jeudi 7 juin 2012

121.-123: Otis Redding - Pain in my heart, Sings Soul Ballads, Otis Blue

Incontournable dans les sixties, Otis Redding. A relativement bas prix, j'ai fait la collection quasi complète de ses albums. Les albums de son vivant : Pain in my heart, Sings soul ballads, Otis blue / Otis Redding sings soul, The Soul album, Complete & unbelievable : The Otis Redding Dictionary of Soul, King & Queen (Otis Redding & Carla Thomas). Puis les albums posthumes : The Dock of the bay, The Immortal Otis Redding, Love man. Il ne me manque que l'album posthume Tell the truth de 1970 côté studio. J'ai aussi The very best of Otis Redding en CD, mais ne suis pas encore à jour côté lives.
Les albums sont à bas prix, mais tels quels sans bonus tracks.
Je ne mets pas de liens ci-dessous, je vous mets au défi de faire l'effort d'écouter les titres par un peu plus de mérite.

Je commence par les trois premiers albums, dont deux sont exceptionnels, le premier Pain in my heart et bien sûr le troisième Otis Blues / Otis Redding sings soul qui est un sommet.

Pain in my heart

Le premier album réunit les quatre grands singles d'Otis Redding de 62 et 63, ainsi que quelques reprises. La première composition Hey Hey baby d'Otis Redding marque la continuité avec Little Richard. Considérée comme trop proche de Little Richard, elle fut refoulée en face B du premier single. Sachant à quel point, Little Richard est inimitable, on ne boudera déjà pas son plaisir. Toutefois, quand on songe à la face A stupéfiante qui marque les débuts d'Otis Redding, que regretter? These arms of mine. Un premier coup de génie. Coup d'essai, coup de maître. C'est fabuleux d'écrire et d'interpréter des choses pareilles.
Très belle malgré tout, on comprend que la seconde face A soit la vente la moins réussie d'Otis Redding : That's what my heart needs. La face B ne figure pas sur l'album Mary's little lamb. Le troisième single Pain in my heart crédité Naomi Neville est assez représentatif du style d'Otis Redding. Il ressemble quelque peu au Ruler of my heart d'Irma Thomas.
Les Rolling stones ont repris quelques chansons d'Otis Redding, sans oublier d'en reprendre de Sam Cooke ou Don Covay. Time is on my side est justement une reprise d'Irma Thomas.
Si le public qui se croit fan des stones était intelligent, il saurait un peu mieux que Don Covay et Otis Redding sont à l'origine de ce qui fait que les Rolling stones furent dans les sixties l'incarnation du plus grand groupe de rock que l'humanité fut capable de recevoir, mais je peux garantir que ce public ne sait pas grand-chose clairement sur la question.
Pain in my heart, Hey Hey baby, These arms of mine, comparez avec les titres 64-65 des stones. N'oubliez pas non plus d'écouter des titres de James Brown, du meilleur, pas de celui du funk souvent ennuyeux, mais celui du rhythm'n'blues déchirant et vous aurez une source à une très belle chanson méconnue des stones Heart of stone.
La quatrième face A d'Otis Redding est un nouveau coup de poing dans l'estomac: Security.
Accompagné d'excellents musiciens de la Stax, du Booker T & the MG's en particulier, Otis Redding délivre d'autres mémorables performances. A propos de Louie Louie, on voit qu'il suit la tendance des groupes anachroniquement appelés "garage" du début des sixties. Louie Louie est un rhythm'n'blues des années 40 du noir américain Richard Berry, ce qui n'est pas très connu. Ceux qui reprirent le titre furent les Wailers ou Fabulous Wailers (rien à voir avec le reggae et Bob Marley), un groupe de rock extraordinaire qui a précédé en sauvagerie les Sonics, mais avec une instrumentation plus rock and roll, saxophone et pas saturée. Les Kingsmen, gens incompétents, ont enregistré à leur tour le morceau, mais la mauvaise technique d'enregistrement délivra un charme qui fit mouche et les reprises n'en finirent plus, jusqu'à ce que je juge un certain seuil d'absurdité.
Louie Louie était une scie qui s'imposait.
Evidemment, le public qui croit y connaître quelque chose parle des Sonics, jamais des Wailers. Il est plus facile à un simple d'esprit de comprendre le rock sauvage par des éléments d'évidence. Dans le même ordre d'idées, ils achèteront volontiers un CD des Kingsmen, ce que pour ma part je n'ai jamais fait, qu'une réédition deux albums sur un CD des Wailers. Eh oui le bon goût ça ne se partage pas.
Pour Pain in my heart, premier album d'Otis Redding, je dirai quand même que les ballades soul plus personnelles sont les chefs-d'oeuvre haut perchés de l'album, distançant des titres très bons, mais moins marquants. Appréciez encore la reprise de Sam Cooke!

Face A :

1. Pain in my heart (Naomi Neville)
2. The Dog (Rufus Thomas, reprise de Rufus Thomas, lui aussi artiste au sein de la Stax)
3. Stand by me (King & Glick, reprise de Ben E King)
4. Hey hey baby (Otis Redding)
5. You send me (Sam Cooke, reprise de Sam Cooke)
6. I need your lovin' (Bobby Robinson - Gardner - Mc Dougal - Lewis, reprise)

Face B :

7. These arms of mine (Otis Redding)
8. Louie Louie (Richard Berry, reprise de Richard Berry)
9. Something is worrying me (Redding & Walden)
10. Security (Otis Redding)
11. That's what my heart needs (Otis Redding)
12. Lucille (Little Richard Penniman & Collins, reprise de Little Richard)

Recording dates: tracks 4 & 7 - 1962; track 11 - june 1963; tracks 1 & 9 - September 1963; tracks 2, 3, 5, 6, 8, 10 & 12 - January 1964.

Personnel : Otis Redding - vocals / Wayne Jackson - trumpet (except 4 & 7) / Charles "Packy" Axton - tenor sax / Floyd Newman - baritone sax / Booker T. Jones - piano & organ / Steve Cropper - guitar, piano on 7 / Lewis Steinberg - bass (tracks 1, 4, 7, 9 & 11) / Donald "Duck" Dunn - bass overdub on track 4, bass (tracks 2, 3, 5, 6, 8, 10 & 12 / Al Jackson Jr. - drums (overdub on track 4) / Johnny Jenkins - guitar on tracks 4 & 7.

This album was originally released as Atco 33-161 on January 1, 1964
La couverture CD ne correspond pas à la pochette originale.

The Great Otis Redding Sings Soul Ballads

Face A

1. That's how strong my love is (Roosevelt Jamison, reprise de O. V. Wright, altérée par Steve Cropper)
2. Chained and bound (Otis Redding)
3. A woman, a lover, a friend (Sydney Wyche)
4. Your one and only man (Otis Redding)
5. Nothing can change this love (Sam Cooke, reprise de Sam Cooke)
6. It's too late (Chuck Willis, reprise de Chuck Willis)

Face B

7. For your precious love (Arthur Brooks & Jerry Butler)
8. I want to thank you (Otis Redding)
9. Come to me (Paul Walden & Otis Redding)
10. Home in your heart (Winfield Scott & Otis Blackwell)
11. Keep your arms around me (Delbert ou Obie? McClinton)
12. Mr. pitiful (Steve Cropper & Otis Redding)

L'album a reçu un avis critique mitigé, il fut moins vendu que le précédent et certains singles n'ont pas connu un bien important succès : Chained and bound / Your one and only man, Come to me. I want to thank you a été face B de Security. Une exception, le single contenant Mr. Pitiful en face A et That's how strong my love is a atteint les dix premières places des charts.
Les deux grands titres furent donc réunis sur le même single à succès. Tous deux impliquent d'ailleurs le guitariste Steve Cropper qui oriente l'interprétation de That's how strong my love is, chanson encore toute récente au demeurant, et qui a eu l'idée originale de Mr. Pitiful développée ensuite avec Otis Redding. Un animateur radio avait qualifié Otis Redding de "Mr. Pitiful" étant donné la tonalité lyrique de ses incroyables chansons jusque-là. La veine est encore une fois superbement exploitée. le titre That's how strong my love is qui ouvre l'album sera pour sa part repris par les Rolling stones sur l'album Out of our heads de 65.
Ce sont les deux titres majeurs de l'album évidemment. Mais Mr. Pitiful, au plan de la musique, n'affiche pas vraiment la tonalité du titre. C'est autre chose, un jeu joyeux avec le style pitiful.
Le titre For your precious love, qui n'a pas été composé par n'importe qui et dont l'interprétation fait songer à un Otis Redding croisant musicalement les contemporains Righteous Brothers, a été un succès pour The Impressions, le groupe des débuts sixties de Curtis Mayfield. Il s'agit d'un excellent titre dans l'album également, comme est encore une fois parmi les titres importants de l'album la reprise de Sam Cooke.
L'album est bien sûr dominé par des ballades soul comme son nom l'indique, avec un cas à part pour le rock plus swinguant de Home in your heart, très bon morceau au demeurant, et nous retrouvons aussi cette idée que tout est bon, mais que l'inégalité fait souffrir certains titres du génie des meilleures plages.
Come to me, bien que non primordial dans la carrière d'Otis Redding, passe, sans qu'il soit possible de le prouver, pour le premier titre avec une participation d'Isaac Hayes au piano. Nous sommes alors en 1964. Security serait l'autre candidat possible pour une participation d'Isaac Hayes aux enregistrements d'Otis Redding. La reprise de Chuck Willis It's too late est très bonne également.
Pour Chained and bound, je relève une critique sévère à mon sens. Bien que moins poignant, le titre me plaît. Je suis beaucoup plus déçu par sa face B Your one and only man ou je trouve Keep your arms around me une démarcation moins intéressante de ce que j'ai déjà pu entendre avec LaVern Baker. Otis ne s'y donne pas sauvagement, il se contient, mais du coup ne ressort que le côté réchauffé d'une composition moins originale. A woman, a lover, a friend n'est pas non plus tout à fait à la hauteur. En revanche, I want to thank you me plaît encore assez.

Otis Blue / Otis Redding sings soul

11 titres, on en perd un, mais attention chef-d'oeuvre.

Face A

1. Ole man trouble (Otis Redding)
2. Respect (Otis Redding)
3. A change is gonna come (Sam Cooke)
4. Down in the valley
5. I've been loving you too long (Otis Redding & Jerry Butler)

Face B

6. Shake (Sam Cooke)
7. My girl (William Robinson & Ronald White)
8. Wonderful world (Sam Cooke - Lou Adler - Herb Alpert)
9. Rock me baby (B.B. King & Joe Josea)
10. Satisfaction (Mick Jagger & Keith Richard[s])
11. You don't miss your water (William Bell)

L'album est tout simplement stupéfiant. L'énergie lyrique encore contenue mais qui éclate dans un remarquable choix de chanson introductrice: Ole man trouble, pour enchaîner sur l'éternel Respect qui sera encore un succès pour Aretha Franklin en 67. Et Otis Redding n'en est plus à donner notre Sam Cooke quotidien, un par album. Il offre carrément la reprise du somptueux A change is gonna come, une claque musicale, enchaîne avec un rock fou Shake et complète par un impressionnant Wonderful world. Hommage bien sûr à celui qui venait de mourir.
Autre grand succès, le titre I've been loving you too long (to stop now) repris par les stones et composé avec le leader Jerry Butler des Impressions. Ce sera un succès inévitable dans les charts.
Quoique très bonne, la reprise de Solomon Burke Down in the valley souffre sans doute quelque peu de la comparaison avec tous les titres vertigineux qui l'entourent.
La face B, dont nous avons déjà commenté les deux reprises de Sam Cooke, est un festival de reprises de classiques. My girl, équivalent de Louie Louie et Hey Joe dans le domaine de la soul, chanson éternellement reprise par quantité d'artistes, soul ou non (comme en témoignent encore une fois les Rolling stones). My Girl est une composition de Smokey Robinson lui-même, mais il l'a composée pour The Temptations qui donc a donné la version originale au titre. La version féminine quasi contemporaine change de titre My Guy avec Mary Wells. Otis Redding s'avise bien sûr de ne pas manquer sa reprise.
Rock me baby est une reprise d'un morceau phare de B.B. King, You don't miss your water est le titre rhythm'n'blues majeur de William Bell.
Enfin, Otis Redding reprend un titre de la British Invasion, l'immense Satisfaction pour lequel il délivre une interprétation phénoménale comme il l'a fait pour Shake en début de face B, comme il l'a fait sur un autre mode pour A change is gonna come en face A. Poseur, Keith Richards s'amusera à laisser croire que la saturation guitaristique de l'original stonien n'était qu'une démo en prévision d'une interprétation avec des cuivres et saluera la pertinence d'Otis Redding pour avoir rebondir sur la démo.
L'album d'Otis Redding est radicalement imparable!

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