mardi 5 juin 2012

Match Lennon - Mc Cartney (part 2)

N'en déplaise à Lennon, les débuts des Beatles sont un peu plus du côté de Mc Cartney que de lui. Lennon chantait plusieurs des reprises, plusieurs des succès et la plupart des ses compositions. La présence au chant de Mc Cartney (leader ou non) est souvent révélatrice de chansons plus fortes de 62 à 64.
Le premier 45 tours en 62 rassemble deux titres de Mc Cartney.
La chanson I wanna be your man offerte aux Stones est de Mc Cartney (il faudrait aller voir du côté de Mary Hopkin, sinon Cilla Black, les titres signés Lennon-McCartney qui ne font pas partie du répertoire des Beatles).
Les trois titres qui ont lancé la Beatlemania semblent provenir essentiellement de Mc Cartney: From me to you, She loves you, I want to hold your hand. Les pro Lennon n'ont pas d'autre choix que d'essayer de révéler que She loves you fut plutôt une création Lennon. En revanche, A hard day's night est une réussite de Lennon, à laquelle il semble malgré tout que Mc Cartney ait participé. Mais, A hard day's night est la marque réelle que Lennon n'a pas tardé à être un super génie au sein des Beatles.
Une claque tout de même pour Lennon en 64 : trois chansons de Lennon (les trois qui ouvrent Beatles for sale) sont en lice pour devenir face A du prochain 45 tours, Eight days a week de Mc Cartney, mais chantée par Lennon, s'impose naturellement. Claque confirmée par le début des 45 tours quasi considérés comme des doubles face A. I feel fine, idolâtré par certains, titre de Lennon ne résiste déjà guère à la face B de Mc Cartney She's a woman. Il y aura rebelote l'année suivante avec le 45 tours Day tripper / We can work it out.
Plusieurs chansons géniales de Mc Cartney de 62 à 64, bien qu'il produise moins que Lennon.

Passons aux années 65-66.

Côté single pour l'Angleterre, Lennon semble prendre sa revanche avec Ticket to ride face A et Yes it is face B. Le charme de Ticket to ride est indéniable. Yes it is n'est pas parfaite, mais pas si décevante que Lennon le pense. Ratée, oui quand même un peu. Elle était sans doute encore trop mécanique à son goût.

L'album Help (édition anglaise) comporte 14 titres, dont un reprise Dizzy Miss Lizzy de Larry Williams, le quatrième nom du rock'n'roll noir américain si oublié, une reprise Act naturally de Buck Owens chantée par Ringo Starr et deux compositions de George Harrison. Il y a donc 10 Lennon-Mc Cartney. Ticket to ride est reprise sur l'album, mais pas Yes it is.
La chanson titre Help est exceptionnelle, bien plus encore que Ticket to ride. Cette fois, Mc Cartney n'a qu'à bien se tenir. You've got to hide your love away est presque une réussite, sans doute du fait de l'imitation de Bob Dylan qu'elle présuppose, tout de même un peu trop rengainante pour ce style.
La chanson You're going to lose that girl est plus passable. It's only love est assez faible.
Avec 5 titres (6 en comptant la face B Yes it is) contre 3, Lennon n'arrive à créer que trois titres importants.
Passons aux 5 titres de Mc Cartney. Pour contrebalancer l'exceptionnel Help, Mc Cartney compte la célèbre ballade Yesterday. Il compose encore deux titres excellents The Night before et I've just seen a face, qui témoignent bien des capacités mélodiques originales du compositeur à cette époque. N'en déplaise à ceux qui écoutent trop vite l'avis des artistes eux-mêmes (ce qu'il ne faut jamais faire), la chanson Tell me what you see n'est pas si ratée que ça, elle a des composantes tout à fait intéressantes. La chanson Another girl est sans doute plus simple, mais c'est une réussite en soi me semble-t-il.
Mc Cartney garde ainsi l'avantage. Il est le fer de lance des Beatles, un peu à temps partiel à cause de trois grands titres de Lennon jusque là: A Hard day's night, Ticket to ride et Help.
En face B de Help, Mc Cartney délivre un superbe I'm down. Encore un point sensible, quand Lennon nous délivrera-t-il une superbe face B?

Passons à Rubber Soul, l'autre album de 65.
L'album compte 14 titres à nouveau, mais tous sont des Beatles. Il faut écarter deux chansons composées par Harrison, et une autre composée initialement par Lennon, mais retravaillée par Ringo Starr et Mc Cartney What goes on. Fortement teintée d'influences, elle n'apparaît pas comme la plus mémorable.
Mc Cartney aligne trois titres forts sur cet album: Drive my car, Michelle, I'm lookong through you et un titre pas mal You won't see me.
Lennon semble donc avoir composé plus que Mc Cartney pour cet album, mais comme par hasard il existe un débat au sujet de In my life. Lennon la revendique pour lui en admettant une touche finale de Mc Cartney, tandis que Mc Cartney revendique la mélodie.
Nous sommes assez habitués aux mensonges jaloux de Lennon et des pro-Lennon que pour préférer le témoignage de Mc Cartney, très belle chanson au demeurant: In my life. Le style Mc Cartney est perceptible dans la mélodie que justement il revendique. C'est un fait que Mc Cartney est moins souvent annoncé comme compositeur que Lennon sur cet album, encore une fois. Cela se relativise si on pense que Lennon lui a laissé What goes on et a joué la carte de la collaboration pour In my life.
Justement, le point litigieux étant In my life, est-ce que sans ce titre Lennon peut dire avoir composé des titres essentiels sur cet album?
Cela est vrai de Norvegian wood, Nowhere man et Girl, mais deux de ces titres ont été fait en collaboration avec Mc Cartney Norvegian wood et Girl, mais c'est aussi vrai pour Run for your life que Lennon a tort de rejeter comme chanson alimentaire, même s'il y a un manque de finition du côté de la partie dominée par le solo guitare. Je ne suis pas super chaud pour The Word, pas complètement en tout cas.
Reste un titre Wait, réputé faible, et qui est admis comme une collaboration des deux, ce qui est tout de même suspect. Cruellement, la différence de style saute aux yeux quand on entend le chant de Lennon céder la place au chant de Mc Cartney. Toujours ce rapport chant fermé / chant ouvert, qui laisse bien penser que Mc Cartney avait un don créateur libéré jalousé par Lennon.
Mais, au final, même en considérant que In my life pose un problème et que les titres forts de Mc Cartney sont un ton au-dessus, Rubber Soul est l'album où la domination naturelle de Mc Cartney est la plus relative. Le génie de Lennon s'affirme et est de plus en plus capable de tenir la distance côté quantité de chansons à fournir pour un album.

Un double face A Day tripper / We can work it out. Pourtant A day tripper a toujours été le titre présenté en premier, la vraie face A. Puisque tant de choses semblent de lui, pourquoi ménager ainsi sa susceptibilité? Il y a bien une susceptibilité Lennon dans cette histoire. Evidemment, le titre We can work it out est meilleur que le titre pourtant bien rock de Lennon.
Plus cruel encore, Mc Cartney enfonce le clou sur le single suivant avec sa face A Paperback writer, un Day tripper nettement amélioré!
Paperback writer
Lennon essaie de tenir en face B en s'inspirant de Circles (Who, Fleur de Lys) et autres titres d'époque, mais en vain. Son psychédélisme prend forme, mais n'est pas encore au point.

66 est une grande année Mc Cartney. On passe alors à l'album Revolver où sa domination est insolente comme elle ne l'avait jamais été.
L'album compte 14 titres. Il faut écarter trois compositions de George Harrison. Il reste 11 titres. Un chanté par Ringo Starr, Yellow submarine, est une comptine rengainante qui connut le succès, une composition à l'évidence de Mc Cartney.
Le partage est ici très clair, Lennon chante ses 5 chansons et Mc Cartney les 5 siennes.
Lennon est particulièrement décevant: She said she said ou And your bird can sing notamment. I'm only sleeping et Doctor Robert, c'est déjà mieux. Tomorrow never knows se fait remarquer pour son originalité, mais sans grandement soulever d'admiration.
En revanche, Mc Cartney ne cesse de cartonner: Eleanor Rigby, Here, there and everywhere, Good day sunshine et Got to get you into my life sont quatre des tout grands titres des Beatles que vient compléter For no one, titre court de grande facture.
Fait remarquable, Lennon a revendiqué les paroles de la chanson, mais s'est fait contredire par un proche, puis s'est dédit. Sa revendication eut lieu à un fort moment de haine envers Mc Cartney. Encore un élément d'évidence dans la thèse d'un Lennon jaloux et menteur.
La domination de Mc Cartney n'avait jamais été aussi tranchée avant 66, mais elle était réelle, même masquée par quelques collaborations qu'il suffisait de déclarer "indissociables" sur certains titres clefs.
Lennon gagnait du terrain en 64 et 65, mais 66 a paradoxalement anéanti les efforts de Lennon pour faire croire qu'il était le premier parmi les Beatles.
Par l'idée de projets ambitieux comme Sgt Pepper's, Lennon va-t-il casser la spirale qui l'empêche d'être numéro 1 du groupe? Deux albums de 67 vont nous intéresser Sgt Pepper's et Magical Mystery Tour, mais cela pourrait s'étudier en compagnie de l'album blanc de 68.
Je reviendrai plus tard sur Abbey Road et Let it be comme fin des Beatles que je mettrai en parallèle avec les débuts de carrières distinctes de Lennon et Mc Cartney.
La prochaine fois, 67 et 68.









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