mercredi 13 juillet 2011

21. The Beau Brummels : Introducing the Beau Brummels :

http://www.youtube.com/watch?v=oOGe8wjAfPw
http://www.youtube.com/watch?v=tm8gtFQja5U


http://www.youtube.com/watch?v=1_GeYgT58d0
http://www.youtube.com/watch?v=uHqeyTIVoPM&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=0Ud-CJTFWf0
http://www.youtube.com/watch?v=73DiNACjNVE&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=x11tYrAu9To&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=KVQaL24LqNc&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=hWHRWwWlesE&feature=related


S’intéresser aux formations obscures sixties oblige à adopter un profil de collectionneur un peu particulier. Si vous êtes fans des Rolling stones, des Who, des Kinks, de Chuck, de bo Diddley, vous achetez au fur et à mesure tout ce que vous trouvez que vous ne possédez pas encore, et peu vous importe le reste des artistes. C’était un peu mon profil, même si je m’intéressais à bien d’autres groupes ou artistes. Ce qui est certain, c’est que pendant un temps mes achats n’allaient pas assez vite à mon gré, mais ils ne me posaient guère la question du choix. La découverte des coffrets Nuggets, heureusement, n’a pas été concurrente de ma première époque d’achats d’artistes majeurs disponibles un peu partout et de bootlegs. En découvrant les Nuggets et d’autres types de compilations révélant des territoires à explorer, des artistes nombreux à acheter, j’ai dû passer à un mode d’achat beaucoup plus sélectif. Plus trop question d’acheter un CD et de dire « je verrai bien ! » Je sélectionne les groupes qui doivent être achetés, ceux qui attendront de toute façon, ceux qu’il est urgent de se procurer, etc., et surtout je suis entré dans ce profil amusant qui consiste à déterminer les albums qui se détachent des autres dans la carrière d’un bon groupe, fût-elle éphémère. La formule : « les deux premiers albums », revient souvent, je peux le garantir. Il y a tout un budget à gérer habilement désormais. Heureusement, j’approche du moment où je serai plus tranquille dans mes achats. J’aurai la collection impériale rock que j’ai souhaité avoir avant janvier 2013.
Dans les années 90, j’avais repéré sans même l’écouter un coffret des Beau Brummels. J’étais intrigué, mais des achats prioritaires d’artistes célèbres m’imposaient de laisser de côté l’oiseau rare. Avec le coffret Nuggets américain, je suis revenu aux Beau Brummels. J’ai appliquement la discipline sélective, en n’achetant que les deux premiers albums et le quatrième Triangle. Le troisième album ne serait qu’un assemblage des restes laissés dans leur première maison de disques. Une voix seulement sur les deux consultées m’avait recommandé Triangle et je ne l’ai pas regretté. C’est encore un superbe album et j’en suis arrivé à me dire que je n’avais pas assez de disques des Beau Brummels. J’ai même acheté un CD live du groupe. Les albums sont réédités avec peu de bonus tracks. Le premier Introducing… fait partie du catalogue des rééditions Sundazed. Les deux bonus sont une version différente de Just a little et un titre single Good time music repris des Lovin’ Spoonful. Le dos du CD reprend la photo de la pochette avec ce classieux de la jambe en arrière pour trois des cinq membres sur la grève humide. Le produit est un album de 65 produit par Sly Stewart en personne, c.-à-d. le futur Sly Stone ! Le groupe fut présenté comme le premier groupe américain à rendre le son de ces envahisseurs britanniques qu’ils affectionnaient, ce qui n’est pas tout à fait exact. D’abord, la comparaison ne vaut qu’avec les Beatles, pas avec les autres groupes d’Angleterre plus rock, plus rhythm’n’blues. Même une comparaison avec les Kinks n’aurait pas de sens. Leur ressemblance ne vaut qu’avec le versant Mac Cartney des Beatles, éventuellement le merseybeat. Mais, tout cela est bien trompeur. La musique des Beau Brummels est bel et bien américaine. On peut penser aux Everly brothers par instants, mais aussi à une écoute d’un répertoire plus classiques des années 20 ou 30. Ron Elliott, le compositeur des Beau Brummels a eu une formation classique au piano et à la guitare, et il aimait écouter Gershwin, Jerome Kern, Rodgers, Hart, Glenn Miller. Ses goûts rétros expliquent sans aucun doute une certaine parenté de style avec Paul Mac Cartney. Même si l’intérêt dès 64 pour les Beatles est indéniable parmi certains membres du groupe, on ne peut pas parler de formation sous influence Beatles.
Enfin, quant à ce qui est de leurs qualités, elles sont exceptionnelles. Le chanteur Sal Spampinato, qui se renommera Sal Valentino, a une très belle voix et une très grande maîtrise du chant. Nous avons droit à une formation de musiciens impeccables qui brillent quoiqu’avec discrétion dans l’emploi de leurs instruments. Et Ron Elliott est le génial compositeur du groupe. Le titre qui ouvre l’album est l’exceptionnel Laugh, laugh qui montera à la quinzième place du Billboard en janvier 1965. Le morceau a impressionné la maison de disques. Il y a de quoi ! Le déchirement du chant est amplifié par l’harmonica. Le tambourin figure également parmi les instruments. D’ores et déjà, c’est de la pop à coloration rock. Il ne faut pas s’y tromper. Cette musique n’agressait pas les oreilles des grands-parents. Le son de la guitare est claire. Les notes s’égrènent naturellement sans saturation. La voix est magnifiquement posée et fait rêver. Le batteur se permet plusieurs effets, mais en restant délicat. Le second titre Still in love with you baby a un tempo plus enjoué, puis vient la coécriture Elliott-Durand Just a little, l’autre temps fort de l’album, ce qui veut dire que le groupe excelle dans les compositions déchirantes, mais toujours avec une sorte de chœur réjouissant qui rehausse l’esprit formel de la composition. Just wait and see part sur un rythme de train guilleret où la joie se partage avec un refrain intensifié par un effet de voix pincée. Avec claquements de mains et autre rythme bondissant, plus cris de cow-boy placés à l’arrière, Oh Lonesome me continue d’imposer une voix comique chantante à l’américaine. Suit alors un morceau particilièrement prenant sur un tempo rapide avec une voix ponctuellement envoûtante Ain’t that loving you baby. Oh Lonesome me (D. Gibson) et Ain’t that loving you baby sont les deux seules reprises de l’album, les deux seuls titres non crédités Ron Elliott.
Les six derniers titres ne sont plus que des compositions de Ron Elliott, toute la face B du 33 tours originel donc. Stick like glue a des sources en commun avec certains titres des Beatles. Mais c’est le titre They’ll make you cry qui m’éblouit avec son harmonica discret au début et surtout cette voix affectée qui hypnotise, englue dans l’âme dans la musique. Puis vient ces notes claires et espacées de harpe solidement pincée. Les percussions donnent l’impression d’épaisses gouttes d’eau qui tombent dans une flaque, sans que ce ne soit morbide, car le son est en réalité plutôt sec avec de la résonance. Une ligne descendante de guitare au son clair ponctue la fin du morceau. On repart sur un morceau plus rock bien syncopé et nasillard That’s if you want me too auquel ne manque pas le solo de guitare, mais avec ce paradoxe qu’il est affaibli à l’enregistrement, placé ainsi en arrière, laissant beaucoup de clarté au jeu de batterie simultané. Et ça rocke les années cinquante sur I want more loving, ses onomatopées rigolotes et sa guitare à la Berry. Une ballade profondément américaine en poésie suit avec I would be happy, nous rapprochant d’airs déjà plus connus. L’album se termine sur un morceau bien représentatif des orientations et qualités du groupe Not too long ago. Il est merveilleusement choisi pour donner envie de l’écouter d’emblée une autre fois, sans préparer la prédilection inévitable pour les principaux morceaux déchirants. De toute façon, les morceaux enjoués sont suffisamment bons que pour s’imposer sans qu’on ne ressente le besoin de retourner à Laugh, Laugh, Just a little ou They’ll make you cry. Je ne sais d’ailleurs pas si ce dernier est encensé par la critique, je le mets en avant pour l’impression qu’il me fait.
En bonus track, la reprise Good time music où on reconnaît nettement l’esprit de John Sebastian le fait également. Les Lovin’ Spoonful ne sont pas non plus n’importe quel groupe. Je traiterai des autres albums mémorables des Beau Brummels plus tard, ce qui sera l’occasion de revenir sur l’histoire des musiciens. J’ai déjà du mal à partager mon goût pour le rock sixties, je ne sais pas avec quel mélomane je vais partager mon intérêt pour la musique des Beau Brummels. Avec un inconditionnel des Beatles ? Oui, et encore, en cherchant ! Dire que j’ai six ou sept CD des Everly Brothers et que j’ai prévu quelques chroniques.

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