mercredi 30 mai 2012

Match : Lennon - Mc Cartney!

La chanson "A hard day's night" a droit à une entrée sur Wikipédia et des propos de Lennon sont rapportés où il s'attribue la part prépondérante sur l'activité créatrice du groupe à l'époque. Les singles des débuts des Beatles et les titres du film A Hard day's night seraient essentiellement de lui si nous voulions bien y prêter attention. En lisant la rubrique de l'album homonyme "A hard day's night", on peut se dire que l'idée est en partie confirmée et elle est cette fois prise en charge par l'auteur (ou les auteurs) de l'article en ligne (30/05/2012). En effet, 10 titres sur 13 de l'album A Hard day's night sont essentiellement des créations de Lennon. Etonnamment, on nous explique encore que la partie chantée par Mc Cartney sur A hard day's night ne témoigne nullement de sa participation à la composition, il s'agit simplement d'un problème technique de chant. Bref, l'album A Hard day's night tend à nous présenter les Beatles comme construits autour de John Lennon.
Mais, les choses sont loin d'être aussi simples, comme nous allons très vite pouvoir l'observer.
Je soutiens pour ma part une thèse contradictoire avec ce qui précède. Il me semble évident que l'essentiel du succès commercial des Beatles et l'essentiel de leur originalité des débuts venaient de Mc Cartney. Lennon était lui aussi un génie, mais je prétends très clairement qu'il n'a jamais digéré le génie naturel de Mc Cartney qui est plus que le génie de Lennon à l'origine de la Beatlemania. Certes, Lennon a pu recentrer l'intérêt autour de sa personne, et du point de vue médiatique, et du point de vue musical, mais l'importance motrice de Mc Cartney n'est comiquement pas bien perçue par les thuriféraires de Lennon. Lennon fut jaloux de Mc Cartney et il y a tout de même un titre étonnant "How do you sleep?" qui, pour exister, présuppose bien un réel problème de la part de Lennon. Harrison a participé à l'enregistrement de ce titre et il ne s'agit pas d'une mauvaise composition en soi. En revanche, sa violence à l'égard de Mc Cartney interpelle. Ce qui me paraît un peu curieux, c'est l'incapacité du public à en tirer des enseignements. On en reste à du "Lennon a fait ça, ce n'est pas très bien!" ou on admet la critique de Lennon au premier degré, sans supposer à Lennon des intentions inavouées, comme si une pareille chanson injurieuse relevait de la sincérité bonhomme, comme si un tel déballage n'en révélait pas plus sur Lennon que sur Mc Cartney. En clair, il me semble relever du plus parfait bon sens que cette chanson révèle la jalousie de Lennon à l'égard de Mc Cartney, ça crève d'autant plus les yeux que les injures n'ont aucune construction cohérente, aucune portée, et, pire que tout, la posture de Lennon est impertinente et inadéquate. Quel intérêt ont ces insultes en chanson? Elles ne montrent que le manque d'emprise sur soi, aucune hauteur critique n'y transparaît, bien évidemment. Musicalement, le titre n'est pas trop mauvais sans être spécialement marquant, c'est tout.

John Lennon - How do you sleep? (avec les paroles)

Mais, puisque nous sommes invités par Lennon à prêter lui-même attention à l'histoire des compositions des Beatles, explorons justement la question de la part respective des deux compositeurs. Lennon affirme qu'il a joué LE rôle prépondérant, mais c'est lui qui le dit. Combien de fois la présomption a fait dire le contraire de la vérité ?
Il y a des éléments importants à prendre en considération de manière préalable. Lennon et Mc Cartney ont des orientations créatrices plus ou moins distinctes, ils ont en plus tendance, mais pas toujours, à chanter leurs propres compositions. Ce dernier propos est à nuancer. Lennon semble plus souvent chanter les reprises, si je m'en fie à mon impression d'une réécoute récente de la compilation 28 titres Rock'n'roll music with the Beatles. Il semble aussi chanter des chansons de Mc Cartney comme Eight days a week.
Une tendance s'impose déjà. Quand une chanson est chantée par Mc Cartney, il semble bien en être le principal artisan, soit il a un goût prononcé pour la reprise en question, soit il s'agit d'un titre pour lequel il a composé l'essentiel. L'inverse n'est pas vrai. Le chant de Lennon peut cacher une création de Mc Cartney.
Reste à se demander jusqu'à quel point certains titres peuvent être créés à deux, en parfaite osmose. Car les thuriféraires de Lennon s'appuieront sur cette idée pour empêcher d'affirmer l'importance plus prépondérante de Mc Cartney à l'occasion.

La carrière des Beatles commence par un 45 tours en 1962 et ce 45 tours a attiré l'attention de George Martin. Les deux titres sont des compositions de Mc Cartney, la face A comme la face B. La face A est "Love me do", la face B est "PS I love you".
Les rubriques Wikipédia pour ces deux chansons disent bien qu'il s'agit de deux titres principalement écrits par Mc Cartney en s'appuyant sur une source livresque.
Les conclusions me paraissent claires. Mc Cartney a un rôle crucial dans le lancement de la Beatlemania. En même temps, cela témoigne de ce que Lennon a préféré s'appuyer sur la certitude que Mc Cartney avait du talent, plutôt que sur la certitude de son propre talent.
Il est vrai que Lennon s'est réservé le second single. Les deux titres qui y figurent lui sont attribués: Please Please Me et Ask me why. Ceci dit, on constate que Please Please Me est une chanson qui devait être face B du premier 45 tours, qui a été refusée et longuement revue à la demande de George Martin. Déjà, cela interpelle. Ensuite, Ask me why n'est pas exactement qualifiée de composition de Lennon, mais c'est une chanson de Lennon et Mc Cartney sur une idée de Lennon.
Enfin, les chansons de Mc Cartney sont plus nettement originales et personnelles, les deux nouveaux titres sont plus marqués par les influences.
Cela ne serait rien si les titres suivants des Beatles en 45 tours, les premiers véritables numéros 1 de la Beatlemania, n'étaient pas tous des morceaux de Mc Cartney.
Lennon essaie encore une fois de faire croire à sa primauté: "je crois que le premier vers était de moi".
La chanson doit absolument passer pour une composition faite ensemble, sauf qu'elle a visiblement le côté dominant d'une chanson gentille à la Mc Cartney.
Accordons encore qu'elle puisse être une création commune.
Cela enchaîne avec She loves you qui sent encore à plein nez le Mc Cartney, pour ne rien dire de "I want to hold your hand" où la question ne se pose même pas.
En 63, les Beatles, bien qu'ils vont l'enregistrer, offrent aussi le titre I wanna be your man aux stones, sorte de I want to hold your hand version rock. Et les anecdotes disent assez souvent que le titre était de Mc Cartney.
Les chroniqueurs de Wikipédia sont cette fois très discrets sur d'éventuelles prépondérances.
Il y a quand même un problème. On précise scrupuleusement que dix titres sur treize de A Hard day's night sont de Lennon. On reconnaît que le premier 45 tours, ce sont deux titres de Mc Cartney. Mais, pour les trois titres qui ont fait la Beatlemania et où l'influence de Mc Cartney est indéniable, miracle de la création commune.
Cela me paraît un peu court.

From me to you
Va-t-on croire que Lennon a eu l'idée des onomatopées d'intro, du tendre "from me to you" qui touche à la mélodie. La seule partie où les accents Lennon sont convaincants est celle où le chant a la fermeture blues "just call on me", mais le lancement des refrains et la partie ralentie soeur "I got arms that long to hold you, etc." sont du pur style Mc Cartney, avec en prime le verbe "hold" qu'on retrouve dans I want to hold your hand.
Lennon se repérait dans le blues, la Motown et un chant plus fermé, plus d'intériorisation. La mélodie ouverte, guillerette souvent, c'est Mc Cartney. La vidéo live ci-dessus montre bien d'ailleurs qui des deux intériorise le plus la chanson.
La contribution de Lennon n'a pas été inessentielle, ses accents âpres et blues rock rendent la chanson moins fade qu'elle l'aurait été, composée par le seul Mc Cartney.
Les enjeux sont réels. Si on n'attribue à Mc Cartney que le premier 45 tours, en attribuant le second à Lennon, puis qu'on ne départage pas les deux artistes pour les trois titres de la Beatlemania, le risque de définitivement imposer la prépondérance de Mc Cartney s'écarte, puisque Lennon semble bien à l'origine de succès comme A hard day's night, Help, puisque chacun des compositeurs a brillé en soi et pour soi par la suite, puisqu'effectivement beaucoup de titres en 64 furent composés essentiellement par Lennon.
Il suffit de rendre anecdotique l'importance de Mc Cartney pour les deux titres du tout premier 45 tours.
Je choisis de taper du pied dans la fourmilière.
Sur les cinq premiers 45 tours, deux faces A sont de Mc Cartney: Love me do et I want to hold your hand. From me to you est essentiellement un titre de Mc Cartney même si Lennon a pu recadrer le morceau côté âpreté. Face à cela, un seul titre de Lennon Please Please Me.
Reste alors à débattre du titre She loves you, mais il me semble que comme I wanna be your man est une version rock de I want to hold your hand, She loves you est la version rock de Love me do point de vue conception.
Le She loves you yeah yeah yeah marquant du refrain et la débandade finale sont à l'évidence des idées de Mc Cartney, l'attribution du "yeah yeah yeah" à Mc Cartney ne semble pas devoir faire débat. En 80, Mc Cartney sortira un titre comme "Coming up", ce qui semble témoigner d'une approche propre à Mc Cartney pour ce qui concerne le refrain de She loves you. Mais, la mélodie du chant peut venir des deux. En même temps, on peut penser qu'il y avait une distribution par alternance Love me do macca, Please please me Lennon, From me to you macca, she loves you (?), I want to hold your hand macca.
On en restera donc à l'idée d'un titre difficile à départager.
Passons aux faces B.
PS I love you macca / Ask me why les deux sur une idée de Lennon / Thank you girl (chant rentré par Lennon, format très dépendant de modèles, cri de Lennon qui s'affirme, donc bon candidat à la composition par Lennon, d'autant que cela relèverait d'une compensation, From me to you étant visiblement plutôt du macca) / I'll get you (face B de She loves you, très formatée sources, elle est cataloguée Lennon, mais macca réagit et la signale comme une composition à deux, la dominante Lennon est très nette, mais certaines parties fugaces sonnent bien comme du macca, intéressant à noter, mais que les faces B soient plutôt de Lennon me paraît révéler que l'espèce d'osmose des faces A cachent forcément une contribution majeure de macca, puisque par quel tour de passe-passe les titres forts seraient toujours cette années-là quand Lennon ne peut pas revendiquer une part prépondérante sur le titre) / This boy (face B de Lennon).

 Les choses semblent se distribuer ainsi. Mc Cartney était considéré comme le plus doué, il a composé les deux titres du premier 45 tours. Le Please Please Me de Lennon a été retravaillé, mais prouve qu'il ne voulait pas demeurer en reste et qu'en plus il avait lui aussi du potentiel.
Ensuite, trois 45 tours d'affilée, la suprématie Mc Cartney s'installe en face A, mais Lennon a réussi à camoufler cette prépondérance dans la mesure où il peut toujours revendiquer avoir coécrit les morceaux.
Pour compenser, les faces B sont des titres de Lennon à peu près systématiquement. This Boy est de lui, Ask me why est parti d'une idée à lui. Thank you girl n'est pas revendiquée, il faut dire que la composition n'est pas très bonne. Quant à I'll get you, macca revendique la création à deux, contre l'opinion courante et naturelle qui attribue plutôt le titre à Lennon. Macca semble donc conscient qu'il y a des règles du jeu dans la composition à deux. Je remarque que je ne vois apparaître nulle part un discours où on attribuerait une part prépondérante de la composition d'un des trois titres From me to you, She loves you et I want to hold your hand à Lennon, alors que la prépondérance de celui-ci est sans cesse affirmée, même quand macca revendique la composition à deux.
Evidemment, Lennon s'attribue un rôle prépondérant. En effet, si on attribue les trois grands titres au travail en commun, Lennon prédomine clairement sur les faces B, en plus de la composition globale de l'album A hard day's night.
Le problème, c'est que Mc Cartney est visiblement derrière deux des trois titres (From me to you et I want to hold your hand) et des éléments essentiels de She loves you viennent clairement de lui, cas à part d'une mélodie des couplets plus difficile à départager.
Surtout, les idées de Mc Carntey sont d'évidents facteurs de succès et les quatre faces B plus ou moins attribuables à Lennon sont inférieures à la face B de Mc Cartney PS I love you.
Passons maintenant aux deux albums de l'année 63.

L'édition anglaise de Please Please Me compte 14 titres dont 8 compositions signées Mc Cartney - Lennon.
On remarque l'incident de la signature inversée qui n'est déjà pas bonne pour la prépondérance Lennon. Il a fait son caca nerveux pour être en tête. Déjà, ça en dit long sur son potentiel de jalousie.
Cet album contient quatre chansons dont nous avons déjà parlé, les deux premiers 45 tours.
Passons aux quatre autres signées Mc Cartney - Lennon.
Des quatre, le chef-d'oeuvre est inévitablement le rock I saw her standing there, dont une ligne de basse est reprise à Chuck Berry, mais qui reste une composition belle et originale admise comme étant le fait de Mc Cartney.
Cette composition ouvre l'album, ce qui n'est pas rien.
Misery est une chanson sur une idée de Lennon, mais que Lennon considère pourtant comme écrite à deux.
La chanson Do you want to know a secret serait en revanche une composition de Lennon chantée par Harrison. Elle est pas mal, mais très marquée par des modèles. On retrouve le chant fermé de Lennon.
En revanche, There's a place est considérée comme une composition à deux, mais au domicile de Mc Cartney. La mélodie et la joie y ont plus d'ampleur, tandis qu'il est visible que Mc Cartney chante avec plus d'assurance et d'entrain qu'un Lennon ici bien piètre chanteur.

There's a place

Premières conclusions : les premiers 45 tours et le premier album montrent que la Beatlemania vient clairement de Mc Cartney.

Je passe maintenant au deuxième album de 63 With the Beatles.
Il contient 14 titres, dont 6 reprises, une première chanson signée Harrison et 7 titres signés Lennon - Mc Cartney.
Chantée par Ringo Starr, la chanson I wanna be your man est un titre de Mc Cartney qui transforme en rock l'esprit de I want to hold your hand. Ce titre de macca avait été offert aux Rolling stones pour leur second 45 tours, nouveau fait significatif quant à la confiance d'époque dans les capacités de compositeur du bassiste des Beatles.

It won't be long s'ouvre par une démarcation très nette de She loves you yeah yeah yeah dont elle reprend très clairement le principe de refrain en moins bien, elle reprend aussi le style From me to you, mais en pliant l'intégralité à un style âpre fermé plus propre à Lennon. La réussite n'est pas au rendez-vous, le refrain est une rengaine fatigante.
Cela ressemble à s'y méprendre à une volonté de Lennon de trouver sa voie en refaisant et revisitant maladroitement les titres de la dynamique Mc Cartney. On voit bien qu'il n'y arrive pas, même si par ailleurs il y a des amorces mélodiques qui annoncent des temps meilleurs.

All I've got to do est attribué à Lennon, c'est charmant, mais toujours autant marqué d'influences, et toujours autant marqué d'un mode de chant qui n'atteint pas à la mélodie ample d'un Mc Cartney ou d'un Pete Townshend. Lennon crée des atmosphères, il joue sur des modulations, il établit des motifs et structure un tout, mais il n'est pas emporté dans la création mélodique naturelle de Mc Cartney.

Little child n'est pas départagée et reste très empreinte de modèles en étant chantée par Lennon.

Not a second time n'est pas départagée non plus, elle est chantée par Lennon et semble s'imposer comme un titre de lui. Une partie de piano est ajoutée à la composition, mais tout le reste semble dominé par Lennon. Il est dans ses repères, dans ses goûts.

 Hold me tight

Chantée par Mc Cartney, la chanson Hold me tight devait figurer sur le premier album, mais a été réenregistrée pour le second. On retouve l'ampleur mélodique de Mc Cartney et cette sorte de liberté de création qui, tout en étant marquée par des modèles, n'en impose pas moins son souffle original, sans pour autant qu'il ne soit question d'un tout grand titre.

Je remarque que sur le deuxième album, puisque Hold me tight et I wanna be your man sont plus anciens, un seul titre nouveau semble clairement provenir de Mc Cartney, à savoir All my loving.
En gros, si on écoute le discours de minimisation critique des pro-Lennon, non seulement dix titres sur treize de A hard day's night sont de Lennon, mais déjà avec With the Beatles c'est essentiellement Lennon qui compose. Lennon compose aussi les faces B.
Mc Cartney n'aurait composé que les deux premiers titres du premier 45 tours en 62, le titre d'ouverture I saw her standing there du premier album, I wanna be your man et le plus accessoire Hold me tight.
Pour les trois titres de la Beatlemania, seule l'égalité est admise.
Tous les autres titres sont de Lennon ou sur des idées de Lennon, une égalité s'imposerait aussi pour There's a place.
Le malheur, c'est que si on joue cette affirmation on ne peut alors que déplorer la paresse de Mc Cartney. En 62, il lance les Beatles. Il est présent sur les trois titres de la  Beatlemania. C'est un de ces titres qui est offert aux Rolling stones.
Enfin, alors qu'un certain nombre de titres plus ou moins attribués à Lennon sont mitigés, les titres de Mc Cartney vont de bons à géniaux, ce qui est encore le cas évident de All my loving, le titre fort indiscutable du deuxième album.

All my loving

Je ne vois qu'une marge de manoeuvre aux pro-Lennon. Essayez de nous persuader que She loves you doit assez peu à Mc Cartney, vu un certain régime d'alternance, vu que sur la vidéo live Harrison est avec macca laissant Lennon seul comme en relief, etc. Mais, It won't be long m'a tout l'air d'un sacré pavé dans la mare.
Lennon est un génie du rock, mais je pense qu'il s'est construit dans la Beatlemania, il n'était pas prêt auparavant. Il avait déjà quelque chose, mais Mc Cartney avait des facilités qui ont porté le groupe et qui ont contribué à une émulation positive au plan créateur. Dès les débuts du groupe, Lennon pouvait contrôler le débordement d'idées d'un Mc Cartney capable d'incongruités, de laisser-aller.
Si Lennon a aussi violemment dénoncé l'ego qu'il prêtait à Mc Cartney, il faut bien qu'il en ait été touché. Toute l'attitude de Lennon devient cohérente si on réévalue l'importance de Mc Cartney dans le lancement des Beatles et si on réévalue la part prépondérante de Mc Cartney dans des titres à succès ponctuels, mais bien précis.
Tout se joue d'ailleurs au niveau des trois titres de la Beatlemania. Or, on ne nous fera jamais croire que From me to you et I want to hold your hand sont emmenés par Lennon. Même She loves you ne fait pas un Lennon convaincant, bien qu'il doit cette fois y apporter une contribution plus décisive.
Personne ne contestera qu'une interrogation sur les mérites respectifs de Lennon et Mc Cartney passe par une évaluation de leur travail sur ces trois titres maintenus comme de peu probables exemples d'osmose du couple de compositeurs.

Le troisième album anglais est nettement dominé par Lennon. Il compose abondamment et il impose un titre génial: A hard day's night. Il crée aussi un remarquable rock avec Anytime at all.
Ceci dit, les trois titres de Mc Cartney s'imposent tous comme des chefs-d'oeuvre : And I love her, Things we said today et Can't buy me love. Le dernier titre est franchement original. Les anthologies et la logique des 45 tours montrent encore une fois l'importance de Mc Cartney. A ce jeu, sur les anthologies, trois titres sont retenus: un de Lennon A hard day's night, deux de Mc Cartney Can't buy me love et And I love her. Sur les 45 tours anglais(!), Mc Cartney impose Can't buy me love en face A et Things we said today en face B. Tant pis pour la superbe And I love her. Lennon n'impose que A hard day's night. Le titre mitigé You can't do that n'est pas départagé en face B du titre de Mc Cartney. Je trouve alors assez discutable l'idée d'une prépondérance de John Lennon. Il compose plus, mais ne prend pas l'ascendant.

Le quatrième album confirme cruellement la supériorité de Mc Cartney dans les débuts des Beatles et relativise la prédominance de compositions de Lennon.
La prochaine face A d'un single américain doit être une composition de Lennon, lequel, au plan des 45 tours anglais du moins, a déjà à son actif A hard day's night et Please please me, en plus de l'égalité artificiellement plaidée pour les trois titres de la Beatlemania.
Trois titres de Lennon sont candidats: No reply, I'm a loser et Baby's in black. Tous trois sont battus au poteau par une composition de Mc Cartney, mais chantée par Lennon: Eight days a week.
Déjà, ça fait très mal.
Le quatrième album anglais permet en même temps à Mc Cartney d'aligner d'autres compositions: I'll follow the sun et une remarquable Every little thing. Deux titres ne semblent pas clairement départagés par les rubriques que je lis sur Wikipédia.
What you're doing est tout de même chantée par Mc Cartney et I don't want to spoil the party par les deux.

Le dernier 45 tours anglais de 64 contient deux titres nouveaux, un de Lennon, un de Mc Cartney. Le titre de Lennon est en face A I feel fine, mais le meilleur titre est en face B She's a woman de Mc Cartney, autrement plus intéressant.

La Beatlemania s'est construite en 63 et 64. Lennon compose plus, mais la valeur de ses compositions est inégale. Mc Cartney réussit toutes ses compositions. Il s'impose à de nombreux niveaux: 45 tours à franc succès, premier 45 tours à son honneur, titre offert aux stones, ouverture réussie du premier album et des titres remarquables à caractère intemporel et non travaillés sur l'air du temps comme And I love her, All my loving, Things we said today, Every little thing, Eight days a week, Can't buy me love, etc. L'originalité et l'ampleur mélodique sont évidentes de la part de Mc Cartney.
Lennon a certes du génie, mais il se fonde plus volontiers sur des modèles. Il a un titre de gloire qui rend indiscutable sa capacité à construire la Beatlemania : A hard day's night.

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