mardi 5 juin 2012

Chansons des stones qui furent Numéro 1 en Angleterre plus un ras-l-bol sur l'imposture qui fait dire qu'Exile on main street est le meilleur album des stones

Les Rolling stones furent plusieurs fois en tête des charts en Angleterre dans les années soixantes, un ton au-dessous des Beatles inévitablement.
Mais, à ma connaissance, les Rolling stones ne furent plus jamais premiers des classements anglais par la suite.
Ils furent numéro à deux reprises en 64 avec deux reprises It's all over nom et Little red rooster, deux titres que ne connaissent aujourd'hui que les vrais fans des stones. Tout début 64, Not fade away était déjà monté très haut.
Ils furent numéro 1 à trois reprises en 65 avec The Last time, Satisfaction et Get off of my cloud. Satisfaction est devenu le hit éternel que l'on sait. Il n'est pas resté très longtemps en tête des charts en Angleterre même. Les titres The Last time et Get off of my cloud sont admirables, mais tous deux tombés dans un certain oubli, à l'exception du plagiat de la version symphonique de The Last time par le groupe The Verve qui en fit Bittersweet symphony. Mais le plagiat concerne plus la version symphonique réussie du Andrew Oldham Orchestra que l'original même qui, lui-même, s'inspire au plan des paroles et un peu de la mélodie d'un titre des Staple singers, plus exceptionnelles dans les fifties que pendant leur âge d'or, May be this could be the last time.
Le sixième numéro 1 est Paint it black en 66, autre titre immortel. Les autres tubes de l'époque échouent de peu : 19th nervous breakdown et Have you seen your mother, baby, standing in the shadow?, deux titres connus encore une fois essentiellement des vrais fans. C'est tout de même l'année de l'album Aftermath. En même temps, une chanson d'Aftermath Out of time devient numéro 1 en étant interprétée par Christophe Farlowe, chanteur "asthmatique" dont la réputation est pour moi une énigme.
En 67, aucun numéro 1. La censure a cassé la dynamique de Let's spend the night together et sa face B Ruby Tuesday passe alors en troisième position. Un autre titre de 67 We love you monte haut dans les charts, mais ne devient pas numéro 1.
Donc, six numéros 1 en peu de temps, de 64 à la mi-66. Puis, plus rien. Deux titres seulement seront encore numéro 1: Jumpin' Jack Flash en 68 et Honky Tonk Women en 69. Ils ne seront plus jamais numéro 1 alors que Chuck Berry le deviendra enfin avec son fond de tiroir: My ding-a-ling.
Les stones n'ont jamais été premiers pour Brown sugar, Angie, Miss you, Start me up, à ce que je sache, ni pour des titres plus récents. Ils sont montés assez haut, mais n'ont pas eu la première place.
Je parle du classement anglais, le classement américain peut témoigner de légères différences.

Le succès des stones n'allaient pas exactement de pair avec les plus grandes périodes créatrices.
La période la plus encensée des stones par les intellectuels va de 68 à 72. Pour des raisons intellectuelles (ambiance fusionnelle, présence de Mick Taylor), Exile on main street est propulsé aujourd'hui meilleur album des stones dans la presse. D'autres vont placer Sticky Fingers parce qu'il a une unité dans la variété. Stop! J'adore Sticky Fingers et Exile on main street, mais je n'aime pas beaucoup l'opération malhonnête qui est ici tentée.
A sa sortie, Exile on main street n'a eu aucun succès, ni les 45 tours qui en furent issus, et il serait bon de lire si la presse fut si dithyrambique qu'elle l'est maintenant, Il n'a pas eu plus de succès que Their Satanic Majesties Request.
Quand on écoute des gens d'époque, on est d'ailleurs sensible au fait que leur âme n'a pas tellement imprimé Sticky Fingers et Exile on main street. Les gens qui ont vécu l'époque des stones ont souvent un moindre intérêt pour les titres postérieurs à 69. Les commémorations dans la presse gomment complètement cet état de fait, ce que double évidemment la réputation des concerts avec Mick Taylor de 69 à 73.
La presse a fait le travail pour réarmer l'intérêt à porter aux albums Sticky Fingers et Exile on main street. L'opération est passée un temps par l'idée d'un quatuor: Beggar's Banquet, Let it bleed, Sticky Fingers, Exile on main street. On s'est rendu compte ensuite que lâcher Aftermath c'était la grosse boulette à ne pas commettre. Voilà en gros les cinq grands albums des stones à admettre, selon la presse.
Aujourd'hui, l'édition collector d'Exile on main street aidant, il s'affirme en album essentiel, au détriment de Beggar's Banquet et Let it bleed.
Mick Taylor, présent sur Sticky Fingers et Exile on main street, l'avait pourtant lui-même dit que le meilleur des stones avait été antérieur. C'était Beggar's Banquet et Let it bleed, les deux meilleurs albums, ce qui est entièrement exact! L'importance d'Aftermath est également bloquée par ses anomalies de traitement.
En même temps, il y a la présence de Taylor. Il s'agit aussi pour les journalistes de créditer la présence de Taylor, celui qui fait rêver en live et dont les solos personnels sont bien présents sur plusieurs titres studios. Les journalistes entrent dans un jeu qui consistent à lui attribuer une part plus importante à la composition des morceaux. Il est tout de même crédité sur Ventilator blues d'Exile on main street. Sa présence guitaristisque est évidente sur Time waits for no one et le boeuf qui termine Can't you hear me knockin'. Pour le reste, cela demanderait plus de preuves.
Mais, pour Exile on main street, l'influence extérieure n'est sûrement pas celle que l'on croit. C'est Gram Parsons qui influence Keith Richards, et effectivement Exile on main street est un album-joyau comme Aftermath et Sticky Fingers, un des cinq grands albums des stones. La présence de Gram Parsons a retardé la déchéance de Keith Richards.
Libre à certains de croire que Mick Taylor a beaucoup composé pour les stones, que Brian Jones a composé Ruby Tuesday ou que Bill Wyman a composé Jumpin' Jack Flash. On attribuait même Shine a light à Léon Russell, avant de se rendre compte que Mickj Jagger reprenait ce qu'il avait proposé à Leon Russell.
Les journalistes n'ont jamais été à l'aise avec les stones.
Les albums psychédéliques sont également déconsidérés à tort. Les journalistes ont beau jeu de faire valoir l'avis des intéressés eux-mêmes. Keith a une image de bluesman et rocker. Mick n'assumera pas des semi-échecs commerciaux qui sont décriés comme ne collant pas vraiment à l'image des stones.
Je suis loin de mépriser Between the buttons et Their Satanic majesties Request.
Certains titres psychédéliques des stones ne furent pas premiers car trop en avance sur la mode: Have you seen your mother, baby, standing in the shadow?, car censuré: Let's spend the night together, car de forme rock-classique-psyché bien surprenants d'unité comme We love you, She's a rainbow, 2000 light years from hom. Ces morceaux sont pourtant encensés par de nombreux artistes.
L'attaque s'est surtout concentrée sur Satanic Majesties, ce qui a détourné l'attention de Between the buttons. Le caractère inattaquable de Between the buttons titre par titre se révèlerait trop vite évident. Surtout, il écornerait prodigieusement le mythe créateur de Sgt Pepper's qui reste pour l'essentiel de la chanson refrain-couplets à arrangements psychés.
Satanic Majesties imposait quelque chose de plus avancé dans le psyché: She's a rainbow et 2000 light years from home. Dire que les titres: Sing this all together, Citadel, 2000 man, On with the show, ne sont pas bons, c'est de la pétition de principe complètement aberrante. Réduire Gomper et The Lantern à des bains sonores, titres sortis en 45 tours, c'est faire exprès de passer à côté du projet.
Les journalistes cachent aussi autant que faire se peut les titres sortis uniquement en 45 tours: We love you (exceptionnel), Dandelion et au dos de Jumpin' Jack Flash Child of the moon. Comme ils taisent If you let me chute de studio de Between the buttons qu'on retrouvera sur Metamorphosis.
Les réputations d'albums à l'heure actuelle sont des vues de l'esprit journalistique que le public boit comme du petit lait. Ceux qui ont bien potassé les avis des magazines passent pour des connaisseurs. Je me permets le plus grand scepticisme.
Qui plus est, autre blocage, les albums de 64 et 65 passent à la trappe. Ils ne sont plus que remplissages de chansons avec pas mal de reprises. Ils sont pourtant l'âge d'or des stones en termes de succès. On brade tout et on ne garde que Satisfaction qui trône insolemment au-dessus de la production 68-72 seule profondément vénérée. On me dira qu'Aftermath aussi est estimé. Petit problème, je n'ai pas remarqué qu'une chanson de 66 faisait régulièrement l'ossature d'un concert des stones sur quarante ans.
Qu'à partir de 73, les albums soient moins bons, certes. Il y a quand même des titres. Ensuite, quand j'écoute It's only rock'n'roll, je suis loin de le trouver mauvais, comme je ne trouve pas si mauvais les six premiers titres de Goats head soup.
Il y a de très bons titres sur Black and blue et Some girls est un grand album.
Il manque quelque chose à Emotional rescue et même à Tattoo you. Les stones touchent le fond avec Undercover, même si la chanson-titre assure encore un peu.
Dirty Works est mitigé, mais s'écoute.
Un peu étrange, Steel Wheels me plaît vraiment, plus les deux titres à la suite du concert Flashpoint, et je ne trouve pas mauvaise les chansons de Voodoo Lounge, même si elles sont instrumentalement plus limitées.
Je peux encore écouter Bridges to Babylone, mais après je n'écoute plus vraiment Bigger Bang et le reste.
Pour les carrières solos, les années 80 furent difficiles pour tous les rockers 60's, voire pour la plupart des 70's. Tirant son épingle du jeu, David Bowie, sorte d'exception, ne réussissait que quelques singles, pas tellement ses albums entre 1981 et 1992. Mc Cartney, inégal dans les seventies, a quelques succès au début des années 80, mais retombe aussi et reviendra avec un album Off the ground contemporain de l'espèce de revival stonien.
Ainsi, peu importe le caractère décevant des débuts solos de Mick Jagger. Son troisième album Wandering spirit est en revanche imparable.
Quant à Keith Richards, aucun de ces albums solos n'est mauvais, ni le live, ni les deux albums studios Talk is cheap et Main offender, à ceci près que la production moderne de Main offender est défectueuse (notes trop isolées les unes des autres), mais les chansons et riffs de Main offender sont sublimes à l'oreille du fan. Et Keith Richards a encore pondu un excellent album reggae plus récemment.
Le dernier bon album est Stripped.
Après, les stones sont trop vieux et surtout trop gavés. La chance d'un vrai ressourcement par la période 64-67 a été manquée, j'en suis certain. Un retour plus accentué sur ces titres aurait été bénéfique et aurait entraîné quelques compositions importantes, cela me semble logique, mais maintenant il est trop tard.
Quelle que soit l'excellence de la période 68-72, les stones furent trop calés là-dedans pendant longtemps. Un nouveau souffle, cela laisse entendre le mot "nouveau", l'idée au moins d'un rafraîchissement. Ceci a clairement manqué aux stones.
On le voit sur le concert filmé par Scorsese, c'est en se livrant aux titres de 78 qu'ils croient déplacés les lignes, mais plus brillant album des stones après 72 ce n'était pas l'album qui les faisait sortir du bloc représentatif 68-72, puisqu'il en provenait lui-même.
C'est les retrouvailles avec l'esprit sixties (six de leur huit numéros 1) qui a manqué à un moment donné pour parfaire le miracle de leur revival prolongé.
En concert, les stones furent brillants de 69 à 73, mais rien de sérieux n'avait été fait en matière de grande prestation auparavant. Avec Ron Wood, il y a eu un problème, mais ce problème n'était pas le nouveau venu, il venait de la fatigue et du début de pédalage dans le vide des stones. Les lives de 78 sont réussis par opposition à ceux de 76-77 et ceux de 79 à 82.
La période 89-95 fut pas mal avec bien sûr un inévitablement vieillissement gênant au niveau opérationnel.
Après, c'est la chute libre avec de temps en temps un bon concert, en 2003 ou autre, mais, aussi âgés, pour briller sur scène il fallait renoncer à être les stones et à jouer dans les stades. L'état de leurs doigts désormais ne me laisse pas croire un seul instant qu'on va les retrouver par surprise. Le concert filmé par Scorsese est bien entraînant, mais il permet de voir au plan du son les camouflages en place.

Mais, bref, ces journalistes qui vous disent leurs classements et qui, en prime, apprennent aux stones à suivre telle ligne..., il y a eu une erreur d'approche quelque part, non?

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