Liens à venir
Le rythme funk de James Brown est assez étriqué malgré tout et il revient à Sly and the Family Stone d’avoir fait éclater cette limite embarrassante. Ceci dit, la fermeté obsessionnelle a parfois son plaisir. Une ribambelle de super musiciens a alimenté la machine James Brown et voici un super double CD à leur sujet. Il s’agit d’une anthologie dont une bonne partie des titres renvoient à d’authentiques albums d’époque. Le nom varie parfois : The J.B.’s, Fred Wesley and the J.B.’s, The James Brown soul train, Maceo and the Macks, The Last word (nom plutôt drôle pour de la musique ultra groove), Fred and the New J.B.’s, Maceo, The J.B.’s with James Brown ou The First family (The Godfather-J.B.’s – Lyn Collins – Lee Austin – Maceo). Chaque CD contient 15 plages. Le premier s’ouvre par une introduction de 25 secondes qui enchaîne sur un bœuf de 12 minutes avec saxophone (James appelle Maceo) et flûte (toujours Maceo). Il s’agit d’une version complète du 19 janvier 1973 de Doing it to death. C’est déjà une bonne raison de foncer sur ce CD. Les titres suivants sont également remarquables, mais plus courts, même si plus d’un réunit des parts 1 & 2. Il y a des hits dans cette liste, à commencer par Gimme some more, mais je lui préfère Pass the peas. Le dernier titre du premier CD dure à son tour 13 minutes 45 More peas. Le second CD n’est pas encadré par des morceaux aussi longs. Il s’ouvre par une version live inédite de Gimme some more et les trois titres les plus longs, disséminés dans l’ensemble (2ème, 5ème et 13ème), font entre 7 minutes 46 et 9 minutes 26. La distribution n’est que partiellement chronologique. Quelque peu symboliquement, Doing it to death a été placé en tête. Avant de commenter cette discographie qui semble en marge de l’œuvre de James Brown et qui semble donc sortir du sein du groupe lui-même, précisons qu’il s’agit bien d’un groupe sous la houlette de James Brown. Pratiquement tous les titres sont écrits par lui, parfois avec la collaboration de Charles Bobbit, parfois avec celle d’un membre de la formation John Straks, Fred Wesley, St. Clair Pinckney. Les exceptions sont Blessed blackness par Fred Wesley et Charles Bobbit sachant qu’il s’agit d’un titre de 66 que Wesley prévoyait pour son propre groupe à l’époque, la reprise Honky Tonk (part 1) (Bill Doggett-Shep Shepherd-Henry Glover-Clifford Scott-Billy Butler), la reprise Watermelon man d’Herbie Hancock et Rockin’ funky Watergate crédité Deirdre Brown.
Le titre 2 du premier CD The Grunt (Parts 1 & 2), qui sonne différemment des titres voisins par sa grande orchestration trompettes et saxophone est le seul avec le groupe originel et tout le groupe a été crédité pour la composition. Le célèbre Bootsy Collins y tient la basse. Trois titres de 71 suivent : My brother (parts 1 & 2) et les deux premiers hits Pass the peas et Gimme some more. A la même époque, le groupe accompagne James Brown sur des hits tels que Hot pants, Escape-ism et I’m a greedy man. De 71, le titre 8 de notre premier CD s’intitule Hot pants road. Bien que les musiciens ne soient pas complètement au top (ce n’est d’ailleurs qu’une époque 70-75 de la carrière de James Brown), la reconnaissance continue avec J.B. Shout et Blessed blackness au début de l’année 72. A part la face B J.B. Shout et certaines parties, l’ensemble de ces titres se retrouve sur l’album Food for Thought – Pass the peas – I Mean Gimme some more.
En juin 72, sort un nouveau single qui le fait : Givin’ up food for funk (Parts 1 & 2). Les Funkadelic et Parliament de George Clinton ont hérité de l’humour et du rythme de tous ces premiers titres des J.B.’s. D’ailleurs, plusieurs musiciens de James Brown joueront avec eux, notamment sur l’album America eats its young (abréviation pour « young ones »), notamment Bootsy Collins. Le nom du groupe oscille alors entre The J.B.’s et Fred Wesley and the J.B.’s. Apparaissant sur l’album de James Brown Soul Classics Vol. II, le titre Honky tonk (part 1) les transforme en The James Brown soul train. Le nom Fred Wesley and the J.B.’s va ensuite s’imposer pour un temps, avec les singles Dirty Harri, Watermelon Man et avec bien sûr les titres de l’album de 73 Doing it to death : You can have watergate just gimme some bucks and I’ll be straight, More peas et notre ouverture de CD1 Doing it to death. Mais, le nouveau venu Maceo a pris, on l’a vu, un petit ascendant sur ce dernier titre, puisqu’il s’agissait de placer un instrumentiste solo au centre du groove funk. Aussi, le groupe devient Maceo and the Macks sur l’album Us !! dont nous avons ici les titres : Parrty (Parts 1 & 2), un des meilleurs titres de l’anthologie qui est un remake de The Popcorn, et Soul power ’74 (6ème titre du second CD, un remake réussi du hit de 71 pour James Brown). Un single de 74 Cross the track (we better go back) est également joué sous le nom de Maceo and the Macks, et enfin le single Future shock (dance your pants off) porte le seul nom de Maceo. A noter que « pants » cache l’obscène « ass », le titre original était : Let’s go to the discotheque and dance your ass off, ce qui aurait fait clin d’œil au Funkadelic. Dans le même ordre de déviance de la ligne directrice musicale, le single Keep on bumpin’ before You give out of gas est enregistré sous le nom The Last word. C’est donc peut-être en partie dans la mesure où l’interprétation live de Gimme some more qui ouvre le second CD est inédite que le nom revient au bref The J.B.’s. Ceci dit, le groupe est présenté sous ce nom simple sur scène, avec la fièvre répétitive de l’enthousiasme. Nous repartons alors pour une série de Fred Wesley and the J.B.’s : Same beat (Parts 1, 2 & 3), If you don’t get it the first time, back up and try it again, party, Damn right I am somebody, I’m payin’ taxes, what am I buyin’, qui figurent sur l’album Damn right I am somebody, puis les titres de l’album Breakin’ Bread de la même année 74 : Breakin’ bread et Rockin’ funky watergate. Il est même question pour ce dernier album de Fred Wesley and the New J.B.’s. Mais ce « new » ne s’imposait pas, puisqu’il n’y avait pas de nouveau musicien dans la formation.
Same beat annonce nettement l’évolution de cet autre groupe Parliament à partir du milieu des années 70 chez George Clinton, mais les bruitages étranges se trouvent déjà dans Maggot brain de Funkadelic.
Pour situer, rappelons qu’au début de 74, James Brown connaît le succès en parallèle avec Payback. Il s’agit d’une période aux textes plus politiques pour tous ces albums. En revanche, à la fin de l’année 74, le succès va commencer à décliner. Plusieurs singles sont alors édités en essayant de jouer sur l’arrière-plan des musiciens. C’est le cas du titre Control (people go where we send you Part 1) joué sous le nom de The First family et contemporain de Breakin’ Bread. En 75, l’album Hustle with speed revient au nom de scène court The J.B.’s. Les deux titres retenus sur notre anthologie sont All aboard the soul funky train et (It’s not the express) It’s the J.B.’S Monaurail. Fred Wesley reproche alors à James Brown de s’inspirer de gens qui s’inspirent de lui, ce que James Borwn prend très mal. Il perd le contrôle de ses nerfs et c’est la fin rapide du groupe. Après Fred Wesley, tous les musiciens partent rapidement à leur tour. Marqué par de nombreux départs, un dernier titre de notre sélection ramasse la question de l’ego sous le nom The J.B.’s with James Brown : Everybody wanna get funky one more time (part 1).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire