vendredi 9 mars 2012

Le dilemme pour faire découvrir en quantité du bon rock obscur

Dans les années 80, la revue Nineteen a connu un succès intéressant. Dans le circuit des magazines de rock, elle avait le mérite d'aligner les articles de fond, sans émancipation littéraire, et de faire découvrir le rock obscur. La revue Dig it a repris le flambeau depuis les années 90, sans avoir le même succès. Mais si certains articles de fond sont bons, la revue est spécialisée dans un créneau plus obscur que Nineteen et elle possède l'inconvénient d'aligner massivement des groupes éphémères dans lesquels aucun tri n'est effectué.
J'ouvre une revue Dig it, par exemple le numéro 33, et j'ai au début cinq pages Through the grapewine et à la fin six autres pages. Je vois défiler une liste considérable d'albums d'actualité par des artistes dont le nom ne me dit absolument rien du tout. Tous ces artistes sont indifféremment vantés dans un langage fleuri: "S'il en faut un, ce sera celui-là (avis qui vaut jusqu'à la vignette suivante)", "arrivage très costaud", "joué bien souvent au-delà de la vitesse de sécurité", "Une explosion! Des Detonations qui vont remettre en gras la Louisiane sur la carte mondiale du r'n'r", "Screaming Apple a eu la bonne idée de sortir en cd les deux récents albums du groupe", "On retiendra le tube, 'Leave me out' avec son riff stoogien et pléthore de tambourin ou...", "les mids-tempos sont excellents", "On revient aux guitares qui ferraillent, aux solos sursaturés, aux grosses cylindrées alimentées au nitrométhane et armées de bazooka...", "Ce premier combo allemand débarque avec un premier single plein de foutre et de flammes", etc. C'est ce style-là sur onze pages. Je ne connais pas les groupes dont il est question et je trouve que là je ne suis pas aidé pour entrer dans leur univers. Les perpétuelles exaltations me rendent plutôt méfiant. En plus, même si j'étais un millionnaire plein de bonne volonté, j'aurais encore beau courir à la sortie du fanzine que les albums ne seraient déjà plus en vente. Ils sont pratiquement tous introuvables et ne sont guère édités à plus de 300 exemplaires.
Ce qu'il importe de faire, c'est quand même d'établir des priorités et des courants dans le rock pour que les gens puissent trouver leur chemin.
Il y a évidemment des choses imparables. Il est difficile, j'ose croire, d'aimer le rock sans un jour croiser un album stonien de la période 64-72. La magie des stones était alors un esprit et une musique magistrale qui représentait son époque et qui le faisait à tout coup.
Après, il faut approfondir, et c'est une erreur que de sous-estimer un ou deux albums d'un groupe en les prenant pour du sous-stones. Nous avons une tendance à raisonner de manière hiérarchique: beaucoup de chansons des stones sont au-dessus de la première d'une tonne de groupes dont je recommanderai chaudement tel ou tel album. Mais l'abandon à la musique montre par le plaisir et le sentiment de l'oreille que tout cela se tient parfois assez volontiers dans un mouchoir de poche. Il y a réellement une production de qualité avec en prime la variété qui fait de l'exploration des sixties, du rock, et de tout ce qui s'en approche un puits sans fond.
Tout cela pour en arriver à l'idée que la masse des choses géniales est une réalité et que je vais essayer de reprendre ce blog avec de nouveaux moyens: recours aux mots clefs, approfondir la question d'un découpage par secteurs, marquer les priorités, dresser quelques tableaux, sinon des arborescences, et enfin il y a toujours l'idée du répertoire alphabétique qui m'intéresse.
Voilà pour l'instant un peu ce qui me vient dans la tête. L'idée, c'est qu'avec internet on peut chercher et trouver. Moi, je donne déjà des synthèses, je passe en revue ce qui vaut la peine d'être écouté avec mes commentaires. Des liens permettent assez souvent de vérifier par soi-même.
Je pense réorganiser le blog et donc aussi retoucher aux anciens messages.

It's not easy (cover des stones par bob hocko & the swamp rats)

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