mercredi 12 décembre 2012

The Rolling Stones, Not fade away ! Mon monument du cinquantenaire pour les Stones, attention travaux !

L'histoire des Rolling stones commence donc en 1962.
La rencontre de Jagger et Richards est scellée par un disque de Chuck Berry dont Keith est l'un des plus grands fans imaginables.
Le nom du groupe n'a pas été choisi au hasard bien sûr. Il s'agit d'une formule de blues qui revient dans plusieurs chansons, mais que Muddy Waters met en avant sous la forme d'un titre.

Muddy Waters - Rollin' Stone

Ce titre a été joué par les Rolling stones et pas seulement (Hendrix, etc.), mais il est demeuré inédit et figure sur les bootlegs avec son autre titre Catfish Blues.

Les Rolling stones jouent d'abord dans de petites salles de concert et le rêve serait aujourd'hui de renouer avec cette situation privilégiée de leurs débuts.

En 62-63, la Beatlemania se met déjà en place. En 63, les Rolling stones ne sortent eux que deux 45 tours.
Il est maladroit de dire que les Rolling stones n'aimaient pas le titre du premier 45 tours. Le titre est génial, superbe version originale de Chuck Berry, mais sans doute plus rétro pour ceux qui ne passent pas volontiers du rock sixties au rock des années 50.

Chuck Berry - Come on

Sublime ! Les Rolling stones le jouent dans leur style de rhythm'n'blues particulier, du moins ils le souhaitent. L'interprétation est sérieuse. Oui, mais en studio, cet enregistrement ne le fait pas, ce n'est pas les Rolling stones des petites salles. Tel est l'échec. Ils ne sont pas encore rodés. C'est pour la légende que Keith endort ce titre en "premier compromis". Où est le compromis alors? En réalité, ils se sont ratés.

The Rolling stones - Come on

La face B est une reprise de Muddy Waters signée Willie Dixon : I want to be loved, qui le fait.

Le second 45 tours est un compromis. Une rencontre avec les Beatles fait que Paul Mc Cartney leur refile une chanson encore inédite I wanna be your man, chanson dont les Beatles finiront pourtant par se montrer jaloux puisqu'ils joueront le titre concurrement aux Stones en le faisant figurer sur leur deuxième album.
Les Beatles ont donné ce titre en considérant qu'il était plus fait pour être joué par les Stones que par eux.
Il faut remarquer que la Beatlemania n'est pas suffisamment ancrée que pour permettre au titre de caracoler en tête des charts. Les stones ne sont pas encore eux-mêmes.
La face B est un instrumental intitulé Stoned.

63, c'est le rodage en studio pour les Stones, comme ce fut le cas des Beatles avec le succès relatif de Love me do en 62.

64, c'est l'année des Stones, mais sous leur premier visage de repreneurs. C'est un groupe de reprises qui a inventé un rhythm'n'blues typé anglais absolument diabolique, raffiné et sale tout à la fois. Quelque chose de fascinant et d'intensément mélomane.
Cela commence fort dès le début de 1964. Un projet de 45 tours est tombé à l'eau avec les reprises de Poison Ivy et Fortune teller. Le troisième 45 tours est mythique, la reprise de Not fade away, titre de Buddy Holly, mais qui s'inspire d'une autre idole importante des stones à ce moment-là : Bo Diddley.
L'instrumentation est terrifiante, tout est soudé, rythmique et cette formule musicale orchestre même l'apparition du chant. C'est l'une des reprises les plus éblouissantes de l'histoire du rock'n'roll.

Buddy Holly - Not fade away

Bo Diddley - Bo Diddley (1955)

The Rolling stones - Not fade away

Il faut préciser que la face B de Bo Diddley en 1955 n'est autre que le mythique I'm a man que Muddy Waters a retouché en Mannish boy en créditant Bo Diddley. Le Hoochie Coochie Man de Willie Dixon a anticipé en 54 la sortie du I'm a man de Bo Diddley, mais Willie Dixon était déjà installé, alors que Bo Diddley sortait là son premier 45 tours en 55. La gloire du riff d'I'm a man parfois attribuée à Muddy Waters, n'empêche pas de constater que le Mannish boy est postérieur à I'm a man et que Bo Diddley est crédité.
Encore une fois, un 45 tours mythique que le premier de Bo Diddley, deux des airs les plus acclamés de l'histoire du rock y jaillissent.
Une reprise tardive de Mannish boy figure sur une compilation des stones, on en trouve une version live sur Love you live en 77 et une autre en 80 avec Muddy Waters.
En 63-64, les stones reprennent énormément Bo Diddley sur scène, mais autant Not fade away est le titre à la Diddley qui les a propulsés, autant Bo Diddley va rapidement manquer à l'appel sur les albums des stones, une seule reprise Mona. Ils joueront à la Diddley le titre psyché Please go home avec ses chuintements électriques en 67. Une de leurs scies en live de leurs débuts, I'm alright ou It's alright selon les pochettes, figurera en live sur l'album de 65 contentant Satisfaction. Il s'agit d'une composition stonienne à la Diddley.

The Rolling stones - I'm alright (live, intro de Charlie Watts!!)

Le 45 tours prodige Not fade away est accompagné d'un premier album éponyme intitulé The Rolling stones. Les plus belles pochettes d'albums des stones, c'est les premières, quand ils posent tous les cinq froidement. Les pochettes de Rolling stones, 12x5, Out of our heads. Magie!

Les deux premiers albums sont dominés par les reprises. Chuck Berry revient plus que volontiers quand il est question de reprises.

The Rolling stones - Carol

La version supérieure sera live 6 ans plus tard sur le live d'exception Get yer yaya's out.

Une prédilection pour les bluesmen dits marécageux est affirmée sur ce premier opus avec une reprise de Jimmy Reed et une autre de Slim Harpo. Je me méfie de la légende selon laquelle Lennon aurait dit qu'il n'aimait pas trop Reed et que Richards lui aurait dit: "finalement moi non plus", cessant d'en jouer et donc d'en reprendre. Cela ne saurait être que du ragot, d'autant qu'artiste blues plus ancien, Jimmy Reed a enregistré de très bons albums sixties en profitant du revival. Les stones jouaient beaucoup de titres de Jimmy Reed et de Bo Diddley en 63 et 64, ce qui fait beaucoup de titres figurant sur les bootlegs de titres de 64.
Les classiques de Jimmy Reed sont Honest I do qui en est un et qui figure sur ce premier album éponyme des stones, mais aussi Baby what you want me to do (traduire Baby que veux-tu que je fasse?, si je ne m'abuse), titre repris par Little Richard, Bright Lights Big City, Big Boss Man, Shame shame shame et Ain't that lovin' you baby.
Slim Harpo figure pour un titre I'm a king bee, il a l'honneur d'une reprise sur Exile on main street avec un titre qui apparaît pourtant peu sur les disques, compilations de Slim Harpo : Shake your hips. Les Flamin' Groovies ont repris l'humoristique Baby scratch my back (Baby, gratte-moi le dos). Les Coronados, groupe garage français des années 80, chantaient en français, mais ils adaptent dans une version en anglais répétitive, mais sublime la formule du I love the life I'm living, si ce n'est que le titre qui porte ce nom dans l'oeuvre de Slim Harpo est plus rétro et pas spécialement rock. Les Kinks ont repris Got love if you want it en 64 même, et les Who, amenés comme de nouveaux Kinks, reprendront ce même morceau sous un autre titre, leur producteur se créditant dans l'affaire. Got love if you want it de Slim Harpo, une source au chant décontracté de Ray Davies? Les Them reprendront eux Don't start crying now.

Le titre que je choisis de Jimmy Reed invitera à considérer que la présence de Jimmy Reed sur le premier album des Rolling stones ne se limite pas à la reprise d'Honest I do et qu'il reste quelque chose de Reed sur Out of our heads. A vous de trouver.

Jimmy Reed - Big Boss Man

Tiens, une reprise par Elvis Presley.
Elvis Presley - Baby what do you want me to do (Reed)
Little Richard - Baby what do you want me to do
Slim Harpo - Scratch my back
Slim Harpo - Got love if you want it
The Kinks - Got love if you want it (reprise 64)
Slim Harpo - Strange love

Blues marécageux, parce que la composition joue sur ses silences pour créer son ambiance.

Le premier album des stones se signale encore par la performance instrumentale de Little by little, par d'autres reprises dont le Can I get a witness de Marvin Gaye ou le Walking the dog de Rufus Thomas, proche d'Otis Redding à la Stax, sans oublier le I just want to make love to you, titre de Muddy Watzers signé Willie Dixon.
Mais, dès cette époque, les stones composaient. Jagger-Richards offraient des bluettes à Gene Pitney et d'autres, dès leurs propres débuts. Marianne Faithfull va en profiter avec As tears go by.
Mais, une de ses chansons figure sur le premier album des stones, et précisément une chanson mièvre. On peut céder au plaisir coupable. La chanson est déjà exceptionnelle. Il semble que les stones se soient rodés en fait de composition en privilégiant la mélodie sucrée, ce qui ne fut pas idiot, vu la suite. Pour être un grand compositeur, mieux vaut ne pas se ferrer tout de suite dans son domaine. Les stones furent des compositeurs dans le rock parce que leur innutrition venait partiellement d'autres horizons. Logique qui s'est perdue, ou qui n'est pratiquée que sur des modes d'application peu distinctifs entre les genres.

The Rolling stones - Tell me (you're coming back) (Jagger-Richards)

En faisant abstraction des différences entre pays (Royaume-Uni, Etats-Unis sinon France), disons que le deuxième album de reprises de l'année 64 sera enregistré aux Etats-Unis, à Chicago. Il s'intitule 12x5. Chuck Berry est encore à l'honneur, une reprise de lui et une reprise qu'il a reprise sur chacun des deux premiers albums stoniens: Carol et Route 66, puis Around and around et Confessin' the blues. Les compositions de Jagger et Richards augmentent et prennent plus le profil stonien. Grown up wrong est un remarquable exemple de cette évolution. Présenté en version écourtée, 2120 South Michigan Avenue est un hommage aux studios d'enregistrement chicagolais dont son titre nous livre l'adresse.

The Rolling stones - 2120 South Michigan Avenue
The Rolling stones - Grown up wrong

Il ne faut pas oublier que les stones n'ont pas qu'un an de retard sur les Beatles, lesquels se produisent ensemble depuis plus d'années encore.

Les Rolling stones s'affirment progressivement en tant que compositeurs et ne peuvent dès lors prétendre concurrencer réellement la Beatlemania.
Leurs reprises ont pourtant un succès de plus en plus fracassant. L'album 12x5 contient des reprises avec des titres d'un rhythm'n'blues plus soul, plus sirupeux, que le public associe moins spontanément aux stones, malgré leur constance en la matière, comme Under the boardwalk des Drifters.
Les 45 tours contemporains sont It's all over now et Time is on my side. It's all over now est leur premier numéro 1 en Angleterre et Times is on my side est pour conquérir le marché américain. Il a atteint non pas la première place, mais une des premières places un instant (5è ou 6è). It's all over now est devenu un titre anecdotique dans les mémoires. Pourtant, les Rolling stones ne furent plusieurs fois numéro 1 au Royaume-Uni que de 64 à 69. Ils ne le furent plus jamais par la suite. Ils ont pu être à nouveau numéro 1 en Amérique, mais pas en Angleterre au-delà de 69.
Et, comme ils ne furent pas numéro 1 en 67, qu'ils ne le furent qu'une fois en 68, qu'une fois en 69, on constate que le bilan concerne surtout leur premier âge de 64 à 66, avec la présence clef de deux premières reprises numéro 1. Little red rooster, blues lent signé Willie Dixon, sera le nouveau hit pour eux en 64. En 65, les Rolling stones vont faire mieux avec trois titres originaux : The Last time, Satisfaction et Get off of my cloud, sachant que deux d'entre ces trois souffrent aussi aujourd'hui d'une moindre connaissance de la part du public. Mais, finissons sur l'année 64 en citant les deux consécrations.

The Rolling stones - It's all over now
The Rolling stones - Little red rooster

En 65, double exploit, trois compositions originales sont numéro 1 cette année-là et ils sortent le 45 tours le plus célèbre de l'Histoire: (I can't get no) Satisfaction. 65 est l'année par excellence où la rivalité entre Stones et Beatles a un sens en termes de notoriété, cette rivalité sera reconduite pour l'année 66, avant que les Beatles ne fassent définitivement la différence en termes de notoriété, suite au manque de stabilité des stones en 67.
Le premier numéro 1 original s'inspire pour les paroles d'un superbe titre des Staple singers, pas de leurs albums soul encore à venir, mais d'un blues gospel exceptionnel des années 50 où le papa fait jouer ses filles, dont une a une voix immense, supérieure à Tina Turner ou Aretha Franklin: Mavis Staple. Dans les années cinquante, la guitare amplifée accompagne ce qui sort des triples, bien supérieur au goût soul des filles qui 15 ans plus tard sortent pourtant de très bons Respêct yourself, Bealtitude, toujours avec leur père.

The Staple Singers - This May be the last time

Une partie des paroles et de leur format mélodique est reprise, mais la musique est originale, avec les débuts d'expert du riff de Richards.

The Rolling stones - The Last time (Jagger-Richards)

Plagiat partiel non crédité. La chanson est fabuleuse.
Avec un peu un style à la sir Henry, Messe pour le temps présent, The Last time sort en version orchestrale. La ressemblance avec le titre original n'est pas évidente, cela se reproduira avec l'album du London symphony orchestra de reprises des stones au début des années 90, où il n'est pas facile d'identifier les morceaux.
La version orchestrale de The Last time par The Andrew Oldham Orchestra inspirera un plagiat qu'on peut dire cette fois intégrale avec le Bittersweet symphony de The Verve (groupe au demeurant insignifiant), un quart de siècle plus tard.

Andrew Oldham Orchestra - The Last time

Le hit est bien sûr Satisfaction. C'est une création à la base de Keith Richards, lequel a créé un mythe de nonchalance autour de ce titre. Il s'inspirerait quelque peu de la musique du hit Dancin' in the streets de Martha Reeves and the Vandellas, qui n'est pas n'importe quelle formation soul Motown du début des sixties, ce qui n'est pas sensible. Keith a créé la légende d'une maquette où il avait prévu de mettre des cuivres. Mais, la réalité, c'est que ce riff essayé à la fuzzbox emporte tout, et Keith n'a peut-être pas digéré le côté gadget de la fuzzbox. Le titre est absolument époustouflant. En entendant ce titre, le public ne tient plus en place, c'est la référence historique en matière de rock, le titre culte au-dessus des autres pour ce qui est du format tout exploser en deux, trois minutes.

The Rolling stones - Satisfaction

J'ai privilégié un lien vidéo nous épargnant les productions lisses du genre une photo de la langue, il faut une image d'époque dans le ton, sinon un passage télé d'époque. On peut lorgner aussi du côté de la version revisitée exceptionnelle de la tournée anglaise de 71 dont peut d'enregistrements nous sont parvenus, mais tout de même Leeds et Roundhouse. Une version live officielle un peu trafiquée figure sur l'édition de Get yer ya-ya's out du 40ème anniversaire.

L'autre numéro 1, qui se démarque de Louie Louie véritablement, puisqu'il ne lui ressemble pas à l'oreille, n'est autre que Get off of my cloud, titre exceptionnel devenu anecdotique.

The Rolling stones - Get off of my cloud

Mais, 65 est aussi l'année du rhythm'n'blues stonien desservi désormais par des compositions personnelles du groupe. D'autres titres donnent leur frisson et aussi toute la dimension rock du groupe à cette époque. Ils proposent des joyaux, Heart of stone (à la James Brown je pense), ou déjà un peu psychédélique Play with fire. Les stones ne font pas du freakbeat, mais une rhythm'n'blues magique qui n'appartient qu'à eux.

Heart of stone
Play with fire
Long long while

Les trois titres qui précèdent, c'est ça écouter et aimer les stones!!!

En 65, ils reprennent Don Covay, Marvin Gaye, Sam Cooke, d'autres encore. Ils sont justes.
C'est aussi l'année de titres enregistrés et demeurés inédits avec une partie reconduite sur l'album Metamorphosis.
Je renonce à tout dire de la foisonnante année 65.

Voilà, j'ai commémoré le cinquantenaire stonien. Je laisse à l'année 66, l'autre année exceptionnelle en termes de notoriété le plaisir d'un futur épisode....

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