lundi 20 juin 2011

Intermède :

J’ai essayé de jouer avec les frontières dans cette série de collectors des sixties (et fifties, et seventies). Je n’ai pas voulu commencer par présenter les grands groupes, ni les pointures citées en premier par les spécialistes du rock garage sixties et des compilations Nuggets. J’ai évité également de me concentrer sur des secteurs particuliers (la Californie, l’Angleterre, tel profil de courant rock). La compilation des Marmalade a été choisie comme exemple de revalorisation d’un groupe connu par son œuvre seconde tout à fait inconnue, démarche particulièrement imprévisible qui me semblait indiquée pour ouvrir la série par une surprise. Je l’ai acheté par commande via l’Armadillo, mais il ne semble plus être dans le commerce actuellement, y compris sur les puissantes sites internet. En plus, je sais que réellement des connaisseurs pointus du rock garage n’ont aucune connaissance de cette œuvre de valeur des Marmalade. Le CD de fanzine Loose gravel était lui aussi un des choix les plus inattendus. Il ne fait pas pleinement partie du circuit commercial, et non seulement les chansons, mais le groupe fait partie des inconnus. J’ai acheté le mien d’occasion à 10 euros seulement à l’Armadillo. Qui dit mieux ? Un copain qui vous le refile, ça n’aura pas le même effet. En plus, Loose Gravel m’a permis de parler d’artistes obscurs de haut vol comme les Charlatans, Mike Wilhelm ou les Flamin’ Groovies, en attendant des fiches sur leur compte. Dans le même ordre d’idées, ma double entrée sur les compilations de Bryan MacLean m’a permis de parler d’un des plus grands groupes de tous les temps, Love. Les compilations de Bryan MacLean sont de l’œuvre inédite et laissent deviner un manque dans la musique des sixties, puisqu’il faut encore songer qu’il s’agissait de maquettes possibles pour le groupe Love. Ce sont des compilations que j’aimerais avoir en double par sécurité. En-dehors de Sundazed et l’Armadillo, je n’ai jamais entendu quelqu’un parler de Bryan MacLean et je n’ai pu partager mon intérêt avec personne. Ainsi interprétés, les morceaux ne sont pas formatés pour être d’emblée compris, apprécié, par beaucoup de monde. Pour Betty Davis, l’égalité de niveau entre les quatre premiers albums m’a amené à réserver une notice à chacun d’entre eux. Je n’ai pas voulu privilégier le quatrième album inédit, car c’est toute l’œuvre de Betty Davis qui dormait dans l’ombre. Je vais m’intéresser à d’autres formations funk. J’ai une compilation des Parliaments, mais je ne pourrai éviter de parler aussi des albums de Funkadelic et des albums de Parliament. Il y en a un paquet d’importants, mais le funk et la soul sont séparés des rayons rock dans de nombreux magasins pour se mélanger à des courants de musique noire-américaine moins évidents pour les amateurs de rock. Le coup est dur pour les artistes de funk, à part peut-être James Brown. Il est bien des grandes surfaces qui n’ont aucun CD de Parliament-Funkadelic, de Don Covay, des Meters, de Sly and the Family Stone, de J.J. Jackson, de Curtis Mayfield, et d’autres artistes majeurs dans la soul. Eddie Hazel, un nom qui ne doit pas dire grand-chose à la plupart des admirateurs d’Hendrix. Black merda, un nom qui fait marrer avec cette écriture argotique de murder prononcé « meudeuh ». Mon choix du sauvetage des démos du groupe The Choir n’appelle guère de commentaires pour justifier son originalité d’œuvre collector. Il s’agit aussi d’une ouverture à la pop. Je m’ouvrirai également au blues-rock, à la soul et à quelques autres formes musicales. Ma base est le rock, mais avec un certain éclectisme. Ceci dit, je ne suis pas ouvert à tout et les portraits de groupe rock progressif seront filtrés à ma convenance, car ce n’est pas mon champ. Enfin, il est des groupes dont je brûle de parler ainsi vite, mais j’essaie de maintenir l’éclectisme désordonné de ma série. Je ne veux pas d’une série anglaise ramassée. J’ai parlé des Marmalade et annoncé de loin en loin Fleur de Lys, Creation, Action ou Attack. Ma dernière entrée a été volontairement américaine. Le terrau est riche et là encore je me suis efforcé de ne pas commencer par quelque chose de bien balisé. J’ai choisi la compilation de Mouse and the Traps, parce qu’elle n’a pas la dimension culte d’un bon nombre de formations américaines sixties. Cette compilation contient aussi plusieurs inédits, mais elle rassemble aussi des 45 tours d’époque et elle montre que ma démarche n’est pas de collectionner l’objet. Ce qui m’intéresse, c’est la musique. Ce qui m’anime dans mes achats, c’est que je vais écouter et user mes objets de collection. Je ne cours pas les éditions rares et originales. A part quelques vinyles et trois CD, je n’ai rien acheté à un prix excessif. Le but de ma série dans un premier temps, c’est de révéler à l’attention des groupes obscurs ou des œuvres inconnues qui n’ont jamais eu le succès, en disant « si vous aimez le rock sixties, cela s’écoute, c’est très bon sur les trois quarts de l’album sinon à 95 ou 100 pour cent. En plus, si ceci est génial en étant aussi obscur, on peut vite se familiariser à l’idée que la musique sixties est un puits sans fonds d’excellentes productions musicales pas toujours bien connues. Il est encore de fort nombreux groupes à présenter, mais j’ai au moins évité provisoirement d’y confondre le rock garage apparu autour de 1980, je lancerai une autre série dans quelques mois quand celle-cei sera bien étoffée, puis je lancerai d’autres séries dont j’ai l’idée. Mais j’ai dû éviter de tout mélanger à la fois. Dans ma série sur le rock garage, je signalerai aussi les compilations à l’attention. Pour les sixties, j’y pense aussi, mais je le ferai à part. J’ai une idée pour les enregistrements de concerts, donc je ne m’y penche pas dans l’immédiat. A la limite, un ou deux pour marquer la série du sceau de l’exhaustivité. Je verrai.
Il y a autre chose à prendre en considération. Mes notices essaient de s’en tenir au plus près à un certain nombre d’informations publics et j’ai évité exprès de parler d’abord de mes principaux groupes de référence. Je veux désamorcer ainsi les dérives qui font que ce que je dis n’est que la présomption affichée de mes goûts personnels. Il est évident que les préférences de ce blog sont placées sous un certain éclairage. Mais, les gens incompétents ont un réflexe déplacé extrêmement désagréable. Vous êtes partisan de tel truc, donc vous n’êtes pas objectif, tout ceci n’est qu’affaire de goût, vous dites que c’est bien parce que c’est ce qui vous plaît, etc., pour ne pas parler de ceux qui ont déclaré laisser les artistes méconnus dans leur obscurité comme autant de produits inférieurs aux références acquises. Personnellement, je n’ai jamais trouvé très intelligent de s’aventurer sur le terrain de quelqu’un qui cultive son horizon pour lui dire qu’il est prétentieux et l’inviter à un compromis. Ce n’est pas cela avoir une intelligence critique. Il existe enfin un consensus courant sur le rock qui a choisi ses stars incarnant une certaine apparence de hauteur intellectuelle et de bon goût social. Il est normal de mettre par-dessus tout les Beatles, les Clash, Led Zeppelin, Hendrix, le Velvet underground, les Doors ou autres. Les gens s’inscrivent volontiers dans les références musicales des années 70, en dépit étrangement des changements de génération qui devraient remodeler tout ça. Il y a aussi tout ce discours sur le commercial, comme si l’attitude anticommercial n’était pas justement une façon de se vendre en petit joueur la plupart du temps. En 1995, dans le public de Montpellier, j’entendais une personne s’excuser d’être venue voir un concert des Rolling stones en expliquant qu’il était venu voir Bob Dylan, référence intellectuellement plus autorisée. Dans le même ordre d’idées, les gens avec lesquels je vais parler de rock, au moment d’acheter un CD, vont se tourner vers Neil Young, Pink Floyd ou un groupe connu des années 70 ou 80. J’aime bien les artistes cités, je les collectionne aussi, mais leur mention en société me fait gerber, c’est comme ça !

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