jeudi 10 mai 2012

Essai de retour vers le positif

J'essaie de rebondir sur cette envie de fixer les priorités.
Comment baliser?
Un premier point, c'est de privilégier une approche par secteurs: un secteur anglais sixties, un secteur américain sixties, sinon californien sixties, et ainsi de suite, quelques regroupements par genre.

Je commence par le secteur anglais sixties. Il est plus facile à délimiter et maîtriser que le secteur américain. Ensuite, il y a l'éternel paradoxe. Il y a beaucoup plus d'artistes américains qui m'intéressent, mais une poignée de groupes anglais s'est mise au sommet de l'arc-en-ciel.
Il y a mon point de départ, ce sont les Rolling stones. Il s'agit de mon groupe préféré et mon plaisir à les entendre est permanent. J'entends un de leurs titres que j'ai déjà bien fait tourner et il me fait encore de vertigineux effets.
Je ne suis pas quelqu'un de l'époque des sixties. Ma découverte des Rolling stones s'est faite en 1991 sans avoir le moindre lien avec la tournée Flashpoint quasi contemporaine que j'ignorais. J'ai pris une vieille cassette Rolled gold 100 minutes blindée de près de 30 titres et j'ai été ébloui par une qualité musicale qui n'avait rien à voir avec le hard rock ou les meilleurs titres d'un Top 50. J'adorais les titres anciens entendus à la radio, mais je ne connaissais même pas l'original de Satisfaction, juste la publicité Snickers. Mais rien ne m'avait jamais fait un tel effet. La différence était tellement extraordinaire que je ne comprenais pas ce qui se passait. Un disque 24 titres de Chuck Berry et quelques autres pièces furent les éléments déclencheurs, dont Sunny afternoon sur une compilation que je considérais alors comme le meilleur titre des Beatles (erreur d'attribution qui n'a pas duré longtemps bien sûr, mais le souvenir est bien cristallisé). J'avais aussi deux cassettes de rock'n'roll des Beatles avec des reprises et des titres originaux. L'évidence s'est toujours imposée à moi. Les Beatles sont souvent très rengainants pour des gens réputés côté mélodie et ils n'ont pas le niveau des stones. Il est très chouette d'écouter les Beatles, mais les Rolling stones, derrière l'hypnotisme sauvage, c'est un plaisir de mélomane. C'est l'évidence profonde que je ressens. J'ai construit alors une sorte de réaction face à la notoriété envahissante des Beatles.
Pour moi, en termes de vécu, la question Beatles ou Stones a un sens. Pourtant, j'adore écouter les Beatles et j'ai tous leurs albums avec des bootlegs bien précis. Mais je ne peux pas faire comme si l'opposition n'existait pas.
Ma passion pour les Rolling stones s'est fortement complétée d'une passion pour Chuck Berry, les Kinks, les Who, Bo Diddley et Little Richard.
La rivalité Rolling stones - Who - Led Zeppelin existe dans la presse pour le titre de plus grand groupe de rock.
Il y a beaucoup de plagiats dans la musique de Led Zeppelin, mais on ne peut pas reprocher à celui qui écoute d'aimer un plagiat. Ce qui est plagié est très bon et excellemment repris par Led Zeppelin, sans qu'on ne sache clairement la provenance bien sûr, puisqu'il s'agissait de titres obscurs.
Pour moi, Led Zeppelin ne rivalise pas avec la musique des stones. La voix de Plant est aiguë. Le son rock m'est plus étrange et cela devient même évident quand ils reprennent de vieux rock'n'roll. J'aime bien Led Zeppelin malgré tout. Plusieurs morceaux sont accomplis, c'est souvent orgasmique et il y a de grandes orchestrations, des choses fines. Du moins sur les trois premiers albums et pour la première moitié du quatrième. La fin de Led Zeppelin IV, pour moi c'est du remplissage. La suite de Led Zeppelin ne m'attire pas. Je connais un grand nombre aussi de lives et il veut trop en faire.
Led Zeppelin est une référence pour beaucoup de gens qui sont dans le hard rock, le rock progressif, le jazz ou le plus contemporain, mais plus rarement du côté des fans de rock vivant sixties comme je suis. C'est ce que j'ai pu constater.
L'opposition Stones - Led Zeppelin a aussi un sens pour moi.
Quant aux Who, j'en suis fan. L'opposition Stones - Who ne peut m'être sensible que de la part de quelqu'un qui aime les Who en daubant les stones. Cela se trouve encore une fois essentiellement dans le fait que le pont est jouable des Who au rock progressif et au hard rock. Mais, un truc me frappe. Les amateurs de jazz, de solos, détestent parfois les Who, et donc une partie du public versé dans le rock progressif et le hard rock.
Maintenant, je pense que dans l'intérêt que les gens portent aux Who il y a une tendance étrange très affirmée qui consiste à ne citer que Live at Leeds et Who's next. Une grande partie du public n'aime les Who que pour ces deux albums. Personnellement, j'adore Tommy, mais je sais que peu de gens l'écoutent vraiment, même parmi les fans du groupe.
Toutefois, le plus déconcertant, c'est que le miracle des Who est fortement lié à la période des débuts de 65 à 67. Les mélodies des Who sont sidérantes en 65 et 66, je n'ai jamais entendu rien de comparable à cette plénitude libérée des lois. Ils chantent, mais ils parlent, et parler c'est chanter. Nous ne sommes plus dans un chant qui s'élance de formules. A cela s'ajoute le dynamisme instrumental.
En 65, les Rolling stones sont en plein décollage avec déjà des coups de génie. Je dirais que c'est essentiellement en 65 que les Who furent plus que jamais les rivaux des stones pour le titre de plus grand groupe de rock. Evidemment, 66 est aussi une grande année pour les Who, mais les stones en mettent une telle couche avec Aftermath et des 45 tours comme Paint it black, Have you seen your mother..., 19th nervous breakdown que la rivalité est moins évidente bien qu'encore prégnante.
Sell out est aussi un grand album, mais les stones sortent plein de choses géniales.
Je ne vois pas ensuite Tommy rivaliser avec Beggar's Banquet ou Let it bleed, ni Who's next avec Sticky Fingers ou Exile on main street. Quadrophenia amorce un vrai déclin des Who. Il y a bien sûr des lives exceptionnelles des Who de 69 à 73, voire 75, contemporains de l'époque des concerts stoniens avec Mick Taylor.
La comparaison reste flatteuse pour les Who de 65 à 73, ils savent faire en partie jeu égal avec les stones, si pas sur la quantité, tout de même sur la qualité d'un certain nombre de titres ou prestations.
Au plan quantitatif, les Beatles et les Kinks résisteraient mieux que les Who pour ce qui est de se comparer dans le temps aux stones. Mais, je me suis déjà prononcé sur le sentiment mélomane qui me fait préférer les stones et dans tous les cas les Beatles n'ont pas résisté à leur éclatement, à peine Lennon un an au-delà de 1870.
Les Kinks n'ont pas la qualité musicale des stones, la rivalité ne se conçoit pas vraiment, mais quand même les compositions des Kinks sont de toute façon de merveilleux joyaux. Les Kinks furent au sommet jusqu'en 1972.
Terrain anglais, j'adore les Faces, leur musique est hyper excitante, mais ils ne peuvent se comparer aux stones malgré le succès de leurs concerts au début des sixties.
Les Clash sont mythique et ce qui m'a toujours surpris c'est que depuis les années 80 jusqu'à aujourd'hui on dirait que nous sommes sur un temps figé où les jeunes se remémorent plus les Clash que les sixties comme si dans l'univers la fin des 70's avait la même signification pour tout le monde. C'est complètement farfelu comme blocage. En tout cas, je n'écoute pas la suite Big Audio Dynamite côté Mick Jones et je ne vois que deux grands albums des Clash le premier et le troisième avec quelques titres en plus et l'intérêt de Super black market. Dans ce qu'ils font de meilleur, les Clash sont de toute façon quelque peu stonienne, avec il est vrai leurs caractéristiques propres, plus déliées.
Enfin, un nouveau groupe anglais sixties m'a ébloui, mais avec des débuts plus blues, Fleetwood Mac, mais je parle de la première formation exclusivement, celle avec Peter Green. Je ne comprends pas pourquoi ce groupe reste si ignoré et pourquoi la seconde formation à succès garde le haut du pavé. Cela m'échappe quelque peu. Peter Green fut un génie fascinant. L'album Then play on et le Live at Boston les mettent définitivement au rang de rivaux des stones, des Who et autres pour un titre de plus grand groupe de rock.
Si j'essaie maintenant de retenir les noms essentiels du rock anglais, je peux avouer sauter à pieds joints sur les groupes merseys, en-dehors des Beatles. Je ne boude pas mon plaisir avec les Shadows, mais je ne les mettrai pas non plus en avant.
Les grands groupes ou artistes anglais ou irlandais sixties sont Rolling stones, Who, Kinks, Beatles, Eric Burdon - Animals - New Animals, The Yardbirds période Jeff Beck, les Pretty things, le premier Jeff Beck Group, Van Morrison et puis The Them, Pink Floyd avec Syd Barrett avec inclusion de Meddle période Waters, Fleetwood Mac avec Peter Green, Easybeats (groupe "australien" de nom), Spencer Davis Group - Traffic, Small Faces, Faces, Led Zeppelin, Fairport convention - Richard Thompson. D'autres groupes géniaux suivent parfois de peu: Zombies, Fleur de Lys, Action - Mighty baby, Creation, Attack, d'autres encore... Je sais qu'il m'en manque, mais je dois m'arrêter quitte à y revenir demain.
Certains sont devenus grands un peu au-delà des sixties, tout en ayant un pied dedans: David Bowie, Taste - Rory Gallagher, Kevin Ayers plus Soft Machine I.

Voilà, un peu le profil personnel qui peut faire deviner mes stratégies de classement.

Pour moi donc, la stratégie qui consiste à donner un idéal de 100 albums dans un ordre chronologique est vouée à l'échec. Les Rolling stones, les Kinks, les Beatles sont le fer de lance anglais des années 64-66 avec les Who, les Them de Van Morrison, les Animals, et un peu d'autres, mais leurs meilleurs albums sont un peu postérieurs. Dans un classement, l'allure chronologique est rapidement dévaluée par ce genre de difficultés.
Ensuite, ce choix tend à inviter à ne retenir que deux albums par ans, avec tout ce que cela peut avoir de restrictif pour les grands millésimes. Même si on décide de privilégier les grands millésimes et de passer à la trappe certaines années, il reste que l'approche va demeurer assez consensuelle et ne permettra pas la révélation des pépites insoupçonnées.
En plus, une approche de 100 albums fait que l'amateur a telle préférence pour telle époque ou telle tendance, il voit le reste, il essaie d'aller un peu plus loin, mais ce plus loin est un gain d'estime.
Pour moi, la logique doit plutôt être d'immersion.
Il faut définir des secteurs et aligner les références.

Je prends le rock anglais sixties, j'ai l'Encyclopedia of british beat groups & solo artists of the sixties compiled by Colin Cross with Paul Kendall & Mick Farren (le leader des Deviants).
Il manque des noms obscurs à un moment donné, mais je vais pouvoir me débrouiller.

Je venais d'enrichir ce sujet d'une analyse lettre par lettre du livre, mais je trouve plus pertinent de lui consacrer une entrée à part.

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