Satisfaction et My Generation, car nul doute que les succès des uns font méditer les autres. Les coups de génie ne jaillissaient pas de nulle part, il y avait une véritable logique d'émulation qui aujourd'hui s'est perdue.


Le premier album des Who exploite le succès du titre, succès qui concerne surtout l'Angleterre, pas les Etats-Unis. Il contient deux reprises de James Brown, filiation donc appuyée à l'époque : I don't mind et Please, Please, Please, ce que complète le titre joué à l'époque et aujourd'hui bonus track : Shout and shimmy. L'intro du premier titre Out in the street reprend celle d'Anyway, anyhow, anywhere, autocélébration donc.
En-dehors de Much too much, tous les titres sont brillants, mais ils révèlent le plus souvent non pas le côté rock des singles, mais l'intimisme tendre qui couve sous le front de génie de Townshend. Un titre s'impose encore une fois, l'énorme The Kids are alright qui annonce le meilleur des Who pour les deux années à venir, la douceur et la finesse avec l'énergie et un zeste de rock vitaminé. On note encore la présence de Nicky Hopkins au piano sur plusieurs titres et bien sûr l'instrumental The Ox somptueusement porté par la batterie de Keith Moon. Alors qu'on ne cite les Who pratiquement qu'à partir de leurs titres de 69 à 71, alors qu'on les prétend le groupe rival des stones pour la consécration de plus grand groupe de rock, il me semble que c'est en 65 même et en 65 seulement que les Who furent très près de l'emporter sur la bande à Jagger et Richards. Avec les trois singles, voici les cinq titres qui montrent le caractère redoutable des Who pour la concurrence en 1965.


En 66, les Who vont atteindre une nouvelle dimension. Sous l'impulsion de leur leader compositeur Ray Davies, et malgré l'avis des autres membres, les Kinks se sont éloignés du rock des débuts. Ray conserve la nonchalance, mais il entre dans une période de créations anglaises, plus pop, plus intimes et satiriques à la fois. Il veut établir des vignettes poético-grinçantes. Et il atteint effectivement des sommets, en dépit d'une évolution vers de moins en moins de succès. Les Who sont eux aussi à l'évidence beaucoup moins rock que leurs trois premiers singles, surtout en 1966. Pete Townshend se consacre lui aussi à une création plus anglaise dans l'esprit, mais avec une ampleur mélodique tout à fait vertigineuse. Mc Cartney des Beatles a prouvé son génie mélodique, mais lui comme Ray Davies des Kinks me semble rester carré de mélodie en comparaison du déploiement des Who. L'image de Townshend raide faisant tourner son bras comme l'aile prise de vitesse d'un moulin à vent qui serait fou caractérise la griffe acérée de son rock, de manière d'ailleurs paradoxale, mais à paradoxe paradoxe et demi, car ce déportement violent et ample d'une aile de moulin à vent me paraît une bonne image de l'incroyable amplitude mélodique des Who qui sortent des titres rock dont l'émotion chantée et le phrasé riche d'une communication extra musicale et pourtant musicale ne ressemblent à rien d'autre : Substitute, I'm a boy, Happy Jack, So sad about us...


Ce ne sont pas les quatre seules compositions de Townshend en 66, mais il faut dire qu'il y en eut peu d'autres de sa part cette année-là. Entwistle compose lui aussi des choses intéressantes à son tour.
Pour les stones, cette année est sans doute aussi moins rock, moins rhythm'n'blues, malgré 19th nervous breakdown et Have you seen your mother, baby, standing in the shadow? dont nous reparlerons plus loin.
Mais c'est une grande année pour eux de création musicale à l'anglaise ou non avec Paint it black et l'album Aftermath. Les Beatles sont peut-être eux aussi un peu moins rock, mais c'est moins perceptible, avec Revolver. En 66, c'est d'ailleurs une année de transition, car, si le psychédélisme de 67 qui va suivre ne s'imposera pas purement et simplement aux années 68 à 70 qui mêle le psyché à un retour du rock, il n'en reste pas moins que l'année 66 est étrangement l'année qui va transformer en matière d'un glorieux passé l'extraordinaire rhythm'n'blues et rock britannique des années 64-65.
Enfin, vu que certains forts d'esprit veulent nous expliquer que Townshend n'a pas inventé l'opéra-rock sous prétexte que Tommy a été précédé par SF Sorrow des Pretty Things et qu'Arthur des Kinks n'est sorti qu'après alors qu'enregistré avant, eh bien! remettons les pendules à l'heure de tous ces gens qui semblent ne pas vraiment écouter les Who ou qui sont en tout cas incapables d'établir des liens logiques et évidents entre les événements.
Car, sur leur superbe album A Quick One! de 66, les Who sortent le premier opéra rock de l'Histoire du rock, le premier enchaînement d'album-concept bien que réduit à une seule face de disque, et ce concept donne son titre à l'album de 66.
L'histoire est aussi maigre que celle de Tommy ou Quadrophenia, puisqu'il s'agit du pardon accordé par un mari à sa femme qui l'a trompé pendant son absence.
Je ne crois absolument pas au génie intellectuel existentialiste de Townshend dont rappeler cruellement qu'il fut un adepte de Meher Baba. Quant à ceux qui fustigent le nom "opéra-rock" en prétextant que les albums de Townshend ne ressemblent pas à de l'opéra, je ne les comprends pas. J'ai écouté plusieurs opéras dans leur intégralité et Townshend en a glissé plusieurs éléments dans ses projets: Ouverture, Underture dans Tommy, motifs qui reviennent, morceaux de liaison quasi parlés, comique du chant, constructions, effets des choeurs, soulignement grandiloquente de l'orchestration, etc. Il me semble facile d'avoir une autre idée que Townshend et de le coincer en fonction d'une conception de ce que devrait être l'opéra rock qui n'est pas celle que Townshend nous invite à supposer en son oeuvre. Il ne faut pas confondre poétique et dramaturgie. La poétique, c'est le respect des règles, la dramaturgie c'est étudier comment l'artiste a procédé. Les règles n'étaient pas imposées, et il faut donc juger par l'investigation, donc par une étude dramaturgique. Que le terme soit pompeux et décrié par d'autres, c'est un autre problème, et je ne pense que l'idée d'album-concept échappe mieux au reproche de pédantisme. Oublions donc les considérations vaseuses et revenons à ce premier opéra rock de l'Histoire que les Who jouèrent en live pour l'émission télévisée Rock'n'roll circus en 68 autour des Rolling stones. Ce sont bien les Kinks (cette fois!) et les Pretty things qui se sont inspirés des Who et qui ont essayé de les gagner par la course. Arthur des Kinks perdra la course contre Tommy tout en étant un pur chef-d'oeuvre. Quant à SF Sorrow, il est sorti avant Tommy, mais après le modèle A Quick One while he's away. Pire encore, SF Sorrow est un album mitigé qui ne saurait rivaliser avec ses concurrents au plan artistique.


Mais, ponctuellement en 66-67, le rock revient en force au sein de toutes ces formations.
Les Rolling stones ont sorti un incroyable 19th nervous breakdown au début de l'année 66, peu avant Paint it black. Et à la fin de l'année 66, il sort un titre déséquilibré et saturé éblouissant qui montera assez haut dans les charts, mais dont l'absence à la première place doit s'expliquer par sa trop grande modernité d'audace.


En 67, les Who continueront plutôt dans cette veine tendre et généreuse de 66, mais vers la fin de l'année ils sortiront à nouveau un single rock dont on peut penser qu'il fut médité à partir des deux titres rock de 66 que nous venons de citer des stones. Les Who voudraient sortir le rock ultra, en s'inspirant de ce qui s'est déjà fait et en y ajoutant leur amplitude particulière : ouverture par un chant clair, une lenteur d'avant-plan affolée par l'arrière-plan, ce que complète leur manière de jouer initiatives folles à la batterie, jeu par touches acérées de la guitare, déploiement à la basse,... Ce sera I can see for miles, leur plus gros succès.


I can see for miles semble avoir déçu Mc Cartney qui méditera alors son rock ultime et déstructuré : Helter skelter.
Le début de l'année 67 a lui été marqué par un single de veine tendre, mais à l'orchestration fine avec pour l'anecdote une brève imitation instrumentale de l'éjaculation, la chanson étant une ode à la masturbation.
La face B est l'une des plus remarquables compositions d'Entwistle qui en a eu quelques-unes de très réussies.

L'année 67 sera aussi celle d'un nouvel album-concept des Who The Sell Out. Il s'agit d'une fausse émission de radio pirate où les titres sont dès lors entremêlés à de faux jingles qui marqueront la mémoire des fans des Who à leur tour. I can see for miles figure sur cet album, mais pas Pictures of Lily, cette dernière étant tout de même compensée par un autre hymne à la masturbation Mary Anne with the shake hands, chanson qui a connu plusieurs versions des Who.
Qui plus est, un autre opéra rock fait partie de l'album Rael, confirmant à nouveau les claires antériorités de Townshend en la matière.
Les titres éblouissants sont bien présents sur The Who sell out : Odorono, Tatto, évidemment I can't reach you, et l'édition en deux CD blindée de bonus tracks est un bonheur avec en énigme ce titre attribué à Keith Moon Girl's eyes dont on se demande s'il a bien été écrit par lui seul!
Ces bonus sont d'autant plus précieux que les Who ne sortent qu'un album par an. Aucun ne sortira en 68 d'ailleurs.
Enfin, un titre exceptionnel et étonnant leur est offert en ouverture d'album : Armenia city in the sky.


Pas encore de Pinball Wizard, I'm free, Won't get fooled again, The Seeker, Magic bus, Baba O'Riley, Behind Blue eyes, et pourtant si c'était là les trois plus belles années des Who?
Faisons une pause, avant de passer à la suite.

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